Le cruel destin des membres du réseau de résistance "Oscar-Parson" au Pays de Guer-Comblessac
1943-1945
La création du groupe de Guer-Comblessac
Depuis le mois de mars, l'Angleterre bombarde systématiquement tous les chemins de fer européens, et de son côté, le colonel anglais Buckmaster, qui est à la tête du Special Operations Executive (organisation de missions spéciales) pour le territoire français, prépare le débarquement de 1944.
Il lui faut créer spécialement en Bretagne et en Normandie, des groupes de sabotage qui pourront, le moment venu, semer la pagaille dans la transmission des ordres et retader au maximum les transports de troupes et de munitions allemands.
A cet effet, le capitaine François Vallée est parachuté en juin dans la région de Martigné-Ferchaud au sud-est de l'Ille et Vilaine, avec mission de créer des groupes de résistants, de les former et de les armer. Son réseau "Parson" en Angleterre est baptisé "Oscar" en France. Il comprend au moins les 4 groupes de Comblessac-Guer, de Marigné-Ferchaud, de Tinténiac et de Saint-Brieuc des Iffs.
Sur Guer, il y a pas mal de recrues. Charles Touzet, cheminot retraité, est bien coonnu pour sa haine des Allemands; il sera le chef du groupe. Son fils, Charles, patissier a préféré démonter son four et aller faire du charbon de bois chez Delanoë plutôt que d'être obligé de fabriquer des gâteaux pour ces messieurs. Son épouse et une employée tiennent la gérance de l'Economique. En ville, tous les commerçants et artisans qui ouvrent boutique dans le centre forment une équipe de copains.
Pour narguer les Allemands, on séche aux balcons, un pull bleu, un caleçon blanc et une serviette rouge, par exemple.C'est tout naturellement qu'ils rejoignent le groupe de Touzet avec leurs ouvriers et les réfractaires au STO.
M. Du Bouëxic reçoit l'engagement de son fermier et de ses employés. Un jour, se souvient Madame Lerat, Jean m'a ditque M Du Bouëxic lui avait demandé de s'engager dans la résistance. je lui ai dit: "Tu te rends compte que tu as des enfants. Qu'est-ce qu'on deviendra s'ils te prennent?" Il m'a répondu:"Si tout le monde dit la même chose, il n'y aurait jamais rien de fait "Alors je lui ai dit:"C'e1st vrai, tu as raison, vas-y."
Un peu plus tard, le groupe sera complété d'Etienne Eon et de son commis Jean Loeillet. Noel Margat recrute Primault..
Au moment du parachutage, le groupe comptera alors 27 membres
Ce sont par ordre alphabétique :(Liste établie par Touzet pour servir au procès de Guédia en 1945)
Barre Marguerite
Brien Louise
Brunel Eugène
Daniel Joseph
Dugué Edouard
Durandière Jean
Eon Etienne
Floch Stanislas
Hervé raymond
Landais Jules(Félix)
Lefranc Jules
Lenoir Yves
Lerat Jean
Lerat Donatien
Leroy
Loeillet Jean
Margat Noël
Nogret Anatole
Pastail Henri
Roze
Seroux André
Touzet Adrien
Touzet Charles (fils)
Touzet (père)
Cette liste est incomplète. (Sur cette fiche Touzet a volontairement occulté Du Bouëxic qu'il accuse de trahison et Primault pour on ne sait quelle raison).
De temps en temps , le groupe recoit des renforts passagers.
C'est André Hunter-Hue, puis un radio, Georges Clément dit Bob et rené Bichelot, instructezur pour le démlontage et remontage des armes, et qui sera également chargé d'envoyer les signaux de reconnaissance au moment du parchutage.
Par petites équipes de trois ou quatre, les cours de démontage et manipulation d'armes se passent dans l'appartement de Madame Brien, née Lucienne Gallais, institutrice et non pas dans une salle de classe comme il est dit parfois.
La discrétion ne semble pas le point fort de ce groupe.
En effet, un jour, Georges Guédia se présente au cours sans y avoir été invité. Madame Brien appelle Touzet qui lui signifie qu'il n'a rien à faire là et il s'en va.
Interrogé à ce sujet lors de notre entrevue, il a répondu:
"Non, je ne suis jamais allé à ces séances; ce n'est pas si difficile de monter et démonter une Sten".Bien que les avis soient partagés entre les membres du groupe sur le sérieux de M. Du Bouëxic qui parle allemand, sert d'interprète à la kommandantur et héberge un réfractaire qui semble bien curieux, il semble qu'aucune enquête n'ait été diligentée auprès des instances supérieures pour obtenir des connaissances plus poussées sur ces personnes un peu suspectes.
Une autre fois, le propriétaire du château de la Hattais, en Guer, se trouve sur le marché de Ploërmel et il entend dire qu'un parachutage d'armes se prépare sur Comblessac.
Alors qu'il héberge dans le plus grand secret le radio Georges Clément, ce même propriétaire de la Hattais s'entend interpeller par M. Du Bouëxic: "Tout va bien là-haut ?"Dans ce plan préparatoire au débarquement du 6 Juin 1944, il faut des armes et des munitions, donc un terrain de parachutage. Le groupe jette son dévolu sur une terre de M. De Lambert, qui fait partie de la ferme exploitée au Boisjan par Etienne Eon, membre de l'organisation.
Eu égard aux conditions atmosphériques épouvantables, le parachutage prévu début Octobre, n'aura lieu que le 21. La cache, une tranchée, a été creusée le long de la haie dès le 8 du mois, et aux curieux qui l'interrogent sur la destination de cette fosse inhabituelle, Etienne Eon répond malicieusement: " C'est pour semer de la graine de curieux".
Le peu de discrétion qui entoure les préparatifs du parachutage at-il alerté les services de renseignements allemands ?
M. Jean Nobilet (de Tinténiac) affirme avoir eu la preuve que les Allemands possédaient les codes et suivaient les préparatifs. Il est en tout cas certain que tous les groupes du réseau Oscar ont été décimés dans les mois qui ont suivi les parachutages, que ce soit à Guer-Comblessac, à Martigné-Ferchaud, à St Brieuc des Iffs ou à Tinténiac.
La manière dont s'y est pris Guédia, semble nous confirmer que les Allemands savaient au moins qu'il se tramait quelque chose dans la partie orientale de la Bretagne.Confirmation a été donnée par l'ex-espion lui-même, que sa mission était d'infiltrer le groupe du secteur de Guer-Comblessac. En ce qui concerne celui-ci, il est temps de nous préoccuper de la personne de Georges Guédia.
Qui est cet individu ? Un traître ou une victime des nazis ?
Comme nous l'avons signalé dans les premières lignes de l'Avertissement, il existe au moins 2 Georges Guédia ou Guerdia dans le secteur ( le déporté est inscrit sous les deux versions mais ces deux personnes ne doivent pas être confondues.
L'une a servi la cause allemande, et bénéficié des largesses de la Gestapo, l'autre a subi la tyrannie nazie, les camps de déportation et leur régime de terreur.
Vers les années 88 ou 89, certaines personnes de Comblessac ont dit avoir revu Georges Guédia dans le bourg et l'avoir reconnu.
Ne serait-ce pas plutôt le déporté venu s'enquérir des causes de la mauvaise publicité faite sur son nom. Toutes les recherches effectuées pour le retrouver, sont restées infructueuses à ce jour. Il est bien dommage que nous ne puissions le rassurer, lui et sa famille.
Quant à celui qui a sévi dans le secteur, ce Georges Guédia est né le 30 novembre 1921 à Crémieu dans l'Isère, d'une mère née Valuy, et il est marié à Edith Thaelier, née à Paris.
Il est aussi le père d'une fille qui ne semble pas l'intéresser outre mesure. Les lettres que lui adresse sa femme, folle de lui, ne contiennent pratiquement que des reproches sur ses manquements perpétuels à ses devoirs. Apparemment, c'est le type même de l'égoïste sans scrupules, et dont son beau-père Roger Thaelier fait régulièrement les frais.
Mécanicien, il rêve de travailler sur les avions et dans cet esprit, s'embauche en 1942, dans une maison d'intérim qui recherche des candidats mécaniciens avions pour l'Allemagne. Hélas le Reich dédaigne sa candidature et l'affecte à l'entretien de l'usine de produits chimiques "Chimik Fabrik" à Huls.
Mécontent de son affectation et des suppressions de permissions pour Noël, il abandonne son poste au bout de trois mois et prend la direction de la France. Un contrôle à Aix la Chapelle lui est fatal. Il est renvoyé à Huls. Une nouvelle escapade se solde encore par un échec, arrêté à Coblentz, il fait quelques mois de prison et finalement réussit à regagner la France en fraude en août 1943. ( 1 )
Apparemment victime innocente de l'égoïsme de son mari, Madame Guédia offrait à ses collègues de travail, l'image d'une jeune femme, obligée de veiller seule aux besoins de sa fille. Par pitié, ses collègues lui donnaient des bons divers. C'est d'ailleurs dans cet esprit de charité que l'un d'eux, André Morice, amputé suite à une blessure de guerre, accepta un jour de donner suite à la proposition de son directeur de venir en aide au mari de cette pauvre Madame Guédia, réfractaire au STO, obligé de rester caché, donc sans travail.
Cette théorie semble tenir la route, mais il ne faudrait pas lire les correspondances envoyées par Madame Guédia.
S'il était en cavale, comment sa femme pouvait-elle lui adresser du courrier en réponse à ses lettres ? Il semble d'ailleurs que la Gestapo n'ait pas eu l'efficacité qu' on v eut b i e n lui attribuer si Guédia pouvait aussi facilement adresser et recevoir son courrier.
Il semble pour le moins curieux, connaissant les méthodes de la Gestapo qu'un déserteur ait pu donner à sa femme son adresse pour qu'elle lui réponde au moins à trois reprises pendant sa prétendue cavale. Ce courrier ne comporte aucune espèce de velléité de codage.
C'est du genre "Mon chéri", bien que tu promettes toujours d'être sérieux chaque fois que tu viens tu ne respectes pas ta parole et tu roules touj ours le s gens; malgré cela, je t'aime à la folie et t'attends avec impatience."
Elle se permet même de donner la date prévue de son retour.Une autre question se pose et qui concerne le rôle joué par Madame Guédia et son amie intime Mademoiselle De G .......
En dehors des problèmes internes au couple, ces dames connaissaient-elles la situation et les activités de Georges Guédia?Apparemment, l'idée d'une complicité de ces deux dames n'a pas été évoquée ni retenue lors du procès.
L'analyse des pièces laisse perplexe surtout en ce qui concerne Mme Guédia comme on le verra plus tard. ( 2 )
Cette parenthèse sur le rôle de Madame Guédia et de son amie étant fermée, voyons la suite du cheminement de Georges Guédia.Toujours selon ses dires, après son stage en prison, il est libéré et réussit à regagner la France. Convaincu que son devoir de français est de rejoindre l'organisation "LE FRANCISME", huit jours après son retour d'Allemagne, il est engagé dans les services de renseignement de cet organisme.
Au cours de l'instruction de son procès, il donne la version suivante: " J'ai eu l'occasion d'aller voir mon épouse à son bureau et d'entrer en conversation avec M. Morice. M.Morice m'a proposé de m'envoyer dans son pays pour me cacher des Allemands. Il m'a laissé entendre que je serais en rapport avec des personnes qui s'occupent des réfractaires. J'ai rapporté à mon chef Franciste,M.Rinsart, ce que j'avais appris par M. Morice. M.Rinsard m'a dit que je pouvais m'occuper de cette affaire."
La déposition de M. André Morice est la suivante: "J'ai connu Guédia en septembre 1943 par l'intermédiaire de sa femme...Ma tante, Anne Marie Boivin, âgée de 55 ans, était à cette époque, cuisinière chez le comte Du Bouëxic qui cherchait un jardinier. Elle me mit au courant du fait. Je pensais à Guédia que j'ai accompagné jusqu'au château et que j'ai présenté au comte."
Connaissant les méthodes de la Gestapo, on peut facilement reconstituer le scénario.
La fugue de Guédia est très plausible eu égard au caractère qdil semble avoir. Sa reprise à Aix la Chapelle suivie d!une reconduction pure et simple sur ses lieux de travail ne correspond guère aux habitudes allemandes de cette période. On serait beaucoup plus enclin à imaginer qu'un séjour en prison a eu lieu dès cette période, suivi d'une mise à l'épreuve, et que la deuxième évasion n'ait jamais eu lieu mais plutôt une mise en condition qui lui ait permis de faire monter la pression autour de sa pauvre femme, ce qui expliquerait les échanges de courriers de juillet et août entre sa femme à Paris et lui-même en Allemagne. ( 3 )
Il nous faut nous souvenir que le Capitaine Vallée a été parachuté en Ille et Vilaine dès le mois de juin et que, compte tenu de la discrétion toute relative qui entoure la formation des groupes, les Allemands sont certainement au courant qu'il se trame quelque chose dans le sud de l'Ille et Vilaine et notamment du côté de Comblessac et Guer.
Du côté des résistants, tout est donc prêt pour accueillir les cadeaux anglais. Du côté allemand, on n'a pas chômé non plus.Tout le dispositif psychologique développé autour d'André Morice et de ses chefs pour les apitoyer et faire venir Guédia dans le secteur semble pour le moins suspect.
Il eut été intéressant de retrouver Madame Guédia et Melle De G... qui, étant bretonne, était à l'époque, aussi capable que M.Morice de trouver une cachette au mari de son amie.
La version de Guédia semble dénuée de fondement, car on a peine à croire qu'un déserteur puisse se promener dans Paris dans le seul but d'aller rendre visite à sa femme sur son lieu de travail.
Qu'il ait été victime d'un chantage par la Gestapo ou qu'il ait agi par conviction comme il le dit, Guédia se voit confier la mission d'infiltrer la résistance du côté de Guer-Comblessac. Son salaire est de 3.000 F seulement par mois, se plaint-il, plus le remboursement de ses frais de mission. Le billet retrouvé à Trégouidan à la mi-novembre par Louis Eon fils, transmis à la gendarmerie de Maure de Bretagne est explicite sur ce point. C'est une note de service rédigée entièrement en allemand qui autorise Guédia à puiser dans les Reichbank du Deutchland tous les fonds qui lui sont nécessaires à l'accomplissement de sa mission.
Ce document porte plusieurs cachets dont un de Berlin. (4) Guédia est donc prêt à travailler. Sa femme et Melle De G.... ont su persuader le directeur du Comité de l'Organisation de l'Horlogerie que M. Morice doit se faire un devoir de soustraire un pauvre réfractaire aux griffes de la Gestapo ( *).
Le samedi 29 septembre, le mécanisme se déclenche, mais écoutons André Morice.
"Madame Guédia travaillait dans le même service que moi, au Comité de l'Organisation de lhorlogerie, et tout le personnel avait pitié d'elle et de sa petite fille. On lui donnait des bons de nourriture.
Un jour, elle nous a dit que son mari s'était échappé du STO.Sur proposition de Melle De G..., mon directeur m'a demandé si je ne connaissais pas, dans ma Bretagne, un endroit pour le camoufler. J'ai accepté.
Je n'avais jamais vu Guédia, on me l'a décrit et on devait se retrouver sur le quai de la gare Montparnasse, le samedi suivant.
En fait, je n'ai trouvé personne du signalement de Guédia à la gare. J'ai pensé qu'il avait changé d'avis ou qu'il avait eu un empêchement. Je suis monté dans le train sans lui.Arrivé en gare de Redon, il m'attendait sur le quai; cela m'a étonné mais j'ai pensé qu'il était arrivé à Montparnasse au dernier moment et qu'il était descendu du train à Redon avant moi.(5)
Nous sommes partis vers Comblessac et le lendemain, je l'ai emmené chez Louis Eon à Trégouidan qui avait déjà plusieurs réfractaires et n'avait donc pas besoin de celui-là mais il l'a pris pour me rendre service. Je ne savais pas alors que Louis Eon camouflait déjà des réfractaires, ni que sa ferme était un point de chute pour les parachutistes. J'avais choisi Trégouidan parce que la ferme se trouvait au milieu des bois, donc camouflée de la route. Cà me semblait une cachette sûre."
A Trégouidan, bien qu'inexpert dans le travail des champs, Guédia est bien accepté.
Denise Eon avait onze ans ; elle se souvient d'un garçon plutôt malingre, gentil, qui faisait pitié. Même quand il était chez Du Bouëxic, la " mère Eon" envoyait des colis de nourriture à sa femme.
A cette époque, M. Du Bouëxic cherchait un jardinier.
Averti de la chose par sa tante, Anne Marie Boivin, qui faisait office de cuisinière en remplacement de la titulaire absente, André Morice qui avait bien compris le sens de l'acceptation de Guédia par Louis Eon, alla présenter son poulain au château des Vaux, le 7 ou 8 octobre. Du Bouëxic, qui pensait lui trouver une place de mécanicien dans un des garages de Guer, et utiliser ses services, promet de le prendre chez lui.
Guédia, qui n'a pas perdu son temps à Trégouidan , sait désormais qu'un parachutage d'armes se prépare et pense que Du Bouëxic doit être le chef du groupe.Il a hâte d'être aux Vaux et pour accélérer les choses, il se plaint des conditions d'hébergement à la ferme. Il doit partager le lit d'un autre pensionnaire qui a des plaies aux jambes.
Le 12 octobre, Jean Lerat, fermier des Du Bouëxic, vient le prendre en voiture à cheval et, chemin faisant, lui révèle qu'il fait également partie du groupe des résistants. La conviction de Guédia se renforce que c'est le comte qui est le chef du groupe. De nouveau il amadoue tout son entourage par sa gentillesse et sa serviabilité. N'ayant pu obtenir de place de mécanicien ni chez Becker ni chez Mazargui, Guédia reste au château des Vaux ; il entretient les armes de Du Bouëxic camouflées dans une vieille tombe, trois fusils et des pistolets, ses matériels de service d'eau et ses vélomoteurs.
Le temps qui passe lui permet de nouer de bonnes amitiés avec son entourage. Il sait se faire prendre en pitié. Tout le monde sait que, depuis le début de cette année 1943, le Parti Communiste Français a rejoint la Résistance, Guédia exhibe une carte du Parti Communiste à Du Bouëxic pour le convaincre qu'il est bien poursuivi. ( 6 ) Et cela marche, et se confirmera après les arrestations. Ce sera Du Bouëxic qui sera immédiatement soupçonné de trahison, pas Guédia.
Cette accusation de traîtrise sera toujours très forte dans l'esprit de ses camarades de réseau, au point qu'ils l'arrêteront après la libération et qu'ils le livreront au procureur de Vannes pour être traîné devant les tribunaux.
En ce mois de décembre 1998, bon nombre d'habitants du secteur de Guer-Comblessac sont encore persuadés que c'est Du Bouëxic qui a trahi.
Grâce aux documents du procès, la preuve est faite que tout cela est faux, mais hélas, le dossier ne sera public qu'en 2047.
Notes d'information complémentaire prises lors de l'entrevue de messieurs René Barre et Paul Morissot avec Georges Guédia (AUDIGÉ) le jeudi 7 janvier 1999.
( 1 ) Il confirme son arrestation d'Aix la Chapelle, sa reconduite à Huls, sa nouvelle tentative et son nouvel échec à Coblence suivi d'un séjour de 3 mois en prison.
Sa troisième tentative se fait à pied, et un peu plus tard il nous dit avoir fait le trajet en 9 jours.
Nous pensons que si, en bon marcheur, il a voulu nous faire marcher, c'est loupé. Nous ne croyons pas ses salades.( 2 ) Ni sa femme, ni son amie n'étaient au courant de ses activités avant que n'aient lieu les arrestations au château St Gurval. "Lorsqu'elle a appris, elle n'a plus voulu me voir."
( 3 ) Jamais sa femme ne lui a écrit pendant cette période, ou alors, il n'a pas reçu ses lettres.
Mais alors, on peut se demander comment ces lettres qui donnent la date de son retour ont bien pu se retrouver dans son dossier au moment de son procès.
( 4 ) Lors de notre entrevue, Guédia nie avoir jamais été en possession de ce papier. Par contre, il nous a révélé que lorsqu'il était affecté à la Gestapo, il était porteur d'un ordre permanent qui lui permettait de réquisitionner toute force de police, de gendarmerie et de l'armée, pour l'aider à accomplir ses missions.
C'est ainsi qu'en Corrèze, il a demandé l'aide de la gendarmerie pour arrêter un groupe de résistants qu'il avait préalablement infiltré. Le peu d'empressement des gendarmes a fait que cette mission a été infructueuse.
( 5 ) Georges Guédia nous a confirmé qu'il était bien dans le même train que M. Moric de Montparnasse à Redon. Du fait qu'il bénéficiait d'un bon de transport, il ne pouvait pas voyager dans le même wagon que lui, car lors d'un contrôle, son subterfuge aurait été découvert.
( 6 ) Sur ce point, Guédia n'a plus de mémoire
( * ) La Gestapo, nom abrégé de Geheime Staats Polizei était la police secrète allemande, une police d'état qui emprisonnait et déportait sans jugement.
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