27/12/2004

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Le cruel destin des membres du réseau de résistance "Oscar-Parson" au Pays de Guer-Comblessac
1943-1945

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Et Après......

Déporté à Buchenwald-Témoignage de Joseph Daniel

daniel.jpg (12632 octets)-On a vu que le 17 janvier 1944, a eu lieu le transfert des 10 premiers du groupe. Voyons leur parcours avec le seul d'entre eux qui soit encore parmi nous, Joseph Daniel. .

"A Rennes, on avait des gardiens français. Je n'ai pas subi de mauvais traitements, et même, avec certains gardiens on pouvait avoir du cidre. Ils nous en donnaient un litre mais qu'on devait boire aussitôt, car ils ne voulaient pas nous laisser de bouteille dans la cellule. On était 5 dans ma cellule, çà ne faisait pas beaucoup de place pour chacun. Je vois toujours dans ma tête, l'un d'eux, c'était un jeune, un gars de Rennes.

C'est peu de temps après mon arrestation que mes parents ont été mis au courant. Assez rapidement ils m'ont fait passer des colis, c'était ma frangine qui me les apportait à la prison. On ne retrouvait pas toujours tout le contenu, parce que les gardes se servaient un peu en passant, mais au moins on avait du pain. De temps en temps il y avait des fouilles de cellule, mais ils n'ont jamais rien trouvé ; le peu qu'on avait à cacher était derrière une tôle du radiateur. Le radiateur ! il nous permettait de communiquer d'une cellule dans l'autre, c'était notre téléphone.

Aux heures de repas du personnel, on postait un guetteur au judas de la porte, et en parlant très près du radiateur, le son portait dans la cellule voisine qui prenait le relais jusqu'au destinataire. Un jour j'ai eu la trouille, on m'avait emmené à la clinique St Vincent et un SS m'a interrogé. Il m'a demandé ma date de naissance et mon lieu de naissance. Je lui ai donné la date qui était sur ma fausse carte d'identité. Il m'a crié : Vous êtes un menteur! " et il m'a donné ma vraie date de naissance. Il a mis un nerf de bœuf dans sa sacoche et m' a ramené à Jacques Cartier. Pendant le trajet, je me disais " Quand on va être rendu, çà va chauffer pour ton matricule " mais non, je n'ai rien eu.

Ensuite, ce fut le transfert.

La première partie du voyage, Rennes-Compiègne, se passe bien, et les 10 jours pendant lesquels ils séjournent dans cette prison n'ont rien de particulier. Mais à partir de Compiègne les choses se corsent. L'embarquement vers Buchenwald, se fait en wagon à bestiaux. La contenance prévue et inscrite sur le wagon est de 8 chevaux ou 40 hommes. Ils seront 140 au départ, entassés, debout car il n'est possible ni de s'allonger, ni de s'asseoir. Malheur à celui qui tombe, il ne se relèvera pas, il va mourir asphyxié ou piétiné. Et cela dure 5 nuits et 4 jours avec un seul ravitaillement, un quart d'eau pour tout le wagon. Une serviette a épongé cette eau et chacun, à tour de rôle, suce la serviette.

Comme on nous avait donné une boite de conserve au départ, elle nous a servi de récipient ; on pissait dedans et on buvait çà," raconte Joseph Daniel, le seul survivant de cet enfer commencé à la ferme des Vaux.

"Un peu avant d'arriver à Buchenwald, le train s'est arrêté en pleine campagne ; on nous a fait nous tasser dans le fond du wagon, de façon à laisser libre toute la première moitié. On a dû enlever nos chaussures et rester les pieds nus, puis sauter sur le ballast, un par un et rapidement car les coups de trique venaient en aide aux retardataires. La fouille de chacun étant faite on nous a également enlevé nos ceintures et il a fallu regrimper rapidement, nous tasser à nouveau dans la moitié la plus reculée du wagon. On est arrivé à Buchenwald le soir du 29 janvier. Il pleuvait et le lendemain matin, il y avait de la neige si bien qu'on n'a jamais vu la terre de ce camp. Il fallait sauter vite du wagon, car il y avait 2 Allemands, un de chaque côté de la porte et ceux qui n'allaient pas assez vite recevaient des coups de trique.

Répartis dans de grandes baraques, on a été tondus, douchés, aspergés d'un désinfectant qui était sûrement à base de grésil, tellement çà sentait bon, et habillés de la tenue rayée. On ne se reconnaissait plus avec ce déguisement et la boule à zéro. On était au bloc 61. Il y avait des lits à trois étages, on était 15 par châlit. Il fallait s'allonger 4 par paillasse, 2 dans un sens et 2 dans l'autre. Notre nouvelle tenue consistait en une veste, un pantalon et une espèce de manteau rayés, plus une paire de claquettes, c'est à dire des semelles avec une bride. Il n'était bien sûr pas question de se changer, ni de laver nos vêtements car on ne pouvait pas sécher nos effets.

Notre n° matricule était inscrit sur l'espèce d'écusson qu'on portait sur la poitrine et sur la jambe gauche du pantalon. J'ai bénéficié du n° 43 871. Notre numéro servait à nous désigner, et on devait le répéter en allemand. Pour les kapos et les autres, je n'étais plus Joseph Daniel mais le n° 43871.

Notre séjour à Buchenwald a duré à peu près 2 mois.

Tous les jours, après l'appel du matin où les SS nous comptaient et nous recomptaient par n'importe quel temps, jusqu'à ce qu'ils aient trouvé leur compte, on allait à la carrière. Certains travaillaient à l'extraction mais la plupart étaient chargés de remonter les pierres jusqu'en haut de la citadelle. Tu n'avais pas intérêt à prendre des petites, car les gardes faisaient le choix à ta place, et ce n'était pas loupé.

Question nourriture, on avait droit à un café le matin. C'était d'ailleurs plus une tisane légère qu'autre chose. Le midi, on nous servait un bouillon très léger dans lequel flottaient quelques malheureuses carottes, et un morceau de pain, mais pas de patates surtout. Si on avait eu des patates, ça aurait été bien. Le soir, c'était un bout de pain. Quand il n'y avait pas de pain, on nous servait 3 patates cuites à l'eau. Si elles étaient tachées ou abîmées, tant pis pour nous, il n'était pas question de les changer. Cà faisait le compte quand même. Au début on essayait de se regrouper entre nous, mais les SS nous ont répartis entre les différentes baraques, et dans les baraques les kapos nous mélangeaient entre nationalités. Enfin, j'ai eu la chance de rester avec Louis Durandière jusqu'à la fin .Le crématoire avait une grande cheminée en brique. Lorsque le vent portait vers nous, çà sentait bon !

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