13/10/2017

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Le cruel destin des membres du réseau de résistance "Oscar-Parson" au Pays de Guer-Comblessac
1943-1945

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Eugène Brunel, Roger Chotard , Nöel Margat et les autres

  Mauthausen | Témoignage d'un prisonnier à Revin

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C'est le 13 mars que Eugène Brunel, Roger Chotard et Noël Margat sont transférés vers l'Allemagne. Contrairement aux autres convois de janvier et juin, les prisonniers se retrouvent dans des wagons de voyageurs, et chose curieuse, toute la maison Nobilet de Tinténiac est dans le même compartiment.

Jean, âgé d'à peine 16 ans, retrouve donc son frère, son père, son oncle et les deux commis de la ferme. Avec eux, se trouve également Noël Margat. Les sentinelles sont aimables et tout ce beau monde fête les retrouvailles en chantant. Noël s'amuse bien avec eux et chante à merveille.

" Si l'on avait su ce qui nous attendait, dit Jean Nobilet, on aurait été moins joyeux et on aurait sûrement essayé de se sauver"

C'est à partir du départ de Compiègne que les choses se sont gâtées et qu'on s'est perdu de vue avec Noël Margat. Pendant les 15 jours que nous sommes restés à Compiègne, rien ne nous laissait présager ce qui allait suivre.


Une lettre de Mme Veuve Briand, de Trélévern, rend parfaitement compte du climat de confiance que créaient leurs geôliers de Compiègne.
"Nous avons reçu hier un paquet de Compiègne, de mon fils, ainsi que de Jolivet, dans lequel il y avait 2 billets, où Yves me prie de vous avertir que votre frère est avec eux. Voici ce qu 'il transmet.

Tout va bien, le moral est épatant. La vie est belle.

Jeudi, nous partons pour l'Allemagne probablement Weimar où nous serons comme travailleurs libres ou prisonniers de guerre, ça dépendra. Voudrais-tu écrire aux parents de Noël pour leur dire qu'il part avec nous et que le moral est excellent (la santé est bonne) Voici notre matricule, Louis 29.147, Yves 29.115, Noël 29.164. Jolivet dit à ses parents qu'ils ont été bien traités par le secours national à Compiègne et qu'ils ont reçu des vivres pour leur voyage.  "

Cela nous a consolé un peu pensant qu'ils n'ont pas eu trop de misère là - bas. Ils auront le temps d'en avoir en Allemagne. Pourvu que cette maudite guerre finisse bientôt et qu'ils nous reviennent en bonne santé.

Mauthausen

On est parti le 5 avril. A hauteur de Metz, quelques-uns se sont évadés, les Allemands ont resserré les boulons et on est arrivé à Mauthausen après 3 jours de voyage dans des conditions atroces. "

Les camps comprenaient généralement plusieurs unités de travail de taille différente, les commandos, mais qui relevaient toutes de la même unité centrale dans laquelle se trouvait notamment la comptabilité des détenus. En principe, les morts étaient rapatriés sur l'unité centrale car les Allemands avaient un sens aigu de l'ordre et une administration chatouilleuse sur ce point précis. Ce n'est vraiment que si le commando était très éloigné, et si les moyens de transport étaient vraiment difficiles, que les morts pouvaient être enterrés sur place.

Donc, lorsqu'un prisonnier mourait, et c'était fréquent, il était dévêtu, son numéro était tracé avec une espèce de feutre sur sa poitrine, son bracelet était retiré de son poignet pour la comptabilité, et le corps était jeté sur le tas de cadavres, en attente de son incinération dans le crématoire. Chaque four était prévu pour une personne, mais du fait de la maigreur des prisonniers, on pouvait les passer par trois. Dans le camp, c'était affreux mais on s'habituait à l'atrocité, à l'inhumain.

Lorsqu'on a été libéré, le tas devait comprendre plusieurs centaines de cadavres, voire un millier. Les Alliés ont d'ailleurs creusé une tranchée au bulldozer et les ont ensevelis tous ensemble. Nous, on était devenu insensible à tout cela.

Certains s'étonnent que nous n'ayons pas signalé nos misères dans nos lettres. Il faut savoir que nous n'avions pas le droit de communiquer avec l'extérieur. Une fois, cependant on nous a réunis et nous avons dû retracer sur nos feuilles de papier le texte qui était écrit sur un tableau noir : "Ma santé est bonne, etc..".

A Dora, c'était encore plus simple, les cartes de correspondance étaient pré-imprimées, il suffisait de cocher les rubriques.
"Je suis en bonne santé"
"On est bien traité"
" La nourriture est bonne"

Le courrier en provenance de France était rare mais Jean Nobilet garde un souvenir ineffaçable de la lettre qu'il a reçue de sa sœur. " Revoir l'écriture de ma sœur, c 'est la seule fois où j'ai pleuré de joie, vous ne pouvez pas comprendre ce que I 'on ressent dans ces cas là.

Témoignage dun prisonnier à Revin

Pour se faire une assez bonne idée de la vie dans les camps, voici un témoignage qui ne peut être taxé d'esprit partisan. L'auteur de la lettre écrit quelques mois après sa libération à Noël Margat, un camarade d'infortune et dont il a été séparé au mois de mars 1945, et qu'il croit toujours vivant.

En date du 17 octobre 1945, Louis Guérin de Annecy, écrit à Noël Margat :

" Que fais-tu ? Que deviens-tu ?.....je suis inquiet. Je n 'ai plus de nouvelles de toi depuis notre séparation au mois de mars au camp de Mathausen. Je suis descendu de Révin pour un abcès à la jambe droite. Toi, tu es resté au "Lageur" et depuis plus rien...
J'ai passé un effroyable mois d'avril. Très faible et très malade à la suite de toutes mes opérations précédentes à Melt, j'ai pris froid. A demi-mort de faim, de froid, de fatigue et de mauvais traitement j'étais catalogué parmi les invalides et un beau jour, avec une pluie torrentielle et une bise glaciale, nous avons été triés tout nus dans la cour du Revin Le soir nous montions 3000 moribonds au camp 13 du Lag pour passer 8 jours plus tard à la chambre à gaz. Là (au camp 13) nous étions enfermés quasiment nus dans des baraques aux planches disjointes. Nous sommes restés 5jours dans ces taudis, les uns sur les autres sans manger, sans boire, sans pouvoir au moins dormir (il faisait terriblement froid et nous étions mangés par la vermine.) Je n'avais plus la force de marcher ni de me lever, une fois couché par terre, dans la saleté. J'en ai vu mourir là des copains... quel enfer ! Deux jours avant le passage au gaz, la Croix Rouge Internationale est venue nous délivrer (Français, Belges et Hollandais).

Il était temps. Nous n 'en pouvions plus. Nous avons reçu des colis qui nous ont remontés un peu. Quel bonheur et quelle joie ! Nous sommes redescendu à Revin pour y être cette fois soignés. Heureusement ! Mes plaies aux jambes s'envenimaient et quelques jours de plus, j'attrapais la gangrène. Je pensais souvent à toi et me demandais ce que tu pouvais faire.

Enfin, le 5 mai, les Américains délivraient le camp. Nous étions à bout. Le 15 mai, nous passions une visite pour voir  qui pouvaient partir en avions ou en camions. Tout au long de la route, il y avait beaucoup de malades qui ne pouvaient continuer. On les laissait dans des hôpitaux américains.......
Enfin, j'espère que tu vas bien maintenant après ton arrivée chez toi et que tu pourrais bien m'écrire. J'attends avec impatience de tes nouvelles.

Un ami de souffrance qui t'embrasse comme un frère. "

 

Chapitre VI

Le Retour

Joseph Daniel nous livre ses souvenirs

 

" Je suis revenu avec Duracine jusqu'à la maison. Quand j'ai été rapatrié on a fait 3 jours de camion, puis 3 jours de train pour regagner nos foyers - Les camions anglais qui montaient du ravitaillement ou des munitions aux troupes du front, nous redescendaient vers l'arrière.

On voulait que je redonne ma tenue rayée, mais j'ai refusé et c'est pour cela que j'ai pu me faire photographier dans cette tenue quelque temps après être rentré.

 

Comme c'était la période de la rentrée des prisonniers, notre retour n'a pas fait l'objet d'une fête particulière et je me demande même si la plupart des gens ne pensaient pas "s’il s était tenu tranquille, ils ne l'auraient pas emmené en Allemagne, et puis, il est resté moins longtemps que nos prisonniers."

L'administration n'a pas été plus compréhensive.

Pour me faire reconnaître résistant et obtenir la carte, il a fallu que je retrouve le capitaine Vallée et qu'il me remette Une attestation Confirmant mon appartenance à son réseau.

 

Je sais bien que tous les déportés n'étaient pas forcément des résistants. Il y avait ceux qui avaient déserté leur boulot comme STO, et puis des condamnés de droit commun, des homosexuels, les gitans, les juifs.

 

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