13/10/2017

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Le cruel destin des membres du réseau de résistance "Oscar-Parson" au Pays de Guer-Comblessac
1943-1945

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Les  35 arrestations

Le 29 octobre, dans le début de la matinée, la ferme et le château des Vaux sont cernés. Madeleine Glo, la nièce et filleule de Mme Jean Lerat avait 15 ans. Employée par sa tante, elle se souvient comme au premier jour." J'étais à laver la vaisselle. L'évier se trouvait devant la fenêtre dans les fermes à ce moment là ; on avait tué le cochon et fait la charcuterie, les jours d'avant. Tout d'un coup, j'ai vu des casques partout devant la ferme, çà m'a fait drôle. Des allemands sont entrés dans la maison et ils nous ont dit de sortir dans la cour. Il y avait encore le pain et la charcuterie sur la table. Ils se sont mis à manger pendant qu'on était dehors. Donatien Lerat était à labourer dans un champ de l'autre côté de la ligne. Vers 9 h, il revient casser la croûte, un jeune allemand de 16 ans le raccompagne chercher son attelage. Ne sachant pas ce qu'il lui voulait, il est revenu sans discuter rejoindre les autres. A moi, deux allemands m'ont dit de les suivre chercher Joseph Daniel et le beau-père de Mme Lerat qui étaient à couper de la litière sur la butte et ils m'ont donné les deux "fauchets" à ramener sur mon dos. Peut-être qu'ils avaient peur de se faire attaquer avec les outils. bout d'un moment, on nous a dit de nous changer car ils nous ramenaient.
Pensant qu'ils allaient nous emmener à Guer ou au camp de Coëtquidan pour peu de temps, j'ai pris une blouse propre et les autres ont fait comme moi.

Je suis revenu 6 mois après..."

Au château, c'est la Gestapo qui a surgi. Ils ont fouillé la maison, ouvert les tombes, pensant que les armes y étaient cachées. ( Ce qui contredit les versions qui rapportent qu'après le parachutage, Du Bouëxic avait indiqué à Guédia l'emplacement de la cache.) Puis laissant la jeune Diane Du Bouëxic à la garde de Philomène Doré, toute la maisonnée est embarquée. On pousse même la complaisance jusqu'à aller chercher Bernadette Du Bouëxic à la gare. Etudiante, elle arrive de Rennes pour les vacances de la Toussaint. A la ferme, la garde des quatre enfants est confiée à la maman de Mme Lerat et les bestiaux, à son mari, âgé de 76 ans.

Au Bois-Jan, Etienne Éon et Jean Loeillet sont pris et vont rejoindre les autres.

Ce jour là, 13 personnes se trouvent donc arrêtés:

Jean Lerat et sa femme Madeleine; Donatien Lerat; le frère de Jean; Joseph Daniel, originaire de Pipriac comme Mme Lerat et qui est venu se camoufler aux Vaux pour fuir le STO; Madeleine Glo, la nièce et la filleule de Mme Lerat, âgée de 15ans; M. Emile De Lambert, au titre de maire de Comblessac et de propriétaire de la ferme du Bois-Jan; Etienne Éon, fermier au Bois-Jan; Jean Loeuillet, commis de Etienne Éon; Mme De Blignières, 72 ans, mère de Mme Du Bouëxic; Mme Du Bouëxic, épouse de M. Du Bouëxic, absent; Melle Bernadette Du Bouëxic, leur fille aînée de 20 ans; Mme Réminiac, femme de chambre; Mlle Anne Marie Boivin, la cuisinière.

Les femmes sont embarquées vers Rennes, cinq d'entre elles, Madeleine Glo, Anne Marie Boivin, Madeleine Lerat, Isabelle De Blignières et Annick (10) Du Bouëxic sont incarcérées à Jacques Cartier le samedi 30 octobre à 13 h.
Les deux autres, Léonie Réminiac et Bemadette Du Bouëxic ne seront incarcérées que le 31 octobre à 1 h 15, en même temps que M. De Lambert.
Les hommes, regroupés dans la salle du château sont interrogés. Ils devront aller découvrir les armes avant de rejoindre Rennes et être incarcérés à Jacques Cartier ce 31 octobre à 13 h 15. Dès les premières arrestations, Charles Touzet, fils, fonce à Rennes en vélo, avertir Vallée que le parachutage a été découvert. On lui dit de tout abandonner et de filer.

Au retour, il s'arrête à Plélan pour souffler, et c'est alors que passe le convoi dans lequel il reconnaît Etienne Éon. Mort de peur, il arrive à Guer et fait part aux autres de ce qu'on lui a dit à Rennes. Le soir même, il emmène son père à Redon prendre le train pour Paris, et il se cache chez le docteur Forget.

Le 2 novembre, les Allemands arrêtent André Seroux, et cinq autres personnes qui ne font pas partie du groupe. Ce sont Louis Flageul , le voisin d'Étienne Éon, André Chotard, Emile Lassais, Maurice Le Fouille (qui fournissait des fausses cartes d'identité) et Henri Nogret, frère d' Anatole. (8)nogret.jpg (9671 octets)

Arrêté à la place de son frère, ce dernier est amené au camion où les suspects sont regroupés et soumis à la garde de deux Allemands. Profitant d’un moment de distraction de ses gardiens, il s'échappe. Les Allemands tirent sur lui, le ratent, mais un soldat se trouve sur son passage, qui lui assène un coup de crosse de fusil sur la tête et l'arrête. Son attitude l'a rendu plus que suspect ; il est emmené rejoindre les prisonniers au château des Vaux.

Guédia a déclaré plus tard qu'il l'a lui-même pansé.

On retrouvera ces six nouveaux prévenus à Jacques Cartier entre 15 h 30 et 21 h 45.

La nouvelle de ces arrestations se répand jusqu'à Augan, où vivent le frère et la sœur de Jean Lerat. Ils viennent tous les deux à Guer, essaient de se renseigner puis, Joseph se rend à la ferme. Les Allemands lui demandent ce qu'il vient y faire. Le grand-père répond qu'il vient chercher deux des enfants. Il les emmène rapidement à Brambroq sans demander son reste.

Le 6 novembre la Gestapo est de retour, elle arrête quatre femmes, Marguerite Barre, Joséphine Flageul, Jeanne Nogret et Marie Madeleine Lefranc qui est âgée de 71 ans, la mère de Jules Lefranc qui fait partie du groupe, mais a réussi à s'esquiver.

Le 12 novembre c'est le tour de Raymond Hervé.

Le 12 décembre, nouvel arrivage à Jacques Cartier, ce sont Angèle Nogret,( 9 ) Jeanne Bignon, Madeleine Bossard, Louis Durandière, Jules Bossard, Edouard Dugué, Félix Landais et Henri Paistel.

L'arrestation de Henri Paistel n'a eu lieu que le 10 décembre du fait que les Allemands cherchaient un peintre et que Paistel, qui s'était mis au vert quelque temps, (selon son fils) évitait de se promener en tenue de travail dans la rue. Ce 10 décembre, Henri Paistel est appelé pour poser une vitre. Il part donc son carreau sous le bras et en tenue de travail. La Gestapo, qui cherchait un peintre, l'interpelle et l'arrête.

brunel.jpg (11408 octets)Selon sa fille, Henri Paistel était à aider un fermier des environs de Guer, lorsque la rafle a eu lieu. Par prudence, il n'est donc pas rentré le soir ni le lendemain, mais il ne s'est pas planqué plus longtemps.

Enfin le 24 janvier, les derniers prévenus arrivent en prison, ce sont Eugène Brunel, Noël Margat, Roger Chotard, et Yves Bossard.

 

 

margat.jpg (11353 octets)En tout, ce sont 35 personnes qui sont emprisonnées, certaines, pour des raisons tout à fait indépendantes du réseau.

Internées à Rennes, elles vont subir à des degrés divers, les interrogatoires parfois serrés de la Gestapo. Ainsi, Jean Lerat se retrouve pendu par les bras et son corps est lacéré à coups de cravache.

Jules Lefranc a toujours réussi à se dérober. Un jour, il voit le fourgon s'arrêter sur la place de la mairie, vite il s'enfuit par les arrières. Bien lui en a pris, car la Gestapo est dans sa boutique dans les minutes qui suivent.

Charles Touzet ne reste que quelques jours chez le docteur Forget qui héberge également 2 Allemands de la Kommandantur. Il file ensuite à Bovel dans la ferme de Forget, au Petit Morin. Lorsqu'il apprend l'arrestation des femmes, il demande à sa femme de partir avec les enfants. Pour vaincre sa réticence, il menace de revenir à Guer. Vers le 15 novembre, elle prend le car pour Redon, avec ses 4 enfants et une grosse malle. En cours de route, deux "colliers de chien" (feldgendarmes) doublent le car. Persuadée qu'ils vont l'attendre à sa descente du car, elle descend seule et va prendre ses billets. A Bressuire, son oncle la voit débarquer alors que sa petite dernière, Michèle, n'a qu'un mois et son aînée, 10 ans. Son mari vient les rejoindre quelques jours après, et bientôt la famille gagne à Cachan, la maison qu'un ancien copain de régiment met à leur disposition. Après la libération de Paris, à laquelle il prend part, Charles Touzet revient à Guer avec sa famille, pour constater que l'épicerie marche toujours et que leur employée, qui s'est mariée entre temps, s'est installée dans leur linge et leurs meubles.

 

(8) Henri NOGRET travaillait à la gare de Redon. Ce 2 novembre, il était chez Anatole pour prendre des nouvelles sachant les arrestations et le rôle tenu par son frère. A peine avait-il appris la fuite d'Anatole que les Allemands l'arrêtaient et on connaît la suite.

( 9 ) Jeanne NOGRET était la femme d'Anatole, électricien à Guer, près de la boucherie Mouraud. Selon le témoignage de sa soeur Angèle, Anatole Nogret a été à l'origine du réseau de Guer. Venu du pays malouin, travailler sur le camp, il se marie à une fille de la région, et s'installe à Guer. De passage à Rennes, il aurait rencontré un étudiant dont les parents habitaient Hédé, qui l'aurait mis en contact avec le Capitaine Vallée, puis, eu égard à son travail, il aurait passé le flambeau à Charles Touzet père, alors en retraite. L'étudiant dont il est question ci-dessus est la même personne qui a été impliquée dans le groupe de Tinténiac.

Arrêté par la Gestapo, torturé, il a livré l 'existence du réseau et c'est ainsi que s'est mise en route l'infiltration des différents groupes dépendant d'Oscar.

Lors de l'arrestation de Jeanne, la Gestapo a laissé un enfant de 2 ans seul. Peut-être servait-il d'appât pour obliger Anatole à rentrer et se faire arrêter ? C'était sans compter sur la solidarité des voisins. Ce sont donc les époux Mouraud qui se sont occupés de l'enfant pendant les 8 mois d'incarcération de sa maman.

(10)En fait le prénom Anick- n'apparait nulle part dans les pièces officielles. Seul, le prénom d'Isabelle lui est attribué.(cf annexes pages 124 et 134)

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