13/10/2017

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Le cruel destin des membres du ré

seau de résistance "Oscar-Parson" au Pays de Guer-Comblessac
1943-1945

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Et Après......

Que sont devenus les protagonistes de cette affaire ?

Guédia | René Du Bouexic | Bernadette Du Bouëxic | Mme Du Bouëxic

Madeleine Glo et Jeannette Bétin | Louis Flageul |Joséphine FlageulMadeleine Lerat

Joseph Daniel, Edouard Dugué, Louis Durandière, Raymond Hervé, Félix Landais, Donatien Lerat, Jean Lerat, Henri Paistel, André Seroux et Maurice Le Fouillé

| Émile Lassais | André Chotard | Émile De Lambert  et Mme De Blignières Isabelle | Léonie Reminiac | Madeleine Lefranc, Marguerite Barre | Anne Marie Boivin

Angèle Nogret, Jeanne Nogret, Jeanne Bignon, Yves et Madeleine Bossard.

Etienne Éon, Jean Loeillet et Henri Nogret

Déporté vers Buchenwald-Témoignage de Joseph Daniel

Le camp de Dora-Témoignage de Joseph Daniel
"

Guédia ?

Leur fortune fut très diverse, et ce ne sont pas les bourreaux qui ont le plus souffert. Après ce coup d'éclat, Guédia est affecté à la garde du Château des Vaux, sa femme vient l'y retrouver et reste 8 jours avec lui. Son transport de Paris à Guer s'est effectué en véhicule de l'année allemande. On lui offre même un poste, mais elle refuse. Guédia s'ennuie, il passe beaucoup de monde dans ce château et, selon lui, chacun emporte un souvenir, de telle sorte qu'à la fin novembre, il ne reste plus grand chose des tableaux et valeurs qui s'y trouvaient. Guédia s'est toujours défendu d'avoir pillé quoi que ce soit, mais il n'empêche qu'un jour, sa valise est tellement lourde à porter qu'il demande à un ouvrier de Leborgne, cerclier près du château, de lui aider à la porter à la gare. Il nous a même confié que, s'il avait voulu, il aurait pu dérober les pièces en or qui se trouvaient dans la doublure d'un canapé. Après plusieurs requêtes d'être affecté à un autre poste, ses vœux sont exaucés.

Le 23 décembre, il part en mission en Corrèze, mais il aura moins de succès là-bas, car les gendarmes sont peu coopérants pour effectuer les recherches qu'il leur demande.

Il essaie cependant d'éliminer un groupe de résistants, hélas, la lenteur des gendarmes jointe à sa disparition subite alerte le groupe qui se disperse. A la libération, son zèle lui vaut une condamnation à mort par la Cour de Tulle.

A son procès à Rennes, Il écope d'une seconde condamnation à la peine capitale, mais les deux peines de Tulle et de Rennes sont bientôt commuées en une condamnation aux travaux forcés à perpétuité.

En fait, les bruits d'une libération au bout de 7 ans de prison ne sont pas fondés. C'est en janvier 1960 qu'il est libéré. Il se remarie quelques mois plus tard.

Depuis sa sortie de prison, il a travaillé comme électricien d'entretien dans au moins 3 usines de la région de Tour. Père de 3 enfants de son second mariage, il coule une retraite paisible sur les bords de la Loire. Un de ses collègues de travail nous le décrit comme un garçon rieur, mais parfois sombre et coléreux.

La condamnation comportait également la vente de tous ses biens, mais à la date de cette condamnation, Madame Guédia était divorcée et elle avait déjà tout vendu, il ne restait donc plus rien à saisir. A ce stade du récit, il est indispensable de préciser qu'il y a quelque 10 années, s'est présenté, dans un café de Comblessac, un homme disant s'appeler Georges Guédia.

Certaines personnes ont reconnu le Guédia de leur jeunesse et les mieux renseignés ont dit qu'il était marié avec une fille des environs de Gaël, et qu'il venait régulièrement en vacances dans ce secteur. Ceci est parfaitement erroné, la nationalité de sa deuxième femme est étrangère et il lui est toujours interdit de pénétrer dans le Morbihan et l'Ille et Vilaine nous a-t-il dit. Nombre de personnes ont cependant trouvé la démarche de ce personnage assez inquiétante, mais personne ne lui ayant parlé. notre visiteur est reparti comme il était venu.

Or, il se trouve que, lors de la consultation du microfilm sur lesquelles sont reproduites les main- levées des entrées et des sorties de la prison Jacques Cartier, on a découvert que le 23 mars 1944, un dénommé Georges Guédia a été écroué, à 5 h 15, sous le N°' 6432, et qu'il a été transféré vers Compiègne le 29 juin. Le 31 juillet, il arrive à Neuengamme et est libéré en 1945. Le répertoire des déportés de Neuengamme, que M. Bemard Lesage a bien voulu me permettre de consulter, ne porte malheureusement pas son lieu de naissance, ce qui nous aurait permis de le situer avec précision.


Monsieur  René Du Bouëxic

bouex1.jpg (13302 octets)Monsieur Du Bouëxic, que l'on a laissé au téléphone avec un Allemand le 29 octobre, a vite compris de quoi il s'agissait. Son ami, monsieur Carton de Wiart, Consul général de Belgique lui procure une fausse carte d'identité au nom de Kerjean (c’est un nom patronymique de la famille de sa femme) et le cache un moment dans une chambre de l'ambassade de Belgique. Puis il loue un appartement au 75 de la rue du Rocher, à Paris. Il se croit en sécurité au point qu'à plusieurs reprises il revoit André Morice et lui promet une libération prochaine de sa tante, Anne Marie Boivin.

Voit-il quelqu'un d'autre ? Il se trouve qu'à trois reprises, le 15 novembre, fin novembre et à Noël, René Morice, le frère d'André, s'est présenté à la boutique de M. Dellys, tailleur à Guer pour y retirer le vêtement commandé par Monsieur Du Bouëxic.

De même, le bottier reçoit dans la même période, la visite du même André Morice venu retirer les bottes commandées par Monsieur Du Bouëxic.

La Gestapo retrouve sa trace et un soir, il manque d'un cheveu d'être arrêté. Depuis le début de l'après midi, trois Allemands l'attendent, deux sont dans sa chambre, le troisième est dans la loge de la concierge, madame Bastien, lui interdisant de sortir. Sur le soir, pour respecter les consignes du couvre feu, madame Bastien demande à aller fermer les fenêtres de l'appartement de monsieur De Kerjean. Permission lui est accordée. Lorsqu'elle redescend, elle aperçoit son locataire qui arrive, elle lui fait signe de se sauver et il part.

On retrouvera Du Bouëxic dans le maquis de l'Yonne en avril 1944. Il s'y distingue au cours d'opérations.

Le 28 août 1944, M. Du Bouëxic retrouve, dans la chambre de l'Ambassade de Belgique où il s'était caché un moment, sa femme et son fils qui ont été libérés du Fort de Romainville, le 19 août. (12)

Lorsqu'il revient à Guer, fin septembre pour reprendre des effets, Nogret et Jules Lefranc viennent trouver Charles Touzet (fils) et, persuadés que c'est Du Bouëxic qui les a trahis, filent vers Saint-Gurval, l'attendent à proximité de sa voiture et l'arrêtent. Ils l'emmènent à la gendarmerie de Guer, mais le gendarme Duranton refuse de le garder et leur conseille de le présenter au procureur de Vannes. Ils s'y rendent avec la voiture de leur prisonnier, et reviennent seuls, conscients d'avoir fait du bon travail. Mais 2 jours plus tard, Du Bouëxic est de retour et ils sont priés de lui redonner sa voiture. Il doit être drôlement protégé, pensent ces braves gens ! La vérité est qu'un membre important de l'administration préfectorale fournissait Du Bouëxic en fausses cartes avant le parachutage et qu'il connaît également ses activités de résistance dans le maquis de l'Yonne.

Précisions fournies par Mme Annick du Bouëxic, en réponse notamment aux bruits qui ont couru sur son mari et sur elle ( son internement aurait été en fait une villégiature dans les châteaux de la Loire)

 M. René du Bouëxic

Engagé volontaire en 1939, à l'âge de 45 ans, il est maréchal des logis au 48ène BCC stationné à Coëtquidan.

Rendu à la vie civile, il profite de ses connaissances de la langue allemande pour servir d'interprète à la Kommandantur de Guer. Il réussit ainsi à rendre des services à la population.

Ses fonctions d'interprète lui permettent d'entrer en relation avec un fonctionnaire de haut rang à la préfecture de Vannes qui l'alimente en cartes d'identité vierges.

Il sera un fournisseur de Le Fouillé. C'est lui qui a fourni la fausse carte à Audigé.


Madeleine Glo et Jeannette Bétin

Pendant ce temps, la vie en prison se déroule normalement. Madeleine Glo se retrouve en cellule avec une autre jeune femme ; elles disposent d'une paillasse et d'un seau hygiénique. Chaque matin, on leur apporte un litre d'eau et une boule de pain gris. Ce litre d'eau est le seul dont elles disposent pour boire et pour leur toilette. Se laver ou boire, il faut choisir. Le midi, on leur apporte des lentilles ou des pois casses ou autre chose du même genre.

"Il faut dire que si je n'ai jamais été battue, j'ai souffert de la faim Je ne sais pas s'ils avaient des cochons ou d'autres bêtes, mais ils mettaient dans des seaux, les restes de pain et de nourriture que d'autres prisonnières n'avaient pas mangés. Eh bien lorsqu'ils passaient dans notre cellule, je me jetais avec avidité sur ces restes.

(le mot patois employé est plus suggestif "je mepeyssais

J'étais dans la même cellule que Jeannette Bétin, qui elle, avait 20 ans, et a ensuite été déportée. Le Jardinier du Château (Guédia) nous a interrogé plusieurs fois mais je n'ai jamais été battue. Les hommes étaient en partie plus gentils avec nous que les femmes. Les gardiennes étaient des femmes allemandes, pas méchantes en général, sauf une qui avait un grand chien et qu'on appelait "la panthère" elle m'a mise plusieurs fois au cachot parce que je tapais des pieds par terre, pour me réchauffer alors qu'elle ne voulait pas qu'on le fasse.

Par contre il y avait une Autrichienne, Marie-Louise qui était gentille, elle m'apportait quelquefois de la nourriture en douce. Elle m'appelait " ma petit nanfant".

A un moment on a été gâté par la Croix Rouge. Une fois par semaine, ils nous apportaient un morceau de viande. Et puis, plus tard quand mes parents ont pu, je recevais des colis de nourriture, du pain de ferme surtout, parce que la saucisse et le reste étaient volés par les gardes, ils se servaient avant nous. On les entendait bien farfouiller devant la porte, mais c'était eux qui avaient les clefs, pas nous. Le pain était ouvert en deux dans le sens de l'épaisseur, pour contrôler qu'il n'y avait rien dedans.Vers la fin, madame Ch.... a réussi à me faire avoir plus de colis grâce à la "goutte" dont elle gratifiait les gardes. " Ma pauvre Jeanne, " disait-elle à ma mère, "ces gens-là, il faut les prendre par la gueule" et maman lui donnait de l'eau de vie. C'est un bon moment après que j'ai été rendue en prison que ma pauvre mère a appris mon internement. Elle l'a appris à la messe. Les voisins le savaient, mais ne voulaient pas le dire ni à mon père ni à ma mère. A partir du moment où elle l'a su, dès qu'elle entendait bombarder vers Rennes, elle passait son temps sur la route à écouter, que ce soit de jour ou en pleine nuit. Elle avait peur que la prison soit bombardée et que je sois tuée. Ma pauvre mère, elle a passé de drôle de moments, et mon père aussi, mais ça se voyait moins.

Quand j'ai été libérée, on est revenu en camionnette jusqu'à Guipry. Je n'avais pu avertir personne parce qu'on l'a su peu de temps avant de sortir. Je connaissais bien Guipry et comme j'avais un oncle qui travaillait dans une ferme pas bien loin, je suis allée le voir ; il a ramené ma marraine en voiture à cheval jusque chez elle et moi, j'ai pris un vélo. Quand je suis arrivée, mon frère ne m'a pas reconnue, j'avais la figure bouffie. C'était peut-être à cause des saloperies que j'avais avalées en prison."

Le mercredi 12 avril, à 12h, Madeleine Glo est libérée.

Madeleine Glo, internée à 15 ans, a été reconnue en incapacité de travail à 30% le 9 juin 1951 et perçoit une pension qui n'atteint pas les 1000 F par mois, toutes ses misères ne sont-elles pas de l'histoire ancienne ? Il faut vivre avec son temps... le passé, c'est le passé. N'est-ce pas.


Louis Flageul

M.Duval de Mauron, a passé un peu plus de 2 mois dans la cellule 10 avec Louis Flageul. Il témoigne :

"Louis Flageul, c'était un très brave homme qui souffrait beaucoup physiquement et moralement. Il avait un rhumatisme déformant et il se souciait de ses enfants et de sa femme. Lorsque les cloches des églises sonnaient la messe, il se mettait à genoux et il pleurait. Je le consolais et lui remontais le moral. Vous savez, en prison, ce dont on souffre le plus, c'est de rester là des jours et des jours sans pouvoir trop se remuer tellement c'est exigu.

La faim ? oui les premiers jours, mais vous savez, quand vous ne faites rien, que vous n'avez d'autre exercice que de l'esprit, vous ne vous dépensez pas, et puis l'estomac s'accoutume. Et puis, à partir d'un moment, je sais plus quelle date, on a eu des colis de chez nos parents qu'on partageait. On a également reçu des provisions de la Croix Rouge, de la viande mais surtout des biscuits LU. Ah! ceux-là nous ont fait du bien. Vous connaissez ces biscuits, ils sont dentelés tout autour, eh bien, on mangeait ces petites dents une par une pour faire passer le temps.

Deux autres choses nous causaient des ennuis. Les bruits de couloir et les droits communs. Tant qu’on était entre nous les politiques, çà allait à peu près. Ce n’était pas toujours marrant parce que tous les caractères ne se rapportent pas forcément, mais on arrivait quand même mieux à s'entendre. Les droits communs, par contre, ils se prenaient pour des marioles parce qu'ils avaient cambriolé ou tué quelqu'un. Ce n’était vraiment pas intéressant. Je vous parlais des bruits dans le couloir ... 1 vous entendez des pas qui se rapprochent.... ce sont les gardes.

Tant qu'ils dont pas dépassé votre porte, vous vous demandez si c'est pour vous, pour un nouvel interrogatoire, ou pire pour vous fusiller. Un matin, on a entendu les gardes ouvrir les cellules, la 9 et puis la 11, en extirper un ou deux prisonniers, c'était des Espagnols. Dans le couloir, on leur a appris qu’ils allaient être fusillés. Alors ils se sont mis à chanter l'Internationale et puis la Marseillaise. Bien qu’ils avaient les moyens de les faire taire, les Allemands les ont laissés chanter et ils les ont emmenés. Ce doit être ceux dont la fosse commune a été découverte au Colombier, à Rennes et dont la mémoire est gardée sur un petit monument dans le quartier actuel des "3 Soleils".

Le 18 février à 18 h, Louis Flageul est libéré


Madeleine Lerat

Madeleine Lerat, la femme de Jean, témoigne :

" La cérémonie du 27 avril à Comblessac m'a été pénible, mais je suis contente que cette stèle ait été érigée. Ce jour-là, j'ai revécu l'arrivée des Allemands dans la ferme. J’ ai donc été arrêtée à la ferme des Vaux et je suis arrivée à Rennes le 30 octobre 1943, ' j'avais 36 ans. On m'a mise toute seule, en haut, au 3 ème ou au 4 ème étage et je ne voulais pas pleurer devant ces gens-là. Je ne mangeais pas et je n'avais même pas faim. Et puis, un jour, une garde est arrivée pendant que je pleurais. J'ai été ramenée en bas presque aussitôt après.

Je me suis retrouvée avec Mme Charpentier de St Malo et Odette Hamon de Saint-Brieuc. Je mangeais peu et je vomissais souvent alors je rendais mon pain, mais les autres me disaient " Ne le rends pas, on le mangera nous." Assez rapidement, grâce à la fille d'une voisine qui fournissait de l'eau de vie aux gardiens, mes parents m'ont fait passer du pain de campagne. C'était du pain blanc. La femme de Saint-Malo me disait " Dire qu’il a fallu que je vienne en prison pour manger du pain blanc ! "

Dans les débuts que j'étais en bas, je pouvais parler à mon mari qui était dans le bâtiment en face. On ne se voyait pas bien sûr, mais çà faisait du bien de se parler. On tirait les lits vers la fenêtre et perchée sur le montant du lit, j'arrivais en haut de la fenêtre. Je lui criais " Çà va ? Tu as bien dormi ?" des choses comme çà, et il me répondait. Un jour une surveillante s'en est aperçue ; j'ai été changée de cellule, de l'autre côté du bâtiment. Je ne l'ai plus entendu.

Je voyais ma filleule Madeleine Glo parfois à la promenade. On n’avait pas le droit de parler, mais c'est elle qui, malgré cela m'a appris le départ de Jean vers l'Allemagne. "Marraine, m'a-t-elle dit, parrain est parti hier ou avant-hier avec Donatien et Joseph Daniel." Pour la peine, Madeleine a été punie, mais elle était contente d’avoir pu me le dire.

A un Moment, je me trouvais avec une femme de Martigné-Ferchaud qui avait six enfants, dont une fille qui lui avait dit lorsqu’elle a été arrêtée " Oh maman, tu vas pas mourir ?" La pauvre dame pleurait souvent et répétait : " Ah ! mes pauvres enfants ! "

J'ai également été avec la belle fille du Général Allard et une coiffeuse de Rennes.

Ma libération, oh oui je m'en souviens, on est sorti vers midi et on n'avait aucun moyen de transport. Ils ne nous avertissaient pas longtemps avant de nous relâcher si bien qu’ on ne pouvait avertir personne. On a trouvé un artisan de Guipry qui repartait avec sa camionnette, on a donc gagné Guipry comme cela, puis c'est Madeleine, ma filleule qui a trouvé une voiture à cheval pour m'emmener chez mes parents qui habitaient toujours sur la commune de Pipriac, mais pas très loin du bourg de Guipry. Pendant longtemps, j'ai eu peur qu'on revienne me chercher et je ne pouvais pas m'empêcher de penser à cette pauvre femme qui s'était pendue dans sa cellule après avoir été battue par les miliciens, tellement elle avait peur d'être à nouveau interrogée.

Après, je suis allé à Augan et j'y ai accouché de ma fille Josiane début juillet 1944. A la ferme, on nous avait remplacés. On n'avait donc plus rien, et il n'a pas été facile d'être dédommagée.

Enfin, quand Jean est rentré, j'ai été contente. Donatien, par contre était mort là-bas."

Le mercredi 12 avril, à 12h, Madeleine Lerat est libérée.


Joseph Daniel, Edouard Dugué, Louis Durandière , Raymond Hervé, Félix Landais, Donatien Lerat, Jean Lerat, Henri Paistel, André Seroux et Maurice Le Fouillé  

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Le 17 janvier 1944, Joseph Daniel, Edouard Dugué, Louis Durandière ( dit " Bidulle "), Raymond Hervé Félix Landais, Donatien Lerat, Jean Lerat, Henri Paistel, André Seroux et Maurice Le Fouillé partent vers le centre de regroupement de Compiègne, d'où le convoi partira le 29 vers Buchenwald qu'ils atteindront au bout d'un voyage qui aura duré 5 nuits et 4 jours.

Le 3 février 1944, à 16 h 30, Émile Lassais est libéré.

Le 18 février à 18 h, Louis Flageul et André Chotard sont libres.

Mme Du Bouëxic

Le 1 mars, Mme Du Bouëxic part vers l'hôpital de Tours, elle y est internée dans une cellule du quartier des aliénés, constamment éclairée. Après son accouchement au Val de Grâce, elle rejoint le camp de St Denis avec son bébé, puis le Fort de Romainville, d'où elle est libérée le 19 août sur intervention du consul de Suède.

bouex2.jpg (17138 octets)Précisions fournies par Mme Annick du Bouëxic, en réponse notamment aux bruits qui ont couru sur son mari et sur elle ( son internement aurait été en fait une villégiature dans les châteaux de la Loire)

Après 4 mois à la prison de Rennes, Mme du Bouëxic, enceinte de 4 mois lors de son arrestation, est transférée le 1 mars 1944, à Tours, avec une de ses compagnes, dans une cellule réservée aux fous furieux, ( tout le mobilier est scellé au sol et l'éclairage est constant, 24 h sur 24) alors qu'on leur avait promis l'hôpital. Enfin, après 15 jours, elle est transférée au Val de Grâce ( quartier des détenues politiques) et y met au monde, quasi-seule, son fils Hubert, le 9 avril.

Après 8 jours, elle rejoint d'abord le camp de St Denis, puis le Fort de Romainville où elle se trouve le 6 juin.

En application des règles allemandes, la déportation d'une mère était retardée jusqu'au 5èm" mois du bébé. Il s'en est fallu de peu Pour que la séparation ait lieu.

Avec quelques autres femmes dans le même cas, qui n'étaient pas parties par le dernier convoi du 15 août vers Ravensbrück, Mme du Bouëxic est finalement libérée le 19 août sur intervention de M. Nordling, consul de Suède, qui s'est chargé de récupérer les mamans et leurs bébés.... Elles étaient 4.

Le 21 mars à 11 h, ce sont M. De Lambert Émile et (11) Mme De Blignières Isabelle qui retrouvent la liberté.

En fait, la nouvelle de la libération de Monsieur De Lambert ne sera connue à Comblessac que 2 mois après. (11) A-t-il, à juste titre, craint de rejoindre Comblessac et de courir le risque d'être de nouveau emprisonné, ou a-t-il préféré se remettre doucement des turpitudes subies ? Toujours est-il que le secret de sa libération avait été bien gardé.

René Barre, Maurice Wester et bien d'autres étaient à l'école en cette période et se souviennent encore : C'était un vendredi ou un samedi, on était à l'école et on nous a dit : "J'ai une bonne nouvelle à vous apprendre, Monsieur le Marquis De Lambert est libéré, il va revenir dans son château ce soir." Et le lendemain ou le surlendemain, on a appris qu'il était mort. Sa fille, Mademoiselle Elisabeth disait même qu'en arrivant chez lui, il voulait aller voir ses rhododendrons, mais qu' elle l'en avait dissuadé eu égard à sa fatigue et à l'heure tardive.

Le 30 mars, à 16 h, Mme Léonie Reminiac est libre.

Le mercredi 12 avril, à 12h, Madeleine Lefranc, Joséphine Flageul, Marguerite Barre, Madeleine Glo et Madeleine Lerat sont libérées.

 Le 22 avril, à 11 h, Bernadette Du Bouëxic sort à son tour de prison.

boivin.jpg (16156 octets)Le 2 Mai, Anne Marie Boivin est transférée vers l'Allemagne. Elle n'était pas membre du groupe de Touzet, alors pourquoi ? Madame Lerat nous a dit qu'Anne Marie Boivin n'avait jamais su pour quelle raison elle a été déportée.

Toutes nos recherches sont pour l'instant demeurées infructueuses. Les motifs des condamnations sont déposés aux Archives Départementales d'Ille et Vilaine mais ne sont pas classés et par conséquent ne peuvent être consultés.

Le 29 juin, à 18 h 45, sont libérés, Angèle Nogret, Jeanne Nogret, Jeanne Bignon, Yves et Madeleine Bossard.

h-nogret.jpg (14548 octets)Ce même jour, à 1 h du matin, Etienne Eon, Jean Loeillet et Henri Nogret sont embarqués, direction Compiègne via Redon et Nantes.A Nantes, c'est à pied qu'ils vont au quai d'embarquement. Un moment après, profitant de la nuit, un peu avant d'arriver à Langeais, certains d'entre eux arrachent des planches d'un wagon et se laissent glisser sur la voie entre les rails. Dans un autre wagon, les prisonniers défoncent la paroi avant, grimpent sur les tampons et sautent sur le côté de la voie. Malheureusement, un soldat allemand s'en aperçoit, donne l'alerte et les mitrailleuses crépitent, interrompant les évasions. Le train s'arrête, des prisonniers sont pris en otages et ils seront fusillés si une autre tentative se reproduit.

Jean Loeillet se trouvait dans le même wagon qu' Etienne Eon, mais à l'autre extrémité. Il s'évade à travers le plancher mais ne peut emmener son patron. Pendant quelques jours, il se cache à Comblessac chez Marie Thonnnerot, dans la maison actuelle de M. et Mme Oléron, et un dimanche après midi, il se rend à Trégouidan, chez Louis Eon, le frère d'Etienne pour lui raconter son odyssée. Il se trouve que ce jour-là, se trouvait de passage à Trégouidan, un groupe d'une quinzaine de parachutistes anglais qui suivaient la filière de retour vers l'Angleterre.

Jean Loeillet leur raconte son histoire et leur demande de les accompagner pour rejoindre les Forces Françaises. Il part avec eux et on ne le reverra plus. Selon des sources non confirmées, il aurait participé, en Hollande, à une opération aéroportée en planeur et y aurait trouvé la mort.

eon.jpg (12964 octets)Henri Nogret et Etienne Eon restent presque un mois à Compiègne avec leurs autres compagnons d'infortune, puis c'est le départ vers Neuengamme, tout à fait au nord de l'Allemagne, où ils arriveront le 31 juillet pour être répartis entre les différents commandos.

Etienne Eon est affecté à Lerbeck, un petit commando d'environ 500 prisonniers. L'hiver est rude dans cette partie de l'Allemagne et les SS trouvent un malin plaisir à garder les prisonniers nus sous une pluie glaciale sous n'importe quel prétexte. La maladie emporte Etienne Eon le 28 février 1945 (date officielle fournie par la table des déportés de Neuengamme et la mairie de Comblessac)

Déporté vers Buchenwald-Témoignage de Joseph Daniel

 

( 11 ) Libéré en même temps que Mme De Blignières, M. De Lambert était-il sous contrôle judiciaire et astreint à résidence ? En tous cas, selon une source digne de foi, il est resté à Rennes environ 2 mois, habitant une chambre du 3eme étage d'un immeuble sans ascenseur, vivant normalement.

(12) Les femmes qui nourrissaient leur bébé bénéficiaient d'un délai de 5 mois avant leur déportation; c'est la raison pour laquelle, Mme Du Bouëxic n'a pas bénéficié du convoi du 15 août vers Ravensbrück.

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