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  La Résistance en Ille-et-Vilaine

Le réseau Maurel  (Page 8)

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           Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents  sur cette période   write5.gif (312 octets)

Sommaire | Introduction | En 1940 | Comment entre-t-on "en Résistance"  | Le Groupe se structure | Mamadou et les autres |  La manifestation interdite  | Un "pieux mensonge". | La Propagande  | Des postes émetteurs au parachutage. | Le commencement de la fin.. | Ėtienne est arrêté | L'incarcération de Renée Maurel.| Ravensbrück | Vers la liberté | Le bilan.| Témoignage d'Ellen Maurel | Témoignage d'Ety Maurel

 

La Propagande : des premiers tracts à "La Bretagne enchaînée".

« Les résistants étaient peu nombreux en 1941, et toujours astreints à l'action clandestine. Comment pouvait-on convaincre la majorité silencieuse ? La radio était évidemment contrôlée par l'État et les journaux observaient au moins une neutralité prudente. Les moyens du groupe étaient dérisoires.

« Le seul outil pédagogique était le tract. Il suffisait d'avoir une ronéo. Etienne, profitant de ses activités associatives, utilisa donc celle de la Mairie : on le transportait à la maison, on tapait les textes, Pierre Dalibot et Henri Hubert en assuraient le tirage sur le duplicateur à main. C'était vraiment de l'artisanat, mais c'était un début !

« La production de "La Bretagne enchaînée" aura certainement un autre impact. Son histoire est passionnante, mais complexe. C'est pourquoi je préfère qu'on cite l'extrait de "La Bretagne dans la Résistance" de Gérard Marée : tout y est ! »
 

La « Bretagne Enchaînée » et le réseau Maurel ( *)

Rennes, ne pouvait moins faire que sa rivale historique Nantes. Rennes, dont les méchantes langues disent qu'il n'y a jamais rien pris que le feu. Allusion transparente à l'incendie du 22 décembre 1720 qui détruisit partiellement la ville.

A Rennes, pourtant, la résistance « a pris », comme partout ailleurs en Bretagne.

Les formes n'y sont pas différentes. On écoute la radio anglaise, on se réunit pour se réconforter, se rassurer. Se dire que les victoires allemandes seront sans lendemain et que les collaborateurs devront payer un jour leur trahison.

On se passe les numéros du « Courrier de l'air », ces journaux sur papier pelure que les avions de la R. A. F font tomber du ciel par milliers. Pourtant , leur nombre n'est pas assez grand pour que certains ne pensent à relayer et à personnaliser celte presse, à l'adapter aux besoins locaux. Stigmatiser la politique
du gouvernement de Vichy (ce que ne fait pas la propagande britannique) et les tenants parisiens de la collaboration est une chose, s'attaquer à leurs représentants sur place, les dénoncer à l'opinion publique en est une autre.

C 'est à ce travail que va se consacrer une équipe de résistants rennais réunis pendant quelques mois autour d'une feuille clandestine, aujourd'hui introuvable, mais dont nous avons eu la chance de nous procurer l'essentiel de la collection.

Six numéros. Avec le temps, cela paraît bien peu de chose et l'on aurait tort de s'attendre à une publication luxueuse : une simple feuille de format commercial, ronéotypée recto verso, diffusée entre 3 et 5000 exemplaires, c 'est ainsi que se présente la « Bretagne Enchaînée ».

A l'origine, trois équipes : une à Montfort-sur-Meu (à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Rennes) animée par Etienne Maurel, secrétaire général de la Mairie ; deux à Rennes : enseignants et membres des professions libérales d'un côté, avec Victor Janton, le docteur Lavoué, André Simon etc... ; de l'autre, étudiants et lycéens des classes terminales conduits par André Ménard , Louis et Pierre Normand.

Au mois de juillet 1941, les trois groupes en contact depuis longtemps déjà, décident d'unir leurs efforts pour la publication de tracts dont le thème reste fort général. Le premier aurait développé un passage des « Mémoires » de Poincaré, dans lequel, l'ancien président de la République s'en prenait au défaitisme du général Pétain, le second aurait été une réponse au discours prononcé par Pétain le 17 juin 1941, pour l'anniversaire de son premier message aux Français. (Notre conditionnel signifie que ces tracts, pourtant distribués par centaines, ont totalement disparu et que nous n 'en possédons qu'une connaissance indirecte).

Tirés sur la ronéo du docteur Lavoué et distribués par les jeunes, ils étaient l'œuvre de Victor Janton, professeur de lettres, ancien dirigeant du Parti social français à Rennes avant la guerre. Il n 'est pas impossible qu'au bas ait figuré la signature « La Bretagne Enchaînée » qui serait une idée de Lavoué.

La police remonta jusqu'à l'auteur dont l'arrestation, le 29 août 1941, fit grand bruit en ville. Victor Janton fut suspendu de ses fonctions et interdit de séjour en Ille-et-Vilaine (où il revint néanmoins en 1943).

Loin de se laisser décourager par ce premier échec, le groupe décida de passer de la formule tract à celle d'un périodique, avec pour titre « La Bretagne Enchaînée » et en manchette une phrase de Clémenceau : « Ni trahison, ni demi trahison : la guerre, rien que la guerre ! »

Le premier numéro parut le 15 novembre 1941. Les suivants les Ier et 15 décembre, les Ier et 15 janvier 1942. Le dernier, sans autre précision, au mois de février 1942.
C 'est le docteur Lavoué qui fournit le papier et les stencils sont frappés par Leone Gérard, fondée de pouvoir de la recette municipale de Rennes.

André Simon (pseudonyme : Lesaint) rédige les cinq chroniques-éditoriaux tandis que le docteur Lavoué et les étudiants se chargent des échos qui dénoncent sans hésiter les collaborateurs locaux.

Tirage sur la ronéo du docteur Lavoué, à la mairie de Montfort-sur-Meu. par les soins d'Ėtienne Maurel et avec la complicité de son personnel et chez un étudiant
La diffusion est assurée par les jeunes, affiliés ou non au groupe, avant tout dans les divers établissements d'enseignement.

Les exemplaires sont stockés à Montforl chez Etienne Maurel et à Rennes dans les familles des étudiants.

Si le sixième et dernier numéro ne porte pas de date précise, c 'est qu'il avait pour but de démontrer que. contrairement aux certitudes de la police ( le rapport mensuel des Renseignements Généraux en fait foi). « les propagandistes » arrêtés ( dès le 2 février pour Louis Normand ) n'ont rien à voir avec « La Bretagne Enchaînée ».
Leurs camarades restés en liberté voulaient à tout prix les « dédouaner » et ce fut le docteur Lavoué qui, seul, rédigea ce numéro 6.

André Simon fut arrêté le 20 mars 1942 et libéré faute de preuves, ainsi que quatre de ses camarades, après cinq mois d'incarcération à Fresnes.

Pierre Normand y mourut. Son frère, déporté en 43, disparut en Allemagne ainsi qu'Ėtienne Maurel, André Ménard et bien d'autres.

Il semble, en interrogeant les survivants, que la vague d'arrestations qui décima le réseau Maurel eut plusieurs causes qui s'additionnèrent, mais dont aucune n 'avait trait à la rédaction du journal.

S'il est certain (le rapport des R.G. en témoigne) que des étudiants furent inculpés de propagande anti-allemande, d'autres furent arrêtés pour des motifs bien différents et des activités sans rapport avec « La Bretagne Enchaînée ».

Maurel, animateur sinon chef du groupe qui a pris son nom, n 'est lié à aucun mouvement national de résistance (bien que certains aient ensuite cherchés à « récupérer » son réseau). En conséquence, il cherche à diversifier son action. Pour cela, des contacts sont indispensables. Ce sont eux qui causeront la perte du journal. Dans la clandestinité, la confusion des genres n'est pas permise.

(*) Extrait du livre de G. Le Marec, « La Bretagne dans la Résistance .»


 

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 Dernière mise à jour: 14/01/2016