Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur cette période
14 Juillet 4l : La manifestation interdite...
« Bien entendu les manifestations patriotiques étaient interdites. La fête du 14 Juillet n'échappait pas à la règle draconienne de l'occupant. Pourtant, en ce 14 Juillet 41, nous avons pris la route. Étienne, les deux filles et moi, nous avons récupéré au passage Pierre Dalibot qui était notre voisin... et nous sommes descendus en ville. Spontanément alors, plusieurs personnes se sont jointes à nous , et nous nous sommes retrouvés une vingtaine au pied du Monument aux Morts. Nous avons entonné la Marseillaise, mes filles ont déposé un petit bouquet. C'est sans doute là, à Montfort, la première manifestation spontanée contre l'occupant.
« Mais c'était interdit... Ce fut le blâme... »
EXTRAIT DU REGISTRE DES DÉLIBERATIONS DU CONSEIL MUNICIPAL
L’an mil neuf cent quarante et un le vingt juillet à 11 heures, le conseil municipal, légalement convoqué, s'est réuni à la Mairie, en séance publique, sous la présidence de M. Beauchef, Maire.
Étaient présents : MM . Thézé et Moutet adjoints, Crestaux, Burel, Béthuel, Chicherie, Meffray, Hubert, Jan, Josset, Boschet et Grégoire.
Formant la majorité des membres en exercice. Absents : MM. Colombel et Chérel.
M. Moutet a été élu secrétaire.
Le Conseil Municipal a appris la présence regrettable le 14 juillet dernier de M. Maurel, secrétaire de Mairie dans un cortège de manifestants, alors que tout cortège était formellement interdit, et au cours duquel pouvaient se produire des incidents dont les conséquences auraient pu être graves pour la ville et la commune de Montfort.
Monsieur Maurel n'a donc pas observé la réserve que lui imposaient ses fonctions municipales.
C'est pourquoi, malgré les services rendus par lui à la Mairie, surtout pendant les six premiers mois de l'occupation, le Conseil Municipal de Montfort réuni à la Mairie le 20 juillet 1941 estime à l'unanimité des voix de lui voter un blâme.Pour extrait conforme
P. le Maire, l'adjoint
Signature.
« Le Conseil municipal mis - à son corps défendant - dans cette obligation par le Préfet, a donc voté le blâme. Blâme que le dit Préfet jugea par la suite insuffisamment rigoureux. »
Voici le texte du préfet Ripert :
PREFECTURE D'ILLE-ET-VILAINE REPUBLIQUE FRANÇAISE
Cabinet de Préfet
Rennes, le 2 Août 1941
LE PREFET D'ILLE-ET-VILAINE
A MONSIEUR LE MAIRE DE MONTFORT
J'ai l'honneur de vous accuser réception des délibérations du Conseil Municipal de Montfort infligeant un blâme aux secrétaires de Mairie MAUREL et DALIBOT.
Cette sanction est encore bénigne eu égard à la gravité de la faute. Il est inadmissible en effet que des fonctionnaires donnent l'exemple de l'indiscipline et de l'inobservation des ordres formels du Maréchal.
Vous voudrez donc bien aviser ces fonctionnaires qu'à la moindre défaillance nouvelle, je suis décidé à les relever de leurs fonctions.
De votre côté, il est indispensable que vous observiez strictement les instructions qui vous sont envoyées et que vos administrés ne puissent, dans des cas analogues, invoquer comme excuse l'attitude de leur Maire.Signé : François RIPERT
« Par la suite, on pourra se rendre compte que l'attitude du Maire, Monsieur Beauchef et de son Conseil était de pure forme pour sauvegarder des choses plus importantes. Il prouvera plus tard son courage et sa générosité en m'embauchant à l'arrestation de mon mari. Puis en donnant la place à ma sœur quant à mon tour je serai arrêtée. »
Dernière mise à jour: 14/01/2016