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  La Résistance en Ille-et-Vilaine

Le réseau Maurel  (Page 17)

           Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents  sur cette période   write5.gif (312 octets)

Sommaire | Introduction | En 1940 | Comment entre-t-on "en Résistance"  | Le Groupe se structure | Mamadou et les autres |  La manifestation interdite  | Un "pieux mensonge". | La Propagande  | Des postes émetteurs au parachutage. | Le commencement de la fin.. | Ėtienne est arrêté | L'incarcération de Renée Maurel.| Ravensbrück | Vers la liberté | Le bilan.| Témoignage d'Ellen Maurel | Témoignage d'Ety Maurel

 

Témoignage d’Ety Maurel Murie

L'année qui a précédé l'arrestation de mon père est pleine de souvenirs de musique. Plusieurs fois par semaine, mon père, après le travail recevait à la maison de jeunes musiciens qu'il formait pour l'Harmonie Municipale ; ainsi ai-je connu Maurice Eveillard, Henri Hubert et encore bien d'autres dont j'ai oublié les noms. C’était formidable, toute la maison résonnait j'étais une petite fille heureuse jusqu'au 12 février 42.

Le départ :

Ce 12 février 42, mon père parti travailler à la Mairie, revient dans la matinée. Il descend d'une voiture noire, encadré par deux messieurs portant chapeau et manteau ; ils demandent à ma mère de préparer une valise car ils remmènent. A la question posée par maman "où", pas de réponse.
Mon père, avant de nous quitter, demande à passer aux WC (ce détail est important pour la suite de notre témoignage). Un Allemand en tient la porte entrouverte.
Je ne devais plus revoir mon père.
Puis la vie a continué, maman prenant la place de papa à la Mairie.

Août 42 :
Les vacances sont là. Le 22 août 42, la sœur de mon père, de 10 ans mon aînée, arrive à la maison.
Dimanche 23 août : Ce matin là, il fait très beau. En fin de matinée, un fourgon cellulaire s'arrête devant la maison. Deux hommes en chapeau en descendent. A son tour, ma mère doit préparer sa valise et suivre ces messieurs. Nous ne savons pas où elle va.
Pour ne pas nous séparer, ma grand-mère maternelle et ma tante décident de rester à la maison, ma tante prenant la suite de maman à la Mairie. Nous demandions souvent où étaient nos parents, mais il n'y avait aucune nouvelle.

Noël 42:

Alors, pourquoi ne pas demander au Père Noël de ramener papa et maman.
Ma sœur et moi allons poster cette lettre écrite au Père Noël, persuadées de trouver le 25 Décembre nos parents devant la cheminée.
Les jours, les semaines, les mois passent, bien "chouchoutées" par une "Mémé" qui "pétait" le feu et nous emmenait tous les jeudis et dimanches dans les bois, ramasser des boules de pin et copeaux de bois pour allumer le feu. Elle tricotait beaucoup : gants, chaussettes, pour avoir en échange du beurre, des œufs.

28 juin 43 :

Date d'expédition de la seule lettre officielle de papa. Elle nous est adressée et demande à nous voir. C'est le voyage à Paris.

Juillet 43:

Nous obtenons donc l'autorisation d'aller le voir à Fresnes. Pour ma sœur et moi, c'est un événement. Prendre le train, revoir papa, voir Paris... Hélas ! entre Laval et Le Mans, nous sommes mitraillés, le mécanicien est tué. Nous avons pris beaucoup de retard et à notre arrivée à Fresnes, papa était parti.
Les mois qui ont suivi se sont déroulés au mieux pour nous deux , notre grand-mère et notre tante nous entouraient d'affection.

Printemps 44 :

Nous recevons une lettre de maman dans laquelle elle fait passer le message suivant "voudrais cake fourré marmelade Perrigault". Après bien des interrogations, Même et ma tante finissent par comprendre qu'il s'agit de photo. Mr Perrigault était photographe à Montfort. Le cake été cuisiné avec à l'intérieur un tube d'aspirine en aluminium dans lequel elles avaient roulé une photo de nous deux, photo qu'elle a reçue et réussie à camoufler jusqu'à son retour.

Juin 44 : les bombardements

Période de frayeur que je n'ai pu supporter. Le bruit des avions, des bombes me faisaient dépérir.
10 juin 1944:
Montfort est durement touché. Ce soir là, nous sommes nombreux à la maison. M. et Mme Paupard (M. Paupard était professeur de français au collège), Mme Lagrée, sa fille Pierrette (Mme Lagrée dont le fils Jean-Pierre est professeur de gymnastique au lycée de Montfort), M. et Mme Coupu (ils avaient un commerce de vaisselle à remplacement de Milcado). Tous sont venus se réfugier à la maison.

11 juin 44:
Les bombes dégringolent sur Montfort, les avions tournent au dessus de la gare. Très marquées par tous ces événements, le docteur Cardot nous conseille de partir plus loin à la campagne. M. Bouëtard se chargera avec charrette et cheval de nous amener jusqu'au "Refoul" en Iffendic, où des fermiers mettent une grange à notre disposition. Les matelas sont posés sur des fagots. Nous passons 2 mois à 9 personnes dans cette petite pièce. (Par malchance, ma tante se casse la jambe en voulant se mettre à l'abri dans un fossé. La fracture est réduite et plâtrée sur la table... sans anesthésie).
Fin août, nous rentrons à la maison.

Avril 45 : le retour de maman.

Entre ce retour du "Refoul" et avril 45, nous retrouvons l'école, les copines et copains, les sorties dans les bois. Nous sommes toujours sans nouvelle de papa et maman.
Suzanne Hubert arrive avec un télégramme nous annonçant le retour de maman. C'est la joie à la maison ! Le Docteur Cardot nous conduira à la gare de Rennes où elle nous attend. Comme elle a changé ! Elle est heureuse de nous retrouver toutes les quatre, mais s'inquiète pour papa dont nous n'avons aucune nouvelle.

8 juin 45 :
C'est ma tante qui reçoit la lettre nous annonçant la mort de papa.
Maman supportera très mal sa disparition, et devra à plusieurs reprises se faire hospitaliser au Val-de-Grâce à Paris pour y être soignée.
 

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 Dernière mise à jour: 15/01/2017