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  La Résistance en Ille-et-Vilaine

Le réseau Maurel  (Page 14)

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           Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents  sur cette période   write5.gif (312 octets)

Sommaire | Introduction | En 1940 | Comment entre-t-on "en Résistance"  | Le Groupe se structure | Mamadou et les autres |  La manifestation interdite  | Un "pieux mensonge". | La Propagande  | Des postes émetteurs au parachutage. | Le commencement de la fin.. | Etienne est arrêté | L'incarcération de Renée Maurel.| Ravensbrück | Vers la liberté | Le bilan.| Témoignage d'Ellen Maurel | Témoignage d'Ety Maurel

 

Avril 1945 : vers la liberté...

« Il faisait très froid en ce début d'avril 45. La guerre faisait rage en Allemagne, et nous assistions avec jubilation à l'incessant ballet de l'aviation alliée au-dessus de nos têtes.
 


« Un jour, on nous fit prendre une douche, on nous affubla de vêtements civils aussi hétéroclites qu'incongrus. J'héritais pour ma part d'une petite robe de velours noir... A l'issue d'une longue et pénible pause, on apprit que nous autres, Françaises, allions être échangées contre 300 femmes allemandes retenues en Suisse. Au même moment, notre compagne Geneviève (nièce du Général de Gaulle) quitta le camp pour une destination inconnue.

« Nous fumes donc convoyées, sous bonne garde de la Gestapo, dans des camions blancs de la Croix Rouge suisse (repérables par les aviateurs alliés) pilotés par des Canadiens. Nous avons eu très faim. Plusieurs d'entre nous n'ont pas supporté cette ultime étape : elles sont mortes à quelques heures de la liberté.

« Enfin la Suisse, les montagnes enneigées, les arbres, les fleurs...

« A Annemasse, notre état était si pitoyable qu'on a dû nous garder deux jours avant que ne démarre le convoi spécial qui allait nous ramener à Paris.

« Curieux souvenir que ce voyage ! A chaque halte dans les gares, des civils viennent nous saluer et nous offrent sandwiches et boissons, trop, beaucoup trop pour nos organismes affaiblis. Pourtant, nous prenons, nous empilons, nous mettons de côté, nous stockons ! Je me souviens de notre camarade Renée Couette, soudain inquiète de la santé de ses lapins, nous priant de gratter le pâté des sandwiches pour qu'elle puisse récupérer le pain et le rapporter chez elle... Aucune d'entre nous ne releva le côté saugrenu de sa requête, et quand elle nous quitta, à Paris, elle emportait un impressionnant baluchon pour fêter dignement son retour... avec ses hypothétiques lapins !

« A notre arrivée à Paris, notre convoi, drapeau tricolore en tête, était attendu par le Général de Gaulle, venu saluer les premiers survivants des camps de la mort. Alors qu'il me tendait la main, je lui demandai des nouvelles de Geneviève (sa nièce) : "elle est rentrée, mon petit !" me dit-il.

« Notre court séjour à Paris nous laissa le temps de nous indigner bruyamment du prix des cartes postales et des journaux, et de rire des nouvelles tendances de la mode...

« Nous allions bientôt nous quitter. Chacune de nous allait retrouver sa maison, sa famille, sa vie...

« Chacune avait laissé au camp un morceau de sa vie. Chacune y avait connu la faim, le froid, la promiscuité, la vermine, la maladie. Pourtant, ensemble nous avions ri, chanté, espéré... Ceux qui n'ont pas connu les camps ne comprennent sans doute pas pourquoi nous aimons tant nous réunir : peut-être essayons-nous sans cesse de retrouver la chaleur, la formidable vitalité du groupe qui nous a permis de surmonter le désespoir ! »

18 avril 1945 : Je rentre à la maison.

« En cet après-midi du 18 avril 45, j'ai retrouvé mes filles. Elles étaient là, dans le grand hall de la gare de Rennes, tellement changées, grandies, intimidées; avec elles, ma mère et ma sœur... Émotion des retrouvailles !
« A la maison, ma vieille chatte Vermouth m'attendait.

« Il manquait Etienne pour que le bonheur soit complet : c'était sûrement une question de jours, nous préparions son retour...

« Et puis est arrivée la lettre de Joël Le Tac, datée du 8 juin, m'annonçant qu'il était mort le 23 août 43 au Struthof !

« Je fus bientôt hospitalisée au Val de Grâce à Paris. Je ne retournerai à "la vie civile" qu'en février 1947. »
 

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 Dernière mise à jour: 14/01/2016