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4-3-Les camps de prisonniers dans les environs de Bingen

Von Heinz Bucher

(Traduction par Mr Duros)



Ed:08/07/2003

La fin de la guerre

Dans les combats en Afrique du Nord et en Italie de 1944 il fut fait pour la première fois un plus grand nombre de prisonniers. On les transporta pour la plus grande partie en Angleterre, au Canada et aux U.S.A .Ils furent en général bien traités, suivant les conventions de Genève. Le logement, le ravitaillement et les installations sanitaires étaient bonnes.

Cela changea rapidement lors de l’effondrement des lignes de défense du front de l’Ouest au printemps 1945. Les alliés étaient à cette époque sûrs de leur victoire et n’avaient plus à craindre aucune représailles.

Les soldats allemands qui tombèrent en captivité encore à la fin de la guerre le ressentirent. Ils furent après leur capture emmenés aux U.S.A. pour être interrogés et logés dans des prisons, partagées avec des criminels, ceci pour apprendre d’eux des secrets militaires. S’ils refusaient de répondre, ils étaient torturés, frappés de coups de pied et soumis à des coups de matraques en caoutchouc jusqu’à ce qu’ils s’écroulent en sang. Il n’était plus pris aucun égard. Ce n’était que lorsque le prisonnier interrogé cédait qu’il était transféré dans un camp de prisonniers.

Les camps de prisonniers "en plein champ" sur le Rhin.

La situation empira, lorsque les alliés envahirent l’ouest de l’Allemagne(février à mai 1945 ). Dans l’intervalle de quelques jours, des millions de soldats allemands ou alliés des Allemands tombèrent entre leurs mains. Sur la rive gauche du Rhin, il fut installé des camps pour les masses de prisonniers : à Sinzig, Remagen, Kreuznach, Bretzenheim, Dietersheim, Heidesheim et dans beaucoup d’autres endroits. En plein champ de grandes surfaces furent clôturées de barbelés et des milliers de prisonniers entassés dedans. Lors de leur capture les soldats étaient dépouillés du peu qu’ils avaient. Les objets les plus convoités étaient les montres et les alliances. Il y avait des G.I. qui "décoraient" leurs bras du poignet jusqu’au coude avec des montres. D’autres avaient attaché des ficelles à leurs uniformes, à ces ficelles pendaient trente à quarante alliances. N’importe qui portant un uniforme ou semblant suspect était emmené dans le camp. Cela pouvait être des soldats, des civils, des femmes, même des enfants, des invalides de guerre, des mutilés, des vieillards. Beaucoup d’entre-eux étaient battus et frappés de coups de pied. On dit même que l’on arracha à un amputé d’une jambe, sa prothèse et qu’on le frappa avec, après l’avoir jeté à terre (Paul Carrel et Günter Bödekker: "Les prisonniers" pages 147 à 158)

Les prisonniers campaient en plein air tassés les uns contre les autres. Ils étaient exposés sans protection au froid, à l’humidité, à la chaleur. Ils se creusaient des trous dans la terre, qu’ils recouvraient de cartons contre les intempéries. La nourriture distribuée était si minime, qu'au bout de quelques semaines les conséquences de la sous-alimentation se firent sentir. Les puanteurs dues aux conditions hygiéniques montaient littéralement jusqu’au ciel et étaient à peine descriptibles.

Beaucoup moururent dans ces trous. D’abord la neige tomba, puis suivit une longue période de pluie. Une partie des trous s’effondrèrent ensevelissant dans la boue ceux qui y cherchaient un abri. Les prisonniers mangeaient les feuilles des arbres et les pieds de vignes.

La ration journalière par exemple en mai 1945 à Kreuznach était la suivante:

Trois cuillerées à soupe de légumes, une cuillerée à soupe de poisson, un à deux pruneaux, une cuillerée à soupe de confiture, quatre à six biscuits.

Quelle était la cause de la détresse des prisonniers? les Américains étaient -ils débordés par la masse des prisonniers ou incapables de les ravitailler à peu près ? Où cela était-il en partie voulu ? Beaucoup a été dit à ce sujet. Le journaliste James Bacque, concède dans son livre déjà cité que les Américains avaient laissé se développer sciemment, une telle situation dans les camps. Il mentionne entre autres que l’on interdisait aux femmes d’apporter de la nourriture aux hommes dans le camp d’Essen. Les prisonniers affamés dans les camps U.S. à côté de Dietersheim n’étaient jamais ravitaillés par les stocks locaux de l’U.S. Army qui étaient, parait-il à cette époque richement pourvus. L’envoi de paquets à des prisonniers par la Croix Rouge était aussi interdit ? Vérifier la part de vérité dans tous ces dires devaient être impossible, bien que beaucoup de choses aient été prouvées par des précisions utiles dans des lettres.

James Bacque signale dans son livre " La mort planifiée " (pages 41 et 210) un message de10-3-1945, paraphé avec les initiales d’Eisenhower, aux chefs d’état-major. Dans ce message la création d’une nouvelle catégorie de prisonniers était recommandée.

La teneur de ce message était la suivante :

"En mars, alors que l’Allemagne était écrasée comme une noix entre les Russes et les Alliés à l’Ouest , Eisenhower recommanda , dans un message signé par lui et paraphé avec ses initiales, la création d’une nouvelle catégorie de prisonniers qui après la capitulation de l’Allemagne ne serait plus nourrie par l’armée. Le contenu du message daté du 10 mars est le suivant : Bien que l’on ait toujours l’intention de transférer la responsabilité du ravitaillement et autres approvisionnements concernant les prisonniers des Alliés et les personnes déplacées, aux autorités allemandes, il est aussi tenu compte que cette tâche étant donné le chaos régnant outrepasse les possibilités et que les Alliés se trouveront dans l’obligation de mettre à la disposition de ces prisonniers de la nourriture jusqu’à leur rapatriement

Les obligations supplémentaires concernant le ravitaillement, qui sont liées à la déclaration des soldats allemands comme prisonniers de guerre et qui nécessiterait la mise à disposition considérable de rations, correspondant au besoin de nos propres troupes, s’avéreraient comme au-delà des possibilités des alliés même si on faisait appel à toutes les ressources allemandes. Après le VE-Day, (jour de la victoire en Europe), les prisonniers capturés seraient désignés comme DISARMED ENEMY FORCES (DEF) "jusqu’à ce que leur libération soit effectuée sous la surveillance des Alliés, la Wehrmacht devant gérer ceci et nourrir ces prisonniers ".

Le message finissait par ces mots : "on demande votre approbation. Des projets existent établis sur ces bases".

Les chefs d’état-major donnèrent par écrit le 26-04-45 leur approbation quant à la création du statut DEF pour les prisonniers aux mains des Américains. Les Britanniques ne reprirent pas la notion de DEF, ils savaient que cette notion n’obligeait pas à traiter les prisonniers à la lettre de la convention de Genève". Ils employèrent la notion de SURRENDERED ENEMY PERSONNEL (SEP) (Personnel ennemi s’étant rendu) pour distinguer des autres, leurs prisonniers capturés après la capitulation.

Le refus anglais, d’accepter les DEF américains, fut reçu sans commentaire par l’état-major américain ce qui ne fut pas le cas des officiers américains du SHAEF. Eisenhower se plaignait dans un message "Les Britanniques avec une charge moins lourde pouvaient maintenir un accueil d’un meilleur niveau, qui mettait en lumière de façon défavorable la position américaine ". Cela n’empêchait pas que à cette époque, les prisonniers étaient aussi bien traités par les Américains que par les Britanniques car les réserves U.S. complétées par les stocks conquis étaient plus que suffisantes pour cette mission".

 

D’après l’exposé de James Bacque

La convention de Genève établit en trois points les droits des prisonniers

Le statut des DEF introduit par les Américains est en contradiction manifeste avec les dispositions de la convention de Genève. Les conséquences de l’introduction du statut des DEF vont être perçues clairement dans les rapports qui vont suivre.

(Lire le document :Eisenhower et les atrocités cachées)

 

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