Pour enrichir la
mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur cette
période
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VI - Le déraillement de
Saint-Senoux - L'attaque de la prison de Dinan |
Nous abordons l'année 1944, terrible par les combats meurtriers, mais lourds de gloire menés par nos F.T.P. de Bretagne, par le souvenir des attaques dirigées contre les collaborateurs et les organismes au service de l'Allemand : R.N.P., P.P.F., L.V.F., S.T.O., noms sinistres... A Dinan, Dinard, Saint-Servan, Saint-Malo, Paramé, Lancieux, Rennes, Bain-de-Bretagne, Redon, Fougères, Laval, Le Hinglé, Évran, etc., leurs immeubles sautent. Les boches s'inquiètent. Parallèlement, nous faisions dérailler un train près de Saint-Malo, la locomotive et sept wagons furent endommagés. Nous attaquions la distillerie Bosker à Saint-Malo, qui travaillait pour l'ennemi : destruction de plusieurs milliers de litres d'alcool, usine hors d'état de servir pour plusieurs mois. - Ceci nous amène au mois de mars ? - Il fut très fructueux. Déraillement de Laillé; sabotage à Langon et à Messac. Mais je voudrais vous parler particulièrement du déraillement de Saint-Senoux, un des plus beaux coups de force qu'il m'ait été donné de réaliser. En effet, les Allemands avaient disposé des gardes français à chaque orifice du tunnel. Il nous fallut capturer successivement l'un et l'autre poste. Par la suite, tous les gardes-voies qui passèrent par là furent capturés, et c'est ainsi que nous en avons tenu sept entre nos mains. Enfin, le travail de déboulonnage au milieu même du tunnel fut accompli sans difficulté, et le déraillement qui s'ensuivit aussi complet que possible. Les gardes-voies prisonniers furent amenés sur la butte et je leur donnai l'ordre de porter secours au chauffeur et au mécanicien. Car il n'est que trop vrai de dire, ajoute le commandant Pétri, que ce sont les chauffeurs et les mécaniciens qui ont eu le plus à souffrir des coups que nous portions aux transports ennemis. Ce fut également vers cette période qu'eut lieu l'attaque de la prison de Dinan. Elle fut motivée par l'arrestation des lieutenants Jean Marguerite (de Saint-Malo) et Jean Guérillon (de Pléchâtel), effectuée par les gendarmes Le Penzec et Besnier ou sur leurs ordres. Une première tentative du groupe Hesry Fayon aboutit à un échec provoqué par les avertisseurs électriques de la prison. Des pourparlers avec le directeur et le gardien de la paix Maillard nous assurèrent de leur complicité. L'opération fut relativement simple. Une échelle prise dans le chantier voisin nous permit de franchir la première enceinte. - Étiez-vous nombreux? - Une dizaine. J'avais avec moi mes lieutenants Roger et Pierre et huit ou neuf F.T.P. ; les gendarmes n'opposèrent aucune résistance et se laissèrent désarmer. Nos camarades libérés, nous enfermâmes les gendarmes et gardiens dans une cellule de la prison, dont, bien entendu, nous prenions les clefs. A Pleurtuit, alerte : les Allemands nous arrêtent pour violation du couvre-feu. Nous fuyons à travers les champs de mines perdant des bicyclettes mais sauvant nos armes. Après nous être planqués pour la nuit chez M. et Mme Tavet (Lancieux), nous rentrons à Dinard le lendemain pour assister à des arrestations arbitraires et qui n'eurent pas de suite. Malheureusement, en mai, le gardien de la paix Maillard dénonça nos camarades, et des arrestations plus tragiques eurent lieu, parmi lesquelles celles d'Hesry, La Planche, Fayon, le gardien-chef, etc. Huit de nos camarades et Maillard devaient être fusillés le 21 mai 1944.
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