23/08/2020

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  Les futurs F.F.I.  du secteur sud, sud-ouest du département


Le groupe F.F.I. de Baulon (photo)  |  Le Groupe F.F.I. de Plélan  |  Dans la clandestinité.-Les fleurs des braves, le 18 juin 1943 (Ouest-France du 18 août 1994)  |  Le groupe Goven  Histoire de la milice de Talensac  |  Le procès Schwaller (Lire)
 

L’histoire de la 12ème Compagnie racontée ici, a pris source dans les groupes ou maquis qui ont opéré avant l’arrivée des Américains, certains depuis 1941 : constitution de maquis, sabotage, attaque de convois et d’Allemands isolés comme par exemple le sabotage d’une locomotive par le groupe de Saint-Méen, le sabotage dans les usines Lorin de Montfort par le groupe de Beignon, la participation aux actions armées de Malestroit et de Lignères-la-Doucelle par les groupes de Monterfil et Cintré, la récupération de matériel et d’armes par les groupes de Goven-Baulon …(rapport historique du commandant Meunier du 25 octobre 1944)?

Il faut préciser que les groupes ou maquis du secteur sud sud-ouest du département ont en fait, permis de constituer deux compagnies : la compagnie du capitaine Bourhis et la compagnie du capitaine Jubin.(la 12°) lesquelles ont conjugué leurs efforts, pour le nettoyage de la forêt de Paimpont. : voir chapitre 11 : « 800 Allemands prisonniers dans la forêt de Paimpont »

Des hommes des groupes de Plélan-le-Grand , Maxent, Bréal, Tréffendel, Saint-Malon, Iffendic et Mordelles ont constitué la compagnie Bourhis, soit environ 200 hommes à la Libération.

Des hommes des groupes de: Baulon, Bédée, Beignon, Cintré, Concoret, Goven, Montauban-de-Bretagne, Monterfil, Montfort, Mordelles, Paimpont, Plélan-le-Grand, Maxent, Saint-Méen-le-Grand ont constitué la Compagnie Jubin - la 12ème Cie.

Beaucoup de camarades dans nos rangs avaient donc opéré au titre de la résistance parfois des 1941-1942, comme en témoigne leurs états de service militaires. Les camarades n’avaient pas spécialement choisi de se battre sous les couleurs théoriquement communistes des F.T.P., mais la seule résistance armée connue dans ce secteur, c’était les F.T.P. de Charles Tillon et de son bras droit sur le terrain le commandant Pétri, chef interdépartemental Bretagne, Normandie, Maine, le plus recherché de toutes les Polices françaises et allemandes pendant l’occupation.

Dans les maquis, avant l’arrivée des premiers chars américains, autour du 4 août 1944, ce sont toujours les Allemands et leurs milices qui sont maîtres du terrain. Et les autorités spirituelles et temporelles plutôt conservatrices dans nos campagnes ont parfois attendu l’arrivée des chars américains pour changer d’opinion.

Alors pour survivre et lutter dans les maquis, c’est la tactique de la boule de mercure qui prévalait : les F.T.P. n’opéraient pour leur survie que par petits groupes ou individuellement et par surprise. Puis ils disparaissaient aussitôt. Les armes étaient celles prises à l’ennemi ou parachutées. Le but des F.T.P. était d’opposer la terreur à la terreur pour créer la peur et l’insécurité dans les rangs ennemis, de créer des obstacles pour retarder les renforts allemands vers les plages de débarquement et de distribuer des tracts pour informer et convaincre la population..T.P sur l’ensemble du département, d’après un rapport du commandant Pétri.. Mais les sabotages et attaques à main armée étaient si nombreux qu’il est impossible de les relater tous.

1942

  •  15 avril           : Incendie de camions allemands à Bourg-des-Comptes

  •  1er mai           : Attentat contre le R.N.P à Fougères

  • 9 juin              : Sabotage de 151 boites de graissage sur des wagons en stationnement au Château de Braye en Cesson-Sévigné

  • 28 juin            : Attentat contre le R.N.P. à Dinard

  • 27 septembre : Attentat contre le R.N.P. à Fougères

                                                        1943

  • 30 avril : Libération par la force de 45 détenus politiques incarcérés à la prison de Vitré

  • 4 et 5 juillet : Sabotage de wagons en gare de L’Hermitage-Mordelles

  • 10 juillet : Déraillement d’un train de permissionnaires allemand à Noyal-sur-Vilaine

  • 14 juillet : Attentat contre la Feldgendarmerie de Fougères

  • 6 et 7 août : Sabotage de la ligne Paris-Brest à Châteaubourg

  • 6 septembre : Sabotage d’un câble téléphonique allemand à Marcillé-Raoul

  •  27 octobre : Sabotage de wagons allemands à Gaël

  •  14 décembre : Récupération d’explosifs à Le-Hinglé (côtes d’Armor)

1944

  • 9 mars : Déraillement d’un train sur la ligne Rennes-Redon (Saint-Senoux) 17 wagons, une locomotive. Arrêt du trafic 3 jours.

  • 19 mars : Sabotage de la voie ferrée à Messac

  • 31 mars : Le siège du R.N.P. saute à Rennes

  • 7 et 8 avril : incendie de camions allemands à Laignelet

  • 13 avril : Déraillement de la ligne Paris-Brest à Cesson. Arrêt du trafic 24 h.

  • 26 avril : Le siège de la L.V.F. saute à Rennes 

  • 6 juin : six tentatives de déraillement sur sept isolent les divisions blindées allemandes dans la région de Guer-Ploërmel retardant leur arrivée sur le front de Normandie, etc.

F.F.I. de BAULON

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Le groupe GOVEN

Le capitaine Jubin a rendu hommage, page 88 de son livre " Espère à vie " à notre camarade Emile Gernigon, de Goven, martyr de la résistance : Emile Gernigon était entré en relation avec le groupe de résistance du Front National dès 1942. Son domicile servait de boîte aux lettres et de dépôt de matériel, de propagande et de sabotage. Il hébergeait des hommes de la résistance de passage comme le commandant Pétri etc.

Le 24 mai 44, la gestapo et la milice ont investi sa ferme de " Bolac " qui a été incendiée. Émile Gernigon était arrêté, torturé incarcéré à la prison Jacques Cartier, condamné à mort le 20 juin 1944 et fusillé le 30 juin à Saint-Jacques-de-la-Lande.

(voir aussi : devoir de mémoire de l’amicale)

Le Groupe F.F.I. de PLÉLAN :

La section de Plélan le Grand fut fondée le 1er mars 1943 par le sous-lieutenant Bourhis en accord avec le lieutenant Duval. La section était constituée des groupes de Plélan ,Maxent, Bréal, Tréffendel, St Malon, Iffendic et Mordelles.

Jusqu’au 4 août la section se livrait à des recherches de terrains de parachutage, au sabotage de lignes téléphoniques et à la transmission des plans des ouvrages militaires de Gaël, Maxent, des Forges de Paimpont et du camp de radars de Monterfil.

Le 4 août la section la section effectue la capture de 40 prisonniers à Plélan, 15 à Maxent, 15 à Mordelles, 20 à Montauban, 10 à St Malon.

A Saint Méen un stock très important de vivres est récupéré et préservé du pillage.

A Plélan comme à Paimpont, on est fier de rappeler que même pendant l’occupation il y a toujours eu des bouquets de fleurs sur la tombe de Jeanne Maillot, la mère du Général de Gaulle, réfugiée à Paimpont et décédée un mois après que son fils eut relevé le drapeau.

Notre ami Michel Renimel a raconté dans un article d’Ouest-France (ci-après) les risques encourus par lui-même, Jean Malle un ancien de 14-18, et ses camarades André Riffault, René Gillet, Jules Isard, Roger Guéno, Maurice Robin, et Henri Mauras, pour aller fleurir la tombe de la mère du Général de Gaulle à Paimpont, sous le nez des SS, au temps de l’occupation et de l’illégalité, et comment la nouvelle est arrivée au Général jusqu’à Londres...

(Ouest-France du 18 8 1994)-

DANS LA CLANDESTINITE-Les fleurs des braves, le 18 juin 1943

" Pour la commémoration du 18 juin le Général de Gaulle serait reconnaissant que soit honoré la mémoire de sa mère, inhumée au cimetière de Paimpont " Ce sont les premières lignes d’un tract apposé, un matin du mois de juin 1943, sur la place de l’Eglise de Plélan. Le tract disparaîtra vite, mais le message n’est pas passé inaperçu.

Michel Renimel aujourd’hui retiré à Chartres-de-Bretagne a gardé un souvenir précis de ces jours-là. Il était en effet de l’expédition qui s’était mis en devoir de répondre à " l’invitation " du Général de Gaulle. Et qui réussit, au nez et à la barbe de l’occupant. Il raconte :

" Pas d’enthousiasme "

" A l’exception de quelques jeunes camouflés, on ne rencontre pas l’enthousiasme escompté pour se rendre à Paimpont le 18 juin. Plusieurs invitations sont poliment - ou fraîchement – déclinées ! C’est vrai que ça peut être un piège " Alors méfiez-vous " Mais ça ne fait rien, on ira quand même.

" Une bande se forme, faite d’une dizaine de jeunes, plus ou moins en délicatesse avec le S.T.O.,. (Jean Malle, Michel Renimel, André Riffault, René Gillet, Jules Isard, Roger Guéno, Maurice Robin et Henri Moras qui trouva la mort lors de la Libération de Paimpont.) à laquelle tient absolument à se joindre M. Malle, Patriote convaincu et ancien poilu de 14-18. C’est lui qui prend en mains " l’opération Cimetière " et en établit le plan : " Pour ne pas se faire repérer, on se rendra à Paimpont à vélo, par petits groupes de deux ou trois maximum, en empruntant des chemins différents. Rendes-vous le 18 juin à 15 h. autour de la tombe de Mme De Gaulle "

Tout est bien réglé et devra se faire " le plus discrètement possible " ! Oui mais voilà, pendant l’occupation, le bouche à oreille fonctionne très vite ! Et chaque mère de famille, chaque femme de prisonnier veut, elle aussi –maintenant que l’occasion se présente – témoigner par un modeste bouquet, ou une gerbe plus conséquente, son attachement à " l’homme du 18 juin " " Puisque tu vas là-bas, on a pensé que peut-être, tu pourrais t’en charger… " Difficile, impossible de refuser ! Et chacun des " volontaires " va se trouver dans le même cas. Ça commence mal et en fait de discrétion, c’est plutôt compromis : tout le monde semble être au courant !

" Des S.S. goguenards… "

" C’est donc croulant sous les emballages de fortune et autres savants camouflages, dans lesquels s ‘entassent fleurs et bouquets de toute une " population reconnaissante " que nous arrivons à Paimpont.

………………………………………………………………………………………………………

Nous allons atteindre la porte principale lorsqu’un Officier SS, en tenue d’apparat, sort du restaurant en titubant. Il alerte ses collègues ; et tous se plantent goguenards, pour nous regarder passer …………

" Le jour de gloire "

Nos camarades nous attendent au cimetière, près d’une tombe déjà très fleurie. Après un moment de recueillement, nous allons envisager la retraite… lorsque M. Malle, d’une voix de stentor entonne une vibrante marseillaise ! Et le bougre de vieux poilu en connaît plusieurs couplets. C’est long et angoissant. Cette fois, c’est sûr, tout le monde doit être au courant. On s’attend au pire. " Allons enfants … le jour de gloire est arrivé ! … " Oui, on y pense sérieusement !

 

Alors, le 19 août 44, jour de l’arrivée du Général de Gaulle à Rennes, la section Leclerc de la 12e Cie, y fut envoyée pour lui rendre les honneurs. Et, dans l’après-midi, le Général est venu se recueillir sur la tombe de sa mère à Paimpont. Il pleuvait à verse. Les hommes de la 2e 3e et 4e section (Guibert, Jouchet et Correy) de la 12eme Cie, misérablement habillés, à peine chaussés, étaient encore là pour lui rendre les honneurs : " merci mes enfants " nous a t-il dit en partant...

Le 6 août, la section de Plélan forte de 200 hommes est intégrée à la 12° Cie F.F.I. d’Ille-et-Vilaine. Mais certains estimeront avoir fait leur devoir et rentreront dans leur foyers. (Ils retrouveront leurs anciens camarades au sein de l’amicale des anciens de la 12° Cie F.F.I. d’Ille-et-Vilaine)

TALENSAC

Le Capitaine Jubin a également rendu hommage (page 88 de son livre " Espère à vie ") à un autre de nos camarades : André Leclerc de Talensac  : " arrêté le 18 juin 1944, les ongles et les yeux arrachés, il saura garder malgré de terribles souffrances, un mutisme complet. Ses tortionnaires l’abandonnèrent alors dans un champ ou il mourut au bout de son sang. Le témoignage de son père a été dactylographié sous le titre :

" HISTOIRE DE LA MILICE SUR TALENSAC " 

Le 19 juin, un jeune homme de Talensac, M. André Leclerc, est arrêté et emmené à Rennes par des Miliciens. Entendu le 19 avril 1945 par l’Adjudant–Chef de Gendarmerie Quinquenel, Commandant de la Brigade de Montfort-sur-Meu (Ille et Vilaine), à propos des circonstances de la mort de son fils, M. André Leclerc dira :

" Mon fils André a été arrêté par deux miliciens : Schwaller, Capitaine et un autre inconnu de moi. Il a été arrêté le 17 juin 1944 à 21 heures et emmené en moto par deux hommes à Rennes, au camp de la Croix-Rouge.

A minuit, le même jour, il a été ramené à Talensac, chez Villoury. Il avait déjà été martyrisé et ne tenait plus debout. Ils le prenait par les cheveux et disait à Villoury : " Voilà votre chef, on le tient "

Le mardi 20 juin 1944, vers 10 heures, Monsieur le Maire de Talensac est venu m’avertir que mon fils avait voulu s’évader et que les miliciens l’avaient tué. Lui- même tenait cette version d’un agent de Police de Rennes qui était venu lui apporter cette mauvaise nouvelle. (L’inspecteur Francis Tardif)

Je suis allé à Rennes en compagnie de mon frère et après maintes démarches, j’ai su qu’il se trouvait à la morgue. Là, j’ai vu mon fils. Il avait le nez et la figure tout " tuméfiés ;  sous la gorge, il portait maintes piqûres ; il avait aussi la mâchoire brisée et portait les traces d’un coup de poignard d’un côté de la bouche.

Je n’ai pas vu le corps, mais j’ai entendu dire qu’il avait une jambe abîmée ; j’ai également entendu dire qu’il avait la verge éclatée. La nuit suivante de l’arrestation de mon fils, Villoury et Gloux, tous les deux de Talensac, ont été arrêtés ; ils ont été relâchés quinze jours plus tard après avoir subi de mauvais traitements "

 

Ouest-France du 6 juillet 1946 a écrit l’article suivant concernant l’assassin d’André Leclerc :(Lire)

A LA COUR DE JUSTICE , TRAITRE, VOLEUR ET ASSASSIN, EMILE SCHWALLER, CHEF DE CENTAINE A LA MILICE, VA REPONDRE DE SES CRIMES

 

       

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