Le dernier convoi de
Rennes dit "train de Langeais" les 6 et 7 août 1944 |
Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur ce convoi de déportés
Pour m'écrire 35memoiredeguerre@gmail.com
Autres témoignages sur le mitraillage de
Langeais
Le convoi s'arrête le 6 août en gare de Langeais, les voies
étant détruites sur environ 100 m, par un mitraillage d'un train de
munitions entre Langeais et Cinq-Mars-la-Pile au hameau de la Roche. Il fait très
chaud, les habitants veulent apporter de l'eau et des fruits aux
prisonniers. Des bouteilles de vin blanc sont données aux soldats
allemands qui assurent la garde du convoi, ils acceptent
d'entrouvrir les portes de plusieurs wagons. |
Le convoi est garé sur une voie à proximité de la gare, en bordure d'un chemin vicinal, et non loin de la Loire. René Dubois: "Le temps était splendide, chaud et ensoleillé ; la population de Langeais vint nous voir et nous jeter des cigarettes. Malheureusement pour notre wagon de "terroristes", la porte était à peine entrouverte et c'était surtout par les ouvertures grillagées de notre wagon à bestiaux que nous pouvions voir le spectacle et goûter amèrement le contraste entre notre situation et celle de ces gens libres, avec les dames en belles toilettes blanches du dimanche.
"Jean Galteau:
Madeleine Allard
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Une de nos camarades
de la prison de Rennes, Agnès de la Barre de Nanteuil, fut blessée par un
éclat d'obus à la hanche. Cette blessure lui fit perdre beaucoup de sang.
Elle aurait été sauvée si la barbarie ou la peur de représailles du
lieutenant commandant le convoi, l'avait autorisée à être débarquée et
soignée dans un hôpital français. Il l'obligea à suivre le convoi, dans le
wagon, où régnait une forte chaleur. La blessure se gangréna et elle mourut
à Paray-le-Monial. ... Après une nuit passée à Langeais pendant laquelle nous avions eu droit aux félicitations et aux encouragements (sous la forme de cigarettes) du lieutenant chef du convoi, on nous rembarqua dans des cars, qui nous amenèrent en gare de Saint-Pierre-des-Corps, le pont de chemin de fer sur la Loire ayant été bombardée et étant inutilisable. Deux de nos camarades s'évadèrent de jour pendant une alerte dans un abri. « Ce texte est disponible sous les termes de la Licence Creative Commons Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 3.0 Unported (CC-BY-SA) »
Françoise Elie: Le commandant du train était dans le wagon qui touchait le nôtre et les soldats tiraient sur tous ceux qui descendaient pour se cacher sous les rails. Cétait un affolement général. Mes camarades étaient blanches de peur, et moi aussi dailleurs." A l'arrêt en gare de Langeais , c'était le soir du 6 août les prisonniers sont autorisés à descendre sur le ballast prendre l'air par groupe de 5 à 6 . "Les femmes avaient été autorisées à descendre aussi sauf la directrice de l'E.P.S. de Fougères qui ne pouvait plus marcher à cause des coups qu'elle avait reçus."3. Le convoi est alors attaqué en rase-mottes par trois ou quatre avions anglais, des P38 Lightning (à deux queues).
Le train a été pris en enfilade par deux fois. La locomotive est détruite. Mardi 7 août à 10 h: Une nouvelle attaque d'avions anglais
Un grand noir, prisonnier de guerre américain, debout sur le toit
d'un wagon agite désespérément et vainement un drap blanc.
"Habitant à La Chapelle aux Naux, petit
village en face de Langeais, ma mère m'a souvent raconté qu'un anglais,
prisonnier du train a réussi à monter sur le toit et en faisant de grands
gestes avec sa chemise, un Spitfire qui piquait est alors reparti, sans
mitrailler, ce qui a mis fin au carnage."(
Ce témoignage confirme bien le fait précédent)
Plus de 300 déportés réussirent à s'évader selon certains témoignages. A ce jour, 91 ont été identifiés. (Liste) "Au cours du mitraillage, nos gardiens
ayant quitté leur poste pour chercher des abris, je saute de mon wagon avec
un camarade Pierre Héger, et nous nous enfuyons dans des directions
légèrement différentes. Héger réussit à s'échapper mais moi, en traversant
des broussailles je tombe nez à nez avec un Allemand qui s'était posté à cet
endroit à l'abri du bombardement et qui me tient en respect avec son fusil
braqué sur moi.
Parmi les prisonniers qui s'évadent lors du mitraillage du train, 8 étaient originaires de Guignen se sont évadés : Jean-Baptiste Cloteaux, Gervais Cloteaux, Eugène Monnier, Pierre Pavoine, Jean Lebec, Francis Essirart,Fernand Bourlet et Auguste Cloteaux.(La rafle de Guignen) Quelques prisonniers s'échappent en traversant la Loire à la nage. Marcel Mahoudo: (témoignage) "Nous sommes à Langeais. Impossible d’aller plus loin : le pont de la Loire a sauté. Et l’on reste sur place, toute la journée, jusqu’à 17 heures, avec un quart d’eau pour toute pitance si la population ne suppléait un peu la carence de nos gardiens. Soudain, un bruit d’avions. Les Boches, qui nous gardent dans les wagons, reçoivent l’ordre de se mettre à l’abri et nous enferment. Au premier mitraillage, je me lève et m’aperçois que la porte n’est pas complètement fermée. Plusieurs camarades et moi réussissons à nous évader. La Loire est là, à 300 mètres. Je m’y plonge jusqu’au cou, car les gardiens sont en chasse, au cours de laquelle quarante sept camarades sont tués. Vers trois heures du matin, profitant d’un calme du secteur, je repère une ferme où l’on m’accueille parfaitement et où je retrouve plusieurs compagnons dont un Anglais. Par crainte de représailles, les gens nous cachent dans une île de la Loire pendant huit jours. Matin et soir, il viennent assurer notre subsistance. "
René Mallet: Un soldat allemand âgé l'invite d'un léger signe de la main à s'échapper. Il descend la levée de la Loire et traverse le fleuve. "Le raid terminé, ils font descendre les prisonnières. La voie est coupée. On les emmène hors de la gare, sur une hauteur, dans les baraquements de l'Organisation Todt. Yvonne Kervarec aperçoit une nouvelle fois Lili Marec." Karl l'Alsacien, donne ce conseil aux femmes qui étaient sous sa surveillance:" Essayez de tenir le plus longtemps possible et l'on vous abandonnera ici."4
Françoise Elie: Les habitants de Langeais essayaient de nous approcher ; lun deux avait bien risqué de continuer le voyage avec nous pour n avoir pas obéi assez vite. Il avait reçu plusieurs coups de poing sans pouvoir y répondre. Ils avaient lair bien malheureux de nous voir là, en danger de tous côtés. Quand le calme fut à peu près rétabli, le commandant du train vint spécialement aux trois wagons de femmes, dont je faisais partie, et nous félicita de notre vaillance en nous offrant à chacune une cigarette. Notre premier mouvement fut de refuser, mais nos camarades hommes en profitèrent par la suite, quand nous allions aux corvées deau. Nous étions bien obligées dêtre calmes. Il ne fallait pas songer à sortir, puisque nous étions à la portée des fusils des soldats et nous pouvions contrôler qu'ils tiraient de bon cur sur ceux qui sortaient. Tout de même, à aucun prix, malgré notre cran, nous ne voulions dormir la nuit dans nos wagons, puisque nous devions rester là pour plusieurs heures peut-être, et les avions pouvaient revenir puisque le train ne pouvait ni avancer ni reculer, les locomotives ayant été touchées. Madame la Générale Allard, que nous aimions déjà toutes, se fit notre interprète et alla demander au commandant de nous trouver abri dans la campagne, nous préférions en effet dormir au dehors. Il était heureux de navoir pas eu dennuis avec nous pendant le mitraillage et accepta, à la condition que nous restions en rang et que nous ne fassions aucun geste pour fuir. Cétait notre première marche depuis Rennes, et nous allions respirer sans peur pendant un moment. Nous traversions une rue de Langeais pour aller à une cantine abandonnée où, sans nous donner à manger mais nous y étions déjà habituées nous devions nous allonger complètement le sur ciment dans une petite salle. Nous étions environ cent cinquante. Ce que nous avions eu froid déjà Aussi, le lendemain matin, il y avait des syncopes. Les Allemands aussi avaient faim. Le matériel de la cantine restait. Pour le déjeuner, nous nous contentions de petits biscuits de la Croix-Rouge et du vieux pain sec, mais pour quatre heures les Allemands avaient pris des pommes de terre dans le champ proche. Nous les épluchions au moment où la soupe était cuite, nous recevions lordre du départ en voiture réquisitionnée. Les hommes étaient partis à pied pour 28 km allant retrouver la gare de Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours. Nous avions toujours cet espoir de ne plus pouvoir passer et aller plus loin."
Plaque commémorative à l'entrée de la mairie de Langeais (façade extérieure): Les déportés et évadés alliés du 6 août 1944, en reconnaissance aux habitants de Langeais, pour leur hospitalité si courageuse Le Dr Dubois, ancien déporté de ce convoi, maire de La Baule a accueilli, après la guerre, pendant de nombreuses années des enfants Langeaisiens dans la colonie de La-Baule-Escoublac pour remercier la population de l'aide qu'elle avait apportée aux prisonniers et aux évadés. Article du journal Défense de la France
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11/02/2019