Le dernier convoi de Rennes dit "train de Langeais" |
Pour enrichir la mémoire du passé, nous
recherchons des témoignages ou des documents sur ce convoi de déportés
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Arrivés le 15 août 1944, les prisonniers du convoi sont enfermés au Fort-Hatry avant d'être déportés en 3 convois. Les prisonniers de guerre alliés sont acheminés vers le stalag XII A de Limburg avant d'être transférés au stalag VII A de Moosburg pour la plupart d'entre eux.
Les autres sont déportés entre le 26 août et le 1er septembre vers les KL Natzweiler, Neuengamme et Ravensbrück
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"Enfin le convoi arrive à Belfort. En gare, des femmes hèlent un homme occupé sur une
locomotive: Certains restent en prison au Fort Hatry à Belfort d'où ils seront parfois libérés huit jours après sans savoir pourquoi. Roger DODIN croit connaître la raison: "C'est un officier allemand anti nazi qui nous a libéré à Belfort. . On n'avait plus de papier. Quand on a été appelé dans la nuit, j'ai cru qu'on venait me chercher pour me fusiller. On était quatre, on est parti chacun de notre côté..." Une fois libéré, il obtient de l'argent pour son retour. Il rentre par le train sur Paris. Roger reviendra tant bien que mal à Saint-Jacques, en coupant les lignes allemandes qui reculaient vers l'est et en rendant service aux Français, à Dijon, qui cherchaient de la nourriture. Madeleine ALLARD 3 Nous sommes arrivées à Belfort, par une splendide matinée. C'était le 15 août et nous apprîmes peu de temps après notre arrivée, le débarquement des troupes du général de Lattre, dans le midi de la France. cela compensa le fait qu'après un mois de relative liberté, nous nous retrouvions enfermées. En réalité, on ne nous mit pas dans une prison, mais dans une de ces énormes casernes de Belfort, qui datent au moins de Vauban. Ces casernes étaient encore occupées par quelques soldats allemands. Nous nous sommes réunies par sympathie, dans un immense dortoir. ...La nourriture était encore à cette époque abondante. Elle consistait en soupes épaisses et pain de soldat. Nous passions nos journées à circuler dans la caserne, car nous avions le droit d'aller dans la cour, pour nos besoins; cela nous permettait d'échanger des nouvelles avec les hommes. Il ne faisait pas encore froid et nous couchions par terre comme en wagon, avec nos manteaux et les couvertures, que nous avions emmenées de Rennes. Quand nous allions laver notre linge, nous rencontrions les femmes des prisons, que nous avions emmenées au passage: Angers, Tours, Dijon surtout, beaucoup de dijonnaises que nous ne devions pas quitter par la suite. Nous contemplions par la fenêtre d'immenses brasiers. les Allemands brûlaient des tonnes d'archives, d'aucuns disaient que c'étaient des dossiers. Nous avions retrouvé nos camarades hommes de Rennes. René et Michel. Quant à Beaumanoir, terrassé par un ulcère à l'estomac, fut laissé à Tours. Je l'ai revu à la fin de la guerre, en excellente forme apparemment. Il avait été laissé pour mort à l'hôpital, mais soigné par un médecin français, il fut récupéré de justesse par la Gestapo, et emmené à Buchenwald.. Il en est revenu sur une Jeep, en avril 1945. Il a alors récupérer son identité et sa cure dans les Côtes-du-Nord. Une après-midi alerte. Dans ces cas là, on nous enfermait dans ces abris datant des fortifications de Vauban. Tout d'un coup nous entendîmes le fameux "Ta gueule" entendu très souvent à la prison. Nous regardâmes dans la direction des cris et nous vîmes un officier, au moins commandant, qui nous brailla quelque chose en allemand. Je n'ai jamais entendu pendant cette période un Allemand gradé ou simple soldat, qui parla autrement qu'en hurlant. D'après celles qui comprenaient bien l'allemand, il nous demandait d'être toujours dociles, moyennant quoi nous serions bien traitées. En revenant de l'abri, nous discutâmes avec un de nos gardiens, à qui nous confiâmes que tout ça c'était peu de choses, puisque de toute façon, la guerre allait finir et l'Allemagne vaincue. Il devint furieux, lui qui était si doux habituellement et qui avait un si joli sourire, qui nous le faisait mettre dans la catégorie "bon allemand-musicien-ou poète". Il déclara très sérieusement : "Le Fürher (geste de la main) a mis en réserve des armes secrètes, et notre pays va les sortir": La propagande était bien faite et nous n'insistâmes pas. Quelques jours après, grosse émotion, le convoi qui nous suivait, parmi lequel se trouvaient beaucoup de nos amis, fut libéré. Nous n'avons pas bien compris pourquoi:
Mais sur le moment, cette libération nous parut faite sans discernement: en effet parmi nos amies se trouvaient Juliette, secrétaire de Benoit Frachon, excellente amie de la prison de Rennes et d'autres femmes considérées comme dangereuses par la Gestapo.. Parmi les hommes, Michel, René et un certain Bouvard, qui faisait partie de notre groupe de résistance et se conduisit en héros jusqu'à la fin de la guerre. Espoir follement déçu pour nous, d'une semblable libération, cela dura environ 5 ou 6 jours. Nous avions remis à Juliette des lettres pour nos familles et nous les avions embrassées avec joie et espoir. le 30 août, on nous appela et nous dit de nous préparer à partir: mais ce n'était pas la libération et non, nous réembarqua dans les wagons à bestiaux. Angèle DEPLANTAY: " A partir du 22 août un certain nombre de prisonniers sont libérées sans formalité. Cela tient du miracle. Un sous-officier allemand Schladenhanfen d'origine alsacienne libérera alors de sa propre autorité 207 prisonniers avant de disparaître en civil. Sans doute en raison de sa connaissance du français, il faisait partie du service de la prison de Nantes, où il a rendu de nombreux services aux prisonniers.2
Le 28 août," un train est encore formé et tous nos malheureux camarades emmenés vers les camps de la mort.2" Les femmes seront dirigées vers Ravensbrück et pour les hommes vers Struthof puis vers Dachau ou Neuengamme."2
Docteur René Dubois (15 novembre 1956) . La libération des 241 prisonniers ( dont 156 de l'Ouest (52 femmes et 104 hommes), le reste étant de la région de Nice)
Jean Raymond Brabant 4 "Et puis, un matin, nous sommes arrivés à Belfort. Nous étions le 15 août. Gomment avons-nous pu supporter le voyage ? Je me le demande encore aujourd'hui : quinze jours dans des wagons, jusqu'à quatre jours et trois nuits d'affilée sans manger ni boire, et pratiquement sans dormir. Par roulement, nous nous couchions en chien de fusil sur le plancher du wagon, parmi ceux qui se tenaient debout. Nous ne pouvions rester que quelques minutes allongés à cause des chocs, des coups de frein, des accélérations, des démarrages, des arrêts de nuit et de jour. C'était terrible, cette douleur dans les épaules, les coudes, les genoux, les hanches et les chevilles en sang, à force de vouloir dormir. Nos gardiens avaient des paillasses entre les portes et se relayaient, allant se reposer dans les wagons aménagés et réservés pour eux à l'avant et à l'arrière du train. A Belfort, nous fûmes enfermés à la caserne Hatry, à l'ouest de la ville, en face du lion que nous contemplions à longueur de journée de l'autre côté de la ville. Et puis, surprise ! Nous avions des repas que nous appelions presque normaux. Nous fûmes servis pendant notre détention dans cette caserne ! Mais je me souviens du jour de notre arrivée : on nous avait donné des boîtes de confiture de mirabelle, et je vous assure que, sans pain, malgré la faim qui nous tenaillait le ventre, il ne nous était pas possible d'en manger plus d'une ou deux cuillerées à la fois. Le lendemain de notre arrivée, un nommé Fortuné de Saint-Pierre-Quiberon fit une telle crise d'épilepsie que les Allemands l'envoyèrent dans un hôpital en ville. Feinte ou réalité ? Je ne saurais le dire, mais à mon retour en 1945, j'appris qu'il disait s'être évadé de Belfort. Dix jours après, le 25 août, un prêtre, qui se trouvait dans la salle à côté de celle où j'étais avec une trentaine d'autres détenus, vint nous avertir que nous allions être encore une fois envoyés ailleurs et que, si nous le voulions, il viendrait célébrer la messe avant notre départ qui était prévu dans la soirée. Effectivement, sur le coup des deux heures de l'après-midi, rassemblement dans la cour de la caserne en colonne par cinq. Nos gardiens aussi se mirent en colonne par cinq, présentèrent les armes aux S.S. qui nous attendaient pour nous prendre en charge, et partirent. Nous voilà donc avec de nouveaux gardiens qui nous conduisirent à une voie de chemin de fer en dehors de la ville, dans la campagne où, une fois encore, nous attendaient des wagons à bestiaux. Ceci se passait donc dans le courant de l'après-midi et, sans attendre le soir, le train démarra dès que tout le monde fut monté dans les wagons qui furent fermés à clé de l'extérieur." Madame SCHWING "Au bout de quinze jours, nous étions tout de même arrivés à Belfort et avions l'agréable surprise d'y descendre pour une installation qui nous semblait "définitive"(tout au moins jusqu'à l'arrivée des Alliés, que nous espérions proche ) Ces jours à Belfort, comme nous les avons regrettés par la suite une liberté relative il est vrai dans de grandes salles plus agréables que ces cellules et de tous leurs inconvénients nous descendions pour les besoins naturels deux fois par jour, ce qui nous procurait souvent l'occasion d'échanger des nouvelles de la guerre avec d'autres détenus et même d'apprendre des choses importantes par es civils, en particulier par des ouvriers qui faisaient à la veille de l'arrivée des liés des travaux pour les Allemands dans la caserne Pour ma part, je suis allée de bien nombreuses fois, par plaisir, vider les seaux hygiéniques et ai pu rapporter des nouvelles, qui souvent étaient des bobards malheureusement comme il en existe dans toutes les prisons, mais qui ont permis cependant de remonter le moral de beaucoup d'entre nous Madame Corre était toujours à l'affût de ce qu'il pouvait y avoir de nouveau "Nos ne quitterons jamais cette caserne que délivrées par les Alliés " me disait-elle et elle discutait fermement avec celles qui ne pouvaient être du même avis. Vint le jour où l'on libéra la moitié de notre convoi on ne sait d'ailleurs pourquoi, en assurant que le lendemain ce serait noter tour tous les Allemands étaient d'accord pour l'affirmer Menteurs: le lendemain on nous rassembla, nous disant que ce serait pour nous envoyer en Suisse on nous boucla dans des wagons à bestiaux comme d'habitude, mais cette fois ce fut à clé alors que nous avions pu traverser la France portes ouvertes. Madame Corre réussit cette fois encore à glisser une lettre qui fut fidèlement envoyée, le jour de la libération de Belfort à son fils auquel elle faisait comprendre que je me trouvais toujours avec elle, afin que ma famille fut prévenue. Ce sont les dernières nouvelles que les nôtres reçurent jusqu'à la fin. Odette LAVENANT: "Les « Ceux de Nice, de Marseille », tout le deuxième convoi de Rennes, le convoi parti le 3 août quittèrent le fort par petits groupes, agitant leur feuille de libération, et criant « à bientôt ». Derrière les fenêtres, nous les regardions, et attendions notre tour, qui ne vint pas.
Ceux qui partent vers le KL Neuengamme sont ainsi 721 au moins à être rassemblés dans la cour du Fort Hatry les 28 et 29 août 1944. Après avoir été appelés par leurs noms, ils sont dirigés, à pied, vers un train constitué de wagons de marchandises à quai non loin du Fort.
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Sources
1
Thomas et Legrand - -"39-45 Finistère" - Le Finistère dans la guerre" -Éditions de la Cité p308
2
Témoignage d'Angèle Deplantay: Redon sous l'occupation (Mercredi 29 février 1984 Les informations Le pays
3
Madeleine Allard "Récit d'une captivité"
4
Jean-Raymond Brabant- La rafle de Sainte-Anne-des-Bois. (p 36/36) Editions "Libre Expression" dirigée par Lionel Forlot et Yannick Auffray.
Pour m'écrire 35memoiredeguerre@gmail.com
11/02/2019