Pour enrichir la
mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur ce convoi
de déportés
Pour m'écrire
35memoiredeguerre@gmail.com
|
"A Stuttgart, le convoi stationne au moment d'un bombardement. Il revient vers Strasbourg. Ici, sur le quai de la gare, une institutrice accompagne ses élèves qui partent creuser des tranchées. Les prisonnières , par le vantail, lui adressent quelques mots. Elle les regarde et dit:"Il nous est interdit de parler le français." Les wagons des femmes ne sont pas toujours ouverts comme au début. Plus loin encore, en Allemagne, on aperçoit , par un petit judas, des femmes en vêtements rayés travaillant sur les voies de chemin de fer. "C'est vous bientôt", affirme un Allemand. On va très vite avoir une autre opinion sur les camps et le régime concentrationnaire. Le train passe Berlin. Jusque-là sous la responsabilité de la Wehrmacht, il vient d'être pris en charge par les S.S. On est au terme du voyage: Ravensbrück, à une centaine de kilomètres de la capitale du Reich, dans une région sablonneuse, aux arbres rabougris. Le camp compte des milliers de femmes affectées à des travaux divers, en kommandos extérieurs dans les usines d'armement, d'aviation, etc., sous la férule des nazis qui imposent leur système de honte, d'horreur et de mort.. Les bruits ne parviennent pas jusqu'à Ravensbruck, à telle enseigne que les détenues se demandent parfois si on saura jamais leur existence..."1
Triste voyage, de quatre jours seulement pour atteindre Ravensbruck bombardements dans les gares, nous restions alors dans nos wagons clos et voyions nos gardiens filer comme des lapins vers des abris au moment des alertes Nous avions quitté le sol de la France, il nous faudrait attendre encore longtemps notre libération plus d'attaques de maquis possibles ici l'exil pour au moins un mois pensions-nous en faisant des calculs qui ne reposaient sur rien Madame Schwing 2 "Madame Corre, au camp comme en prison, et pendant le convoi, garda son attitude courageuse et confiante et si elle souffrit plus qu'une autre de certaines privations et misères elle était très sensible et les duretés de certaines causées par le malheur la touchait durement. Son appétit la fit terriblement souffrir, la faim, la soif, la saleté l'exil loin de sa Bretagne bien aimée qu'elle pensa revoir jusqu'au dernier moment tout cela lui fit tant de mal Cependant, nous faisions souvent ensemble des projets d'avenir: "ma petite fille, tu viendras au Guildo avec Eliane et Colette voir mon petit Yvon, nous irons voir nos amis de Sainte-Brigitte.. et nous boirons un grand bol de café au lait en mangeant une grande tartine beurrée " Madame Corre maigrissait chaque jour, à ma grande inquiétude. On la fit travailler dans un atelier avec les vielles femmes (souvent les vielles femmes n'avaient pas quarante ans " On lui fit revêtir l'infâme robe rayée et chaque matin elle partait après l'interminable appel avec sa compagne Madame Boizart (qui ne devait pas revenir elle non plus) et rentrait le soir après avoir toute la journée découpé en lanières de vieux imperméables Et cousu ces lanières avec un fil ciré qui coupait ses pauvres doigts Les derniers jours de décembre, je quittai le camp proprement dit pour aller en Kommando à l'usine Siemens qui se trouvait contre celui-ci je fis mes adieux à mes amies du bloc 26 la générale Allard, Madame Génot, Madame Le Guennec, Madame Corre, je ne devais plus les revoir Me voyant triste de les quitter toutes me dirent "Nous rentrerons ensemble à bientôt!" Peu de temps plus tard, j'appris la mort des unes et des autres à peu de distance, par les femmes qui allant au Revier pouvaient nous donner des nouvelles de ce qui se passait dans le grand Lager et c'est ainsi que j'appris la mort de Madame Corre, la dysenterie l'avait emportée." Vidéo de l'INA (16'47") Rapport d'une visite du camp par le général Allard, le 12 mai 1945 |
Pour en savoir plus sur Ravensbrück : Lire
Sources
1
Thomas et Legrand - -"39-45 Finistère" - Le Finistère dans la guerre" -Éditions de la Cité p309 2 Témoignage de Madame Schwing