Ed:15/12/2017

L’UTILISATION CIVILE DES PRISONNIERS DE GUERRE DE L’AXE
Der Zivileinsatz der deutschen Kriegsgefangenen


En juin 45, aucun P.G.A. du camp 1102 de Rennes n’est encore mis à la disposition de l’économie civile. Seule la Marine Française emploie 50 P.G.A. et l’Aviation 60 P.G.A

Dans les autres régions militaires 86.329 étaient au travail dans le secteur civil (Note 6296 /DIPG/3 du 8 juin 1945)

Une nécessité pour l'économie nationale
La mise au travail des P.G.A.
Les conditions d'emplo
i
L'attitude des milieux ouvriers

L'utilisation des P.G.A. en Bretagne
Les commandos de P.G.A employés dans les communes d'I.et V.
Témoignage d'un aumônier protestant allemand
Retrait de commandos
Polémique religieuse à Tremblay
Incidents causés par les P.G.A.

Les évasions en Ille-et-Vilaine (Lire)
Ils ont détruit...qu'ils réparent...
La mine pire que le bagne

Etat d'emploi de la main-d'œuvre prisonnière au 15 mai 1945 en France


Ce que nous savons sur certains commandos:      (
Nouveaux documents)

 


Articles relevés dans la presse


La France a fait valoir constamment ses besoins vitaux en main-d'œuvre pour se relever des ruines de la guerre, ruines dont l'Allemagne est la plus grande responsable. Il est apparu que le travail des prisonniers de guerre était la seule forme de réparations que la France pourrait tirer de l'Allemagne, ces réparations étant considérées comme légitimes.

En 1945, la situation économique de la France est catastrophique: l'indice de production industrielle est à 38% de sa capacité. les sources d'énergie font défaut: l'extraction du charbon est tombée de 67 à 40 millions de tonnes. l'agriculture va mal: les rendements de blé sont à 40% du taux de 1939. En septembre 1946, la ration de pain tombe à un niveau inférieur à celui de l'occupation.


Une première crise pour l'agriculture. Celle du manque de main d'œuvre
"Ne pourrait-on pas utiliser les nombreux soldats allemands que l'envahisseur a "abandonnés aux mains de nos libérateurs américains." (Ouest-France du 9-9-44)

Bilan de la guerre:

(Histoire politique de la France depuis 1945. Jean-Jacques Becker. Armand Colin. page 20)

"Les effets de la guerre ont été considérables.

Les pertes humaines se chiffrent à 600.000 décès. Elles touchent tous les groupes d'âges ou de sexe.. Les morts n'ont pas été seulement des hommes jeunes..

Les destructions matérielles, elles aussi, ont été reparties sur l'ensemble du territoire. L'appareil productif  a été particulièrement affecté par les bombardements, les sabotages.

Un indice résume l'état de la production industrielle, l'indice 38 à comparer à l'indice 100 en 1938. (la production en 1938 n'étant d'ailleurs qu'à l'indice 80 par rapport à 1929).

Dès l'année 1945, cet indice remontait à 50, ce qui correspondait à peu près à la production industrielle de la France à la fin du XIX eme siècle.

La situation de l'agriculture n'est pas meilleure: faute d'engrais dont l'utilisation déjà insuffisante, avait baissé de moitié, faute de main-d'œuvre, faute de matériel, la production avait diminué de 22 %."


Une nécessité pour l'économie nationale

Pour le Gouvernement français le recours au travail des P.G.A. est une nécessité vitale pour l'économie nationale.

" Le but à atteindre avec notre main-d'oeuvre prisonnière est d'obtenir le maximum de travail au bénéfice de la France." (Directive n°1 du 7 août 45).

Dans une réponse le 14 janvier 1947 au Gouverneur américain Léon Blum refusait la demande américaine de libérer des prisonniers de guerre et justifiait leur utilisation pour reconstruire le pays:" La main d'oeuvre française , du fait de l'envoi en Allemagne de 720 000 français au titre du S.T.O. , du maintien sur le territoire du Reich pendant cinq ans de 1 500 000 prisonniers de guerre français et du travail forcé imposé aux déportés politiques..."
Une réduction qui, compte tenu seulement des morts et des inaptes totaux, représente seulement 300 000 personnes. A ce chiffre, il faut encore ajouter plusieurs centaines de milliers d'inaptes partiels qui ne peuvent apporter à l'économie française qu'une contribution diminuée. Ces pertes , résultats de l'action allemande contre la France ont été compensées par les travail des prisonniers de guerre dont 220 000 apportent un concours indispensable à l'agriculture, près de 150 000 travaillent dans les diverses branches de l'industrie, des transports , des travaux publics et de la reconstruction et 55 000 extraient 30% de la production charbonnière française".

44 000 comme mineurs de fond
115 000 comme mineurs de jour
4 000 employés dans les mines de fer et de potasse

Les chantiers de déminage ont absorbé au plein de leur activité en 1946 jusqu'à 8% des P.G.A. au travail.100 millions de mines avaient été posées dans les champs et dans les ports.

Les travaux dans les barrages hydrauliques ont été une priorité après les mines en 1947. Construits à la hâte pour apporter un supplément d'énergie au pays qui manquaient de charbon. Il était très difficile de trouver de la main-d'oeuvre, les chantiers se trouvant en pleine nature. Les barrages de l'Aigle, du Chastang et de Génissiat ont employé une importante main-d'oeuvre étrangère.

Dans l'agriculture 230 000 prisonniers , soit 40% de l'effectif ont travaillé .

La mise au travail des P.G.A.

C'est le ministère du Travail qui a pour tâche d'organiser le travail des P.G.A. . Mais les transports sont détruits et il est très difficile de concilier le retour en France des P.G. Français rentrant des camps Allemands et la circulation des P.G.A. chargés de reconstruire l'économie Française.

Les services de déminage et de la reconstruction ont obtenu les premiers du Ministère du Travail, l'autorisation permanente d'emploi de main d'oeuvre de P.G.A.

Pour limiter les évasions aussi bien que pour éviter les exactions la mise au travail est théoriquement prévue sous escorte militaire, sauf dans les secteurs de l'artisanat et de l'agriculture.

Les premiers commandos de P.G.A. ont d'abord été utilisé par les agriculteurs et les artisans. A partir de la fin de l'année 1945, la priorité a été donnée à la reconstruction.. le 13 novembre 1945, le ministère du Travail adressait aux inspecteurs et directeurs départementaux du travail et de la main-d'oeuvre, une note du colonel commandant régional des P.G. les informant:"qu'il ne pourra être donné satisfaction aux demandes provenant de l'agriculture et de l'artisanat et que tous les P.G.A. qui cesseraient d'être occupés dans leur emploi actuel, seront mis au fur et à mesure, à la disposition des services de la reconstruction".

L'attitude des milieux ouvriers

Mais l'emploi de ces P.G.A. n'étaient pas bien vu de tout le monde, comme en témoigne une lettre du préfet d'I. et V.en date du 14 novembre 45, adressé au ministère de Travail, dans laquelle on lit:"l'utilisation des P.G.A. est freinée par l'attitude des milieux ouvriers qui comprennent difficilement que les prisonniers allemands soient utilisés avant que la main d'oeuvre française soit au travail, bien que celle-ci ne présente pas les aptitudes techniques exigées. De même, la création de chantiers de travaux dans les communes se heurte à des difficultés d'ordre financières, ou manque d'outillage et à des difficultés d'hébergement ".

De même, le syndicat de la terre de la région de Saint Malo adressait une lettre de protestation, car d'après eux, l'utilisation des P.G.A. entraînait:"des cas de licenciement des ouvriers ruraux, augmentait l'exode des ouvriers vers la ville". Leur salaire étant au-dessous du "niveau au droit", le syndicat demandait que :"le prix de revient d'un P.G. ne soit pas inférieur au salaire réel d'un ouvrier français" et il émettait le vœu d'une juste rémunération et la garantie du travail.

Les conditions d'emploi

L'emploi est donc régi par le Ministère du travail. Les Directions Régionales du Travail reçoivent les demandes de main d'oeuvre des employeurs civils, entreprises ou particuliers,.en échange d'un contrat signé. D'après l'article 30 de la Convention de Genève les conditions d'emploi et de temps de travail doivent être les mêmes que pour les civils Français.
C'est d'abord la remise en état des ports et terrains d'aviation qui est prioritaire., mais c'est l'Agriculture qui emploie le plus de P.G.A. dans notre région.

Le logement, la nourriture, la garde des prisonniers sont le fait, soit des particuliers, soit de la commune. Les frais médicaux pour les malades légers susceptibles d'être traités au lieu même de l'employeur sont à la charge de l'employeur*.L'emploi des P.G.A. entraîne le paiement de 10 francs par jour à verser au dépôt de P.G. et est à considérer comme un salaire. Il est à noter que plusieurs communes du département ont subi un rappel à l'ordre car elles ne payaient pas ces primes par manque d'argent.

L'employeur doit assurer un repos d'un jour par semaine. Ils doivent être traités avec humanité, sans faiblesse, mais tout mauvais traitement ou toute liberté excessive seront sanctionnés par les retrait des P.G.. La responsabilité de l'employeur est entière en cas d'évasion. Il doit prévenir alors prévenir la mairie, qui elle-même préviendra la gendarmerie. Si toutes ces conditions sont remplies dans un délai rapide, il devra simplement payer les frais de recherche( peu important, le prix de quelques télégrammes!) et la prime de capture(15000 francs), si le prisonniers est repris.

Par ailleurs les P.G.A. ne doivent pas sortir isolément en dehors des limites des propriétés de leur employeur. Ils doivent être accompagnés chaque fois qu'ils franchissent les limites. Il est formellement interdit aux P.G. de fréquenter les lieux publics: cafés, cinémas, etc..., de sortir de leur cantonnement entre le coucher et le lever du soleil. Ils doivent porter sur leurs effets de façon apparente la marque P.G.

Pour ces dernières recommandations, un rappel à l'ordre du préfet a été adressé aux maires le 19-4-1947.

*Dans les chantiers importants, il y avait une infirmerie avec du personnel sanitaire P.G.pour les malades graves, c'était l'hospitalisation à l'hôpital de la Prévalaye près de Rennes., les frais de transport étaient à la charge de l'employeur.

L'utilisation des P.G.A. en Bretagne

En juin 45, aucun P.G.A. de ce camp n’est encore mis à la disposition de l’économie civile. Seule la Marine Française emploie 50 P.G.A. et l’Aviation 60 P.G.A.

On ne dispose que de documents ponctuels, qui ne nous permettent pas d'avoir une vue d'ensemble du nombre exact de P.G. et en particulier du nombre de P.G. travaillant dans les commandos. mais on sait que le 30novembre 1945, il y avait 46 192 P.G. et le 9 avril 1946, 46638 qui se répartissaient ainsi:

Agriculture

6757

Forestage

519

Mines et carrières:

22

Barrages et génie rural:

6294

Travaux publics et reconstruction

2909

Déminage

5274

Divers

142

 

Dans les dépôts on décomptait 13075 P.G.A. dont 8793 inaptes.

Les commandos de P.G.A employés dans les communes d'I-&-V

En I.& V,.le 1 septembre 1946, 137 communes employaient des  P.G.A en nombre très variable

Nombre de P.G.A. dans quelques communes répertoriées:

La Bouexière:7

 

.

 

Romillé:.......20

Bourbarré:.25

La Fontenelle:20

Lanhélin:18

Orgères

St Méen le Grand:10 à 20

La Chapelle Chaussée: 23

Hirel: ..........7

Médréac:114

Piré: 20

Tremblay: ?

Dingé: 50

.Iffendic:.........66

Noyal sur Seiche:?

Romagné: 50

Trémeheuc: ?

 

Janzé....?

   

St Erblon (Cdo 285)

Témoignage d'un aumônier protestant allemand( Robert Theilemann)
Le travail dans les fermes :
"Souvent les P.G.A. se plaignaient de la longue durée du travail, mais on doit l'imputer aux coutumes des paysans français différentes de celles des Allemands"

Le travail dans les commandos des Ponts et Chaussées:
"Les heures de travail étaient bien fixées. le ravitaillement suffisait mais trop uniforme... Pour se procurer des vivres supplémentaires, beaucoup de .P.G..A. travaillaient dans la soirée chez des cultivateurs du voisinage"

Retraits de commandos:

Si dans la plupart des communes, les conditions d'hygiène et d'hébergement étaient aussi satisfaisante que possible, il arrivait que parfois de gros problèmes se posaient dans certaines communes.

Ainsi le 16 août 1947, le commando de la Chapelle Chaussée fut retiré pour insuffisance de conditions d'hébergement et d'hygiène et ce après 5 lettres d'observations adressées au maire de la commune.

En effet, lors de plusieurs inspections, il avait été noté qu'il n'y avait pas de vitres aux fenêtres, qu'elles étaient obstruées par des planches ne laissant passer que très peu de jour. il n'y avait qu'une cuvette pour la toilette de 23 hommes et un seau pour uriner la nuit; le matin les urines se répandaient dans la pièce. "un P.G.A. malade était resté au commando, un autre P.G. n'a pas vu le médecin, le tabac n'était pas perçu régulièrement , les 5 francs de pécule laissés à la disposition de l'employeur n'ont pas été utilisés, le moral des P.G.A. est au plus bas"

A Dingé, c'est le 5 septembre 1947 qu'eut lieu le retrait du commando pour"non observation de l'article 7 des conditions générales des prisonniers de guerre". un P.G.A. tombé malade le 23 juin 1947 avait été vu par le médecin le 25 qui avait diagnostiqué une poliomyélite aiguë et avait demandé son transfert rapide à l'hôpital de la Prévalaye de Rennes. mais il ne fut transporté que le 24 juillet, soit un mois plus tard. le secrétaire de mairie n'avait pas exécuté cet ordre, en raison du manque de moyen de transport et il avait omis de téléphoner à Rennes pour demander l'évacuation.

Le retrait du commando de Trémeheuc avait été demandé le 8 novembre 1946, car "les conditions d'hygiène prescrites par la convention de Genève n'étaient pas remplies". mais une note de service du 15 novembre indique que le commando était laissé en place par autorisation verbale de la direction des P.G. sur demande du conseiller général local.

Les maires de certaines communes avaient des difficultés à régler le pécule dû aux P.G.

Dans une lettre d'août 46, le commandant du camp 1102 demandait au préfet d'intervenir auprès des maires à la suite de plaintes de P.G.A. auprès du CICR, car ils ne pouvaient acheter leur tabac faute de pécule. 14 mairies étaient citées. Il semble que cet appel ait été entendu, car en juin 1947, il ne restait plus que 5 communes a n'avoir pas effectué ce règlement.

Polémique religieuse à Tremblay

En juillet 1946, le curé de Tremblay se plaignait auprès du conseil municipal que l'on empêchait les P.G.A. d'aller à la messe et il accusait le gardien de refuser de les conduire. (d'après la réglementation, les P.G. devaient sortir en groupe, sous la surveillance d'un gardien).

Il y avait deux commandos, l'un au lieu-dit la Rougeolais et l'autre à Mezaubin. Après délibération du conseil municipal, il a été signifié que le "gardien est au dessus de tout soupçon et qu'il n'a jamais empêché les P.G. d'aller à la messe". les P.G.A. de la Rougeolais ont cessé d'aller à la messe, car ils croyaient aller à Saint Brice en Coglès. ils ont été calmés quand il a fallu faire 6 km pour aller à Tremblay. les P.G.A. ne pouvaient y aller car le gardien leur a dit qu'il ne pouvait , et conduire les uns à la messe et garder les autres au commando. les P.G. de Mezaubin ont cessé d'aller à la messe à partir du jour où le curé de Tremblay les a vidés du banc où ils étaient installés , pour les mettre debout dans un coin.

La polémique a eu lieu à Mordelles, mais à un moindre degré.

Incidents causés par les P.G.A.

A Noyal-sous-Bazouges, un civil a été blessé de 2 coups de couteau par un P.G.A.

A Saint Méloir des Ondes, sur la route de la Gouesnière, un "attentat" (sans témoin comme il a été dit lors du jugement ) a été commis par 3 P.G.A. sur un prisonnier français. une plainte avait été déposée et après délibération, il avait été conclu à une responsabilité partagée, car la victime qui était ivre , avait interpellé les P.G.A. de façon assez virulente semble-t-il.

A Bruz, un P.G.A "a été surpris par M L…, cultivateur à la B.. , en Bruz,alors qu'il dérobait des pommes de terre. Ayant tenté de s'enfuir, il fut rattrapé par le cultivateur et, pour se dégager frappa son adversaire à l'aide d'une forte branche. M L… fut assez sérieusement blessé. Un an de prison et 10 000 F d'amende, ce n'est pas cher payé."
(Ouest France du 9 septembre 46)

Au Pertre,"le P.G. allemand Werthmann âgé de 43 ans, brigadier chef, où il exerçait la profession de cultivateur, ne s'entendant pas avec ses patrons. Ce sont des accidents qui arrivent malheureusement.
L'affaire remonte à une histoire de sabots. L'intéressé ayant des démêlés avec une vache qu'il ramenait, demande une corde pour "assurer sa sécurité". D'autre part, il eut à se plaindre de ses sabots qui le blessaient .Cela n'eut pas l'heure de plaire à ses patrons qui n'oubliaient peut-être pas les conditions dans lesquelles vivaient les Français en Allemagne-si bien qu'une bagarre s'ensuivit. Finalement M L… fut atteint de contusions sérieuses.
L'accusé reconnaît être bien traité et cependant avoir demandé à maintes reprises son changement .Finalement, il se voit condamné à 3 mois de prison.
(Ouest France du 16 septembre 46)

Les évasions en Ille et Vilaine (Lire)

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Ils ont détruit...qu'ils réparent...

Plaquette du ministère du Travail et de la Sécurité Sociale distribuée aux municipalités pour faire travailler les "prisonniers ennemis

A qui doit être adressée la demande?

Au Préfet.

Indiquer le nombre de prisonniers demandés. Distinguer si possible le nombre de prisonniers destinés à des travaux communaux et le nombre de prisonniers demandés pour être placés auprès des particuliers(voir plus loin).

Le Préfet transmettra la demande à l'Inspecteur divisionnaire du Travail siégeant au chef-lieu de la région.

Vous recevrez de ce dernier un avis vous indiquant à quelle date et à quel dépôt militaire les prisonniers pourront être retirés.

Vous avez intérêt à rédiger votre demande au plus tôt.

QUE FAUT -IL Prévoir POUR L'ORGANISATION DU COMMANDO COMMUNAL?

Pratiquement il s'agit de trouver un local où les prisonniers de guerre auront le moyen de préparer leurs aliments et où ils pourront être solidement enfermés pendant la nuit. Vous trouverez bien dans votre commune un local inoccupé qui se prête à cet usage.

Quant à la garde pendant le jour , elle pourra très bien être assurée par les ouvriers ou chefs d'équipe français qui surveilleront les prisonniers de guerre en même temps qu'ils partageront ou guideront leur travail.

Pour l'alimentation, les prisonniers de guerre ont droit aux mêmes rations que la population locale. C'est justice si l'on veut qu'ils travaillent. dans le cas de commandos importants, les denrées contingentées pourront être fournies par l'Intendance militaire. le complément , principalement des légumes, devra être approvisionné par vos soins. un cuistot allemand sera chargé de la préparation.

Que coûtera l'opération à la Commune?

Pour les prisonniers de guerre utilisés à des travaux communaux, la commune sera dispensée du payement à l'Etat de l'indemnité compensatrice demandée normalement aux employeurs de prisonniers de guerre.

Restent donc seulement :

  • les frais d'alimentation;

  • les frais de logement et de garde qui seront en général très réduits;

les 10 francs par jour de travail qui doivent être versés au Dépôt militaire au compte du prisonnier.

Certificat de dépot de fonds

Mais l'Etat remboursera la moitié de ces frais à la commune.

Le budget communal ne supportera donc que des charges réduites qui ne devront normalement pas dépasser 25 francs par jour et par prisonnier.

PLACEMENT DE PRISONNIERS DE GUERRE
AUPRES DE PARTICULIERS

Pour faciliter l'emploi des prisonniers de guerre, il a été décidé d'autoriser les Maires à mettre des prisonniers de guerre à la disposition des particuliers qui en feront la demande sans que des contrats réguliers soient passés entre ces particuliers et l'Autorité militaire.

Vous serez simplement tenus dans ce cas:

  • de vous assurer que les employeurs sont dans l'impossibilité de trouver de la main-d'oeuvre française:

  • de tenir un registre d'emploi des prisonniers ainsi placés (le modèle vous sera fourni par le Préfet).

A la fin de chaque mois vous adresserez relevé de ce registre à l'Inspecteur divisionnaire du Travail qui réclamera directement aux intéressés les sommes dues au Trésor (car dans ce cas il n'y a évidemment pas dispense de l'indemnité compensatrice).

Dans le cas où les prisonniers de guerre ainsi utilisés par des particuliers continueraient à loger au commando communal ou à y prendre leurs repas, la commune réclamera à ces particuliers une participation aux frais du commando. ces sommes seront versées au Receveur municipal et viendront en atténuation des dépenses de la commune.

 

Relevés dans la presse:

8/9/44 (Ouest France)Rennes nettoie ses plaies(Photo de prisonniers allemands déblayant des gravats)

…"L'on a vu également les prisonniers allemands manier la pelle sous l'œil vigilant de nos vaillants alliés

19-20/sept 46(Ouest France)- Des P.G.A. travailleurs libres

Paris 18.Divers ministères:Ceux des armées, du Travail et des Affaires Étrangères étudient actuellement la transformation en travailleurs"libres" des prisonniers de guerre allemands qui prendraient un engagement dans ce sens.

Ces volontaires signeraient un contrat d'un an qui leur imposerait certaines obligations et notamment une résidence fixe. La nécessité d'obtenir une main d'œuvre abondante pour aider à la reconstruction a motivé l'étude qui est actuellement entreprise. Ces projets, toutefois, n'ont pas encore dépassé le stade d'études ministérielles, et le gouvernement n'en a pas encore été saisi.

574 724 prisonniers allemands détenus en France à la date du 1er décembre 1946 (Ouest France du 6/1/1947

Paris de notre rédaction - Une récente statistique de la direction de la Main-d'Oeuvre nous permet de connaître quelles sont les utilisations principales que nous faisons de la main d'oeuvre fournie par les prisonniers allemands. A la date du 1er décembre 1946, 577 724 prisonniers de guerre étaient détenus en France. Dans le secteur civil 208 639 sont affectés à l'agriculture, 244982 à d'autres activités et 20 939 sont affectés à des travaux militaires, la différence étant constituée par certains officiers et par les hommes dans les dépôts.

Répartition pour la région de l'Ouest

Pour la région de l'Ouest, voici la répartition entre les différentes activités:

Région de Rennes:

32 567 prisonniers de guerre dont 7 426 à l'agriculture,9 311 pour les autres activités et 3 662 affectés à des besognes militaires.

Région d'Angers

22 648 prisonniers de guerre dont 5 928 à l'Agriculture, 5 220 pour les autres activités et 421 affectés à des besognes militaires.

Sur l'ensemble de notre pays, voici les principales utilisations des prisonniers de guerre

Agriculture
208 839

Houillères
55 185

Reconstruction
36 873
Forestage
17 609
Travaux publics
17 177

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