Les camps de P.G.A de Rennes

Ed:27/10/18

Pour enrichir la mémoire du passé, le groupe .G.A. de l'Université du Temps Libre de Bretagne recherche de nouveaux témoignages des P .G.A. eux-mêmes, ou en rapport avec les P.G.A. d'une manière générale, se rapportant à la capture, à la vie dans les camps à la garde des prisonniers, à l'aspect sanitaire, à la mortalité, au déminage, au travail, aux traces laissées par les PGA : tableaux, peintures, écrits, correspondances personnelles, à leur retour au pays, aux difficultés de réinsertion etc... (A l'inverse, nous recueillons également les mêmes informations sur les P.G. français et la Résistance en Bretagne pour un projet d'étude identique à celle des P.G.A.
Ecrivez-nous
:
<

 

Accueil | |Avant-propos | Camps de Rennes |Visites  du C.C.I.R. |Témoignages français et allemands

Le service de commandement des camps de P.G.A. Rennais, selon un témoignage, aurait été installé rue de Paris face au square de la Motte, sous les ordres du Colonel Terrien de la Chaise.

Deux camps de P.G.A. ont été créés au titre de l’Armée Française par autorisation du Ministère de la Guerre le 20 juin 1945 selon les documents d’archives des camps 1101 et 1102 trouvés dans les archives militaires au Château de Vincennes à Paris (cote 7 U 2569).

Les comptes rendus de visite de ces camps par la Croix Rouge qui ont été retrouvés dans les archives du CICR (Croix Rouge internationale) à Genève, indiquent que ces deux camps comprenaient plusieurs dépôts annexes également contrôlés.

Une première remarque s’impose  c’est que du 4 août 1944 au 19 juin 1945, la France n’a aucune responsabilité dans la gestion des camps de P.G.A., gardés par l’armée américaine.

Le camp de Verdun (Dépôt 1101)

Il était situé boulevard Jean-Mermoz (route de Redon), juste après la ligne de chemin de fer et le camp 1102 de la Marne.

Entre le 1er et le 7 février 1939, 3000 familles de réfugiés civils espagnols sont arrivés en Ille-et-Vilaine. Pour les accueillir, le département ouvrit six centres: Redon, Vitré, Fougères et trois sur Rennes(le bâtiment de la Piletière, le camp de Verdun et celui de Saint-Cyr.
 

Garcia Gabrielle et  Matas Isabelle "La mémoire retrouvée des Républicains espagnols" Pour le commander

 

 

 

Le camp 1101, route de Lorient a été créé par autorisation du Ministère de la Guerre Français le 21 juin 45, mais un rapport sanitaire au dossier situe les premiers regroupements de P.G.A. à cet endroit à partir d’avril 45. sous gestion américaine. Un camp annexe séparé du camp 1101, appelé "le camp SS de la Motte" était affecté aux criminels de guerre.Ce camp a servi de dépôt de rapatriement  dès 1945.

Le journal de marche du camp 1101 n’indique pas le nombre de prisonniers allemands, hérité des Américains. (mais les délégués de la Croix Rouge indiquent les effectifs présents lors de leur passage).

11/9/1945

4008

21/3/1946

5200 dont 400 au camp SS de la Motte aux Chanceliers

La finalité du camp 1101 est qu’il devient un camp de transit à partir du début 1947: transit de P.G.A. venant des différents camps extérieurs et en attente de rapatriement vers l’Allemagne.

Un rapport du père aumônier au dossier indique que le camp était divisé en trois " cages " correspondant aux zones de rapatriement vers l’Allemagne. Les cages 1 et 2 étaient constituées de baraquements et la cage 3 était constituée de hangars.

L’ homme de confiance désigné d’un commun accord au titre de l’aide des P.G.A. se plaint au délégué de la Croix Rouge de l’insuffisance des rations alimentaires, du fait que des membres infirmiers théoriquement protégés ne le sont pas, de la confiscation de matériel chirurgical au cours de fouilles etc...

Concernant les activités organisées on trouve le sport, le cinéma, le théâtre, la musique, des cours et des examens de français et de langues étrangères, une bibliothèque...

.Concernant l’aspect religieux : chaque cage avait son lieu de culte. Un rapport du pasteur WEL, aumônier protestant, indique qu’il n’y a pas assez de pasteurs pour le culte protestant et que la fréquentation diminue selon lui avec la connaissance de la détresse générale en Allemagne

Suit aussi un rapport du Père Augustin Stander aumônier catholique. Le Dr Willer apparaît comme un joueur d’orgue averti et estimé.

Des jardins potagers sont mis à disposition des P.G.A. pour améliorer leur ordinaire

Pour la situation sanitaire, un compte rendu (annexé au journal de marche du camp) du Dr Fiek, médecin chef allemand, présent depuis avril 1945, indique qu’il n’y avait pas dans ce camp de cas de sous-alimentation en avril 1945. Les maladies observées étaient la gale et la diarrhée. En Juin 1945 il y eut une épidémie d’érysipèle et 140 cas de fièvre typhoïde.

Est cité également dans le journal de marche du camp, un convoi de P.G.A. de Kreuznach, sous-alimentés et très affaiblis : marasme, œdèmes pneumoniques, diarrhées, entraînant un grand nombre de décès, notamment entre Août et Septembre 1945. Ce fait se trouve confirmé par un témoignage figurant pages 152 et 153 du livre " morts pour raisons diverses " -édition 1991- mais la date est légèrement différente : Extraits : En quittant Bad Kreuznach, au mois de mai 45, Heinz T. se disait que son convoi de compagnons malades et affamés représentait vraiment un bien étrange cadeau pour les Français...

L’état de santé empire avec l’arrivée le 6 janvier 1946 de P.G.A. du camp 1102 à rapatrier : sous-alimentés, œdèmes de carence, diarrhées incurables aggravées par la nourriture de soja, furonculoses, dermatites, eczéma, etc. Le rapport note aussi les poux, les soldats mal habillés, mal logés au camp 1102. Les décès augmentent rapidement les quatre premiers mois de l’année 1946 : 32 en janvier, 8 en Février, 43 en mars, 27 en avril, plus quelques cas de diphtérie venant de la cage 1

Huit à dix litres de lait par jour sont mis à la disposition de l’infirmerie. L’état de santé finit par s’améliorer. Les cages sont désinfectées. Mais les nouveaux P.G.A. qui arrivent au camp de transit pour être rapatriés amènent leurs poux.

A l’infirmerie, il y avait 260 à 280 lits environ de prévus, ainsi répartis : une petite infirmerie dans chaque cage : 70 lits dans la cage 1, 40 lits dans la cage 2 et 20 lits dans la cage 3. et une infirmerie centrale de 150 lits.(130 dit la Croix Rouge) avec un personnel protégé comprenant 10 médecins, 2 dentistes, 1 pharmacien et 16 infirmiers. On trouve aussi la référence à l’ hôpital Régional de P.G.A. à la "Prévalaye" tout proche..

Le procès-verbal de dissolution du camp du dépôt de P.G.A. 1101 est signé le 30 juin 1947 par le chef d’intendance militaire Robillard Quartier Foch Rennes 3ème Région Militaire. Une note de service N° 10590 du 20 juin 1947 indique que tous les mouvements de P.G.A. doivent désormais être dirigés sur le camp 1102 . Un P.V. de reddition des comptes, daté du 17 avril 1953 est établi par le CTAC 351.


Visite du dépôt 1101 de Rennes par le C.C.I.R. le 21 mars 1946

Par M. Courvoisier

Le jour de la visite, une commission russe était en train d’examiner les ressortissants baltes.

Ce camp est un camp "de transit" regroupant les prisonniers de guerre en mauvaise santé, provenant de tous les camps de la 3° Région Militaire, ainsi que les prisonniers arrivant des Etats Unis après être passés par le camp de Bolbec. A cette date du 21 mars 1946 la cage 1 est réservée aux rapatriables dans les trois zones d’occupation en Allemagne, la cage 2 aux rapatriables de la zone Russe seulement, et la cage 3 aux prisonniers arrivant des Etats uni

Commandant du camp: commandant Cadieu.

Le médecin chef français est le Commandant Brivet. L’homme de confiance est le Caporal Rholing. Le médecin allemand est le Dr Saas "stabsarzt.

Effectif: 5600 prisonniers dont 5200 au camp et 400 au camp SS de la Motte aux Chanceliers

Les nationalités : Allemands, Hongrois, Lithuaniens, Lettons.

Logement:
Ce dépôt est un ancien camp américain en mains françaises depuis le 25 juin 1945.

Il sert actuellement de camp de transit où sont regroupés les prisonniers de guerre en mauvaise santé, provenant de tous les camps de la 3° région militaire. d'autre part, les prisonniers arrivant des États-unis sont acheminés sur Rennes après avoir passé par le camp de Bolbec.

Ce camp est divisé en 3 "cages":

"cage" 1: rapatriables dans les 3 zones
"cage" 2: rapatriables dans la zone russe seulement
"cage" 3: prisonniers provenant des États-unis

En outre, ce camp comprend une infirmerie centrale, située un peu à l'écart des autres baraques du camp.
Les conditions de logement sont médiocres. chaque prisonniers dispose d'une couchette, mais il manque encore des paillasses.

Nourriture:
La nourriture est nettement insuffisante. il semble que le commandant de dépôt se contente d'un minimum de calories.
les prisonniers reçoivent bien 1.800 calories , mais ce total comprend la ration quotidienne de 200 g de farine de soja(le pain lui-même en contient 25%); en outre, les matières grasses, vendues sous le nom d'Oileca Simon ne comprennent en réalité que 40% de graisse.
En général, les prisonniers se plaignent de ce que la farine de soja occasionne chez eux de nombreux troubles, entre autres, des gastro-entérites. Dans sa déclaration au délégué de la Croix Rouge du 21 mars 1946 le médecin chef allemand indique que 90% des prisonniers sont à cette date dans un état de sous-alimentation , que l’infirmerie contient actuellement 600 lits (280 places ! )occupés par de grands malades et qu’il est mort dans ce camp 60 prisonniers en deux mois (un par jour).

Habillement:
A cet égard, une sérieuse amélioration s'est produite ( des vêtements ont été envoyés d'Allemagne).

Hygiène:
La vermine est peu abondante parce que le camp possède une étuve. la poudre DDT, extrêmement rare, est réservée à l'infirmerie.
Les douches fonctionnent dans les "cages"1 et 3; alors qu'une panne s'est produite à la "cage" 2.
(L'attribution de savon est normale).
Les latrines sont suffisantes; elles se déversent dans l'égout.

Soins médicaux:
L'infirmerie centrale se compose de 4 baraques pouvant contenir 130 malades; en outre, une baraque a été montée pour servir de dispensaire et de salle de pansement.
Le personnel protégé comprend: 10 médecins, 2 dentistes, 1 pharmacien et 36 infirmières.
Tous les prisonniers disposent de 3 couvertures.
Les malades touchent les mêmes rations que les autres prisonniers. A ce sujet, notre délégué a demandé au Commandant de dépôt s'il ne serait pas indiqué qu'il intervienne auprès du Service de Santé pour que l'on accorde une ration supplémentaire pour un minimum de 100 prisonniers; cela permettrait ainsi de faire suivre quelques régimes aux malades.

Nombre de malades:

à l'infirmerie centrale

130

à l'infirmerie du bloc 1

150

à l'infirmerie du bloc 2

130

à l'infirmerie du bloc 3

30

Maladies dominantes: faiblesse générale, cachexie, œdème de la faim, tuberculose

à l'infirmerie centrale

30 cas de tuberculose ouverte

à l'infirmerie du bloc 1

32 cas de tuberculose fermée

à l'infirmerie du bloc 2

90 cas de tuberculose

à l'infirmerie du bloc 3

 

Ces malades ne reçoivent pas non plus de suppléments et c'est pourquoi les médecins allemands redoutent que les décès se produisent prochainement.
Les médicaments qui manquent le plus sont les sulfamides, le glucose en poudre, les vitamines C et le plasma ainsi que du matériel de pansement. Le médecin allemand serait également heureux de recevoir de la poudre insecticide et de l'urotropine.

Décès:
du 5 au 20 mars, 60 décès sont survenus, dont 55 étaient dus à la sous-alimentation.

Entretien avec l'homme de confiance:
L'homme de confiance a formulé les plaintes suivantes.

  1. les rations alimentaires sont nettement insuffisantes

  2. les prisonniers considérés comme rapatriables sont encore au dépôts depuis novembre et leur état de dépérissement est très inquiétant.

  3. la cantine n'est pas organisée;

  4. l'argent de camp manque

  5. les douches ne fonctionnent pas au bloc 2

  6. les membres du personnel protégé ne sont pas considérés par les autorités comme tels

  7. les vêtements provenant de Baden-Baden ont été distribués par les autorités françaises.

  8. au cours des fouilles, on a confisqué du matériel chirurgical qu'un médecin provenant de Lamballe avait apporté avec lui.

L'homme de confiance de la "cage" 3 se plaint de ce qu'au cours du transport de Bolbec à Reims, le 14 mars 1946, les prisonniers furent fouillés par des hommes de garde qui leur a enlevé montres, bracelets, bagues, tabac, savon etc. En outre, il leur a été enlevé du tabac et du savon à leur arrivée au camp, sans que l'homme de confiance puisse contrôler les objets enlevés aux prisonniers.

(Suit une annexe rédigée par le docteur Julliard, délégué CICR, demandant le rapatriement , sans aucun délai, des prisonniers jugés rapatriables , qui attendent depuis de longs mois.

Copie traduite de la déclaration faite par le médecin allemand concernant les attributions de farine de soja et leur effet sur les prisonniers de guerre.

 

Le 3 mai 1946, une nouvelle visite constate que le camp 1101 est devenu l’un des 3 camps de transit de la 3ème région militaire. Il reçoit des P.G.A. venant des Etats-Unis et groupe les prisonniers de la zone territoriale correspondant à l’ancienne 11 ème région militaire., en vue de leur rapatriement. Un certain nombre vient de l’hôpital régional de la Prévalaye; Il est indiqué que 1600 prisonniers rapatriables sanitaires originaires de la zone russe ne pouvaient rentrer chez eux pour le moment.

La situation alimentaire s’est grandement améliorée, encore que la réapparition de la carte de pain partout en France a amené la suppression des 100 gr de pain supplémentaires accordés depuis l’automne dernier.

Le 12 juin 1946, l’entretien avec l’homme de confiance fait ressortir que la trop grosse ration de farine de soja a été réduite de 200 à 80 gr, compensée par l’attribution d’une ration de légumes sec et de pâtes alimentaires, et que les trains de rapatriables sont normalement acheminés sur Bretzenheim ou Tuttlingen ...

Le 14 août 1946, le Dr de Morsier et M. Courvoisier de la Croix Rouge constatent qu’il ne reste plus que 3000 prisonniers dans le camp 1101, dont 13 autrichiens qui n’ont pas été présentés à la commission autrichienne. D’autre part,186 malades sont constatés présents à l’infirmerie. Aucun décès n’est survenu pendant le mois de Juillet 1946. Les prisonniers ont reçu des instruments de musique par l’Y.M.C.A. qui leur a remis également un ballon de football... Il est rappelé que s’agissant d’un camp de transit, les prisonniers ne travaillent pas..

Les P.G.A. blessés ne reçoivent pas de certificat médical circonstancié. Ils n’auront donc aucun droit de recours une fois rentrés chez eux

 

Le camp de la Motte aux Chanceliers

(Annexe du camp 1101, réservé aux criminels de guerre)

Compte rendu de visite   de la Croix Rouge Internationale au camp de la Motte

Le 24 mars 1946, le rapport situe le camp de la Motte à 2 km de Rennes sur la route de Rennes/Vannes et souligne qu’il n’a été ouvert qu’en août 45. Il est commandé par le Capitaine Falguerette. L’homme de confiance est le premier lieutenant: Kieschee. Le doyen du camp est le Colonel Imholz. le médecin allemand le Dr Laube .Les effectifs sont de 330 présents et 64 détenus à la prison de Rennes. Les prisonniers internés dans ce camp sont inculpés de "crimes de guerre" ou sont gardés comme témoins. Ils sont logés dans des baraquements de bois.

La nourriture est limitée à 1200 calories jour, dont 200 gr. de soja + 50 gr dans le pain.

Concernant l’hygiène, le camp dispose d’un stock de D.D.T. Les prisonniers peuvent se doucher une fois tous les 15 jours. mais la distribution de savon est insuffisante.

Concernant les soins médicaux, l’infirmerie est jugée bien installée, mais le médecin-chef fait remarquer la rareté des médicaments et l’absence d’instruments de chirurgie.. Le nombre de malades présents le jour de la visite est de 130 cas pour œdèmes et 6 cas pour cachexie.

Le 7 juin 1946 Il apparaît que de nombreux prisonniers du camp, détenus à la prison Jacques Cartier depuis 11 et 12 mois n’ont pas encore été entendus par un Tribunal et que leur nourriture est toujours insuffisante. Des semences pour le jardin potager ont été remises à l’homme de confiance.

 

Le camp de la Marne (Dépôt 1102) ( ex PWE 12)

 

Le camp 1102 en grand format (Collection Benno Kauffeldt)

 

 

C'était le plus grand. II était situé à gauche sur la route de Redon (après la rocade quand on vient de Rennes), face au restaurant H la ville en pierre ». II partait de la « Ville-en-Pierre » et rejoignait le camp de la Prévalaye le long d'une ligne de chemin de fer qui desservait la camp Todt de Piparc, route de Lorient. Cette ligne n'existe plus.

Le 26 juin 1945, les Américains cèdent le camp aux Français avec 48 380 P.G.A.

Le journal de marche du camp 1102 couvre la période du 20 juin 1945 au 28 février 1947. Ce camp est appelé dans le civil " camp de la Marne ". Il se situait sur l’ancienne route du camp d’aviation de Rennes/St Jacques.

Il est précisé dans un document du journal de marche du camp 1102 que les Américains ont cédé ce camp aux Français entre le 20 juin 1945 à 4 heures et le 29 juin 1945 avec 48 380 P.G.A. répartis en 15 blocs appelés " cages " et qu’ils ont tout emporté en quittant ce camp sauf quelques tables, les cuisines et quinze jours de vivres, ainsi qu’un bon à valoir sur le Trésor Américain.

Pour l’installation des Français, le 21 juin 1945 c’est le lieutenant colonel Hermann qui en a la charge, assisté de 12 officiers et 8 hommes de troupe. Le bureau est installé sommairement dans un baraquement en bois. La gestion est composée d’un effectif de 16 officiers, 12 sous-officiers, et 20 hommes de troupe. La garde proprement dite des P.G.A. est confiée au départ, au 137ème R.I.

L’origine des P.G.A. est diverse et chiffrée dans le dossier : 214 Polonais, 7 Hollandais, 1 Danois, 4 Luxembourgeois, 23 Alsaciens, 224 Tchécoslovaques, 31 Italiens, 419 civils allemands et 47.457 P.G.A.

Le journal précise que les P.G.A. sont d’abord abrités dans des tentes baraques et couchent à même le sol, sans paille au départ. Les tinettes sont vidées chaque jour dans la Vilaine. Six cuisines sont installées dans le camp pour les 15 "cages". Il est également précisé dans le journal du camp que les P.G.A. appréhendaient l’arrivée des Français.

En juin 45, aucun P.G.A. de ce camp n’est encore mis à la disposition de l’économie civile. Seule la Marine Française emploie 50 P.G.A. et l’Aviation 60 P.G.A.

La situation sanitaire est déplorable : au 29 juin 1945, on enregistre 29 cas de décès par typhoïde, ainsi que 13 cas par suite de faiblesse générale. Au 14.7.45 : 440 cas sont hospitalisés et 25 cas sont en infirmerie.

Le personnel sanitaire est constitué de deux médecins français : Mabin et Fresneau et neuf médecins allemands : Bergotte, Grotte, Ruping, Ernsbach, Gerdes, Goldchmitt, Niederle, Puhl, Bernstein.

Un P.V. du 4 juin 1946 de la 3° R.M., ex-11° R.M., cite comme Chef de Bataillon le Colonel de Montigny et 151 inscrits sur les corps de garde.

Un rapport au dossier établi par l’homme de confiance Paul Olke indique entre autre la possibilité qu’on lui octroie de redistribuer de l’argent aux plus indigents. Un autre rapport de l’aumônier protestant Friedrich Janczikewsky affecté au camp le 5 septembre 1947, daté du 15 mars 1948 dit ceci: " J’ai toujours été traité avec bienveillance mais les visites aux commandos n’étaient plus possibles à cause des soudains rapatriements... "

On sait par ailleurs que de nombreux commandos de travail sont partis de ce camp pour le déminage, pour la reconstruction des maisons et des routes à Rennes et dans les communes voisines, et pour les travaux des champs etc...

Ce journal de marche du camp 1102 contient aussi une citation du commandement français : " Gagner la Paix " (Charles de Gaulle) passe aussi par l’attitude du vainqueur face à son ennemi d’hier :
Extirper la haine et proscrire la vengeance
Rechercher les coupables et les déférer à la Justice
Accepter la collaboration des éléments de bonne volonté.

 

Compte-rendu de visite de la Croix Rouge Internationale du Camp 1102

Le 23 mars 1946, le commandant du camp est le chef de Bataillon Baulny, le médecin chef est le Commandant Privet, le médecin allemand Peters "Oberarzt", l’homme de confiance Hoenen Richard, le prêtre Heinrich, le pasteur Weber . L’effectif inscrit est de 10 250 P.G.A. dont 442 à l’hôpital régional allemand de la Prévalaye et146 à l’infirmerie. 2 948 sont présents au camp le jour de la visite et 6 714 en commandos de travail.

Concernant la nourriture les travailleurs reçoivent 2000 calories jour, les non travailleurs 1850.calories jour. Concernant l’habillement les prisonniers allemands en reçoivent d’Allemagne mais pas les autrichiens. Une cantine s’est ouverte en novembre 1945 ou les prisonniers peuvent trouver du dentifrice, du cirage, du savon, des lames de rasoir, de l’eau de Cologne etc...

Le personnel sanitaire comprend 4 médecins, 1dentiste, 1 pharmacien, 16 infirmiers.

Les décès ont été de 25 prisonniers au cours des 30 derniers jours, dont 80% pour cause de sous-alimentation. Le 29 1 46 , 80 P.G.A. de ce dépôt 1102 ont été rapatriés.

Une bibliothèque comporte plusieurs centaines de livres. Concernant la discipline, le port des décorations est autorisé. Le vol ou tentative d’évasion sont punis de 30 jours d’arrêt. Concernant le travail, les P.G.A. font 8h par jour. et touchent 5 francs directement et 5 autres francs sont versés sur leur compte personnel. Les P.G.A. ont le droit d’écrire une lettre et une carte par mois. A partir d’avril 1946, ils auront le droit d’en écrire le double.

L’homme de confiance se plaint entre autre que des civils soient encore au camp 1102. Il demande par ailleurs que des étudiants en théologie soient transférés sur Montpellier pour y continuer leurs études.

Le P.V. de dissolution du camp 1102 (et de la 422ème Cie) est daté du 31 décembre 1948.

Le camp de la Chevrolais

Nous n'avons que 2 témoignages sur ce camp:

Anonyme de Saint -Jacques-de-la-Lande.
A partir d’août 1944, à la Basse Chevrolais, il y eut un camp de Russes blancs, Mongols, enrôlés par les allemands, portant l’uniforme allemand, et faits prisonniers par les Français. Ils ne sont restés là que 5 ou 6 mois car, à cause des inondations du Blosne, ils étaient dans la flotte.

M. Le M. de Saint -Jacques-de-la-Lande
A la Basse Chevrolais, il y avait des prisonniers Russes et Allemands. Les prisonniers Russes avaient été embrigadés dans l’Armée Allemande. Ils étaient sous des grandes toiles de tente de l’armée. A un moment, ils avaient fait une estrade et des communistes Français venaient haranguer les prisonniers Russes en leur disant : « Rentrez dans votre Pays, ne restez pas avec les Allemands ». On passait à côté, sur la voie ferrée, donc on était au-dessus d’eux. Un jour, on a vu qu’il y avait un drapeau rouge avec la faucille et le marteau. Les Russes et les Allemands étaient séparés.

L'hôpital de la Prévalaye

 

Compte-rendu de visite de l'hôpital régional allemand de la Prévalaye

Le 4 mai 1946, le Dr de Morsier du C.I.C.R. constate que 250 malades environ y sont hospitalisés, dont 50 tuberculeux en attente de rapatriement depuis des mois..Malgré une récente amélioration le médecin délégué constate que les malades sont encore très à l’étroit sous des tentes et n’ont pas de lumière, de confort et pas assez d’aération.Des baraques sont en cours d’installation.

La veille, le 3 mai le Dr de Morsier s’est entretenu au siège de la Direction régionale du service de santé de Rennes avec le médecin colonel Martin, le médecin commandant Arthenac et le médecin commandant Rocquet. Ils ont évoqué les problèmes des divers centres hospitaliers de Bretagne, Normandie, Vendée, Sarthe

Ils demandent que tous les malades fiévreux puissent avoir des lits convenables avec des draps et pas seulement des couvertures, ce qui n’est pas hygiénique. Ils émettent l’avis de faire rapatrier au plus tôt les inaptes, car la place manque pour soigner les cas aigus.

Suit un rapport médical concernant l’ensemble du camp 1102 et annexes constatant que des inaptes nommément désignés, diagnostics à l’appui, établis à l’hôpital allemand de la Prévalaye, ont bien été dirigés sur le camp de transit 1101 pour être rapatriés.

Il est précisé que le camp 1102 (dont dépend l’hôpital) ne fait pas encore bonne impression aux délégués de la Croix Rouge.

Le 5 mai 1946, le rapport constate qu’un bon nombre de prisonniers ont été inscrits sur la liste des rapatriables et que la nourriture a été améliorée de manière sensible.

Mais, l’homme de confiance et le médecin ont prié le délégué d’intervenir auprès du commandant du camp pour que cessent les mauvais traitements infligés par les sous-officiers français aux prisonniers aux arrêts.

Témoignage de Mr Sicot, infirmier à l'hôpital de la Prévalaye (Lire)

 

Il était situé dans une prairie clôturée de deux hectares, exploitée à l'époque par M. Gardan, sur la route de Sainte-Foy, face au château de la Prévalaye que les Allemands avaient détruit le 3 août 1944.M. T. inspecteur de police à Rennes, se souvient de 2 ha clôturés à la Prévalaye. remplis de P.G.A.

Le camp Arnold ou du Moulin-du-Compte

Il était situé route de Lorient. D'après certains témoignages, on y avait regroupé d'anciens SS et des membres de la Gestapo.

Témoignage de M. M. de Rennes
Il y avait un camp de P.G.A. au Moulin du Compte, au virage de la route de Lorient et du Bd Marboeuf, face à un bureau de tabac. Il s’appelait le camp Arnold . Il y avait aussi des P.G.A. au bout du Canal St Martin, près des Tanneries Le Bastard "Le Cuir Lissé" dans une grande prairie au bout d’une ruelle à droite, à l’angle du café épicerie Morel, après avoir passé un vieux pont de bois.


Trois autres camps: Celui de la gendarmerie (rue de Fougères) qui aurait hébergé des officiels allemands pendant 15 jours à la Libération ; celui du Couvent des Jacobins (rue d'Échange) sur lequel nous avons peu d'informations ; celui desT

anneries de France et des Tanneries Le Bastard, le long du canal Saint-Martin.

 

Accueil | Avant-propos | Camps de Rennes | Visites C.C.I.R. |

 

Pour enrichir la mémoire du passé, le groupe .G.A. de l'Université du Temps Libre de Bretagne recherche de nouveaux témoignages des P .G.A. eux-mêmes, ou en rapport avec les P.G.A. d'une manière générale, se rapportant à la capture, à la vie dans les camps à la garde des prisonniers, à l'aspect sanitaire, à la mortalité, au déminage, au travail, aux traces laissées par les PGA : tableaux, peintures, écrits, correspondances personnelles, à leur retour au pays, aux difficultés de réinsertion etc... (A l'inverse, nous recueillons également les mêmes informations sur les P.G. français et la Résistance en Bretagne pour un projet d'étude identique à celle des P.G.A.
Écrivez-nous