Plan du site - Liste des biographies ou témoignages

Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents  sur ce dossier  

 

Noël 1943, ils étaient huit enfants enfermés avec leurs mamans, courageuses patriotes, dans la sombre Centrale de Rennes

"Huit petits enfant qui ne connaissaient comme horizon que les murs des prisons, les grillages des fenêtres, les costumes de bure de leur mère et les sévères uniformes noirs des gardiennes.

Il y avait Jo et Ita, Jeannot et Claudine, Juliette et Claude, Bébiette et Gérard. l'aîné avait trois ans, le plus petit neuf mois.

Les mères leur parlaient Noël et des sapins lumineux aux étoiles et fils d'argent resplendissants. les enfants en rêvaient, les plus grands bien sûr, les tout petits ne comprenaient pas encore...

Les mères décidèrent qu'ils auraient leur arbres. Elles l'ont confectionné avec des branches mortes des fagots, elles l'ont décoré et, leur amour l'aidant, elles en ont fait un bel arbre vivant, étincelant d'or et d'argent, de boules aux couleurs vives et d'étoiles et de fleurs. cent bougies, elles y ont placées, et des jouets magnifiques qu'elles ont réalisés de leur doigts habiles ou qui leur ont été offerts en cachette par les prisonnières politiques des ateliers 6 et 7.

Et, le matin de Noël, un maman déguisée en Père Noël, avec une longue barbe et des cheveux de neige sous un bonnet rouge, pliait sous le poids d'une botte remplie jusqu'au bord de merveilles.

Et les petits de battre les mains autour du Père Noël; jusqu'aux deux benjamins qui traînaient à quatre pattes..

Ce fut un beau jour parmi les jours tristes et ternes de la Centrale de Rennes.

Des huit petits enfants, sept sont vivants. Bébiette et sa maman, notre Micheline, ont été gazées à Auschwitz fin 1943, Jo et Juliette ont eu leurs papas mort fusillés, le père du petit Claude  est mort en déportation." 1

Enfants identifiés

 

Gérard London, né le 3 avril 1943, fils de d'Elisabeth Ricol et d'Arthur London, sorti le  15 ou 16 mai 1944.

Elisabeth Ricol London est née le 1/12/1916 à Montceau-les-Mines  de parents espagnols émigrés (71).Elle fait la connaissance à Moscou d’Arthur London, communiste tchèque. En septembre 1936, tous deux s’engagent dans la Guerre d’Espagne. Lise travaille jusqu’en juillet 1938 au Quartier Général des Brigades internationales d’Albacéte. Elle rentre alors à Paris et met au monde son premier enfant, une petite fille prénommée Françoise, née en novembre 1938. Dès juillet 1940, Lise entre dans la Résistance. Elle est membre de la direction du mouvement des Femmes patriotes de la Région Ile-de-France. Elle met en rapport les organisations clandestines espagnoles et les premiers groupes de résistance français, sous l’égide du PC. Les Espagnols, organisés dans toutes les communes de la région parisienne, s’attachèrent à multiplier les sabotages dans les usines qui les employaient. En août 1942, elle prend la tête d’une manifestation en plein cœur de Paris et appelle à la lutte armée. Arrêtée et emprisonnée, elle est jugée un an plus tard, le 15 juillet 1943, par le Tribunal d’Etat français, qui requiert sa condamnation à mort. Sa peine est commué en travaux forcés à perpétuité à la naissance de son fils Gérard. Internée à la Centrale de Rennes (n° d'écrou 11136, atelier "nourrices"), elle est  déplacée vers le Fort de Romainville le 17 mai 1944. Comme son mari, Arthur London a, lui aussi, été déporté dans les camps de concentration nazis, ce sont les grands-parents Ricol, qui s’occupent déjà de leur petite fille, Françoise, et vont prendre le bébé en charge. Lise Ricol est déportée de la gare de l’Est vers Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 30 mai 1944 et deux semaines plus tard, le 13 juin 1944 elle est  transférée au KL Ravensbrück où elle reçoit le matricule 42171. Le 21 juillet 1944, Lise London est envoyée dans le kommando de Hasag-Leipzig, un camp extérieur de Buchenwald, où elle occupe le poste de Stubova (responsable de chambrée) dans le block des Françaises. Cette fonction lui permet d’apporter quelques soulagements à ses camarades et de renforcer leur volonté de survivre et de résister. Lise parvient à s’évader avec quelques camarades, au cours de la marche d’évacuation du camp qui commence le 13 avril 1945. Elles sont libérées par un groupe de soldats américains le 8 mai 1945 à Orchatz.

Témoignage de Lise Ricol-London, paru dans Le Patriote Résistant, novembre 1968.

Biographie de Lise Ricol

Claudine Ricol

Sa mère, Odette Pourchasse née le 18 août 1918 à Paris, est la belle-soeur d'Elisabeth Ricol. Internée à la Centrale de Rennes , elle est  déplacée vers le Fort de Romainville le 17 mai 1944. Elle est déportée de la gare de l’Est vers Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 30 mai 1944 et deux semaines plus tard, le 13 juin 1944 elle est transférée au KL Ravensbrück ou elle reçoit le matricule 42216. Le 4 août 1944, elle est transportée vers Leipzig, Kommando dépendant du KL Buchenwald . Elle sera libérée en mai 1945.

Claudine  Elrich (Bébiette)

Fille de Micheline (Marie Goldfarb). Elle travaillait dans un groupe FTP-MOI dont son compagnon, Marc Elrich était le chef. Ils ont été arrêté tous ensemble ainsi que quelques camarades quelques jours avant le débarquement des troupes alliées en Afrique-du-Nord3.

Née le 18 mai 1922, sa famille originaire de Pologne orientale a émigré à Paris quand elle était enfant. Internée à la Centrale de Rennes.  Bien que libérable, elle est livrée  avec sa fille Bébiette, par les Français aux SS, parce juives. Micheline est déportée le 10 février 1944 par le convoi n° 68 parti de Drancy vers Auschwitz où elle sera gazée.
 

Juliette (2 ans)  Rolland

Née le 13 mai 1942 à Rennes à la maternité de Ponchaillou. Lucienne Rolland, sa mère et son compagnon Jules Brugot font partie d'un groupe d'une dizaine de résistants dont l'activité principale est une activité de propagande, d’impression et de distribution des tracts et de journaux. Le groupe est arrêté le 26 août 1941 en fin d’après-midi à Auxerre, lors d’une importante opération menée par les services de la police française. Les Allemands considèrent Jules Brugot comme « le chef départemental du PCF » ; il est incarcéré à la prison d'Auxerre et condamné à mort par un tribunal militaire allemand début janvier 1942. Il est fusillé le 13 janvier 1942 sur le champ de tir d'Egriselles-près-Auxerre
 Article sur Jules Brugot              Biographie de Lucienne Rolland

Claude Fournier 

Né le 4 décembre 1942, Claude est élevé par sa mère à la prison Centrale de Rennes comme sept autres enfants de prisonnières.
Rosa Rubinstein témoigne dans son livre2  de son départ de la prison:

"Les gardiennes de la prison ont décidé de tenter de faire sortir les enfants avant le départ de leurs mères, mais il faut faire vite et seules, elles ne peuvent rien faire. de la rue nantaise à la prison, il y a une bonne demi-heure de marche mais Rosa accepte, malgré la présence des rondes, de parcourir les rues désertes de l'après couvre-feu. A la porte de la prison, on lui remet un landau où dort un bébé tout blond, et une petite valise de linge. Ramené sain et sauf, le petit Claude reste quelques jours chez Rosa, jusqu'à ce que sa grand-mère vienne le chercher pour l'emmener à Paris, par un des derniers trains avant les désordres du débarquement."

 

Sa mère Lalet Eugénie. (Dite Fartière) Hélène.

Née Lory le 9 février 1923 à Lambezellec (29). Son mari, responsable des Mouvements des étudiants communistes a été arrêté après la manisfestation du 11 novembre 1940  à Paris et, fusillé le 22 octobre 1941 à Chateaubriant  en compagnie de vingt-six autres otages, en représailles du meurtre du Feldcommandant de Nantes.

 Eugénie Lalet rencontre en 1942 un autre résistant, Robert-Henri Fournier. Ils sont arrêtés ensemble  alors qu'elle attendait un enfant.

Internée à la Centrale de Rennes, elle est  déplacée vers le Fort de Romainville le 17 mai 1944. Elle est déportée de la gare de l’Est vers Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 30 mai 1944 et deux semaines plus tard, le 13 juin 1944 elle est transférée au KL Ravensbrück où elle reçoit le matricule 42189. Le 4 août 1944, elle est transportée vers Leipzig, Kommando dépendant du KL Buchenwald . Elle retrouve sa liberté en mai 1945.




Claude Fournier et sa mère
 Eugénie Lalet en  1947

 

 


Robert Henri Fournier

Né le 12 octobre 1917. Militant communiste, condamné par un tribunal militaire) à 10 mois de réclusion pour propagande communiste, s'évade et passe dans la clandestinité. Il fut ensuite arrêté le 10 Avril 1942, jugé le 20 Juillet, incarcéré à la Santé, puis Fresnes, Fontevrault (14/09/42), Blois (17/09/43). Déporté «NN» de Paris, gare de l'Est " vers Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 28 février 1944 à Gusen II,  puis  transféré à Mauthausen (60737 puis Gusen I . Il décède à Gusen le 5 mai 1945.


Carte d'interné politique de l'enfant Claude Fournier

Ita Mijoin  l'aîné des enfants a passé plus de trois ans en prison

Sa mère  Adèle née le 8 mars 1918 à Paris. Elle est arrêtée fin 1940 en même temps que son mari André.

Internée à la Centrale de Rennes, elle est  déplacée vers le Fort de Romainville le 17 mai 1944. Elle est déportée de la gare de l’Est vers Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 30 mai 1944 et deux semaines plus tard, le 13 juin 1944 elle est transférée au KL Ravensbrück où elle reçoit le matricule 42201. Le 4 août 1944, elle est transportée vers Leipzig, Kommando dépendant du KL Buchenwald . Elle retrouve sa liberté en mai 1945 à Polentz.

 

Jo Rabatel (près de 3 ans)

Sa mère, Line Rabatel née le 23 juin 1905 à Villeurbanne(69) a été arrêtée en même temps que son compagnon. (Ce dernier sera par la suite, fusillé comme otage).

Internée à la Centrale de Rennes, elle est  déplacée vers le Fort de Romainville le 17 mai 1944. Elle est déportée de la gare de l’Est vers Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 30 mai 1944 et deux semaines plus tard, le 13 juin 1944 elle est transférée au KL Ravensbrück où elle reçoit le matricule 42217. Le 4 août 1944, elle est transportée vers Leipzig, Kommando dépendant du KL Buchenwald . Elle retrouve sa liberté en mai 1945 .

 

Jeanneot

Sa mère, Marguerite Kroes née Street le 1er avril 1910 à Colombes. Institutrice communiste arrêtée pour avoir hébergé un militant étranger illégal.3. Internée à la Centrale de Rennes, elle est  déplacée vers le Fort de Romainville le 17 mai 1944. Elle est déportée de la gare de l’Est vers Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 30 mai 1944et deux semaines plus tard, le 13 juin 1944 elle est transférée au KL Ravensbrück où elle reçoit le matricule 42187.

Le transport parti de Paris, gare de l’Est, et arrivé à Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 30 mai 1944

 

Sources:
     M. Fournier fils
1 - Heures claires des femmes françaises ISSN 0983-2785. Bibliothèque nationales de France
2 - Moi Rosa Rubinstein. Mémoire d'une famille juive d'Odessa à Rennes (1908-1945). Sylvie Deroche Frecon. Ed. Apogée
3 - La mégère de la rue Daguerre. Souvenirs de Résistance. Lise London. Ed Seuil Mémoire. P 220; 259; 290
4 - Mémorial des déportés de France
5 - Mémorial juif :www.yadvashem.org/

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