Dans le contexte de départs réguliers des femmes détenues du
Fort de Romainville depuis avril 1944, un nouveau transport à
destination du camp de Neue-Bremm, quitte la gare de l’Est seulement
cinq jours après le précédent. Toutes sont regroupées dans des
wagons de voyageurs aux fenêtres grillagées, accrochés au train de
la ligne régulière vers l’Allemagne. A leur arrivée à la gare de
Sarrebruck, les déportées sont conduites au camp de Neue-Bremm, qui
ne constitue qu’une étape relativement courte avant leur transfert
vers le KL Ravensbrück.
Ce transport a la particularité d’être composé de femmes arrêtées
depuis longtemps, entre 1941 et 1943, accusées par les Allemands de
menées communistes. Ce sont en effet des membres du Front National
et des FTPF. Si toutes ne sont pas arrêtées dans les mêmes
départements, elles se retrouvent au cours de leur période
d’internement à la prison de Rennes, avant d’être transférées vers
le Fort de Romainville le 17 mai 1944. Par ailleurs, toutes sont
jugées en France et condamnées en général à une peine de travaux
forcés. Les départements d’arrestation les plus représentés sont la
Seine, le Nord et le Pas-de-Calais, le Rhône, le Gard et les
Bouches-du-Rhône.
Quelques femmes, responsables de secteur, sont dans ce transport,
comme par exemple celle chargée du recrutement au Front National des
Bouches-du-Rhône. Mais, la majeure partie d’entre elles sont arrêtées au cours
de distributions de tracts ou de presse clandestine, ou encore lors
de manifestations antiallemandes, comme celle de Paris du 13 mai
1943.
Deux semaines après leur arrivée à Sarrebruck, le 13 juin 1944,
toutes ces déportées, ainsi que celles arrivées le 26 mai, sont
transférées au KL Ravensbrück. Elles y arrivent le 15 et sont
immédiatement immatriculées dans la série des « 42000 ». Si
quelques-unes restent au camp central, 47 sont transférées le 4 août
1944, dans un important transport, vers Leipzig, Kommando dépendant
du KL Buchenwald. Elles y reçoivent des matricules situés entre 3891
et 4237. D’autres transferts sont connus vers Leitmeritz, Kommando
dépendant de Flossenbürg, situé en Tchécoslovaquie et, plus
tardivement en avril 1945, vers le camp de Bergen-Belsen. Enfin, une
femme est affectée au Kommando de Neubrandenburg, dépendant du KL
Ravensbrück.
Les femmes envoyées à Leipzig sont évacuées le 14 avril 1945, devant
l’avancée des troupes alliées. C’est une longue « marche de la mort
» qui commence alors jusqu’à leur libération et leur retour en
France
1. La libération de celles envoyées au KL Bergen-Belsen a
lieu le 15 avril 1945. Parmi celles restées au KL Ravensbrück, 3
bénéficient de l’intervention de la Croix-Rouge avant la libération
officielle du 30 avril 1945. (KATZ Marguerite , KATZENSTEIN Hanna,
POLLET Gabrielle)
Thomas Fontaine, Guillaume Quesne
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