18/10/2006

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Le 13 septembre 8 jeunes communistes sont traduits devant la Cour d'Appel, section spéciale

 "pour  détention et de distribution de tracts communistes, tendant à la reconstitution du parti dissous, par adhésion et versement  de cotisation."

Les peines sont lourdes: de 4 ans à 1 an de prison. Un seul est acquitté. 6 seront déportés par la suite en Allemagne. René Piguel décédera en déportation.

Les condamnés sont incarcérés dans la prison militaire Kergus rue St-Hélier

Dessin de Roger Blond

Croquis de la cellule où se trouvait Jean Courcier, Joseph Coquel, René Piguel et Georges Volant.


Fiche d'écrou

 

Liste des condamnés

BARBIER Robert. Né le 18 août 1920 au Mans (72). Arrêté à 20 ans le 4 août 1941 à pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la Cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 4 ans de prison. Déporté de Compiègne le 27 avril 1944 et arrivé au KL Auschwitz -Birkeneau le 30 avril 1944. Matricule 184999. Revenu. Autre lieu de déportation: Buchenwald.

COQUELET Joseph. Né le  5/10/1921 à Fontevraud (49). Arrêté à 20 ans le 6 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 18 mois de prison. Déporté de Compiègne le 27 avril 1943 et arrivé au KL Mauthausen le 18 avril 1943. Matricule 26208.

COQUILLET Louis. Né le 6 mars 1921, à Saint-Méen-le-Grand (35). Serrurier aux ateliers de la SNCF à Rennes. Il est arrêté une première fois début août 1941 à Rennes. Il réussit à s'évader.  Arrêté à Paris puis condamné avec 25 autres résistants  à la Maison de la Chimie à Paris le 13 avril 1942. Fusillé au Mont-Valérien le 17 avril 1942.

Document

 

COURCIER Jean. Né le 4 février 1921 à Bonnemain (35). Arrêté à 20 ans le 4 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 3 ans de prison . Déporté de Compiègne le 6 avril 1944 et arrivé au KL Mauthausen le 8 avril 1944. Matricule 62208 . Autre lieu de déportation: Güsen II. Libéré le 4 mai 1945.

DINARD Roger. Né le  13 juillet 1921 à St-Servan (35). Arrêté à 20 ans le 6 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 3 ans de prison.  Déporté de Compiègne le 16/4/1943 et arrivé au KL Mauthausen le 18 avril 1943. Matricule 26298.

LE CORNEC Raymond. Né le 10 octobre 1920 à Plouguernével (29). Arrêté à 20 ans le 8 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 4 ans de prison.  Déporté de Compiègne le  22 mars 1944 et arrivé au KL Mauthausen le 25 mars .Matricule 59778.

PIGUEL René. Né   le 28/3/1922 à Rennes. Arrêté à 19 ans et demi le 7 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 3 ans de prison. Déporté le 12 mai 1944 de Compiègne et arrivé le 14 mai 1944 au KL Buchenwald. Matricule 51002. Autre lieu de déportation: Dora. Décédé le 1er février 1945 à Ellrich (All.)

VOLANT Georges. 19 ans et demi. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 1an de prison. 

Assignation adressé à Jean Coursier pour comparaître devant la cour d'appel de Rennes, section spéciale le 12 septembre 1941
 
 

 

Lettre de Jean Courcier à sa famille

 datée du 14 septembre 1941, écrite depuis la prison Saint-Hélier le lendemain du procès.

 

Me voici toujours en forme et bon moral au lendemain de mon jugement. Vous savez sans doute le verdict, voici : 30 mois de prison, ce qui fait 2 ans et demi c'est à dire libre le 6 février 1944, 2 jours après mes 23 ans. Tout cela est bien monstrueux. Nous sommes 8 et les peines pour mes copains sont : 4 ans -4 ans - 3 ans - 18 mois - 18 mois - 15 mois et un an, plus un en fuite et l'autre acquitté. Soyez d'ailleurs certains que nous ne ferons pas ces peines là. C'est au nouveau tribunal spécial que les juges, en « grand tralala », robes rouges, décorations et tout et tout, ont prononcé ces abominables verdicts. 8 jeunes hommes de 19 à 2l ans accusés d'avoir attenté à la sûreté de l'État nous en rigolons encore.
Enfin, puisqu'ils se figurent que c'est après nous avoir enfermés quelques années que nous en sortirons repentants, laissons faire ces messieurs et qui aura raison ?? Peut être le bon droit ? Moi je l'espère. Vous allez peut-être me traiter de fou. Alors excusez-moi c'est le régime d'à ct'heure qui veut vivre, il est comme moi. Vous voyez il ne faut pas vous en faire pour moi je ne suis pas malheureux. Nous sommes encore aujourd'hui à St-Hélier et demain lundi 15 nous partons pour une nouvelle chambre, pour Le Mans. Nous serons mieux qu'ici car nous serons tous ensembles (tous les 7 mecs dangereux). Nous partons par l'express de 7 h 24. Ma grand-mère ne savait rien jusqu'au jugement c'est pour elle que «je m'en fais ». Je compte, si vous le voulez bien, sur vous pour lui écrire (quand elle saura) et lui dire que je ne souffre pas, que c'est un mauvais moment à passer etc. enfin la consoler de votre mieux et ne pas parler de prison.
Au jugement (impressionnant) tante Yvonne, Raymond, tante Madeleine, tonton Raymond, Roger, Monique étaient à côté de moi. J'ai vu les photos de Jeannot, tonton Jean. Jeannot doit être aussi grand que moi ? Peut être je le verrai bientôt. Aujourd'hui, maman, ma tante, tout le monde vient me voir pour la dernière fois et je vais leur donner ma lettre.
Je pense que vous êtes tous en bonne santé moi ça va mieux aller (?) et dans l'espoir d'être bientôt libre recevez mille baisers affectueux.
Jean Le maréchal Pétain peut encore atténuer la peine ou nous gracier.

NB : toutes les lettres de Jean Courcier sont retranscrites sans avoir été corrigées.
 

 

 

 

Le 13 septembre 8 jeunes communistes sont traduits devant la Cour d'Appel, section spéciale

 "pour  détention et de distribution de tracts communistes, tendant à la reconstitution du parti dissous, par adhésion et versement  de cotisation."

Les peines sont lourdes: de 4 ans à 1 an de prison. Un seul est acquitté. 6 seront déportés par la suite en Allemagne. René Piguel décédera en déportation.

Les condamnés sont incarcérés dans la prison militaire Kergus rue St-Hélier

Dessin de Roger Blond

Croquis de la cellule où se trouvait Jean Courcier, Joseph Coquel, René Piguel et Georges Volant.


Fiche d'écrou

 

Liste des condamnés

BARBIER Robert. Né le 18 août 1920 au Mans (72). Arrêté à 20 ans le 4 août 1941 à pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la Cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 4 ans de prison. Déporté de Compiègne le 27 avril 1944 et arrivé au KL Auschwitz -Birkeneau le 30 avril 1944. Matricule 184999. Revenu. Autre lieu de déportation: Buchenwald.

COQUELET Joseph. Né le  5/10/1921 à Fontevraud (49). Arrêté à 20 ans le 6 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 18 mois de prison. Déporté de Compiègne le 27 avril 1943 et arrivé au KL Mauthausen le 18 avril 1943. Matricule 26208.

COQUILLET Louis. Né le 6 mars 1921, à Saint-Méen-le-Grand (35). Serrurier aux ateliers de la SNCF à Rennes. Il est arrêté une première fois début août 1941 à Rennes. Il réussit à s'évader.  Arrêté à Paris puis condamné avec 25 autres résistants  à la Maison de la Chimie à Paris le 13 avril 1942. Fusillé au Mont-Valérien le 17 avril 1942.

Document

 

COURCIER Jean. Né le 4 février 1921 à Bonnemain (35). Arrêté à 20 ans le 4 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 3 ans de prison . Déporté de Compiègne le 6 avril 1944 et arrivé au KL Mauthausen le 8 avril 1944. Matricule 62208 . Autre lieu de déportation: Güsen II. Libéré le 4 mai 1945.

DINARD Roger. Né le  13 juillet 1921 à St-Servan (35). Arrêté à 20 ans le 6 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 3 ans de prison.  Déporté de Compiègne le 16/4/1943 et arrivé au KL Mauthausen le 18 avril 1943. Matricule 26298.

LE CORNEC Raymond. Né le 10 octobre 1920 à Plouguernével (29). Arrêté à 20 ans le 8 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 4 ans de prison.  Déporté de Compiègne le  22 mars 1944 et arrivé au KL Mauthausen le 25 mars .Matricule 59778.

PIGUEL René. Né   le 28/3/1922 à Rennes. Arrêté à 19 ans et demi le 7 août 1941 à Rennes pour  détention et de distribution de tracts communistes. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 3 ans de prison. Déporté le 12 mai 1944 de Compiègne et arrivé le 14 mai 1944 au KL Buchenwald. Matricule 51002. Autre lieu de déportation: Dora. Décédé le 1er février 1945 à Ellrich (All.)

VOLANT Georges. 19 ans et demi. Condamné par la cour Spéciale de Rennes le 13 septembre 1941 à 1an de prison. 

Assignation adressé à Jean Coursier pour comparaître devant la cour d'appel de Rennes, section spéciale le 12 septembre 1941
 

 

Lettre de Jean Courcier à sa famille

 datée du 14 septembre 1941, écrite depuis la prison Saint-Hélier le lendemain du procès.

 

Me voici toujours en forme et bon moral au lendemain de mon jugement. Vous savez sans doute le verdict, voici : 30 mois de prison, ce qui fait 2 ans et demi c'est à dire libre le 6 février 1944, 2 jours après mes 23 ans. Tout cela est bien monstrueux. Nous sommes 8 et les peines pour mes copains sont : 4 ans -4 ans - 3 ans - 18 mois - 18 mois - 15 mois et un an, plus un en fuite et l'autre acquitté. Soyez d'ailleurs certains que nous ne ferons pas ces peines là. C'est au nouveau tribunal spécial que les juges, en « grand tralala », robes rouges, décorations et tout et tout, ont prononcé ces abominables verdicts. 8 jeunes hommes de 19 à 2l ans accusés d'avoir attenté à la sûreté de l'État nous en rigolons encore.
Enfin, puisqu'ils se figurent que c'est après nous avoir enfermés quelques années que nous en sortirons repentants, laissons faire ces messieurs et qui aura raison ?? Peut être le bon droit ? Moi je l'espère. Vous allez peut-être me traiter de fou. Alors excusez-moi c'est le régime d'à ct'heure qui veut vivre, il est comme moi. Vous voyez il ne faut pas vous en faire pour moi je ne suis pas malheureux. Nous sommes encore aujourd'hui à St-Hélier et demain lundi 15 nous partons pour une nouvelle chambre, pour Le Mans. Nous serons mieux qu'ici car nous serons tous ensembles (tous les 7 mecs dangereux). Nous partons par l'express de 7 h 24. Ma grand-mère ne savait rien jusqu'au jugement c'est pour elle que «je m'en fais ». Je compte, si vous le voulez bien, sur vous pour lui écrire (quand elle saura) et lui dire que je ne souffre pas, que c'est un mauvais moment à passer etc. enfin la consoler de votre mieux et ne pas parler de prison.
Au jugement (impressionnant) tante Yvonne, Raymond, tante Madeleine, tonton Raymond, Roger, Monique étaient à côté de moi. J'ai vu les photos de Jeannot, tonton Jean. Jeannot doit être aussi grand que moi ? Peut être je le verrai bientôt. Aujourd'hui, maman, ma tante, tout le monde vient me voir pour la dernière fois et je vais leur donner ma lettre.
Je pense que vous êtes tous en bonne santé moi ça va mieux aller (?) et dans l'espoir d'être bientôt libre recevez mille baisers affectueux.
Jean Le maréchal Pétain peut encore atténuer la peine ou nous gracier.

NB : toutes les lettres de Jean Courcier sont retranscrites sans avoir été corrigées.
 

 

 

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