Plan du site- Liste des lieux de déportation
Camps d'extermination (Source: Wikipedia)
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La célèbre inscription en allemand "Arbeit macht frei" ("Le travail rend libre") figurant au-dessus de la porte d'entrée de l'ancien camp de la mort nazi d'Auschwitz-Birkenau |
Le KL Auschwitz
Auschwitz-Birkenau est connu dans lhistoire de la Seconde Guerre mondiale et dans le monde entier comme le symbole de la volonté dextermination par les nazis des Juifs dEurope, camouflée sous le nom de « solution finale du problème juif en Europe » aboutissant au meurtre de plus de 5,1 millions dêtres humains1. Cette fonction criminelle lui est dévolue, pendant lété ou lautomne 1941, par les maîtres du IIIe Reich, un an et demi après sa création comme camp de concentration. En 1942, dans un espace isolé du camp de Birkenau, alors annexe du camp de base (Stammlager appelé aussi camp principal), commence linstallation de chambres à gaz où seront assassinés près de 900.000 hommes, femmes, enfants, nourrissons, amenés, le plus souvent, par familles entières. Ainsi, entre mars 1942 et août 1944, près de 73.700 personnes parties de France ont été acheminées vers Auschwitz-Birkenau dans des wagons à bestiaux parce que juifs ou considérées comme tels par les nazis. Seuls 3% dentre eux survivront à leur déportation2. La présence dune notice sur le « KL Auschwitz » puisque telle est sa dénomination officielle dans le Livre-Mémorial qui ne recense pas les Juifs de France arrêtés par mesure de persécution et déportés vers Auschwitz et dont les noms ont été déjà publiés par Serge Klarsfeld, sexplique par la destination à fin dextermination de nombreux résistants juifs, arrêtés par mesure de répression (mais dont le recensement complet na pu être réalisé par la FMD, faute de sources suffisantes). Elle sexplique également par la déportation en famille depuis les départements du Nord et du Pas-de-Calais, via la Belgique, de 157 Tsiganes, dont le taux de rescapés pour les déportés dans le parcours est connu sélève à 12%3. Elle se justifie encore par linternement à Auschwitz, pendant une durée plus ou moins longue, denviron 4.500 hommes et femmes venus de France et appartenant à la déportation de répression4. Ceux-ci sont partis de Compiègne par les transports du 6 juillet 19425 (le convoi dit des « 45 000 » dont le taux de retours est de 11 %), du 24 janvier 19436 (le convoi dit des « 31.000 » au pourcentage de rescapés de 21 %) et du 27 avril 19447 (convoi dit des « tatoués » restés deux semaines à Birkenau avant de rejoindre Buchenwald au taux de rentrés de 49%). Dautres ont rejoint le « KL Auschwitz » après leur transfert depuis un autre camp (comme les 863 personnes du convoi dit « des Vosgiens », venant de Dachau le 24 novembre 1944, qui compte 24% de déportés rentrés) ou à la suite de leur arrestation en Allemagne par la Gestapo. La majorité de ces déportés appartiennent à des catégories très minoritaires dans le « KL Auschwitz » et dans les déportations de France vers ce camp. La plupart dentre eux sont immatriculés dans le camp de base et dans lespace concentrationnaire de Birkenau. Certains portent létoile de David, tels les résistants juifs partis de Drancy et sélectionnés pour le travail, dautres ont le triangle rouge des déportés politiques. Quant aux Tsiganes, ils connaissent un sort spécifique. Pour cette raison, le texte qui suit met laccent sur lhistoire du «KL Auschwitz » et sur les conditions dinternement qui concernent plus particulièrement ces déportés de France8. Le « KL Auschwitz » est créé en mai 1940, comme camp de concentration, sur décision de Himmler, dans des casernes désaffectées des faubourgs dAuschwitz (Oswiecim, pour les Polonais) une petite ville de Haute-Silésie, située à 30 kilomètres au sud de Katowitz (Katowice). Il est conçu dabord comme un des maillons essentiels du dispositif de terreur pesant sur la Pologne dont le sol est censé appartenir à lespace vital du peuple germanique ». Le 14 juin 1940, un premier transport de Polonais (matricules 31 à 758) arrive dans le camp de base appelé par la suite Auschwitz-I. Trente détenus allemands de droit commun destinés à leur encadrement les ont précédés, le 20 mai (matricule 1 à 30). Le 1er mars 1941, Himmler ordonne de tripler la capacité de ce camp, de construire un camp annexe pour 100 000 prisonniers de guerre soviétiques sur la commune de Brzezinka, (Birkenau, le futur Auschwitz-II mis en chantier en octobre 1941 et officiellement créé en mars 1942 en tant que camp de concentration, annexe du camp de base) et de fournir 10 000 détenus pour la construction puis lemploi industriel dune usine de produits chimiques du consortium IG-Farben. Ces derniers sont installés à Monowitz, en octobre 1942 (le futur Auschwitz-III). Himmler ordonne également dinstaller une exploitation expérimentale de culture et délevage, conçue comme le prototype de la colonisation germanique à lEst basée sur lélimination physique de la population slave et dont la superficie allait sétendre sur environ 40 kilomètres carrés autour de Birkenau. Au fil des ans, une quarantaine de camps annexes (appelés aussi Kommandos extérieurs) aux activités diverses le plus souvent minière ou industrielle et largement dispersés dans les territoires de lEst, sont rattachés comme filiales au « KL Auschwitz » qui, sagrandissant sans cesse devient un formidable complexe, le plus grand et le plus peuplé de tous les camps de concentration nazis. Durant la première période, allant de 1940 à 1942, la mortalité des détenus du « KL Auschwitz » atteint déjà le niveau le plus élevé de tous les grands KL. Ce caractère se maintiendra tout au long de lhistoire du complexe. Ces taux de mortalité correspondent à la politique nazie danéantissement des Polonais et des prisonniers de guerre soviétiques qui peuplent essentiellement ce camp, durant ses deux premières années dexistence. Cette très forte mortalité explique dailleurs la pratique du tatouage du numéro denregistrement, inaugurée sur la poitrine des prisonniers de guerre soviétiques en septembre 1941 et généralisé à partir de février 1943 sur lavant-bras gauche de tous les détenus immatriculés, juifs ou non. Ce tatouage est une autre des particularités dAuschwitz. Lannée 1942 marque un tournant décisif dans lhistoire dAuschwitz lorsquil est désigné par les hauts responsables nazis pour être linstrument privilégié du génocide planifié des Juifs dEurope. Le choix de ce lieu est déterminé par la proximité du nud ferroviaire européen de Katowitz, ainsi que par limmensité du camp de Birkenau qui favorise le camouflage dinstallations destinées à assassiner des millions dindividus. Enfin, par le projet de construction de fours crématoires dune très grande capacité, destinés initialement à brûler les corps de la dizaine de milliers de prisonniers de guerre soviétiques, massacrés au cours de la construction du camp et dont les cadavres étaient jusquici enfouis dans les fosses communes de Birkenau au milieu des marécages9. A la suite de la conférence de Wansee, tenue le 20 janvier 1942 pour informer les hauts dignitaires nazis des modalités de « la solution finale », des convois de Juifs en provenance de Haute-Silésie et de Slovaquie, puis dune quinzaine de pays dEurope, convergent vers Auschwitz. Fin mai, début juin 1942, un centre de mise à mort, composé de deux maisons paysannes transformées en chambres à gaz, est installé à Birkenau dans un espace boisé au bout du camp de concentration. Les Juifs sont « sélectionnés» sur le quai de la gare de marchandises puis, après la mi-mai 1944, sur la rampe de débarquement de la voie ferrée qui pénètre dans le camp même. A partir de juillet 1942, la « sélection », opérée dun seul geste par un médecin SS, sépare les Juifs « valides », destinés à travailler comme main-duvre concentrationnaire, des « inaptes au travail » qui sont gazés et dont les corps sont brûlés. Cette sélection est avant tout déterminée par les besoins de main-duvre et les possibilités de remplissage du moment des camps du complexe ou des autres KL vers lesquels ils pourraient être transférés. Elle dépend en second lieu de lâge, du sexe et de lapparente condition physique des arrivants. Lachèvement, entre mars et juin 1943, de quatre grands bâtiments (Krematorium), combinant des chambres à gaz pouvant contenir jusquà 2.000 personnes et des batteries de fours crématoires, confère au centre de mise à mort un caractère industriel. Certains jours, lors de lextermination des Juifs hongrois en mai 1944, 20.000 hommes, femmes, nourrissons et enfants sont ainsi assassinés. Pendant cette période, la capacité des fours étant insuffisante, les SS ont recours à des fosses comme lieu de crémation et même dextermination directe comme pour les jeunes enfants de Hongrie qui sy trouvent précipités, au terme de leur fuite pour tenter déchapper au harcèlement des chiens policiers tenus en laisse par les SS. En février 1943, lextension aux Tsiganes de la politique dextermination raciste entraîne la création à Birkenau dun « camp familial des Tsiganes ». La mortalité y est extrêmement élevée. Il est liquidé après le meurtre en chambres à gaz, dans la nuit du 1er au 2 août 1944, des 2.897 femmes, enfants et vieillards encore en vie. Les hommes « aptes au travail » ont été transférés auparavant vers dautres KL. Par ailleurs, des médecins SS soumettent des détenus (hommes, femmes et enfants) juifs, polonais ou tsiganes à des expériences pseudo-médicales sur la « race », comme celles effectuées par Mengele sur des enfants jumeaux. Dautres visent à mettre au point une méthode massive, rapide et peu coûteuse de stérilisation des populations que les nazis destinent à lanéantissement biologique.Notamment les Slaves (Polonais, Tchèques, Russes, etc.) occupant « lespace vital du peuple germanique ». La plupart de ces cobayes humains sont juifs. Limportance et la spécificité dAuschwitz-Birkenau dans le génocide des Juifs tiennent donc à la présence, sur le territoire de Birkenau, dinstallations de mise à mort dune ampleur exceptionnelle et à lexistence dun espace concentrationnaire où ils sont détruits au quotidien. En effet, si on compare Birkenau aux premiers camps dextermination, situés en Pologne orientale, qui fonctionnent uniquement en tant que centres de mise à mort et qui eurent une existence éphémère et un objectif limité lélimination physique des Juifs rassemblés sur le sol de lancien État polonais on constate quAuschwitz-Birkenau appartient, avec Maïdanek (dont léchelle est plus réduite et le rôle essentiellement régional) à la seconde génération des camps dextermination, celle des camps mixtes, qui se définissent par la greffe dun centre de mise à mort sur un camp de concentration préexistant. Cette entité nouvelle apparaît en 1942 avec la conjonction, dans lespace et dans le temps, de deux phénomènes indépendants : lentrée du génocide des Juifs dans sa phase industrielle et européenne et lintégration des camps de concentration dans léconomie de guerre10. Lextermination différée des Juifs « aptes au travail » (le tiers des arrivants en moyenne) vise à utiliser au préalable leur force de production pour les industries de guerre. Lextermination de ces hommes, de ces femmes et de ces adolescents est par conséquent différée. Ils sont immatriculés, intégrés dans lespace concentrationnaire, et affectés dans les Kommandos de travail du complexe. Ainsi, au « KL Auschwitz », les deux grandes catégories de déportation (répression et persécution) se rencontrent. La coexistence de ces deux finalités se traduit par un échange de services entre le camp de concentration (aux fonctions de répression et de production) et le centre de mise à mort voué à lextermination et géographiquement isolé du reste du camp. Ce caractère se répercute sur le fonctionnement des camps de concentration appartenant à lensemble du complexe. Les détenus du camp de base et de Birkenau, quils soient juifs ou non, sont chargés de construire, daménager et de réparer les installations du centre de mise à mort. Dautres, principalement juifs, trient les biens pris aux déportés au moment de leur arrivée. Partout, les détenus sauf cas très particuliers sont mêlés indistinctement dans les Blocks et les Kommandos de travail, sans que soit tenu compte de leur nationalité ou du fait quils sont juifs ou non (les deux sexes restant séparés). Par ailleurs, entre août 1942 et mai 1943, tous les détenus, juifs ou non, sont soumis à de fréquentes « sélections » à lintérieur du camp, à lappel, au retour du travail ou dans linfirmerie. Les plus faibles, jugés « inaptes au travail », sont assassinées par une piqûre dans le cur ou gazés afin de libérer des places dans les Blocks pour les nouveaux arrivants, afin de les faire travailler pour les SS dans les Kommandos chargés du fonctionnement interne dAuschwitz ou comme main-duvre industrielle louée par les SS aux grandes entreprises allemandes comme Krupp, Thyssen ou IG-Farben. Cependant, il ne faut pas perdre de vue, quà partir de lautomne 1942, les Juifs de plus en plus nombreux du fait de larrivée incessante des transports venus de presque toute lEurope deviennent majoritaires au sein du complexe dAuschwitz. Leur proportion reste cependant plus faible au camp de base qui rassemble le plus de détenus non-juifs et de nationalités différentes. A Birkenau et dans les filiales du « KL Auschwitz », les Juifs sont omniprésents sans que, pour autant, le camp des hommes et celui des femmes leur soient exclusivement réservés. Par comparaison avec les autres détenus, le sort des Juifs immatriculés est le plus cruel. Car ils apprennent tôt ou tard que des membres de leur famille ont été gazés. Ils prennent conscience de la volonté dextermination des nazis à leur encontre. Ils sont choisis comme cibles ou comme souffre-douleur privilégiés par les SS et les Kapos qui exercent un droit de vie et de mort quasiment absolu sur la totalité des détenus. Car ils sont victimes de lantisémitisme, particulièrement vif chez un grand nombre de Polonais qui occupent la plupart des postes dencadrement. Quant aux SS, ils appliquent la hiérarchie raciale qui est à la base de lidéologie nazie dont ils se considèrent comme les serviteurs les plus « purs » et les plus ardents. Quand reprennent, en 1944, les « sélections » ponctuelles des plus faibles à lintérieur des camps du complexe dAuschwitz- succédant à leur suspension en mai 1943 celles-ci, bien que plus espacées, touchent désormais uniquement les Juifs, victimes en outre dopérations de grande ampleur, comme celle doctobre 1944. En conséquence, la mortalité des Juifs en dehors des victimes de lextermination immédiate qui ne sont pas enregistrées est plus élevée que celle des autres catégories de détenus. Selon lhistorien polonais Franciszek Piper, sur les 1,3 million de personnes dirigées sur Auschwitz, entre 1940 et 1944, au moins 1,1 million dentre elles sont mortes dans le centre de mise à mort ou dans lespace concentrationnaire quelles y soient immatriculées ou non . Sur ces 1,1 million de morts, un million étaient juifs. Les autres morts se répartiraient ainsi, par ordre décroissant : 70.000 à 75.000 Polonais, 21.000 Tsiganes, 15.000 prisonniers de guerre soviétiques. Les 13.000 restants étaient tchèques, russes, biélorusses, ukrainiens, yougoslaves, français, allemands, autrichiens ou originaires dautres pays11. Il faut rappeler également que les effectifs totaux du complexe dAuschwitz ont connu des fluctuations importantes au cours de son histoire. Ainsi, entre janvier et août 1944, ils oscillent entre 7.000 et 105.000 détenus enregistrés. Le 20 janvier 1944, les 80 839 détenus immatriculés se répartissent ainsi : 18 437 pour Auschwitz-I, 4.114 : pour Auschwitz-II (22.061 hommes et 2.053 femmes), et 13.288 pour Auschwitz-III (dont 6 571 pour Monowitz et le reste pour les filiales). Le 22 août 1944, ils atteignent pour lensemble 105.168 .mais le chiffre global dépasse 135 000 personnes, du fait des 30.000 Juifs non immatriculés et placés en attente dans les camps de transit de Birkenau12. On ne peut parler dAuschwitz sans aborder non plus la question de la solidarité pratiquée entre détenus et du rôle joué par la Résistance intérieure13. Dans ce complexe où les conditions de détention sont parmi les plus dures et les plus meurtrières des camps de concentration nazis, la solidarité paraît difficilement imaginable. Pourtant comme lécrit Olga Wormser « dans la proximité physique et morale la plus horrible, lorsque la privation dun morceau de pain pouvait causer mort dhomme, lorsquune conversation, un rassemblement pouvaient ouvrir le chemin du crématoire, lorsque la foi religieuse était proscrite, lorsque la fidélité à des convictions politiques était un crime, il sest trouvé des hommes et des femmes pour organiser la solidarité, pour sauver des vies, pour sopposer à la volonté de mort des SS et de leurs séides ; des prêtres ont donné la communion, des groupes dhommes ont organisé la Résistance »14. Cette solidarité sexerce dabord, au premier degré, entre amis qui se connaissaient auparavant ou par petits groupes sur la base de la nationalité, de la communauté de langue ou des convictions politiques ou religieuses. Durant lannée 1942, la période la plus meurtrière de lespace concentrationnaire dAuschwitz, les nouveaux venus sont plongés dans un état disolement, de choc, de misère physique et morale qui les livre aux lois de la jungle et éloigne la plupart dentre eux de la solidarité qui maintient en vie certains des détenus plus anciens. Quant à la Résistance organisée, elle est encore plus difficile à mettre en uvre et ses actions, même lorsquelles sont collectives et tournées vers les autres internés, ne sont perçues que par une infime minorité dentre eux. Certains ignorent même lexistence du groupe auquel appartient lami qui les sollicite pour leur sens de la camaraderie. « Que des organisations de résistance aient pu exister dans un camp de concentration note Hermann Langbein paraît au premier abord difficilement concevable. Le système mis au point par les SS devait rendre impossible jusquà lidée même de résistance »15. Toute infraction au règlement mettait la vie des détenus en péril. Tout rapprochement entre prisonniers, tout semblant dorganisation étaient suspects. Les résistants avaient à se méfier des indicateurs réguliers ou occasionnels des SS. Ils avaient aussi à surmonter les antagonismes entre prisonniers de nationalités différentes, systématiquement entretenus par les SS. Au « KL Auschwitz », les premiers groupes de résistance apparaissent dès 1940 parmi les militaires de carrière et les membres des partis politiques polonais. La liaison avec la Résistance polonaise se fait par lintermédiaire de civils qui travaillent dans les ateliers ou sur les chantiers dAuschwitz, comme par exemple les contremaîtres qui retournent chez eux chaque soir, ou par le truchement de détenus dont lévasion est minutieusement organisée. Dans aucun autre camp de concentration, la Résistance na eu de liens aussi étroits avec lextérieur. Ceci, en raison de limportance du nombre de Polonais parmi les détenus et du fait de limplantation dAuschwitz sur leur sol. Car les Polonais sont farouchement hostiles aux nazis qui veulent faire disparaître leur nation, qui les considèrent comme appartenant à une « race inférieure » et les traitent comme des esclaves potentiels dont ils ont programmé à terme lextermination. La Résistance, très présente et très active sur lensemble du territoire, noue des contacts avec le gouvernement polonais en exil à Londres et avec les Alliés. A partir de 1942, des groupes de résistance naissent parmi les détenus dautres nationalités (Autrichiens, Français, Russes, Allemands,Tchèques, Yougoslaves, etc.) dans le camp des hommes, dans celui des femmes et parmi les Juifs placés dans des Kommandos spéciaux. Le premier groupe français de solidarité et de Résistance est créé en décembre 1942 par des « 45.000 », survivants du convoi du 6 juillet 1942. Il sintègre au Comité international, créé par des communistes autrichiens et allemands des Sudètes, pendant lété 1942 16. Il contacte, en février 1943, les femmes du convoi du 24 janvier 1943, et a des liens avec des résistants du groupe belge. Le Comité international fusionne, en mai 1943, avec les autres organisations de Résistance pour former le Groupe de combat dAuschwitz (Kamfgruppe Auschwitz). Seuls les militaires polonais restent à lécart, mais acceptent, en 1944, de coopérer. La Résistance mène des activités clandestines du même type que celles conduites dans les autres camps de concentration : solidarité, lutte pour la survie des détenus, diffusion des nouvelles sur lavancée du front, information de lextérieur sur la situation du camp, organisation dévasions, actions pour que les fonctions de responsabilité soient confiées aux détenus politiques et non plus aux prisonniers de droit commun (transfert qui se réalise dans lannée 1943 à Auschwitz-I), sabotage de la production, préparation dune insurrection générale du camp. A Birkenau, où la Résistance est plus faible pour des raisons qui tiennent essentiellement au rôle de ce camp dans le génocide des Juifs, des groupes réussissent cependant à se constituer dans certains secteurs, comme dans le Revier (salles devant en principe faire fonction dinfirmerie). A ces actions, sajoutent celles découlant de lextermination des Juifs et des Tsiganes. Des tracts sont rédigés par le Groupe de combat pour lutter contre lantisémitisme et le nationalisme. Préserver la vie de tant dêtres humains menacés par une mort immédiate est fondamental. mais, face à la machine SS, les moyens paraissent dérisoires. Toutefois la Résistance réussit à informer les Alliés des crimes commis à Auschwitz et signale en particulier lampleur de lextermination des Juifs. Elle leur transmet des plans, des rapports, des photos dérobées aux SS ou prises clandestinement, des témoignages dont certains sont diffusés à la BBC ou publiés à Londres sous la forme de brochures. Elle les appelle à bombarder les voies ferrées et les chambres à gaz. Les premières évacuations des camps du complexe dAuschwitz commencent en août 1944, alors que les troupes soviétiques approchent. La Résistance, qui redoute une extermination finale des détenus, prépare linsurrection. mais elle est réduite par les transferts massifs de détenus que les SS soupçonnent dêtre prêts à aider leurs libérateurs potentiels : des Polonais et des Russes essentiellement ainsi que des dirigeants de la Résistance intérieure. Les 6 et 7 octobre, des membres du Sonderkommando17 se soulèvent anticipant linsurrection générale programmée, en apprenant quils vont être liquidés. Ils font sauter le Krematorium-IV grâce à la poudre soustraite dans lentreprise darmement « Union » par quatre détenues juives polonaises. Elles seront par la suite pendues devant leurs camarades dusine. Aucun des quelque 465 insurgés ne survit mais trois SS sont tués et douze blessés, le Krematorium-IV est inutilisable. Le 27 octobre, lévasion manquée de cinq dirigeants du Groupe de combat dAuschwitz affaiblit encore davantage la Résistance. Ces hauts responsables devaient rejoindre les partisans polonais afin de préparer avec eux une attaque du camp, destinée à appuyer linsurrection générale des détenus. Le Groupe de combat dAuschwitz est décapité par larrestation de deux autres de ses dirigeants et par la pendaison, le 30 décembre, des cinq évadés. Dès lors, comme lécrit Hermann Langbein qui fut un des dirigeants du Groupe de combat : « la Résistance ne put jouer de rôle décisif dans la phase finale de lhistoire dAuschwitz »18. Pendant ce temps, les SS entreprennent de faire disparaître les traces de leurs crimes. Le 26 novembre, Himmler ordonne la destruction de lensemble des installations de mise à mort. Un seul Krematorium reste en service pour brûler les cadavres des détenus sa chambre à gaz restant intacte jusquau dynamitage tardif de lensemble des Krematorium le 25 janvier 1945. Les fosses sont camouflées sous des plantations darbres. Les archives sont brûlées. Certaines sont sauvées par des résistants travaillant dans ladministration et qui les enterrent. Cest ainsi que plus de 700 photos dimmatriculation de détenus arrêtés et déportés de France par mesure de répression ont pu être conservées et retrouvées. Entre le 17 et le 23 janvier, lévacuation finale à pied ou en wagons ouverts concerne près de 60.000 détenus dirigés vers les KL situés plus à lOuest, Buchenwald, Mauthausen, Dachau, Bergen-Belsen, etc.. Auschwitz, où subsistent encore environ 7.000 détenus jugés intransportables par les SS qui envisageaient de les éliminer est libéré le 27 janvier 1945 par les troupes soviétiques. Les vestiges du camp de base et de Birkenau sont classés en 1979 par lUnesco dans le patrimoine mondial de lhumanité comme site unique dans la catégorie des biens culturels ayant une signification universelle. La fiche descriptive du site Internet de lUnesco précise : « Les enceintes, les barbelés, les baraquements, les miradors, les potences, les chambres à gaz et les fours crématoires de lancien camp de concentration et dextermination dAuschwitz-Birkenau, le plus vaste du IIIe Reich, attestent des conditions dans lesquelles fonctionnait le génocide hitlérien. Selon les recherches historiques, 1,1 million à 1,5 million de personnes dont de très nombreux juifs furent systématiquement affamées, torturées et assassinées dans ce camp, symbole de la cruauté de lhomme pour lhomme au XXe siècle ». Claudine Cardon-Hamet; Source: Mémorial des déportés de France. Tome 1, page 171 La libération du camp le 27 janvier 1945.
Suivant les ordres de Himmler à effacer
toutes les traces de massacres, les SS ont commencé à démanteler les
chambres à gaz à Auschwitz et la démolition de sa crématoires à la fin
Octobre et début Novembre 1944 (le crématoire dernière a explosé juste avant
la libération). Comme l'Armée rouge approchait de la mi-janvier 1945, les SS
commencèrent à évacuer le complexe, envoyant environ 58.000 prisonniers à
marches de la mort à l'ouest. Unités de l'Armée 60e anniversaire de la Front
d'Ukraine ont libéré le camp de concentration le 27 janvier, 1945. Lors de
l'entrée d'Auschwitz II (Birkenau), les troupes soviétiques ont découvert
les cadavres de 600 prisonniers qui avaient été tués quelques heures plus
tôt. Un total de 7650 prisonniers ont survécu.
http://www.dhm.de/lemo/objekte/pict/ba110358/index.html 1 - Lire notamment Georges Bensoussan, Auschwitz en héritage ?, éditions Mille et une nuits, Paris, 1998. 2 - Voir Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, Paris, Beate et Serge Klarsfeld, 1978 et Serge Klarsfeld, Additifs au Mémorial de la déportation des juifs de France, Paris, édition des Fils et filles de déportés juifs de France, 1980, non paginés. 3 - Voir les notices et les listes consacrées à ces déportés. 4 Henry Clogenson et Paul Le Goupil, Mémorial des Français non-juifs déportés à Auschwitz, Birkenau et Monowitz. Ces 4.500 tatoue´s oublie´s de lhistoire, Édité par les auteurs. 5 - Claudine Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45.000 », éditions Graphein, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, 1997, nouvelle édition 2000. 6 - Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Paris, Editions de Minuit, 1985. 7- Amicale des déportés tatoués du 27 avril 1944, Le Convoi des Tatoués, Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg et Kommandos, 1999 ; Christine Lévisse-Touzé, Destination Auschwitz, des déportés tatoués, catalogue de lexposition du Mémorial Leclerc-Musée Jean Moulin, Éditions Paris musées, Paris, 2002. 8- Pour une perception générale du « KL Auschwitz » lire Auschwitz, camp hitlérien dextermination, (ouvrage collectif), Varsovie, Interpress, 1986 ; Hermann Langbein, Hommes et Femmes, Paris, Fayard, 1975, réédition 1998 et larticle de Claudine Cardon, « Auschwitz » in François Bédarida et Laurent Gervereau, La déportation, le système concentrationnaire nazi, catalogue de lexposition du Musée dhistoire contemporaine-BDIC, éditions de la BDIC, Paris, avril 1995. mémorial_intro_tome_I - 30.4.2004 - page 167 9 - Jean-Claude Pressac, Les crématoires dAuschwitz, Editions du CNRS, Paris, 1993. 10 - Maurice Cling, « Génocide et déportation, rapports et spécificités », intervention au nom de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (France) au colloque Histoire et Mémoire des crimes et ge´nocides nazis, organisé à Bruxelles par la Fondation Auschwitz (Belgique), du 23 au 27 novembre 1992. Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz, Bruxelles, juillet-septembre 1994, n spécial 38-39. 11 - Franciszek Piper, « Auschwitz, how many perished Jews, Poles, Gypsies », Yad Vashem Studies, n 21, 1991. 12 - Auschwitz, camp hitle´rien dextermination, op. cit. p.35. 13 - Hermann Langbein, La Re´sistance dans les camps de concentration nationaux-socialistes, Paris, Fayard, 1981. 14 - Olga Wormser-Migot, Henri Michel, Tragédie de la déportation, Paris, Hachette, 1954, p. 243. 15 - Hermann Langbein, Hommes et Femmes, op. cit., p. 240. 16 - Claudine Cardon-Hamet, Mille otages, op. cit., édition 2000, p. 325-348, 410-418, 432-437. 17 - « Kommando spécial » composé principalement de Juifs et dévolu à lévacuation des cadavres hors des chambres à gaz et au fonctionnement des fours crématoires. 18 - Hermann Langbein, Hommes et Femmes à Auschwitz, op. cit., p. 264-265. mémorial_intro_tome_I - 30.4.2004 - page 171 |
Dossier sur Auschwitz de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation: Dossier PDF |
Source: Mémorial des déportés de France |