Ed:02/03/2020

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Les femmes pendant la seconde guerre mondiale dans le Pays de Fougères

 

Pour enrichir la mémoire du passé, je recherche tout témoignage sur les prisonniers de guerre et  sur des faits de Résistance  en Bretagne avec documents   write5.gif (312 octets) 35memoiredeguerre@gmail.com

 

  La situation de la femme, en France, est décalée par rapport à d’autres pays européens. Elle n’a pas de droits civiques ni le droit de vote.  Il faudra attendre la Libération pour qu’elle devienne électrice et puisse être élue. Sous l’Occupation, elle subit de plein fouet les mesures de rationnement, dues aux pénuries croissantes. A Fougères, comme dans les villes d’importance moyenne, elle est obligée de respecter les files d’attente devant les magasins d’alimentation et d’habillement. Ainsi elle fait la queue devant le magasin Langlois ou bien elle envoie ses enfants prendre rang avant d’aller à l’école. En  cuisine, elle recourt aux ersatz ou produits de remplacement, comme les topinambours et rutabagas pour suppléer au manque de pommes de terre. Faute d’avoir du café, elle utilise la chicorée ou les glands grillés. Le quotidien pèse lourdement sur ses épaules. Lorsqu’elle n’est pas entièrement consacrée aux tâches ménagères, elle travaille comme ouvrière dans les usines de chaussures, nombreuses dans la ville. Pourtant l’Occupation par les Allemands et le régime de Vichy sont à l’origine, pour certaines femmes, d’une volonté de redresser la tête et de se lancer dans une aventure dont elles ne connaissent pas l’issue.

Des femmes impliquées, l’armistice étant signé

Parmi les femmes engagées dans la Résistance, certaines le sont avec leurs maris ou leur famille.                       

Andrée Gallais, née Chardin, épouse de René Gallais depuis 1919, est étroitement associée aux activités du  réseau CDLL (Ceux de la libération). Ce mouvement a été créé le 2 août 1940 par Maurice Ripoche, Maurice Nore et Yves Chabrol. Bien implanté dans le Nord de la France, en Normandie et en Bretagne, il se spécialise dans la recherche de renseignements militaires, économiques et politiques sur les Allemands et Vichy.  Au sein du groupe, Andrée Gallais transmet des informations. Sa fille Huguette, (pseudo Juanita),  née en 1921, organise la circulation des clandestins. Elles font partie de la rafle du 9 octobre 1941, organisée dans le cadre de l’opération Porto concernant le réseau René Gallais. Conduites à la prison d’Angers, le 27 octobre 1941, elles sont transférées à la prison de la Santé à Paris, puis dans une prison de droit commun à Kastell-Stâdel. Elles sont ensuite déportées au camp de Ravensbrück et à celui de Mauthausen.

Autre exemple, celui de Louise Pitois qui connait le même sort. Née Poullin le 20 octobre 1904, épouse de Marcel Pitois, elle est arrêtée avec le groupe Gallais et est déportée à Mauthausen et Bergen-Belsen. Elle décède avant son rapatriement le 10 mai 1945. Trois femmes résistantes connaissent l’enfer de la déportation ; deux d’entre elles, Andrée et Huguette,  sont revenues à Fougères en 1945.

 

 

 

Autre membre des CDLL, Armandine Delatouche, née à Beaucé le 22 juillet 1895, exerce la profession de  commerçante à Fougères. Elle prête sa maison à des résistants CDLL à partir de janvier 1941.

Anne-Marie Bigot (Tanguy) est adhérente du réseau Bordeaux-Loupiac spécialisé dans le rapatriement  d’aviateurs tombés en France et d’agents soumis au danger. Ce réseau est implanté dans la région parisienne, en Normandie et en Bretagne. Elle est membre également du réseau Eleuthère, spécialisé dans la recherche de renseignements et d’émissions radio entre Londres et Libération-Nord. Née à Fougères le 23 mai 1887, elle gère le restaurant Le Cheval d’or, place de la Gare à Rennes, alors que son hôtel est occupé par les Allemands. Arrêtée avec sa fille Paulette le 20 avril 1944, elle est déportée au camp des femmes de Ravensbrück le 3 août 1944, le jour de l’arrivée des Américains. Elle a été rapatriée. C’est une belle figure de la Résistance féminine dont l’Ille-et-Vilaine et Fougères peuvent être fiers (témoignage d’Anne-Marie Thomas-Redouté).

 

Une femme libre, chef d’un mouvement

La singularité de la Résistance, dans le pays de Fougères, est la présence d’une femme à la tête d’un mouvement important, Thérèse Pierre. Elle introduit le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) dans le pays de Fougères. Venue de l’extérieur, elle s’impose vite comme responsable du groupe FN qu’elle constitue en janvier 1942. Son histoire est connue, même si des zones d’ombre entourent son arrestation, rue des Prés, le 21 octobre 1943. Son refus de parler à la prison Jacques Cartier, à Rennes, lui attire des tortures, qui sont à l’origine de sa mort, le 26 octobre 1943. Elle devient une « martyre » de la Résistance (selon Isabelle Le Boulanger). Bien des vies sont ainsi préservées. Ses activités sont multiples : recrutement de nouveaux membres, rédaction de journaux, délivrance de faux papiers, transport de documents et d’armes et hébergement de responsables départementaux du FN et des Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Ses qualités d’organisatrice et son autorité doivent sans doute à sa profession d’enseignante et à sa forte personnalité. Elle est aussi à l’origine d’opérations contre l’Occupant, les incendies de camions et les attaques contre les postes de commandement allemands.

Dans la mouvance de cette femme d’exception, se situe Denise Delanoë, souvent oubliée dans les évocations de la Résistance. Pourtant elle travaille à la Poste et subtilise beaucoup de lettres de dénonciation, faisant barrage à un climat de délation détestable. Avec son mari, André Delanoë, elle fabrique des tracts, rue Pierre et Marie Curie.  Elle enfourche sa bicyclette afin d’assurer une liaison avec un complice et ferme les rideaux avent d’écouter les messages de la BBC ou de ronéotyper un document.

Madame Guénée d’Hangest (1884-1986) et sa fille Germaine Dulong-Guénée, née en 1918,  dite « Lucienne » abritent dans leur maison de  Montaubert une partie du secrétariat du Front national : machine à écrire, tracts…

Après le décès de Thérèse Pierre, Régine Deny (plus connue sous le nom de Madame Bouffort) prend la tête du mouvement. Née le 23 août 1896, en Belgique, elle exerce la profession d’assistante sociale à Fougères. Elle entre au FN (pseudo Lucie). Outre les activités habituelles à partir de de cette date (fausses pièces d’identité et certificats de travail), elle héberge des responsables et des résistants libérés de la prison de Vitré. Elle confectionne des colis pour les internés politiques et organise les secours pour leurs familles. Son rôle est celui d’un chef avec un ascendant manifeste sur les résistants  qu’elle instruit à son domicile. Marie-Thérèse Bonniard est également une femme d’autorité. Née le 1er décembre 1889 à Saint-Jean-sur-Couesnon, elle est institutrice à Laignelet. Membre des FTTF, à partir de 1941, (pseudo Françoise), elle sert d’interprète anglo-allemand. Son domicile héberge des groupes FTPF et abrite des armes. Très prudente et d’une grande habileté, elle échappe aux arrestations. Interpellée par la SPAC, elle réussit à fuir. Ses activités de résistante se poursuivent jusqu’à la Libération. Ses mérites seront récompensés par la Croix de Guerre avec étoile d’argent et la médaille de la Résistance.

 

Des femmes originaires de la campagne

Elargissons les recherches au monde rural. On se rend compte que ces femmes adhèrent au Front national et que certaines d’entre elles sont agricultrices. Parallèlement à leur travail accaparant, elles font preuve d’ingéniosité.

Aurélie Carré est née le 31 janvier 1901 à Lécousse. Membre du FN, elle est mécanicienne en chaussures à Fougères. Elle héberge des responsables. Arrêtée par le Service de police anticommuniste (SPAC), le 11 décembre 1943, elle est internée à Rennes puis à Vitré et à nouveau à Rennes. Elle est déportée le 1er juin 1944 à Neue Bremm, Ravensbrück et Leipzig. Elle est rapatriée (témoignage d’Aurélie Rubillon).

Maria Gore est une figure d’agricultrice, au Ferré. Née le 6 octobre 1902, elle devient membre du FN en juillet 1943, comme agent de liaison. Elle envoie des colis de ravitaillement aux internés à Fougères, Vitré et Rennes. Elle accueille des parachutistes alliés avec leur matériel (poste émetteur et munitions). Son domicile est le point de départ de plusieurs missions radio pour des parachutages à Vieux-Vy-sur-Couesnon et la Guerche-de-Bretagne.

Marie-Louise Goupil (Porcher) est née à Saint-Ouen-la-Rouërie et travaille à domicile comme couturière à Antrain. Entrée au FN fin 1942, elle confectionne, avec son mari, des bombes en vue de faire des sabotages. Sa maison sert de boîte à lettres et d’hébergement à des réfractaires au STO et à des prisonniers russes.

Marie-Louise Lemonnier (Roquais) est née le 5 janvier 1909 à La Fontenelle. Cultivatrice dans sa commune, elle héberge un soldat russe, de juin 1943 à la Libération. Membre du FN et FTPF, elle ravitaille des résistants de son secteur géographique.

 Marie-Thérèse Coquelin (Olivry) est née le 8 avril 1888 à Saint-Hilaire-des-Landes. Elle est agricultrice à Saint-Sauveur-des-Landes. Entrée au FN en février 1941, elle porte assistance aux FTPF à partir de 1943. Elle héberge des résistants évadés de la prison de Vitré. Elle joue un rôle moteur  dans le secteur de Saint-Sauveur-des-Landes. Elle est arrêtée par des miliciens le 21 juin 1944, puis torturée, mais ne livre aucune information.

Le FN est bien implanté en Ille-et-Vilaine, surtout à partir de l’année 1943 (30 % des effectifs des résistantes). Il serait faux de croire que son recrutement se limite aux communistes et aux sympathisants. Le réseau Buckmaster, créé par les Anglais sous l’égide du Special Operations Executive (SOE), se spécialise dans le renseignement et le sabotage. Il a pour finalité d’organiser des parachutages d’armes, de former des résistants pour le jour J  et d’évacuer les aviateurs alliés abattus sur le territoire. Il  étend son influence dans le monde agricole. Les femmes épaulent leurs maris dans la réception d’armes.  C’est le cas d’Adèle Cochet, née le 20 avril 1901 à Livré-sur-Changeon et  installée avec son mari Alexandre Veillard, à Tournebride. Depuis le 1er juillet 1943, les bâtiments de la ferme abritent des tonnes d’armes et de munitions parachutées. Elle est arrêtée le 23 novembre 1943 avec sa famille et un artisan couvreur. Internée à Rennes, elle gardera le silence et sera libérée le 29 juin 1944, son mari et son fils seront déportés à Neuengamme, le jour même. Bien qu’une place porte le nom des Veillard, dans le bourg de Saint-Aubin-du-Cormier, son nom est souvent occulté dans la mémoire orale, trop souvent clivée entre les Gallais et Thérèse Pierre.

A proximité, Marie Dibon (Gesmier) est née à Vendel, le 4 février 1904. Elle est cultivatrice à Saint-Jean-sur-Couesnon, veuve avec 7 enfants à charge.  Membre de Buckmaster depuis mars 1943, elle accueille des réfractaires malgré l’activité du Sipo-SD dans le secteur. Elle obtiendra la Croix de Guerre avec étoile de bronze.

Marie-Joseph Eon (Thomas) est née à Saint-Aubin-du-Cormier le 3 juin 1889. Elle est débitante de boissons, près de l’église. Membre du réseau Buckmaster depuis novembre 1942,  elle héberge un radio anglais dans une chambre. Outre l’accueil de réfractaires, elle entrepose des armes et munitions. L’arrestation de son fils, Joseph, le 30 juillet 1944 met un terme à ses activités de résistante.

 L’âge de de ces trois femmes, dans le canton de Saint-Aubin-du-Cormier, dépasse la quarantaine. Bien que minoritaires, comme dans l’ensemble de la France, les femmes du pays de Fougères s’inscrivent à l’échelle d’une ville moyenne et d’un arrière-pays rural (canton de Saint-Aubin-du-Cormier) et dans la trame temporelle des années d’Occupation, jusqu’en 1944. L’enseignante, la fonctionnaire, la travailleuse sociale, l’agricultrice pouvaient s’appliquer à leur tâche, patienter dans d’interminables queues ou découper avec minutie leurs tickets d’alimentation. Cependant elles se livraient à des actions secrètes. Elles cachaient parfois des tracts dans des landaus, c’est ce qui est arrivé à Fougères, selon le témoignage d’un Fougerais alors enfant J.L.M.)

 

Les femmes dans la vie de la cité

La propagande allemande s’adresse aux mères de famille pour que leurs maris partent travailler en Allemagne. Les affiches de 1942 pour la Relève et de 1943 pour le STO font miroiter, avec l’appât du gain, une vie plus heureuse pour les familles. La politique nataliste du gouvernement de Vichy encourage les familles nombreuses, ainsi la fête des mères est célébrée à l’hôtel de ville de Fougères, le dimanche 30  mai 1943. Cérémonie sous la présidence du sous-préfet, avec le maire, Léon Hamard, le curé archiprêtre de Saint-Léonard, allocutions et remise des médailles aux 14 mères de la promotion et distribution d’un livret de caisse d’épargne de 100 francs de la Plus Grande Famille, voilà ce que les lecteurs pouvaient découvrir  à la une de leur édition de la Chronique de Fougères. Un repas est servi à Saint-Louis aux 43 familles rassemblant 284 personnes.  Le slogan « Travail, Famille, Patrie »  doit se traduire par une présence des mères de famille au foyer de préférence et l’attribution de médailles le jour de la fête des mères. Les épouses de prisonniers sont protégées, elles sont nombreuses à Fougères. Le droit au divorce est restreint et l’avortement sévèrement réprimé. L’Eglise catholique et l’épiscopat relaient les valeurs du régime. Autorités civiles et religieuses se déplacent fréquemment pour décorer des mères de familles nombreuses dans le pays de Fougères. 

Madame Hélye est remarquée comme conseillère municipale de Fougères lors de la séance du 30 mai 1941. Elle fera de la ville sa légataire universelle, dans son testament daté du 30 août 1957, venant ainsi en aide à des particuliers fougerais pour les secourir dans la gêne et leur permettre de surmonter un moment difficile. Une vocation d’aide sociale s’affirme au moment de son entrée au conseil municipal et trouvera son plein essor à partir de son décès.

Madame Réhault, née Marie Pichard, assure la direction de la fabrique de chaussures, son mari Hippolyte ayant été arrêté comme otage en 1943, puis interné à Compiègne et déporté à Buchenwald et Dora. Très appréciée, elle entre au conseil municipal de Fougères, après les élections des 29 avril et 13 mai 1945, premières élections où les femmes peuvent voter. Madame Fortin, responsable de la minoterie fougeraise Férard,  du Gué Landry, en l’absence de son mari prisonnier en Allemagne, fait preuve d’habileté afin d’approvisionner en farine la maison-mère de Rillé et les boulangers des communes environnantes. Jamais les agents du fisc et ceux du contrôle  économique n’ont pu la prendre en défaut. Elle réussit à faire entrer à Rillé  plus de sacs de blé que ne permettaient les tickets de rationnement, malgré la garde exercée par les Allemands à l’entrée de la communauté. Les sacs n’étaient pas déposés à la boulangerie, mais dans un réduit situé près de la chapelle. Celle-ci comprenait un noviciat, un juvénat, les sourds-muets garçons et  filles, les malades de l’hospice, les jardiniers et les autres employés. Elle se trouve fréquemment  nez à nez avec les Allemands, au retour de sa tournée, alors que sévit le couvre-feu. Madame Fortin  voyage souvent la nuit, en secret, dans un misérable camion  avec un changement de plaque d’immatriculation pour tromper les surveillances. Madame Fortin ne manquait jamais d’à-propos avec ses réparties et se stratagèmes détournant l’attention des inspecteurs.

 

Les religieuses de Rillé aux prises avec les Allemands

Lorsque les Allemands s’installent à Rillé, c’est un véritable bouleversement de vie pour les religieuses et leur personnel. Les supérieures et l’économe sont obligées de défendre leurs biens et de protéger le jardin ainsi la tour convoitée par l’Occupant comme poste d’observation.  Les locaux occupés par l’hôpital militaire complémentaire, les hangars, les étables, la boucherie, la boulangerie et la menuiserie sont entièrement réquisitionnés notamment pour leurs chevaux. Les sœurs réussissent à subtiliser, pour leurs jardiniers,  du tabac stocké par les Allemands dans la boucherie. Un jour, les vols sont repérés et les Allemands accusent le personnel. L’ordre est donné de faire disparaître toute trace de tabac. Malgré cela, une perquisition dans une chambre  permet de tomber sur un mégot. Il faut toute la diplomatie de l’économe pour se tirer d’embarras. Grâce à cette religieuse, Joseph Chevalier et un de ses collègues évitent l’envoi en Allemagne au titre du Service Obligatoire du Travail (STO). De bonnes tasses de café très fort  leur furent administrées, faisant croire à des problèmes de cœur leur permettant d’obtenir des certificats d’invalidité. Afin d’éviter les rapines, des objets précieux de la chapelle sont dissimulés dans des tombes creusées au cimetière de la communauté et dans le fond du jardin. Les religieuses doivent s’habituer aux défilés et aux chants des troupes allemands, partant s’exercer à la campagne. Elles sont également témoins des exercices de tirs effectués chaque jour devant le juvénat transformé en école de formation militaire.

 

Le lourd tribut humain de Fougères et des communes rurales lors des bombardements

Lors des deux bombardements de juin 1944, sur 282  victimes recensées, on dénombre 142 femmes domiciliées à Fougères. Sur 17 communes du monde rural, 30 femmes sont décédées lors des bombardements  du 6 juin et du 8 juin. Ainsi un plus de la moitié des victimes sont des femmes, certains hommes prisonniers de guerre n’étant pas toujours revenus. Place du Marchix, à Fougères, 29 femmes indigentes périssent à l’hospice de la Providence.

 

Au service des Occupants

Le quotidien est également la présence de femmes comme salariées dans les postes de commandement de l’Occupant. Les archives de Fougères comportent des listes de femmes, avec leurs salaires afférents, rattachées  à la Kreiskommandantur, 2 rue Jules Ferry, au Standortkommandantur, 40 rue de Laval et à la Kommandantur, place Gambetta. Les formes de collaboration économique de commerçantes, bien en vue, sont  très mal perçues par la population soumise au ravitaillement et à une pénurie croissante. Plus graves, sans doute, les affaires de mœurs, lorsque des Fougeraises s’affichent d’une manière ostensible avec des Allemands. Quelques-unes  d’entre elles subiront la honte d’être promenées lors d’un défilé en ville, sur une charrette. Fougères rejoint d’autres villes avec cette mascarade avilissante.

La période 1940-1944 est l’occasion pour plusieurs de sortir des représentations de la femme soumise que cultivaient le programme de la Révolution nationale et le discours pétainiste avec pour devise « Travail, Famille, Patrie ». Elles ont préparé ainsi la grande émancipation du droit de vote et la possibilité d’être éligible à des fonctions locale et nationales, lors de la Libération.

Daniel Heudré

Sources :

-Archives Municipales de Fougères (AMF), dossiers 5 H 4-1 à 5 H 4-31.

-Archives de Rillé, Fougères, La guerre de 1939-1945, article de Sœur Marie Gemma et témoignage de Joseph Chevalier, jardinier à Rillé (Remerciements à Soeur Lucienne, Archiviste).

-DAVCC, Caen, Dossiers résistants internés et déportés, séries 21 P.

-Michèle Contet, Les Françaises dans la guerre et l’Occupation, Fayard Histoire, 2018.

-Isabelle Le Boulanger, Bretonnes et Résistantes (1940-1944), Coop Breizh, 2018.

-Jean Madelain, Hippolyte Réhault le Maire de la reconstruction de Fougères, Bulletin et Mémoire de la Société d’Histoire et d’archéologie du pays de Fougères, année 2014-2015, Tome LII-LIII.

-Site Internet, Maitron, Daniel Heudré, notice sur René Gallais.

-Site Internet, Mémoire de guerre Bretagne, Jean-Paul Louvet, Renée Thouanel, Daniel Heudré, articles sur la Résistance dans le pays de Fougères.

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