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Le déminage: Témoignages |
Témoignage de Mr ESNAULT qui démina les dunes de Longchamp à Saint Lunaire près de Dinard Décembre 1944 au 7 avril 1945
Robert Esnault sur la plage en 1944
Fin 1943, donc bien avant le débarquement, nous nous sommes emparés, au titre de la Résistance, dun stock darmes et dexplosifs dans un dépôt allemand situé à lépoque 48 rue Gardiner à DINARD (actuellement CDM) .Le bilan de cette prise de guerre audacieuse par la Résistance avait rendu furieux et nerveux les Allemands de la Waffen Maëterei situé tout près de là, au Pipark derrière la gare de Dinard (devenu Parc des prisonniers allemands à la Libération) .Pendant cette opération , nous avions trouvé un ouvrage sur les mines allemandes. Cet ouvrage pouvait paraître accessoire sur le moment. mais il a peut-être conforté ma vocation de démineur. En tout cas, il a bien rendu service dans les opérations de déminage de la plage de Longchamp, à la Libération. Il a donc sans doute contribué à sauver des vies.
Quelques mois après, pendant les combats de la Libération je fus blessé au cours dun engagement à la Vicomté et ma convalescence dura plusieurs semaines. Alors que mes camarades rejoignaient les unités régulières F.F.I. engagées dans les combats de la Libération des poches de lAtlantique, je restais immobilisé par mes blessures. Jai mis à profit ce temps mort pour relire louvrage sur les minen et minstruire sur les mines à technologie allemande. Mes quelques connaissances de la langue allemande étaient utiles.
Fort de mes nouvelles connaissances technologiques sur les mines allemandes et désireux de me rendre utile, jai obtenu la mission sous tutelle militaire de prendre la tête dun petit commando de six démineurs volontaires français pour entreprendre le déminage des dunes de Longchamp, pendant l'hiver 1944-45.
Au début octobre 1944, nous avons installé notre P.C. dans le garage situé face au Blockhaus Est des dunes. Rares étaient les volontaires PGA, connaissant le danger de ces mines .
Sur les dunes, au gré des vents et des marées, certaines mines ressortaient plus ou moins à la surface du sable, mais la plupart étaient ensablées, parfois même profondément. Nous en avons retrouvé une sous 1 m60 de sable. Ces mines terrifiantes de puissance avaient pourtant été installées soigneusement par lennemi, selon des plans retrouvés un peu tard dans les archives allemandes, soit près de deux mois après la fin du chantier.
Notre premier travail fut de les détecter surtout à laide de sondes mais parfois à laide de détecteurs de larmée américaine appelées poêles à frire et de les extraire du sable.
Robert Esnault sur un chantier de déminage avec des prisonniers
Une fois posées sur le sable, il était plus facile de les désamorcer pour les neutraliser. Au total, courant février 1945, les dunes de Longchamp étaient déminées. Nous avions à notre actif le désamorçage et la neutralisation de 543 Teller Minen et Minen BR Fusées Antichar françaises récupérées dans nos arsenaux à la débâcle et utilisées par loccupant.
Malheureusement, nous avons enregistré quelques victimes au cours de ces opérations à risques : Nous avons eu un blessé au Faudet, deux morts au Bois de Ponthual et un mort en déminant lactuel camping de Port Blanc
Lhiver 44-45 était froid, le vent souvent glacial. Dans notre P.C. nous nous réchauffions en brûlant la poudre extraite des explosifs, une fois les détonateurs enlevés. Un jour, une brave dame qui passait par là nous dit : quest-ce quil fait bon chez vous, vous avez du charbon ?
Lorsque je leus informée de la nature de notre combustible, elle nous quitta précipitamment !
Aujourdhui, reste-t-il encore des explosifs quelque part sur nos côtes ? Une réponse de la Préfecture dI. et V. du 27 février 1947, répondant à Mr Lecouffre Conseiller Général du canton de Dinard (retrouvée aux archives municipales de Dinard) prouve que des instructions étaient données à lépoque à Monsieur le Chef du service de déminage pour quil fasse procéder à la reconnaissance rapide des derniers dépôts signalés en vue daboutir à leur enlèvement et destruction. Mais on voit bien que la mer ramène encore parfois à la surface des engins de mort, que le temps a heureusement souvent rendus inoffensifs, mais pas toujours...
Lhistoire a souvent parlé du rôle des prisonniers de guerre de lAxe (P.G.A.)dans le déminage. Il faut savoir que la Convention de Genève exigeait quils soient volontaires pour des tâches dangereuses. Dans le secteur de Dinard, il sest bien trouvé des sapeurs allemands pour poser les mines mais pour ainsi dire pas de volontaires pour les enlever. Bien sûr, il y avait des commandos de P.G.A. utilisés à de nombreuses tâches variées pour réparer le préjudice causé, ou emmener les mines désamorcées, mais sans rapport direct avec le déminage.
Explosion d'une mine
Nature des mines déposées et neutralisées ou détruites par lui-même et son équipe comprenant occasionnellement des PGA volontaires (jusquà Mars 1945):3798 + 629 = 4.427
Nature des mines déposées et neutralisées ou détruites :
(Document de travail datant de février/mars 1945,
DATE | TYPE de MINES | NOMBRE | OBSERVATIONS_ |
Au titre dartificier résistant : -au 1 ...3/3/1945 : -au 21/3/1945 -au 22/3/1945 au 24/3/1945 -Début Avril Après incorporation militaire : |
A.P. Stock A.C. Teller A.P. Stock A.C. Teller A.N.F. A.P. Stock. A.P. Stock A.C. Française bi-fusées A.P. A.200. A.P. A 200 A.C. Bi-fusées A.C Teller A.P. Stock 270 m/m ANTICHAR 105 m/m 270 m/m |
. 162 96 64 104 10 10 97 37 43 54 52 48 10 24 195 |
déterrés (obus utilisés comme mines allumeur à pression 80/100 m/m) 59 déterrés ou neutralisés |
Sémaphore de Saint-Lunaire Abords de la Propriété du Rock (Général Allemand et État-Major) |
A.P. S. Mines A.C. SPR 43. |
34 15. |
dont 2 pour le Musée École de Coëtquidan |
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Ed:27/04/2014