Les camps de Prisonniers de guerre allemands
en Bretagne
I campi de P.G.A in Bretagna tra (1944 e il 1946)
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Ed: 23/02/2015 |
Tableau réalisé à partir de rapports du CCIR (Archives CCIR de Genève)
Avant propos L'étude ci-dessous de Jean Hurault décrit une situation des camps, pendant la période la plus difficile de la captivité des prisonniers allemands.
Dès le début 1946, le redémarrage de l'économie du pays, la baisse des effectifs dans les dépôts, les enjeux diplomatiques et les libérations demandées par les Etats-Unis ont contribué à améliorer considérablement la condition de vie des prisonniers. (Voir les documents photographiques du camp de Coetquidan). Les prisonniers détachés dans les fermes (un prisonnier sur deux) mangent à la table du patron et sont traités souvent comme un membre de la famille. |
Étude réalisée par Jean Hurault (Juin 2004)
I-BASE DE L'Etude |
II- LES ARCHIVES MILITAIRES FRANÇAISES Les archives de la Direction des
prisonniers de l'Axe
Les autres séries se rapportent à l'état
civil et sont vraisemblablement très fragmentaires. Chacune de ces unités a nécessairement tenu les documents imposés à tout détachement militaire isolé, soit : · le registre de gestion (arrivées,
départs, décès par mois ou par quinzaines, |
III FORMATION DES CAMPS DE PRISONNIERS DE LA
FRANCE DE L' OUEST (4ème et 11ème Région)
Tableau 1- Cession par les autorités militaires US- Juillet 1945
Notons que les Américains n'ont pas remis
aux Français la totalité des prisonniers allemands qu ils avaient en mains. Il a
subsisté jusqu'en 1948 des camps US qui ont gardé jalousement leur indépendance, et
auxquels la correspondance du Général Buisson ne fait pas allusion. Ils ne nous sont
connus qu'en partie par les comptes rendus, presque tous élogieux, des visites de camps
par le CICR.
Dans ses notes 8451 et 8452/DIPG/4 du 24 juillet 1945 le Général Buisson constatait :
" ...Pour qu'une opération analogue soit
effectuée dans les zones d'occupation des armées alliées au profit des P.G. détenus ou
à détenir par la France. Pour ne pas indisposer une opinion publique assez émotive, et
qui, à juste titre, verrait d'un mauvais il nos ateliers travailler au profit des
Allemands, alors que nos nationaux éprouvent les plus grandes difficultés à se vêtir,
il serait avantageux que l'essentiel de nos besoins puissent être satisfaits par ce moyen
".
En fait, il ne parait pas qu'à l'exception des sabots, on
entreprit en France aucune fabrication. Une partie des prisonniers durent travailler torse
nu pendant plusieurs mois, et même certains démineurs dans les Landes durent accomplir
leur dangereux travail nus sous une simple capote (archives de la Préfecture du
Mont-de-Marsan - J. Hurault, mai 1997). |
L'alimentation des prisonniers |
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La situation dans les camps En 1945, les Alliés interdisent toute activité à la Croix-Rouge-allemande, qui, si on l'avait laissée intervenir, aurait pu apporter aux prisonniers un minimum de secours. A l'exception des britanniques, qui interviennent rapidement et efficacement, on ne fit aucun effort pour rétablir une correspondance entre les captifs et leurs familles: elle ne s'établit dans les camps français qu'en novembre 1945. A partir de cette époque, la Croix-Rouge allemande reconstituée sur une base provinciale, put acheminer des vivres et des vêtements. mais on avait refusé de lui donner des listes nominatives; ainsi elle ne pouvait faire que des envois globaux: tel dépôt, tel camp. Les prisonniers détachés dans les commandos ne recevaient que peu de choses. Le CCIR était intervenu dès avril 1945, pour secourir les camps où régnait la pire famine, mais il n'avait pas prévu l'ampleur de la situation. Il ne disposait pas des moyens nécessaires. Les wagons du Service de Secours stationnaient interminablement sur les voies, certains étant pillés en cours de route ou même disparaissaient. Un des aspects les plus dégradants de la condition faite aux prisonniers était le manque de gamelles et de tout ustensiles. Les Américains leur avaient pris tout leur paquetage. Ils ne pouvaient que lamper, assis par terre, dans une boîte de conserve US la soupe qui leur était distribuée: le seul aliment solide était le pain, chichement réparti. Les vieilles boîtes toutes cabossées ne pouvaient être nettoyées, ce qui était un facteur d'insalubrité. Le général Buisson, qui n'aimaient pas les Allemands, était favorable aux prisonniers italiens et s'efforçaient de les conserver au-delà de la durée prévue par les traités, en leur assurant une bonne installation et une excellente alimentation (voir ci-dessous, l'exemple des deux commandos de la forêt de La-Guerche-de-Bretagne. |
Les visites des camps l'année 1945 Le CCIR n'avaient en 1944-1945 qu'une délégation en France, celle de Paris, qui ne disposait qu'une dizaine de représentants aptes à faire des visites de camps. Dans les derniers mois 1945 deux autres délégations furent créées à Lyon et à Marseille. Le nombre de dépôts était de l'ordre de cent pour toute la France et chacun d'eux avaient créé un nombre variable de commandos( (plusieurs dizaines , parfois plus de cent). La pénurie de véhicules et d'essence empêchaient les chefs de dépôts de contrôler efficacement ces petites unités dans lesquelles les conditions des prisonniers était très variables. Les visites de camp par le CCIR ne pouvait donc avoir que le caractère d'un sondage. Au début de leurs travaux, les représentants du CCIR étaient semble-t-il, assez inexpérimentés. Ils semblent avoir noté assez facilement ce que leur disaient les chefs de camps et aussi les hommes de confiance, qui pouvaient craindre de perdre leurs places privilégiés. quoiqu'il en soit, nous résumerons, en mettant en valeur pour chaque unité visitée, les données les plus importantes, nourriture, vêtements, hygiène, quand elles ont été nettement précisées. On fera usage des signes conventionnels suivants:
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Visites des camps de l'année 1945. Enquêteur: M. Bonnet | |||||||||||||||
Ille-et -Vilaine |
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Unité-Dépôts- |
Nombre |
Alimentation | Vêtements | Hygiène | Date | ||||||||||
Dépôt n° 1102 Rennes | 15.194 | Vermine | 10/9 | ||||||||||||
Dépôt n° 1101 Rennes | 4.008 | 11/9 | |||||||||||||
Hôpital de La Prévalaye Rennes | 640(malades) | . | 17/8 | ||||||||||||
Commando caserne du Colombier-Rennes | 37 | 6/4 | |||||||||||||
Dépôt annexe de la Motte au Chancelier-Rennes( waffen SS) | 491 | 09 | |||||||||||||
Dépôt n°117- La Lande-d'Ouée | 1922 | 12/9 | |||||||||||||
Camp de la Guerche-de-Bretagne | 69 | . | . | 10/4 | |||||||||||
Autre camp de la forêt de la Guerche-de-Bretagne | 25(Italiens) | . | . | 10/4 | |||||||||||
Commando de Saint-Lunaire (déminage) | 25 | 12/9 | |||||||||||||
Dépôt n°115- Saint-Servan | 2244 | . | 12/9 | ||||||||||||
Commando de Paramé -St-Malo (déminage) | 20 | 7/4 | |||||||||||||
Côtes d'Armor |
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Dépôt n° 111-Lamballe | 4784 | Vermine | 13/9 | ||||||||||||
Commando de Pléneuf (déminage) | 20 | 7/4 | |||||||||||||
Dépôt n° 119-Erquy | 683(officiers) | 13/9 | |||||||||||||
Commando de Guingamp | 25 | 8/4 | |||||||||||||
Commando de Lannion (déminage) | 25 | 9/4 | |||||||||||||
Commando de Plérin (déminage) | 7 | 8/4 | |||||||||||||
Commando d'Yffiniac | 7 | 8/4 | |||||||||||||
Commando de Pinot-Duclos | 23 | 8/4 | |||||||||||||
Morbihan | |||||||||||||||
Dépôt n°112- Comper en Concoret | 4.053 | Vermine | 20/9 | ||||||||||||
Dépôt n°118-Annexe de Kervegant en Ploemeur | 285 | 19/9 | |||||||||||||
Dépôt n° 118-Annexe de Kermoello | 1263 | Vermine | 19/9 | ||||||||||||
Camp annexe du Pargo( annexe du 118) | 1514 | Vermine | 19/9 | ||||||||||||
Camp annexe de Kerihuer en Ploemeur | 1455 | . | . | Vermine | . | ||||||||||
Camp annexe Billiers/Muzillac-(déminage) | 705 | Vermine | 18/9 | ||||||||||||
Camp annexe de Kerval-Auray | 1924 | Vermine | 18/9 | ||||||||||||
Commando de Meucon | 34 | 9/4 | |||||||||||||
Finistère |
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Dépôt n° 116- Pleyber-Christ | 2070 | Vermine | 14/9 | ||||||||||||
Dépôt n° 113 Châteaulin | 2573 | Vermine | 15/9 | ||||||||||||
Dépôt n° 113 Brest-Annexe | 739 | Vermine | 14/9 | ||||||||||||
Dépôt de Quimper-Lanniron | 3853 | Vermine | 15/9 | ||||||||||||
Hôpital militaire de Brest | 260(malades) | . | 19/9 | ||||||||||||
D'une façon générale, la situation dans les dépôts était pire que dans les commandos. Encore l'enquêteur (Bonnet) n'en a t-il pas saisi toute la gravité. C'est ainsi que pour les dépôts 1101 et 1102 de Rennes, il note une nourriture satisfaisante, alors que d'après les témoins survivants, les prisonniers étaient parfois réduits à manger de l'herbe. Etant passé pendant la belle saison, il n'a pas noté la détresse due à l'absence générale de chauffage. Dépourvu de connaissances spécialisées, il n'a pas cherché à préciser la situation sanitaire, ni la mortalité. La situation dans les commandos était très variable en fonction du commandement, mais aussi des ressources locales et de l'attitude de la population. Les commandos affectés au déminage étaient, dans cette région, mieux nourris que les autres, et parfois occupaient des villas délaissées par leurs propriétaires. Dans la forêt de La-Guerche-de-Bretagne, il y avait deux commandos: celui des Allemands était misérable, tandis que le groupe des Italiens était très bien nourri. |
Visites des camps de l'année 1946 Au cours de cette année, le CCIR confia les visites des camps de la XIème région à deux enquêteurs, M. Courvoisier et le Dr de Morsier. Ils mirent en évidence dans les premiers mois une situation désastreuse qui avait régné sans nul doute au cours de l'année 1945 et avait échappé à leur prédécesseur. A Rennes, ils sont passés trois fois, en mars, mai et juin. la situation s'améliora nettement à partir du mois de mai. Je n'ai pu analyser la totalité des comptes-rendus de visites: le tableau ci-dessous porte sur environ 4/5 de ceux-ci. |
Satisfaisant | Moyen | Mauvais |
Visites de camps de l'année 1946. | ||||||
Ille-et -Vilaine |
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Unité-Dépôts- |
Nombre |
Alimentation | Vêtements | Hygiène | Date | |
Dépôt n° 1102 Rennes | 10250 | 23/3 | Courvoisier | |||
Idem (2ème visite) | . | Visite des rapatriables | 5/5 | Courvoisier Dr de Morsier |
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Dépôt n° 1101 Rennes | 5600 | 23/3 | Courvoisier | |||
Idem (2ème visite) | Camp de transit de prisonniers rapatriables |
3/5 | Courvoisier Dr de Morsier |
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dem (3ème visite) | 3000 | 12/6 | Courvoisier Dr de Morsier |
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Hôpital de La Prévalaye Rennes | 250 malades |
Visite exclusivement médicale | 4/5 | Dr de Morsier | ||
Dépôt annexe de la Motte au Chancelier-Rennes( waffen SS) | 330 | 24/3 | Courvoisier | |||
Idem (2ème visite) | 280 | . | 7/6 | Courvoisier | ||
Dépôt n°115- Saint-Servan | 3613 | 3/5 | Courvoisier Dr de Morsier |
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Côtes d'Armor |
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Dépôt n° 111-Lamballe | 4750 | Vermine |
13/3 | Courvoisier | ||
Idem (2ème visite) | 5592 | Vermine |
21/8 | Courvoisier | ||
Commando de déminage de Plévenon | 109 | . | . | Courvoisier | ||
Dépôt n° 119-Erquy | 72 | 24/7 | Courvoisier | |||
Morbihan |
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Dépôt n°114- Lorient (remplace le 118 supprimé) | 9260 | 15/3 | Courvoisier | |||
Idem (2ème visite) | 8000 | . | 24/8 | Courvoisier | ||
Détachement de l'école des cadres de Meucon | 388 | 23/8 | Courvoisier | |||
Détachement de déminage de Vannes | 1200 | . | 8/6 | Courvoisier | ||
Centre de déminage de Vannes | . | 24/8 | Courvoisier | |||
Détachement de Coëquidan (Lire) | 2199 | 28/7 | Courvoisier |
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Finistère |
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Commando du Conquet | 45 | . | 16/8 | Courvoisier | ||
Détachement de déminage de Fouesnant | 95 | 9/6 | Courvoisier | |||
Dépôt n° 113 Brest-Annexe | 7709 | 14/3 | Courvoisier | |||
Idem (2ème visite) | 7746 | . | 22/8 | Courvoisier | ||
St-Jean-du-Doigt | 32 | 13/8 | Courvoisier |
Les enquêteurs ont relevé des manquements flagrants à la convention de Genève et dans presque tous les camps, la condition misérable des prisonniers. A Lamballe (13 mars 1946) "L'homme de confiance demande que les rapports adressés au CCIR ne soient pas modifiés prélablement par le Commandant du camp."la nourriture". Au détachement de déminage n° 39 de Plévenon "Durant plus d'une année, la nourriture fut nettement insufisante, à tel point que selon les dires de l'homme de confiance et des gardes français, les prisonniers s'évanouissaient sur les chantiers de travail" Observations sur les détachements de déminage dépendant du dépôt n° 111 D'une façon générale les prisonniers de
tous ces détachements ont souffert de la faim. Par exemple ceux qui sont arrivés à
Cabourg3 étaient dans un état de grande faiblesse si bien que le médecin
allemand, d'accord avec le médecin français, a dû envoyer 35 % d'entre eux à
l'infirmerie du dépôt 34".
Au camp de la Motte,
dépendant du dépôt 1101
Soins médicaux
Maladies dominantes : faiblesse générale, cachexie, dème de la faim, tuberculose.
" Ces malades ne reçoivent pas non plus
de suppléments et c'est pourquoi les médecins allemands redoutent que des décès se
produisent prochainement ". Entretien avec l'homme de confiance L'homme de confiance a formulé les plaintes suivantes :
Effectif : 10 250 prisonniers soit :
Généralités
" Il n'est pas possible de
consommer la graisse remise par l'intendance sans l'avoir fondue au préalable. En outre,
cette graisse ne contient en réalité que 40 % de matières grasses, le reste est formé
de matières azotées, de sel, etc. ".
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