20/03/2010

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LA LÉGION ÉTRANGÈRE DE LA 12° Compagnie

 

Ouest-France dans un article du 26 août 1994 résume comment Marian Wilké Polonais enrôlé de force dans l’armée allemande, s’est évadé de la Wehrmacht, comment il a été recueilli par des familles françaises ou, devenu " sourd-muet " il a rejoint les FFI.

 

(Ouest-France du 26 août 1994 )

Il s’évade de la Wehrmacht et rejoint les F.F.I.

L’histoire de Marian le Polonais

Sous sa barbe épaisse, Marian Wilke impose le respect lorsqu’il évoque ses souvenirs de guerre. Il passe du rire aux larmes. Difficile d’être là, à essayer de partager un épisode douloureux de sa vie. C’est l’histoire d’un Polonais enrôlé de force dans l’armée allemande. Évadé, recueilli par des familles françaises, " sourd-muet " et F.F.I..

Entraîné dans le tourbillon dévastateur de la guerre en juillet 1942, le jeune Polonais Marian Wilke est mobilisé de force dans l’armée du Reich. " L’ennemi nous a terrassé. Et comme je ne voulais pas y aller, j’ai passé huit jours en prison avant de rejoindre Berlin. " Puis, direction la France. Volontairement mauvais soldat, Marian ne connaît que les garnisons isolées ou disciplinaires, comme au camp de Coëtquidan d’où il s ‘évade un certain 15 janvier 1943. " Je suis un évadé, pas un déserteur. Cette armée n’a jamais été la mienne. "

En parlant de son évasion Marian fixe le vide. Les images douloureuses défilent : " J’essaie de rejoindre Saint-Raoul. Une patrouille arrive et aussi sec, je fonce à travers champs. Je cours et je me relève, sans savoir que j’étais tombé. J’ai effectué huit kilomètres de 19 h. à 3 h. " En plein hiver, il se fait emporter par les courants de l’Aff avant d’arriver au hameau de Thélin, transi de froid, affamé et perdu dans son grand uniforme allemand. " Je frappe à la première porte, le sacristain m’ouvre. Je suis un miraculé. "

Il sera sourd-muet !

Sur sa route, il ne manquera pas de braves pour lui tendre les bras : Eugène Bouvier, Julien son frère et surtout le docteur René Chesnais. Chez ce dernier, Marian se retrouve " au cœur d’un réseau de résistance spécialisé dans le renseignement. Un miracle. J’ai tout raconté et notamment les camps qui existaient en Pologne. Personne ne savait rien. "  On a l’impression qu’il ne peut pas y croire.

Spécialiste des abris

Marian est rapidement transporté chez Mlle Récipon à Laillé. Auparavant, il change de nom et devient Roger Piedon, ouvrier de cirque. " Bienvenue mon ami, m’a t-elle dit en m’accueillant. Et pourtant, précise t-il les yeux embués de larmes, elle ne m’avait jamais vu ! " Marian restera chez elle du 28 janvier au 26 décembre 1943. Pour ne pas attirer l’attention, il doit être aussi discret que possible. Sourd-muet ! il sera sourd-muet : c’est une idée de Mlle Récipon. " On a fait beaucoup d’exercices pour que je m’habitue. A force, je m’exprime devant ma glace pour ne pas oublier de parler "

Chez cette " grande Patriote " les Parachutistes défilent régulièrement et Marian se charge de leur construire des abris. " Des abris souterrains de trois places, totalement camouflés avec des arbres et de la mousse. Comme quoi un camouflé peut en camoufler un autre. " La vie était presque belle, jusqu’au jour où sa protectrice est dénoncée. Marian, lui se réfugie chez la sœur de Mlle Récipon, Mme Michelez. Une sérénité éphémère puisque quelques jours plus tard, elle est emmenée à son tour par les Allemands. " Le Pays était orphelin, moi aussi. " Mais la Libération approche et Marian s’enrôle dans les F.F.I.. Peu de commentaires. Il dira seulement qu’il a : " perdu beaucoup de camarades au combat. Tout ce qu’ils ont fait était incroyablement efficace. Il n’y avait pas de déchet, de trahison, d’épuration. " Et de conclure modestement : " Je raconte tout cela en l’honneur des résistants. "

Olivier MARIE

 

13/2.  Le groupe de Monterfil a continué à créer sa petite légion étrangère avec deux ukrainiens incorporés dans l’armée allemande et capturés sur le camp de radars de Monterfil. Ils furent amenés au château et enfermés dans  les étables.

Un tribunal d’ exception mis en place par un lieutenant F.T.P. avait décidé de les fusiller. Heureusement notre camarade polonais Marian Wilke comprenait bien le russe, sert d’interprète et découvre qu’on allait fusiller des soldats expérimentés qui ne demandent qu’à se battre à nos côtés.

C’est ainsi que grâce à notre camarade polonais, leur peau fut sauvée in extremis et qu’ils devinrent nos premiers instructeurs ô combien compétents et efficaces , qui nous avaient fait si cruellement défaut jusque là, notamment pour utiliser les armes prises à l’ennemi.

On savait que les prisonniers de guerre de l’axe (alliés de l’Axe confondus) dont les Russes blancs portant l’uniforme allemand, devaient être remis aux américains, mais ce ne fut pas le cas, puisque nous avions besoin d’eux, alors ils devinrent F.F.I. avec nous.

Ainsi, ils ont échappé à une mort certaine, car les Américains les auraient remis aux soviétiques qui les auraient fusillés comme traîtres à leur Patrie. Mais ça nous ne la savions pas encore. Ce fut longtemps un des  accords secrets bien gardé entre Staline et Roosevelt, au titre du partage de Yalta.

Il n’est que de lire : "Le dernier secret" de Nicholas Bethell paru aux Éditions du Seuil (1975) (comment les alliés livrèrent deux millions de Russes à Staline) pour apprendre les dessous de l’histoire au sein de laquelle nous allions être mêlés sans le savoir. 

Lorsque notre compagnie F.F.I. prit position dans les poches de St-Nazaire et de Lorient,  l’ État-major américain savait, et nous allions  le savoir, que des bataillons russes dits blancs, opposés aux rouges de Staline, et portant l’uniforme allemand  combattaient du côté allemand contre nous.

Il s’est donc trouvé des Russes dans les deux camps et du côté allemand et du côté F.F.I., se tirant mutuellement dessus, sous nos yeux. Nous l’avons vu, nous l’avons vécu, mais nous ne l’avons jamais lu nulle part, sauf que ce livre  "Le dernier secret" cité plus haut, nous en fournit l' explication.

La situation était complexe, car les Russes étaient nos alliés encore que certains d’entre eux étaient nos ennemis. Bon, ce n’était pas les mêmes…

On ne savait pas encore, même si ça coule de source en le sachant, que le gouvernement soviétique de Staline ne pourrait pas pardonner à ses propres ressortissants de l’avoir combattu sous l’uniforme nazi. Pour Staline même un  combattant russe qui se laisse faire prisonnier est traître à son pays, alors évidemment quand c’est pour endosser l’uniforme allemand ensuite, ça mérite le châtiment suprême.

Et puis, on avait encore pas mal de nos propres prisonniers de 1940 dans les camps se trouvant dans le secteur conquis par les soviétiques. Alors, il fallait bien composer avec les soviétiques pour leur rapatriement.

Les Anglais possédaient 28.000 prisonniers russes blancs sous uniforme allemand et les Américains 21 000. Churchill, lui-même dut bien se résoudre à livrer à Staline quantité de prisonniers russes blancs, sur ces 28.000 qu’il détenait, sachant qu’il les conduisaient à la mort.

Ces Russes blancs prisonniers avaient bien pris conscience de la situation et savaient ce qui les attendaient. Certains d’entre eux se sont suicidés. D’autres essayaient de le faire....

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