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Le dernier convoi de Rennes  dit "train de Langeais"  
  La vie au Camp Margueritte et la prison

 

Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents  sur ce dossier  

 

Quelques heures avant la  Libération de la ville, les 2 et 3 août 1944, deux  convois de prisonniers , résistants pour la plupart , quittent Rennes  pour l'Allemagnel

Les prisonniers dits "politiques" ou "terroristes" (les Résistants), des otages, des droits communs, des soldats américains et des Allemands disciplinaires, étaient détenus à Rennes, au "Camp Margueritte" et à la prison "Jacques Cartier" située à côté. Ils étaient des milliers.

Au "Camp Margueritte", une quinzaine de baraques pouvait loger chacune de 120 à 140 internés.

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Des otages, installés dans des baraques à part, constitués de notables, professions libérales, commerçants, enseignants..., les "prisonniers d’honneur", ne furent pas maltraités.

La nourriture était détestable, constituée d’un ersatz de café, 200 grammes de pain pour chacun et une soupe aux choux verts non cuits, distribuée midi et soir, qui provoqua de nombreux cas d’entérite et de dysenterie grave (jusqu’au sang).

Le menu s’est ensuite amélioré par l’addition de pommes de terre, carottes et haricots.

Tous les quinze jours, La Croix Rouge et le Secours National apportaient un complément de viande, de beurre et de sucre.

Des colis familiaux arrivaient aux droits communs et aux otages, les Allemands ne se privant pas d’y effectuer des prélèvements.

D’après le Docteur Lucas, médecin prisonnier, la détention fut assez souple. Des jeux, tels que cartes et dominos, étaient tolérés. On fit même du théâtre amateur. Les prisonniers faisaient des projets et essayaient de saper le moral de leurs geôliers. "La guerre est finie", leur disaient-ils.

Un prisonnier, Monsieur Kérautret, raconte que les otages de la "baraque 14" ont côtoyé les prisonniers politiques qui étaient très mal nourris, à un tel point que chaque matin, lors de la corvée des w.c., quelques otages glissaient des morceaux de pain dans leur seau. Les prisonniers se dépêchaient de les manger, après les avoir grossièrement nettoyés !

Le mot d’ordre était : "on ne se connaît pas - on ne parle pas", par crainte de mouchards ou d’interrogatoires éventuels. Le docteur Lucas, qui était dans la même baraque que mon père me l’a confirmé : "Votre père avait bon moral. Il parlait peu. Il n’a jamais dit quoi que ce soit sur ses activités, son arrestation et l’interrogatoire". Cette réserve a été celle de la plupart des "détenus terroristes".

Le 3 juillet, le Colonel Fonferrier adressa à son épouse une carte, dans laquelle il est dit ceci : "Santé et moral bons".

Il lui demande de voir Madame Lusven à Ploudalmézeau, dont le mari a le n° 633, pour prévenir les familles de M. Edouard Quéau n° 640 - M. Joseph Scouarnec n° 651,de Portsall - M. Joseph Mouden n° 634, de Tréglonou, M. Le Dreff, de Ploudalmézeau- Mr Coum père n° 616 à Saint Pabu - 6) Mr Provostic à Ploudalmézeau - Docteur Lucas à Saint -Renan.

Cette lettre est d’une extrême prudence, malgré les rapports étroits ayant existé entre le Colonel et mon père, il le cite simplement comme les autres.

Par contre, il ne faut pas oublier le sort attribué à ceux qui subirent les interrogatoires par la Gestapo. Tous les jours, il en était appelés et certains d’entre eux ne revenaient pas étant fusillés.

Le 8 juin, avait eu lieu l’exécution systématique de ceux qui tenaient un poste important dans la Résistance. (Lire )

Un résistant prisonnier de Saint-Brieuc, Paul Héger, a fait part de l’atmosphère :"...Mais hélas ! Nous avons vite déchanté, car ils ne tardèrent pas, les salauds, à venir comme à Saint-Brieuc, nous chercher pour les interrogatoires, alors que nous croyions que c’était bien terminé. Malheureusement, les dossiers nous avaient suivis et tous les jours, sauf le dimanche, ils venaient, ces maudits, appeler et chercher un tel et un tel. Les premières fois, nous ne nous en faisions pas de trop, croyant que les coups durs étaient épluchés à Saint-Brieuc, mais hélas ! La terreur régnait pire que jamais ; ils ne revenaient pas tous à ma baraque, les pauvres gars. Grande fut notre douleur, quand nous apprîmes que certains d’entre eux étaient fusillés. Alors, dès que nous le savions officiellement, nous nous réunissions pour dire une petite prière et nous observions une minute de silence à leur mémoire."...

Pendant des mois, le camp s’était empli et vidé au rythme des convois à destination de Compiègne.

Le lendemain du débarquement des Alliés sur la côte normande, 74 personnes , choisie dans toute la Bretagne, sont arrêtées par la Gestapo et transférées à la prison Jacques Cartier pour être ensuite réunies dans la baraque 14 du camp Margueritte. 7 juin 1944.

Parmi les otages de Rennes , figurent plusieurs universitaires dont le futur maire de Rennes Yves Milon, des magistrats, un professeur de médecine, Le Damany, le maire de Vitré etc.

"La libération des otages s'est en fait échelonnée: pour vingt et un d'entre eux au bout de huit jours le 14 juin, puis à des dates diverses pour un ou deux isolés, enfin pour un groupe de douze, le 4 juillet". Les autres  "détenus d’honneur" furent libérés le soir du 1 er  août   grâce à l'initiative de Monsieur Morice, professeur d'allemand au lycée de garçons de Rennes. Profitant du départ de la Gestao à Angers, Monsieur Morice intervena auprès de la Feldkommandantur pour obtenir un ordre de libération.

Avec l’accord de la garnison allemande, le médecin colonel Poirier prit en charge 600 militaires alliés blessés qui retrouveront ainsi la liberté.

Il ne restait donc plus, dans le camp et la prison, que ceux qui devaient connaître les deux derniers trains en partance pour l’Allemagne et ses camps d’extermination.

Pour beaucoup d’entre eux, ce fut le dernier voyage.

 Le 28 juin précédent, 1 600 prisonniers environ, dont une grande majorité de résistants, avaient déjà quitté le Camp Margueritte dans un convoi qui transita par Redon et Nantes pour atteindre Compiègne le 12 juillet.

Le 28 juillet, ils embarqueront pour le camp de Neuengamme qu’ils atteindront le 3 août.

Monsieur Jean Kérambrun, de Kerbors dans les Côtes d’Armor, prisonnier de guerre évadé puis résistant, arrêté par les miliciens français le 21 avril précédent, faisait partie de ce convoi. Il est revenu.

Un livre raconte son histoire : " Un destin pour chacun ".

Dans l’Avant-propos du livre, il est écrit :

Entre la déclaration de la Seconde Guerre mondiale et son rétablissement, Jean a perdu "presque neuf ans. Rien ne pourra effacer ces années volées, sacrifiées, ni même les remplacer. "

 

Sources:
 - Les otages bretons de la baraque 14- Yves Rannou :Communication présentée à la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine - Rennes, 9 mars 1999
 - Un destin pour chacun. Jean Kerambrun
- Louis Provostic

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