Concours scolaire national de la Résistance  et de la Déportation. Concours 2010

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v-viv-fr.jpg (11731 octets) L’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et son impact jusqu’en 1945.

 A partir des circonstances et du contenu de ce texte fondateur, les candidats étudieront la portée de l’appel du 18 juin, ainsi que les engagements qu’il a suscités en France, dans l’empire français et à l’étranger.

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RECUEIL DE TEMOIGNAGES D’ANCIENS RESISTANTS D’ILLE-ET-VILAINE.

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Recueillis par Renée Thouanel.   

-         Introduction par Yves Rannou, historien

-         Jean Collet

-         Célestin Perrigault

-         Amélie Yvin

-         Jacques Béteille

-         Jacqueline Debierre née Collet

-         Davis Maicas

-         Ar Zénith. En route pour la liberté. 19 juin 1940

-         Jean Courcier

-         Bernard Lesage

-         Renée Aubry

-         Souvenir de Jean Holley

-         Souvenir de Jean Loncle

-         Jeanne Vandewalle

-         La France au combat, de l’appel du 18 juin à la victoire.

-         Pierre Demalvilain

-         Lucien Levrel

-         Jean Sorel

-         Souvenir de Gérard Travers

-         Guy Faisant

-         Souvenir d’André Rouault

 

 

INTRODUCTION par Yves Rannou, historien.

 

L’appel du 18 juin 1940.

 

         L’appel lancé par De Gaulle, sur les ondes de la BBC le 18 juin, (et répété le lendemain) fait suite immédiatement à l’annonce, elle aussi par radio, de la demande d’armistice et de la fin des combats faite la veille par Pétain à partir de Bordeaux. La radio apparaît dès lors comme un élément essentiel pour le déroulement ultérieur de la guerre (information, propagande), même si elle est encore loin d’être généralisée au sein de la population.

         L’appel initial du général De Gaulle (à l’époque inconnu du grand public) n’a été entendu que par un petit nombre d’auditeurs, et n’a eu au départ qu’un faible écho dans une France traumatisée par la débâcle et l’arrivée des Allemands. Il a par la suite été repris et publié élargissant son impact et confortant des réactions individuelles. Il a touché des secteurs géographiques très divers, dispersés dans le monde. Contrairement au message de renoncement de Pétain, il parle de « résistance », refuse l’armistice qui consacre la défaite et propose la poursuite du combat avec lui, dans la perspective de la victoire. L’appel apparaît, à la fois comme un choix offert à tous ceux (en métropole et dans l’Empire) qui s’indignent de la défaite et redoutent ses conséquences, et comme un message d’espoir et d’avenir dans un contexte militaire et moral particulièrement difficile.

         Un appel radio permet de toucher, dans toute son aire de diffusion, des auditeurs éloignés, n’ayant pas forcément de contacts entre eux, mais qui peuvent ainsi, chacun dans son secteur recevoir le même message, y adhérer personnellement et le répercuter autour d’eux. De Gaulle a pu ainsi atteindre un peu partout, des Français différents dans leurs opinions et dans leurs objectifs, mais ayant en commun le même refus de la défaite et l’opposition à Pétain.

         Qui répondit à l’appel, et quel fut son impact ?

         Pas de chefs civils ou militaires car ceux-ci se rallièrent à Pétain, et peu parmi les militaires stationnés en Angleterre après les combats de Dunkerque et Narvik, mais cependant quelques individualités marquantes comme le général Catroux et l’amiral Muselier, René Cassin et René Pleven, un certain nombre de militaires de tous grades et de toutes armes, et surtout une majorité de volontaires anonymes, souvent des jeunes. Les uns partirent des côtes de France (Un cas emblématique est celui des hommes de l’île de Sein dont les premiers sont partis le 19 juin …), d’autres, à partir de tous les points de France et de l’Empire colonial, rejoindront par des voies parfois longues et tourmentées, l’Espagne et Gibraltar, le Portugal, voire Djibouti et l’Afrique du Sud comme H. d’Estienne d’Orves (juillet-septembre 1940). Parmi tous ces volontaires qui rejoignent Londres, la plupart des tendances politiques sont représentées.

         Le premier résultat  répondant aux objectifs de l’appel fut la reconstitution d’une armée française permettant de continuer le combat sur terre (FFL), sur mer (FNFL) et dans les airs (FAFL), qui devint le fondement de la France Libre. En dépit de ses faibles effectifs et donc de sa fragilité initiale celle-ci consolidera sa position au fil du ralliement des territoires et des succès de ses troupes (Afrique). De Gaulle avait clairement perçu les enjeux de cette guerre : garder sa place parmi les belligérants permettrait à la France de figurer parmi les vainqueurs et de préserver son rang et ses droits dans le monde d’après-guerre.

         Le deuxième résultat fut l’organisation d’une France Libre, incarnée par De Gaulle, qui pouvait désormais se prévaloir d’être la voix et l’expression de la souveraineté de la France, nation opprimée, dont le territoire était occupé. Dès lors, De Gaulle entendait être reconnu comme chef d’un gouvernement de guerre et jouer pleinement son rôle, souvent difficile et contesté, tant au sein même de la Résistance à l’unification de laquelle il s’attacha jusqu’à la création du CNR en 1943, qu’auprès de ses alliés anglais et américains souvent défiants à son égard. En 1944, à la Libération, son rôle allait lui valoir de gagner une légitimité politique, dans la ligne des combats qu’il avait menés quatre années durant.

         Devenu un véritable symbole, l’appel d’un général prônant la désobéissance au gouvernement en place, et condamné par lui pour son action, se révéla être un profond sursaut d’honneur devant la défaite, de résistance face à l’occupant, et en tout cas, le catalyseur qui donna aux Français Libres qui l’avaient rejoint, comme aux Français engagés dans la Résistance intérieure en territoire occupé, l’impulsion et la force pour poursuivre le combat. 

         Les témoignages d’anciens résistants d’Ille-et-Vilaine qui vous sont proposés ici, ne peuvent prétendre à l’exhaustivité : ils ne peuvent donc représenter dans leur diversité, tous les engagements, les circonstances, les parcours qui ont conduit les uns ou les autres à « répondre à l’appel » du général de Gaulle, même si tous avaient en commun le souci d’effacer la défaite, de libérer le territoire et de vaincre l’oppresseur nazi.

  

Jean Collet dans son livre « A 20 ans dans la Résistance. 1940- 1944 » :

Jean Collet est né en 1921 à l’école publique d’Antrain-sur-Couesnon, en Ille-et-Vilaine, où ses parents enseignaient. Il fait ses études à Rennes et entre en faculté des lettres en 1940. Militant des Jeunesses communistes depuis 1936, il participe très vite aux actions de résistance. Il est arrêté en mars 1941, incarcéré à la prison de Rennes, transféré dans celle de Vitré puis dans celle de Laval d’où il s’évade en 1942  pour éviter la déportation. Arrivé à Paris, il reprend contact avec les mouvements de Résistance liés au Parti Communiste et, pendant toute la guerre, il sera un chef de réseau important dans la région parisienne et le nord de la France.

(Page 36) : juin 1940 « Nous n’étions donc qu’une minorité à n’être pas surpris, après tout ce qui avait précédé. Pourtant, on ne voulait pas y croire. Et surtout, on n’imaginait pas ce qui nous attendait. Ceci, alors qu’un million et demi de nos soldats et officiers, force vive de la nation, prenaient, avec le sentiment amer et révolté d’avoir été « vendus », le chemin des stalags et des oflags, et que six millions de nos compatriotes, par familles entières, avaient été jetés et dispersés dans une panique sciemment organisée, sur les routes de l’exode, à travers le France entière. Et ils erraient, affamés, perdus, mitraillés  et bombardés sans répit par l’aviation allemande ou italienne.

         Les Français découvraient donc, dans le sang et les larmes, ce qu’avait eu de « drôle » cette drôle de guerre faite au peuple et à ses organisations démocratiques les plus résolues contre le fascisme. Cette drôle de guerre où les dirigeants de notre pays, animés plus ou moins ouvertement par le mot d’ordre explicitement formulé même par certains : « Plutôt Hitler que le Front populaire ! » n’avaient cessé de poursuivre leur objectif prioritaire de détruire le pays qui était alors désigné comme le pays du socialisme….

         De leur côté, les envahisseurs nazis triomphants, assurés de la complicité de Pétain, ce maréchal félon qui avait profité de l’invasion étrangère pour tordre le cou à la République, se répandaient à travers le pays, apparaissant et s’installant partout, jusque dans les villages les plus reculés. Et nos villes et nos campagnes retentissaient du pas lourd des patrouilles et des défilés des hommes en vert, s’accompagnant de leurs chants gutturaux de guerre et de victoire, ces lancinants « heili, heilo, heila », quand ce n’était pas la trop célèbre « Lily Marlène », et trop souvent précédés des lourds flonflons d’une musique militaire. On disait déjà qu’ils prenaient les jeunes gens pour les emmener en Allemagne et les bruits les plus alarmants circulaient dans cette atmosphère de confusion, de terreur, de révolte contenue mais aussi de résignation et de malheur immense.

          C’est à ce moment que, par centaines, les jeunes, de Bretagne particulièrement grâce à la proximité de la mer, répondant plus ou moins sciemment à l’appel de de Gaulle lancé de Londres le 18 juin, mais surtout animés par un farouche instinct de survie, et déjà résolus à tout faire contre l’ennemi, s’embarquaient, parfois sur des embarcations de fortune, pour gagner l’Angleterre, bravant tous les périls.

         Cela faillit être mon cas à moi aussi : avec le consentement angoissé de mes parents, je partis, un jour de ce mois de juin, avec deux amis étudiants comme moi, à bicyclette, du petit bourg de Betton, en direction de Nantes où, disait-on, il restait encore un ou deux gros navires en partance.

Nous n’étions munis que de quelques provisions et d’un sommaire matériel de couchage. La nuit tombée, nous fîmes halte pour bivouaquer dans un champ en bordure de la route, ce qui ne posait aucun problème par ces magnifiques journées de juin où un soleil insolent semblait indifférent à notre malheur. Mais nous fûmes, en pleine nuit, réveillés par le sourd grondement des Panzers allemands qui allaient nous précéder dans la direction que nous avions choisie… Nous fîmes demi-tour, en direction de chez nous. L’un de nous, toutefois, devait, par d’autres voies, renouveler la tentative et il réussit à gagner l’Angleterre. Je ne le retrouvai que cinq ans plus tard, revenu avec la première armée du général de Lattre de Tassigny après un long périple combattant à travers l’Afrique.  

(Page 45) : La défaite consacrée, l’heure de la résistance était venue. Mais, bien sûr, il serait bien simpliste de présenter cette résistance comme une levée en masse unanime et spontanée qui aurait surgi dans l’instant face à l’envahisseur…

         Elle se manifesta pourtant à Rennes comme dans tout le pays et de multiples façons, dès les premiers jours. Il s’agissait encore d’actes isolés, mal coordonnés. Un motard allemand, casqué et revêtu d’une longue gabardine cirée de couleur verdâtre, lancé sur un itinéraire encore mal balisé pour lui, avait toute chance par exemple, qu’il fût en ville ou en rase campagne, d’être dirigé à l’opposé de sa destination par le passant interpelé. Dès le 28 juillet, l’Ouest-Eclair avait signalé le sectionnement de lignes téléphoniques allemandes, simultanément, à Rennes et à Fougères. Un peu partout, à travers le territoire, des mains mystérieuses avaient recueilli et dissimulé […] armes, munitions et même véhicules militaires laissés épars sur le théâtre des combats et de la débâcle […] 

(Page 155) : Une première leçon que je pourrais tirer de cette expérience vécue, c’est que la Résistance, c’est d’abord et avant tout le soulèvement d’un peuple. Quelles que soient l’importance et la nécessité des appels lancés « d’en haut » sur notre sol, ou ailleurs, elle ne dut d’exister et de jouer le rôle décisif que l’on sait qu’à cette levée en masse qui, difficilement, douloureusement, s’organisa d’année en année, mobilisant les forces profondes de la nation profanée, et reléguant aux poubelles de l’Histoire une minorité de faillis, de traîtres et de profiteurs, collaborateurs serviles de l’occupant nazi ».

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 Célestin Perrigault : Né en 1921 en Ille-et-Vilaine, Célestin Perrigault se trouve à l’Ecole Normale de Quimper en 1940 où il fait ses études pour être instituteur de l’Enseignement public.

         Comme la plupart des gens, je n’ai pas entendu l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940. Il aurait fallu se trouver au bon moment à l’écoute d’un poste branché sur Radio Londres. Mais, dans les jours suivants, nous en avons eu connaissance.

         Les Allemands sont arrivés dans le Finistère le 19 juin. La veille, nous n’avions pas cours parce que c’était le concours de recrutement des  normaliens pour l’année suivante. Quant à ma promotion qui finissait sa deuxième année, nous nous préparions à passer la deuxième partie du Brevet Supérieur.  Or,  avec l’arrivée annoncée de l’armée allemande, après une nouvelle alerte à l’aviation ennemie, l’Ecole Normale a été fermée et nous avons été invités, en fin d’après-midi, à rentrer à la maison.

         J’aurais dû essayer de regagner Ille-et-Vilaine pour rejoindre ma famille,  mais mon meilleur copain, André Moan, dont le père, officier de marine, était mobilisé sur la ligne Maginot et la mère était institutrice à Plouescat sur la côte nord du Finistère, m’a proposé de l’accompagner pour tenter de gagner Brest afin de nous embarquer vers l’Angleterre. En effet, si nous n’avions pas entendu l’appel à la radio, nous savions que des unités militaires françaises avaient franchi la Manche.  Et pour ceux qui refusaient la défaite et envisageaient la poursuite de la lutte contre l’armée allemande, il fallait gagner l’Angleterre.          Le seul moyen pour nous, à partir de Quimper, c’était d’aller à Brest et d’embarquer sur un bateau. Nous avons donc pris la route tous les deux à pied avec une belle inconscience et, à la sortie de Quimper, un camion militaire s’est arrêté et nous a embarqués. Les occupants ne parlaient pas français ; le camion était orné d’un aigle à 2 têtes mais cet aigle était blanc alors que nous imaginions celui des Allemands ou des Prussiens noir. Etait-ce un emblème nazi ? On les écoutait parler ; ce n’était pas de l’allemand, mais quoi ?... Amis ou ennemis ?... En fait, il s’agissait de Polonais de l’armée française en déroute qui s’en allaient, eux aussi, vers Brest pour s’embarquer vers l’Angleterre.

         A un moment, le camion s’est arrêté. Une voiture surchargée s’était renversée dans le fossé. Alors que d’autres, comme nous,  allaient de Quimper vers Brest, nous croisions des suites de voitures qui, de Brest, cherchaient à gagner Quimper moins exposé aux bombardements. C’était la panique ! On a aidé à remettre sur ses roues l’auto des Brestois. Nous avons appris qu’il n’était plus question de quitter Brest par la mer.  Les bateaux étaient bloqués au port. L’un d’eux, en partance, avait été bombardé dans la rade. Il y aurait eu des morts. Bien plus tard, nous apprendrons qu’un ou deux normaliens de troisième année auraient péri dans l’aventure.

         Inutile donc de continuer vers Brest. Comme nous sommes près de Sizun où la mère de mon copain Moan a enseigné pendant quelques années, nous décidons d’y passer le reste de la nuit. Nous avons dormi dans une école transformée en abri pour réfugiés du Nord et de l’Est et, le lendemain matin, quand nous nous sommes réveillés, nous avons découvert que les Allemands, arrivés pendant notre sommeil, bivouaquaient sur place.

         Mon copain connaissait le marchand de vélos de Sizun ; on est allé lui emprunter deux vélos et on est parti vers Plouescat avec l’intention d’y trouver un bateau, peut-être un bateau de pêcheur, pour rejoindre l’Angleterre. Mais quand on est arrivé, la mère d’André nous a appris qu’aucun bateau ne pouvait plus sortir du port. Les Allemands occupaient tout. Toute la Bretagne était envahie et les côtes étaient bloquées.

         Pour nous deux, l’aventure s’est arrêtée là. Certains camarades normaliens ont réussi plus tard à rejoindre de Gaulle. Pour ma part, je me suis investi dans la Résistance intérieure en 1943 et 1944,  à Huelgoat et ses environs, où j’avais été nommé instituteur en 1941.

         Dans l’ensemble, l’appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940 n’a pas été comme un coup de tonnerre. L’arrivée des Allemands au même moment et l’occupation avaient créé une telle chape de plomb que la population ne réagissait pas vraiment. Pourtant, dans ce centre Finistère, les gens acceptaient très mal l’occupation, mais, au début, sonnés par l’énormité de la défaite, ils étaient comme groggy. C’est progressivement que la population s’est rendu compte que certains continuaient la lutte, qu’il était possible de résister activement, qu’on pouvait faire quelque chose.

         On en a connu qui sont partis en Angleterre à partir de 1941. Et, dans ce département, la Résistance intérieure a joué un rôle très important. Nous suivions de très près les victoires des Alliés en Afrique où les troupes françaises jouaient pleinement leur rôle et l’avancée des armées soviétiques sur le front de l’est. Cela nous donnait du courage pour lutter à l’intérieur.

Après le débarquement du 6 juin 1944, nous attendions avec une impatience accrue les parachutages car nous manquions d’armement pour attaquer les convois allemands et empêcher ou retarder les renforts vers la bataille de Normandie. C’est pourquoi, dans nos formations FTPF, nous étions parfois très critiques envers les dirigeants de la France Libre qui siégeaient à Londres.

Mais il faut reconnaître au général de Gaulle d’avoir été le symbole de la résistance à l’occupation, d’avoir œuvré pour réaliser l’unification des différents courants résistants et d’avoir permis d’assurer l’administration de la France libérée par un gouvernement français.

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Amélie Yvin : Elle nous a écrit son témoignage de Cancale.

         Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lançait sur les ondes de la radio de Londres son appel à tous les Français.

Appel à la Résistance.

Appel à la lutte contre l’envahisseur nazi.

De Gaulle a dit : « La flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas… » Et de tous les coins de France, des hommes, des femmes se sont levés… et ils ont repris le flambeau.

_ 5 juin 1940 : les Allemands sont sur la Somme

_ 14 juin 1940 : Paris est occupé

_17 juin 1940 : Pétain constitue son gouvernement et, aussitôt, il demande l’armistice.

De Gaulle estime que tout gouvernement subsistant en France ne signera qu’aux conditions imposées par l’Allemagne nazie.

         Il décide alors d’appeler la France et son empire colonial à poursuivre la lutte et le 18 juin, il lance à la radio de Londres son « appel » devenu historique.

         Il entreprit de donner son essor à la « France Libre » dont les troupes se trouvèrent, en mai 1941, aux côtés des Alliés, opposées à celles de Vichy, faisant échec aux projets de l’Axe.

         La Résistance est née d’un sursaut du patriotisme  devant les horreurs de l’occupation allemande. Occupé, blessé, opprimé, pillé, notre pays se rassemblait pour préparer son avenir dans un combat commun où se retrouvaient toutes les couches de la nation, sans distinction politique, philosophique, religieuse. Au lieu de l’affaiblir, ce pluralisme l’a fortifié et prouvé son efficacité face à l’ennemi.

         Le sacrifice des combattants ne fut pas vain, il contribua à exalter le sentiment patriotique des Français restés fidèles à la patrie et à hâter le moment du rapprochement indispensable de toutes les forces de la Résistance. Jean Moulin, au printemps 1943, parvint alors à les réunir au sein du Conseil National de la Résistance, apportant ainsi au général de Gaulle la légitimité que lui contestaient les alliés anglo-américains. En même temps, elle cimentait, pour un même objectif, l’union des forces de la Résistance intérieure et celles de nos forces qui combattaient sur le théâtre extérieur d’opération.

         De Gaulle tirait sa force d’avoir incarné le premier la résistance à l’Allemagne nazie, d’être le chef de la France Libre dont les soldats s’étaient particulièrement illustrés durant les campagnes d’Afrique (et surtout de Bir Hakeim) et enfin, d’être reconnu comme leur chef par beaucoup de réseaux et de mouvements de Résistance en France occupée.

_ Le 6 juin 1944 : débarquement en Normandie. Il aura fallu que le général de Gaulle attende quatre longues années avant de pouvoir fouler à nouveau le sol de France. Peu informé des opérations du débarquement, c’est seulement 48 heures avant le jour fatidique que le « chef de la France Libre » en apprend la date.

_ Le 14 juin 1944, il vient en Normandie à Bayeux (première ville française libérée le 8 juin par les alliés) reprendre en main le gouvernement et l’administration de la France libérée.

         Peu à peu, la Résistance émergea du désespoir de l’été 1940, conduisant, au fil des années, vers l’insurrection nationale qui précipita les opérations des armées alliées, porta la France parmi les 5 Grands et imposa sa présence à Berlin le 8 mai 1945.

         Mais le 8 mai 1945 exige l’évocation de deux autres dates : le 18 juin 1940 et le 27 mai 1943 (date de la création du Conseil national de la Résistance), sans lesquelles la France n’aurait pas vécu le 8 mai 1945 ».

 Citation de Dany Blouët, ancienne déportée : « Mais la Résistance, c’est aussi le temps où les parachutes chargés d’armes tombaient du ciel dans la lueur des feux de clairières. Et l’on découvrait un pays tout neuf, une patrie d’amis sacrés, plus belle que ne le fut jamais patrie sur la terre. La Résistance était cette patrie ».

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 Jacques Béteille : habite Châteaugiron en Ille-et-Vilaine. Il a été déporté.

         Dans ma famille, on n’écoutait pas la radio et, de toute façon, en 1940, mes parents étaient surtout préoccupés par mes deux frères qui étaient prisonniers (l’un d’eux a réussi à s’évader en 1942). Ce qu’il fallait, c’était faire le moins possible de vagues, ne pas se faire remarquer pour ne pas avoir d’ennuis et essayer de survivre comme on pouvait. Moi, j’avais 18 ans et je travaillais comme apprenti menuisier chez mon père qui était artisan.

         En 1942, dans le cadre de l’opération TODT, j’ai été réquisitionné à Saint-Nazaire pour construire la base sous-marine. Je n’ai pas voulu y rester, je me suis sauvé. Ensuite, j’ai été envoyé à Lorient, toujours pour construire la base sous-marine. On travaillait pour les Allemands et ça, ça ne me plaisait pas du tout. Là aussi, je suis parti.

         En octobre 1942, je devais partir en Allemagne au titre du STO, j’étais recherché à Nantes. Je suis parti chez un oncle en Charente.

         Le 4 mars 1943, j’étais dans un train à Tours, nous avons été arrêtés par la milice. Comme j’étais réfractaire au STO, j’ai été emmené à Compiègne, au camp de Royallieu, où nous sommes arrivés le 7 mars. J’y suis resté 1 mois ½ et le 16 avril 1943, j’ai été déporté à Mauthausen. Nous y sommes arrivés le 18 avril, le jour de l’anniversaire d’Hitler. Les Allemands fêtaient ça.

         Après une période de quarantaine, j’ai été envoyé pour travailler à creuser le tunnel de Loibl Pass qui devait permettre de relier l’Allemagne à l’Autriche en passant sous la montagne. C’était l’enfer. André Lacaze l’a très bien décrit dans son livre « le Tunnel ».

         Nous avons été libéré le 8 mars 1945 à 11 heures du matin par les partisans yougoslaves du maréchal Tito. A midi, je m’engageais dans la 16e armée yougoslave et j’ai participé à la libération de la Yougoslavie jusqu’au 21 juin 1945.

         Quand je suis revenu, je n’ai jamais pu parler de ma vie en déportation, mes frères ne voulaient pas me croire… Moi, j’ai pris conscience de l’horreur du nazisme petit à petit parce que j’ai été confronté à eux.  

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 Jacqueline Debierre née Collet : Sœur de Jean Collet, Résistant. Leurs parents les ont toujours soutenus dans leurs luttes.

         L’appel du 18 juin, je ne l’ai pas entendu. J’avais moins de 18 ans, j’étais à Betton, chez mes parents. L’institutrice qui habitait au-dessus de chez mes parents l’a entendu et elle est descendue nous le dire.

Normalement, j’étais toujours scolarisée à l’EPS de Rennes (Ecole Primaire Supérieure, aujourd’hui lycée Jean Macé). Mais j’étais chez moi ce jour-là, peut-être à cause du gros bombardement de la veille, le 17 juin,  sur la gare de Rennes. Les Allemands sont arrivés à Rennes le jour de l’appel, le 18 juin.

Mon frère Jean qui avait 2 ans de plus que moi, était adhérent des Jeunesses communistes. Le 17 juin, il était parti à Rennes à vélo, le long du canal. Nous étions très inquiets car nous entendions le bombardement depuis Betton.

Mes parents étaient contents de savoir qu’un général que nous connaissions à peine avait le courage d’appeler à la résistance car ça allait dans le sens de leurs idées. Ils n’acceptaient pas la capitulation et l’occupation allemande. D’ailleurs, ils ont été déplacés en janvier 1941 par mesure de représailles car ils étaient fichés. Ils ont été envoyés dans une petite commune du Maine-et-Loire, à Chemiré-sur-Sarthe.

Le 26 mars 1941, mon frère Jean qui habitait place Hoche mais prenait ses repas avec nous chez un cheminot qui nous hébergeait, ma sœur et moi, rue Victor Hugo, a été arrêté par le sinistre commissaire Morellon, auxiliaire zélé de la Gestapo. Aussitôt, je partis place Hoche, dans le logement de mon frère ramasser tous les documents, tracts, affiches qui pouvaient être compromettants pour lui. Le lendemain, quand ils allèrent perquisitionner sa chambre, ils en trouvèrent tout de même quelques-uns, camouflés dans une gaine de chauffage.

Comme mes parents n’étaient pas là, c’est moi qui me suis occupée de trouver un avocat pour mon frère et qui lui rendais visite à la prison.

Moi, je finissais mes études à l’EPS mais notre école était réfugiée à l’Ecole Normale de garçons, rue Saint-Malo car l’EPS était occupée par les Allemands. Le jour où je passai mon Brevet Supérieur, j’ai vu le commissaire Morellon entrer dans l’établissement. J’ai eu très peur car je croyais qu’il venait m’arrêter. La surveillante générale m’a rassurée en me disant qu’il venait chercher sa fille qui était là aussi.

Puis j’ai passé un concours pour rentrer dans une école à Paris qui formait les étudiantes pour être professeur d’Enseignement ménager. J’ai été reçue et je suis partie à Paris où j’ai retrouvé mon frère qui s’était évadé de la prison de Laval et était déjà investi dans la Résistance au sein du Parti Communiste.

J’ai commencé par distribuer des tracts, puis, on m’a apporté une machine à écrire en me demandant de taper des stencils (on passait ensuite les stencils dans une machine pour tirer des tracts).

Ensuite, je suis devenue agent de liaison et je le suis restée jusqu’à la fin de la guerre. Je ne connaissais que mon chef et quelques agents de liaison avec qui j’avais des contacts. Quand on avait un rendez-vous, il fallait être à l’heure car on ne devait pas attendre plus de 10 minutes. Sinon, on partait et on avait un rendez-vous de rattrapage le lendemain à un endroit fixe.

Je devais faire attention à mon habillement pour ne pas me faire remarquer. Pas de chaussettes blanches, c’était trop voyant. Mes cheveux étaient roux, il fallut les faire teindre en noir…

J’ai changé 3 ou 4 fois de nom, chaque fois qu’une fille était arrêtée dans le coin ; c’était pour le cas où elle aurait parlé.

Mes parents m’envoyaient des colis, cela me permettait de préparer des sandwichs pour les copains de la Résistance.

J’aidais à faire des affichettes pour les coller sur les murs. Je me souviens, on écrivait sur du papier gommé : « Comme Jeanne d’Arc, boutons l’ennemi hors de France ! » Maintenant, c’est Le Pen qui a récupéré le personnage de Jeanne d’Arc.

A la libération, j’ai aidé à construire des barricades dans Paris. Je me souviens d’une petite dame qui partait avec son sac pour faire des courses. Des Résistants lui ont fait poser son sac pour qu’elle nous aide à construire une barricade. Elle a accepté volontiers.

J’étais dans la foule qui a accueilli de Gaulle après la libération.

Fin novembre 1944, j’ai été invitée par le général de Gaulle à aller en Angleterre sur un bateau de guerre. Nous étions 150 hommes et 50 femmes. C’était « en récompense des services rendus ». Mais la guerre n’était pas finie ».

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Davis Maicas  : Né en 1923 à Casablanca de parents espagnols. Il fait ses études jusqu’au Brevet Supérieur à Casablanca en langue française. La famille revient en Espagne du fait de la guerre civile. Davis se sent proche des Républicains espagnols mais il n’a que 16 ans en 1939, à la fin de la guerre d’Espagne et comme il ne peut fuir, il se trouve enrôlé dans l’armée de Franco.

         « J’étais républicain et nous avons été écrasés par Franco. Ceux qui ont pu fuir par le nord se sont retrouvés en France et souvent, ils ont continué la lutte contre le fascisme en s’impliquant dans la Résistance. J’étais trop jeune et je me suis retrouvé enrôlé dans l’armée franquiste.

         Nous écoutions la radio que nous voulions, Franco n’interdisait pas d’écouter la radio, il n’avait pas d’ennemi sauf les Républicains espagnols. Il était bien avec la France et l’Angleterre qui n’avaient pas voulu intervenir contre lui. Il était l’ami d’Hitler et de Mussolini qui l’avaient largement aidé. Donc, j’écoutais la radio et tout de suite, j’ai su que De Gaulle avait appelé à résister et j’étais content. Mais j’étais dans l’armée espagnole… »

         En juin 1941, Franco a créé la division AZUL (en français la « division bleue », en allemand « Blaue division »). Cette division était mise à la disposition de la Wehrmacht de l’Allemagne nazie qui devait les équiper pour aller combattre sur le front de l’est. La division était ainsi appelée à cause de la couleur des chemises portées par ses membres. La division sera, en particulier, utilisée pour encercler Leningrad et sera responsable de la mort, par la faim et le froid, d’un million de civils.

         « Je devais partir dans cette division et moi, je ne voulais pas aller me battre aux côtés des nazis contre l’URSS. Des amis m’ont dit :

_ Attention, Franco a une dette envers Hitler. Ils vont t’envoyer te battre contre l’URSS. Ils vont t’embarquer à Valence, direction Odessa et là, il faudra te battre avec les nazis.

_ On va t’aider à t’échapper. Quand tu seras sur le bateau, le soir, au moment où les familles viennent dire au revoir à leur soldat, tu vas te déshabiller et plonger dans la mer. Tu ne risques rien car, à ce moment-là, l’hélice ne tourne pas puisque le bateau est tiré par un remorqueur pour sortir du port. 

         C’est ce que j’ai fait. Un petit bateau est venu me prendre  et nous sommes partis en direction de l’Algérie. Puis, j’ai été transféré sur un bateau de pêche un peu plus grand et nous sommes arrivés à Benissaf en Algérie. C’était un port de pêche occupé par les Allemands et les Italiens ; ils ne nous ont rien dit puisque nous étions censés être des pêcheurs espagnols.

         Là, les amis m’ont donné un peu d’argent et, par le train, je suis parti à Casablanca. Je me suis rendu à la gendarmerie et je leur ai dit :

_ « Je suis un déserteur espagnol et je veux m’engager dans l’armée de De Gaulle ».

Comme je n’étais pas français, ils voulaient me mettre dans la Légion Etrangère mais j’ai refusé. Je voulais aller dans l’armée française mais pas dans celle de Pétain ni dans la Légion. Finalement, ils m’ont engagé comme « volontaire à titre d’étranger pour la durée de la guerre ». Ils m’ont fait une espèce de livret militaire avec mes empreintes et ils m’ont accompagné à une caserne où on formait les nouveaux soldats pour une formation à l’américaine.

         Ils m’ont envoyé en Algérie et en Tunisie pour faire des exercices d’embarquement et de débarquement. Il fallait s’initier au langage et au matériel américain.

         Le 15 août 1944, on a débarqué en Provence. On a soulagé les Résistants mais ils nous avaient bien facilité la tâche. Grâce à eux, ce débarquement a été beaucoup moins sanglant que celui de Normandie.

         Nous étions sous les ordres du général de Lattre de Tassigny. Nous avons pris Marseille et Toulon et nous avons remonté assez facilement vers le nord. Hitler avait donné l’ordre à ses troupes de se replier plus haut pour nous attendre et nous repousser. Nous sommes arrivés dans les Vosges en plein hiver. Il faisait un froid abominable et nous avons beaucoup souffert. Il faut dire qu’en Algérie la température pouvait monter à 42° et 4 mois plus tard, dans les Vosges, nous avions – 22°. Cela nous faisait une différence de 60°.

         Les Américains nous donnaient des rations mais nous ne pouvions pas les chauffer. Souvent, les fermiers nous servaient une bonne soupe bien chaude et, en échange, nous leur laissions quelques boîtes de conserve.

         Puis, nous avons délivré Colmar en Alsace et nous avons pénétré en Allemagne. Nous sommes allés jusqu’au Danube, c’est pour cela que notre armée, la 1ère armée, s’appelle « Rhin et Danube ».

 

         J’ai été libéré à Noël 1945 puisque je n’étais engagé que pour la durée de la guerre. Tous les copains ont réussi à se caser dans une administration comme la police, les douanes… Mais moi, je n’avais pas la nationalité française, j’étais toujours un étranger, même si je m’étais battu pour libérer lé France. J’ai été obligé de rester dans l’armée.

         Je n’ai pu obtenir la nationalité française qu’en 1949 grâce à l’intervention de Madame de Lattre de Tassigny ».

 

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 Ar Zénith. En route vers la liberté ! 19 juin 1940 :

Extraits d’un livre écrit par Pierre-Louis Auffret avec des illustrations de Pascal Bresson. La préface est écrite par Jacques Le Gall qui a navigué sur ce bateau pour rejoindre l’Angleterre. Ce bateau vient d’être restauré et est visible dans le havre de  Solidor à Saint-Malo.

         « Le 14 juin 1940, la Wehrmacht défile triomphalement sur les Champs-Elysées, réalisant par là-même, le rêve inassouvi des Allemands au cours de la Première Guerre mondiale !

         Plusieurs millions de personnes, Belges et Français du nord, auxquels se mêlent des milliers de soldats et de gradés désemparés, fuient l’inexorable avance des Allemands, encombrant les routes et les gares, augmentant ainsi la confusion et la panique : c’est l’exode !

         Dans ces conditions d’effondrement, une contre-offensive s’avère difficile, d’autant que très peu de responsables politiques et militaires y croient vraiment ! Le 16 juin, le Président du Conseil, Paul Reynaud, chef du gouvernement replié à Bordeaux, adresse un message par radio aux Français anéantis, en ces termes : « Oui, je dois vous le dire, la situation de notre pays est désespérée ; un miracle seul pourrait sauver la France ! Mais je crois au miracle parce que je crois à la France ! ». Mais peu de gens pensent comme lui.

         La Bretagne n’échappe pas à cette situation. Des troupes anglaises et même quelques contingents polonais venus combattre à nos côtés, rembarquent à Saint-Nazaire et à Brest pour rallier l’Angleterre. Poursuivant leur offensive, les Allemands bombardent la gare de Rennes le 17 juin, provoquant ainsi la mort de plus de 2 000 personnes et en blessant plusieurs centaines d’autres.

         Ce même jour, Paul Reynaud démissionne ; le Président de la république, Albert Lebrun, désigne le Maréchal Pétain pour former le nouveau gouvernement. L’ancien vainqueur de Verdun, à l’immense prestige, trahissant l’alliance politique et militaire signée entre la France et le Royaume Uni, s’abaisse à solliciter unilatéralement auprès du dictateur nazi triomphant, Adolf Hitler, un armistice séparé, en réalité une capitulation déguisée.

         Apparemment, tout semble irrémédiablement perdu pour la France. Pourtant, le miracle évoqué par Paul Reynaud allait avoir lieu. En effet, le général De Gaulle, ancien sous-secrétaire d’Etat à la guerre, encore très peu connu des Français, décide de quitter la France. Il a compris les intentions de Pétain. Dès le 17 juin, il gagne Londres par avion, d’où il entend poursuivre la lutte. Mais il est bien seul alors !

         C’est en arrivant à Londres que le général De gaulle prend connaissance du message radiodiffusé adressé par le maréchal Pétain aux Français, dans lequel il déclare ceci : « C’est le cœur serré que je vous dit aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ! » Nous avons vu que ce 17 juin, il entamait des pourparlers avec l’Allemagne en vue d’un armistice…

         Révolté et ulcéré à cette perspective, honteuse et déshonorante pour la France, De Gaulle, appuyé par Winston Churchill, premier ministre du Royaume Uni, décide de réagir. Refusant catégoriquement cette lâche capitulation et déterminé à poursuivre la lutte aux côtés de nos alliés, il s’adresse aux Français par radio le 18 juin à 20 heures depuis les studios de la B.B.C.

         Malheureusement, ce premier appel à la résistance n’a pas été enregistré par les services techniques de cette station ! En effet, la personne chargée de cette opération aurait oublié de déclencher le magnétophone, subjuguée par la prestance et l’autorité émanant du général De Gaulle….

         A vrai dire, assez peu de Français ont entendu ce premier appel, si ce n’est sur le littoral où l’on a alors l’habitude d’écouter les bulletins de la météorologie fournis chaque soir par la radio anglaise et qui passent alors pour être très fiables, aux dires des marins eux-mêmes.

         Le général De Gaulle s’adressera cinq autres fois par radio aux Français au cours du mois de juin. Le 23[…] il réitère son appel et déclare : « … J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre. Vive la France libre dans l’honneur et l’indépendance !… »

         Assez peu de personnes rejoignent le général De Gaulle à Londres dans les semaines qui suivent l’armistice, et ce, malgré ses différentes interventions à la radio. Cependant, à la fin du mois de juillet, on compte environ 5 800 volontaires ; ils seront 7 000 le 10 août. C’est le noyau de la France Libre dont l’emblème est la croix de Lorraine. Parmi eux, l’on dénombre beaucoup de civils, surtout des jeunes, ainsi que des militaires des 3 armes. Parmi ces derniers, l’on trouve peu d’officiers supérieurs de haut rang, à l’exception seulement de deux d’entre eux, le général Catroux et l’amiral Muselier. Ceux-ci se mettent volontairement sous les ordres de De Gaulle, pourtant moins gradé qu’eux.

         Les marins bretons sont bien présents et, plus particulièrement ceux de l’île de Sein partis tous ensemble dans un sublime élan patriotique qui est resté célèbre dans l’Histoire. En effet, le 3 juillet, le général De gaulle rassemble à Londres, à l’Olympia, tous les civils français qui ont répondu à son appel et l’ont rejoint, au nombre de 400 environ. Là, il leur demande de se présenter à lui. Au bout de quelques centaines, il s’exclame, brusquement surpris et admiratif :

« … Mais l’île de Sein serait donc le quart de la France ! Quand tout sera fini, j’irai vous voir chez vous ! » La promesse fut tenue au lendemain de la victoire.

         Mais revenons à Ar Zénith le 19 juin 1940. L’appel du 18 a été entendu sur les côtes bretonnes : plusieurs bateaux vont spontanément gagner l’Angleterre avec leur lot de volontaires. C’est le cas de « l’Oiseau des Tempêtes » de Prime-Plougasnou, de « le Trébouliste » de Douarnenez. Mais Ar Zénith sera le premier de tous. En fin de matinée (le 19), il accoste à Audierne et là, un groupe de jeunes volontaires qui essayaient, en vain, de trouver un bateau pour partir, s’adresse au patron Jean-Marie Menou qui accepte, sans hésiter, de les embarquer. »

Pour connaître la suite de l’aventure d’ Ar Zénith, voir le livre précité.

 

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Jean Courcier : Extrait du livre : «  Jean Courcier, mes 20 ans, de la résistance à la déportation ».

Jean Courcier est né en 1921 dans la région de Dol-de-Bretagne. En 1937, il rentre aux ateliers de la SNCF à Rennes. Très vite, il adhère à la CGT et aux Jeunesses Communistes. Le 17 juin 1940, quand le bombardement sur la gare de triage de Rennes commence, il travaille dans un atelier d’autorail.

« Cela a fait un carnage épouvantable, certainement plus de 2 000 morts. Moi, j’ai vu des morts, c’était épouvantable. C’était la pagaille complète. On n’avait pas de radio, rien d’ailleurs. On ne savait pas que les Allemands étaient si près, on les croyait à Paris….

 

Avez-vous entendu les discours de Pétain, l’appel du général De Gaulle ?

Je me souviens qu’on entendait Pétain à la TSF. A Rennes, dans ma chambre, j’avais un petit poste à galène que j’avais fabriqué moi-même. A Dol, ma mère avait acheté un poste de radio, en 1937. C’était la seule dans la maison de Dol…

Nous, on n’a jamais été pour le maréchal Pétain, je ne sais pas pour quelles raisons ; pourtant, il y avait des anciens qui disaient : « il va nous sauver », « il a fait l’armistice, on est sauvé »… Ils ont changé d’avis après.

 

L’engagement dans la Résistance, comment ça commence ? Quel est le déclic ?

         Premièrement, il n’y a pas d’engagement dans la Résistance. C’est par cet état d’esprit-là, contre les Allemands, occupants qui nous faisaient travailler pour eux d’abord. Tous les trains de patates, de rails, de machines, on les voyait partir en Allemagne, tout partait en Allemagne. C’était le pillage systématique, la dette, des millions et des millions qu’on avait à payer, 400 millions de francs par jour. On l’a vu dans la vie quotidienne qui a complètement changé. Il n’y avait plus rien à manger…  [En application des clauses de la convention d’armistice qui préconisent que les frais d’entretien de l’armée allemande seront à la charge de la France, l’Allemagne impose une exorbitante indemnité de guerre. Elle est fixée à 400 millions de francs par jour en 1940 (ce qui correspondrait à l’entretien de 18 millions de soldats). A propos des problèmes de ravitaillement à Rennes, J. Sainclivier précise que la Wehrmacht garde pour elle les 9/10e des stocks rennais et qu’il ne reste pour le département que le dixième des produits commercialisés avant guerre.]

 

         … J’appartenais aux Jeunesses communistes, malgré l’illégalité en août 1939 (à cause du Pacte germano-soviétique, qu’on n’a pas très bien compris d’ailleurs, car, pour nous, l’ennemi de la France, c’était le nazisme. L’ennemi du communiste, c’était les nazis). On a été très étonné quand on a vu ce pacte-là. On était déboussolé complètement….

         On n’a pas attendu que l’URSS attaque l’Allemagne le 21 juin 1941 pour être dans la Résistance ; la preuve, le tract que j’ai fait, « la Relève », avec Henri Bannetel et Le Herpeux, des étudiants en médecine qui nous donnaient le stencil et avec qui on était en liaison. C’étaient les intellectuels du groupe…

         Mais il n’y avait pas que les Jeunesses communistes, il y avait tous les jeunes non communistes ; on n’était pas pour les Allemands…Aux ateliers (SNCF) tout le monde était comme ça. Je ne dis pas ailleurs…

 

Etiez-vous membre du Front national par exemple ?

         Oui mais sans avoir signé ni adhéré ni rien. Mais de fait oui. [Le Front national de cette époque est créé par la PCF et se construit à partir de 1941. Il a pour objectif de recruter et d’organiser des résistants, des patriotes venant de toutes les classes de la société].

Le mot « Résistance » n’était même pas prononcé, pas du tout. Je n’avais pas conscience de ça… »

         Jean Courcier sera arrêté en août 1941 et déporté à Mauthausen. Il ne rentre à Dol que le 21 mai 1945. Personne ne le reconnaît, il pèse 34 kilos.

 

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Bernard Lesage :

Biographie

        
Fin novembre 1939, je me suis engagé dans l’armée de l’Air, voulant devenir pilote de chasse. Incorporé à l’EEP 31 de Poitiers, j’ai reçu 26 leçons de pilotage et le 8 juin 1940, devant l’avancée des Allemands, notre école a été évacuée à la Réole. Ne m’étant engagé que pour la durée de la guerre, j’ai été démobilisé le 19 août 1940 et j’ai rejoint mes parents réfugiés à Erquy (Côtes-de-Nord).

         Avant de partir de la Réole, j’avais entendu la déclaration de Pétain demandant l’armistice. Je me souviens qu’il y avait un certain nombre de militaires qui avaient environ 35, 40 ans qui pleuraient comme des gosses. Ils ne supportaient pas que la France se déclare vaincue ainsi. Mais, à l’armée, nous n’avons pas entendu parler de l’appel de De Gaulle. J’en ai entendu parler quand je suis rentré chez mes parents.

         Moi, comme je m’étais engagé uniquement pour la durée de la guerre, je savais que j’allais être démobilisé puisque l’armistice était signé. Si je m’étais engagé pour 3 ou 5 ans par exemple, ils m’auraient faire partir dans les camps de jeunesse. (Les camps de jeunesse avaient été créés par Pétain. Tous les jeunes pouvaient y aller et y subissaient une formation paramilitaire. Certains de ces jeunes ont été recrutés pour la milice, au service des Allemands).

         Certains de ceux qui étaient avec moi à la Réole ayant entendu l’Appel du 18 juin de De Gaulle, se sont emparés de l’ambulance de l’école dans l’intention de gagner la frontière d’Espagne et tenter de rejoindre Londres.  Ont-ils réussi… ? Je n’ai appris cet épisode qu’après être rentré à Erquy

 

Comment se fait-il que Franco qui était l’ami d’Hitler et de Mussolini, laissait passer des gens qui allaient rejoindre De Gaulle en Angleterre ?

         Franco n’a pas été trop mauvais à ce moment-là, il aurait pu les renvoyer et les livrer aux Allemands. En fait, il les faisait mettre dans un camp, celui de Miranda, il les gardait un ou deux mois puis il les libérait. Les gars allaient dans les consulats et se débrouillaient pour partir en Angleterre, soit par Gibraltar, soit par le Portugal... Cela a duré pendant toute la guerre.

 

Comment avez-vous trouvé les gens à Erquy ?

         A Erquy, les gens étaient abattus, ils baissaient les bras, ils étaient perdus. Leur seul souci était de s’organiser au mieux pour le ravitaillement, pour se protéger.

         Le grand spectacle à Erquy était de voir les Allemands s’entraîner sur le port pour débarquer en Angleterre. Il fallait qu’ils sautent tout harnachés dans la mer et qu’ils nagent. Pour eux, ça s’est arrêté là puisqu’ils n’ont jamais débarqué en Angleterre. Mais, on s’est bien amusé à les regarder.

 

Pourtant, vous avez-eu un rôle dans la Résistance.

         Pour moi, la résistance a commencé plus tard. En mars 1943, convoqué au titre du STO, je suis parti me cacher dans un ancien presbytère à 1 km de Breteil. Il faut dire que les habitants de cette commune ont été exemplaires à mon égard. Ils me voyaient presque tous les jours dans le bourg, ils se doutaient bien que je me planquais. Personne ne m’a dénoncé.

         A la fin du mois de novembre 1943, alors que j’étais revenu à Rennes, j’ai été contacté par Victor Louviot, responsable du Mouvement « Libé-Nord » et du réseau « Eleuthère ». Il m’a recruté comme agent de liaison. Je devins ensuite adjoint départemental de Jean Ligondais qui avait remplacé Victor Louviot arrêté par la Gestapo.

         Malheureusement, mon action dans la Résistance ne durera pas très longtemps puisque le 20 avril 1944, je tombe dans une souricière tendue par la Gestapo à l’hôtel du Cheval d’Or, place de la gare à Rennes, tenu par Madame Tanguy et sa fille Paulette Redouté, toutes deux très investies dans la Résistance.

         Je suis arrêté, incarcéré à la prison Jacques Cartier. Mon père m’y rejoint. Ma mère et ma sœur sont également arrêtées. Le 28 juin 1944, mon père et moi partons en déportation à Neuengamme. Mon père y laissera sa vie. Ce n’est qu’en arrivant à Paris, le 3 juin 1945, que j’apprends que ma mère et ma sœur n’ont pas été déportées. Très mal en point – 37kg – je ne suis rentré à Rennes qu’à la mi-juillet, après être resté 1 mois et demi à l’hôpital Bichat à Paris.

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Renée AUBRY : Veuve d’Albert Aubry (1892-1951) député, résistant, déporté, grand Officier de la Légion d’Honneur, Madame Aubry nous a envoyé de Paris sa participation à ce recueil de témoignages.

Biographie

         « En ce qui concerne l’Appel du 18 juin, je l’ai entendu à Noirmoutier. Nous étions dans l’arrière cour d’un café, l’oreille collée à la radio. Rentrant pour déjeuner, mon mari me dit : « Je ne sais pas dans quoi nous sommes embarqués mais ce sera très meurtrier et très long ». Je précise que, depuis 1933, Albert Aubry avait dénoncé la montée de la doctrine national-socialiste au cours de nombreuses réunions houleuses. Il devait donc, avec Daladier, être arrêté comme communiste (on connaît ce crime…) et qu’il eut beaucoup de peine à faire entendre qu’il était ancien député socialiste, resté socialiste ».

         Rappelons rapidement qui était Albert Aubry : Né en 1892 à Malestroit dans le Morbihan, il entre à l’Ecole Normale d’instituteurs de Rennes en 1908. Il devient ainsi enseignant en Ille-et-Vilaine. Il développe très vite la section syndicale d’instituteurs et d’institutrices jusqu’à sa mobilisation en 1914. Il participe à la Première Guerre mondiale pendant 52 mois : 3 fois blessé (il perdra même un œil), il reçoit 3 citations et la légion d’honneur.

         En 1919, il est élu député socialiste en Ille-et-Vilaine, département où, jusqu’alors, le terrain n’était pas du tout favorable à ce parti politique. Puis il est élu conseiller municipal à Rennes avec le cartel des gauches.

         En 1926, il est nommé Inspecteur de l’enseignement en Indochine, mais la colonisation dans ce pays le choque, il n’est pas politiquement correct et il est rappelé en France en 1931.

         En 1934, il passe le concours de percepteur où il est reçu. Après un bref passage dans la Sarthe, il est nommé à Noirmoutier. C’est là qu’il se trouve quand la Seconde Guerre mondiale éclate.

         Il s’engage sans attendre dans la Résistance. Voyons les raisons de cet engagement :

 Un certain nombre de responsables continuent normalement leurs activités politiques ou syndicales et incluent dans leurs revendications et le compte-rendu de leurs réunions leurs opinions face à l’occupant. Ils essaient d’entrainer avec eux leurs adhérents.

         « Déjà, il y avait des rencontres aux niveaux politiques, sociaux, familiaux,  professionnels, dont une entre Robert Lacoste et Christian Pineau, qui conclurent à la nécessité de mettre au point un plan au cours d’une réunion qui regrouperaient une douzaine de responsables syndicaux.

Lors de cette réunion, il serait envisagé de :

-         Rédiger un manifeste.

-         Faire parvenir le texte à des militants semblant les plus sûrs et les mieux placés.

-         Attendre la réaction de ces militants.

-         Publier, sous une couverture syndicale, des textes, tant que les pouvoirs ne s’alarmeraient pas.

-         Rédiger un bulletin clandestin. 

12 responsables syndicaux sont réunis, 8 appartiennent à la CGT, 4 à la CFTC. Tous étaient qualifiés pour promouvoir des relations utiles.

         Le général De Gaulle ne s’y trompa pas quand, ayant été informé, il souhaita s’entretenir, à Londres, avec Christian Pineau. Un texte est rédigé.

En voici quelques extraits. Ce texte est paru en octobre 1940 :

Le syndicalisme français…

-         doit affirmer le respect de la personne humaine, en dehors de toute considération de race, de religion ou d’opinion.

-         Il doit être libre, tant dans l’exercice de son activité collective que dans l’exercice de la liberté individuelle de chacun de ses membres.

-         Il doit rechercher la collaboration internationale des travailleurs et des peuples.

-         Chaque personne humaine est également respectable….

-         Le syndicalisme français ne peut, en particulier, admettre : l’antisémitisme, les persécutions religieuses, les délits d’opinion, les privilèges de l’argent. Il réprouve, en outre, tout régime qui fait de l’homme une machine inconsciente, incapable de pensée et d’action personnelle.

Les occupants ne réagissent pas. Peut-être n’eurent-ils pas connaissance de cet écrit. On était en 1940 et ce jour d’octobre vit naître une des premières équipes de la Résistance française. C’est ainsi que naît « Libération Nord ».

         Cependant, à cette époque, les activités de Libération Nord sont davantage sociopolitiques que celles d’un organisme de combat. Il manque au mouvement le contact avec Londres. Donc, pas de directives, pas de radio, pas d’armes, pas d’argent. Il faut chercher des contacts. C’est alors que Pierre Brossolette organise une rencontre entre Christian Pineau et Rémy, chef du réseau CND.

         Le contact se fera avec le général De Gaulle en mars 1942.

Même si bientôt des réseaux verront le jour sous l’impulsion de Libération Nord, dans la région centre ouest où j’ai vécue, les actions les plus importantes se dérouleront entre le réseau CND Castille, le mouvement Libération Nord, le parti socialiste clandestin, en relation éventuelle avec d’autres formations implantées dans la région…

         Avec mon mari, chassés de Noirmoutier par la Gestapo et de Brinon réunis, nous arrivons à Niort chez mes parents en 1942, avec notre fils Yves âgé de 3 ans.

         Albert Aubry continuera ses actions de résistance jusqu’au 18 février 1944 où il est arrêté à Clisson. Incarcéré, il sera déporté à Neuengamme.

         Libéré en mai 1945, il reprend ses activités politiques et sera élu député socialiste à Rennes. Il le restera jusqu’à sa mort en 1951.

 

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Jean Holley : Résistant déporté (1920-2009).

 Biographie

         Né à Brest (29) le 27 mars 1920, il fait partie du corps expéditionnaire français de Norvège (secteur de Narvik). Engagé volontaire dans les FFL (Forces Françaises Libres) à Londres le 1er juillet 1940, sert au sein du bataillon de chasseurs de Camberley. Il fut l’un des 33 chasseurs sur 800 qui décidèrent de rester en Angleterre et de continuer le combat. Il est parachuté, après 3 tentatives, en mission en France pour le compte du BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action, le Service Secret de la France Libre) en qualité de radio le 5 juin 1942 sous le pseudonyme d’Hébrard Jacques, né le 27 mai 1918 à Brest.

         Arrêté à Annecy le 20 janvier 1943 en compagnie de Jean Loncle après avoir été repéré lors d’une transmission radio avec Londres, par la radiogoniométrie allemande, la Gestapo et les polices française et italienne.

         Transféré à Lyon le 20 janvier 1943 pour interrogatoire, il est torturé puis livré aux italiens (Annecy étant zone d’occupation italienne). Il est ensuite emprisonné à Turin vers le 2 février 1943, puis à Parme avant d’être interné dans le camp de regroupement de Fossoli sur l’Adriatique. Il est déporté dans un convoi d’Italiens à Mauthausen vers le 24 juin 1944 (immatriculé sous le pseudonyme Hébrard N° 76 379).

         Il travaille à la carrière de pierres puis dans le commando de Grossramming près de Loibl-Pass (Tunnel routier entre l’Autriche et la Slovénie actuelle pour la « S.A. Universale Hoch-und Tiefbau »)

         Il est libéré par les partisans de Tito dans le massif de Karawanken le 8 mai 1945.

         Il est transféré à Naples avant d’être rapatrié en France le 19 juillet 1945.

         Jean Holley fut maire de Mesquer en Loire-Atlantique. Il est décédé à Rennes le 23 mai 2009.

Commandeur de la Légion d’Honneur à titre militaire.

 

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Jean Loncle : Résistant déporté (1921- 1990)

Biographie:

Jean Loncle est né le 5 juin 1921 à Saint-Brieuc (22), d’un père représentant et d’une mère commerçante. De 1927 à 1937, après avoir fréquenté l’école Saint-Louis de Brest (29), Jean entre au lycée de cette même ville et, en 1938, il fait une préparation à Saint-Cyr.

         Refusant l’occupation nazie, le 19 juin 1940, lendemain de l’Appel du général De Gaulle, il rejoint l’Angleterre sur un bateau de pêcheur de l’Aber-Wrach.

         Quelques jours plus tard, le 1er juillet 1940, à Londres, il s’engage dans les FFL (Forces Françaises Libres). Il est alors affecté à la 1ère Compagnie de Chasseurs de Camberley, un camp français au sud-ouest de Londres. Il est muté au dépôt de l’Infanterie de l’Air, puis est affecté à l’Etat-major du général de Gaulle.

         Jean Loncle suit ensuite des stages d’entraînement en Ecosse puis à Inchmerry dans l’Hampshire, au sud de la Grande Bretagne.

         Volontaire pour accomplir des missions en France, Jean Loncle sous le nom de « Nestor » et son camarade Painblanc répondant au nom de « BricW », sont posés sur le territoire français par l’opération Lysander (du nom de l’avion utilisé), dans la région de Saint-Amand-Montrond (18), au titre des FFC (Forces Françaises Combattantes), Réseau Transmission (Mission Pike). Ils amènent avec eux 32 valises contenant 30 postes et du matériel de propagande (journaux, tracts…)

         Le BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action) envoie un radio qui doit être affecté spécialement à un certain « Rex » (Jean Moulin). La réception est assurée par une équipe dirigée par « Pal » (Jean Ayral) et par son radio « PalW » (François Briant). Jean Loncle et Jean Ayral se connaissent déjà pour avoir effectué des stages ensemble en Ecosse et à Inchmerry.

         A Lyon, « Nestor » (Jean Loncle) est logé chez un médecin avec un autre camarade d’entraînement qui lui fait rencontrer son chef « Rex » (Jean Moulin). Il est impressionné par la simplicité et par l’autorité de « Rex » dont il ne connaîtra le vrai nom qu’après la guerre. L’entretien dure une heure. Ce qui bouleverse « Nestor », c’est qu’il est accepté d’emblée par « Rex », le représentant personnel du général de Gaulle, comme chef de mission pour organiser un des réseaux de transmission les plus importants entre la France Libre et la France résistante. « Rex » lui explique l’importance et la gravité de la situation.

         Le 20 janvier 1943, « Nestor », « Léo W » (Jean Holley) et un jeune radio (Marcel Lenclos) qu’ils doivent former, vont soumettre au BCRA un nouveau système d’émission Blind mis au point par « Nestor ». Leur mission terminée, les 3 hommes regagnent la gare d’Annecy, mais ils n’ont pas remarqué que le train est cerné par la police italienne OVRA (équivalent italien de la Gestapo), la Gestapo, la police française de Vichy et la gendarmerie, toute fuite étant rendue impossible. Avant d’être arrêté, Jean Loncle a le temps de cacher des papiers compromettants sous la banquette et le dossier de son siège. (Il apprendra à son retour de déportation que les papiers dissimulés sont parvenus à destination. Par quel mystère ?) Ramenés à Lyon, ils sont interrogés dans les locaux de la Gestapo.

         A bout de forces, Jean Loncle crée une diversion afin de permettre de donner l’alerte en temps suffisant. Il donne des renseignements qui ne portent pas à conséquence. Abandonné par la Gestapo, il est repris en main par l’OVRA qui recommence les interrogatoires. Il est envoyé en Italie pour y être interné (Turin puis Parme) avant d’être déporté au camp de concentration de Mauthausen (Autriche) avec Jean Holley. Kommando de Grossraming puis Loibl-Pass où il travaille à la construction d’un tunnel routier reliant l’Autriche à la Slovénie actuelle.

         Le camp est libéré le 8 mai 1945 par les partisans yougoslaves de Tito.

 

Jany Vandewalle : Elle témoigne pour elle et pour son mari René Vandewalle, décédé, car ils furent tous les deux déportés pour faits de Résistance.

René Vandewalle :

         Mon mari est né le 6 juin 1923 à Petites Synthes près de Dunkerque. Il a à peine 17 ans en 1940 quand il apprend que le général de Gaulle appelle à résister.  Comme tous les gens de cette région du nord, il subit l’occupation allemande de plein fouet. Il voudrait rejoindre l’Angleterre mais il ne trouve pas de solution pour le faire.

         Le 2 janvier 1942, il s’engage pour 4 ans dans l’armée de l’Air. Il est démobilisé le 25 janvier 1943.

         Il avait gardé cette idée d’aller à Londres pour lutter aux côtés des Forces Françaises Libres. Sitôt libéré de l’armée, il se dirige vers l’Espagne, espérant y trouver une filière. En passant les Pyrénées, le 9 mars 1943, il est arrêté par des Espagnols qui le livrent à la Gestapo.

         Il est emprisonné à Bayonne, puis à Bordeaux, puis envoyé à Compiègne, point de départ, le plus souvent, pour la déportation. 

         Le 10 mai 1943, il part en Allemagne pour le camp de Sachsenhausen où il ne reste que le temps de la « quarantaine » puis il est envoyé au camp d’Orianenbourg où il travaille dans le commando « Kuestrin » pour fabriquer des « V2 ». Comme beaucoup de déportés, il essaie, dans la mesure du possible, de saboter ces fabrications en glissant de la sciure de bois dans les rouages.

         Le 5 janvier 1945, il est évacué vers le camp de Buchenwald où il reste jusqu’en avril 1945. Lors de l’évacuation de son commando « Ordruff », il réussit à s’évader. Il est rapatrié par les Américains et rentre à Rennes le 26 avril 1945.

         A son retour, il est accueilli quelques temps chez Mademoiselle Récipon à Laillé où il peut se reposer.

 

Jany Vandewalle : Comme je ne pouvais pas rester chez moi parce que ma mère était décédée, mon père remarié et ma belle-mère ne voulait pas me voir, je devais travailler absolument. En 1940, j’ai donc accepté un poste à la Kriegsmarine, rue de Lorient, à Rennes, chez les Allemands et je logeais dans un foyer pour jeunes filles, Bd Magenta.

         Mon travail était de recopier des commandes de matériel pour les sous-marins allemands qui étaient en escale au large des ports français. Il y en avait à La Pallice, près de la Rochelle, à Lorient, à Saint-Nazaire…

         Au foyer, j’avais une amie, Lucienne, qui connaissait des Résistants (j’ai su plus tard qu’ils faisaient partie du réseau « Mithridate »). Elle leur a parlé de ce que je faisais et ils ont voulu me voir. Nous étions en mars 1943. Je les ai rencontrés et ils m’ont demandé de leur communiquer les noms de ces sous-marins, les dates et lieux des escales. J’ai donné ces renseignements plusieurs fois car je n’aimais pas les Allemands et je voulais qu’ils s’en aillent.

         A partir du mois de juillet, Lucienne et moi, nous n’avions plus de nouvelles des gens du réseau. Le 13 septembre 1943, je suis allée rue Chicogné où j’avais déjà rencontré ces gens pour avoir des nouvelles car Lucienne avait été arrêtée. Je suis tombée dans une souricière et j’ai été arrêtée par les Allemands. J’ai été interrogée, giflée puis enfermée pendant 5 mois à la prison Jacques Cartier.

         Le 18 mars 1944, je suis partie au camp de Romainville d’où j’ai été envoyée en déportation au camp de Ravensbrück le 22 avril 1944. Je faisais partie du convoi des « 35 000 » car tous nos numéros matricules commençaient par 35 000.

         Dans le commando « Holleischen » qui dépendait du camp de Flossenburg je faisais  des cartouches antichars. Je devais mettre dedans des capsules de phosphore. Chaque fois que je le pouvais j’ « oubliais » de mettre ces capsules. Il paraît que les armées allemandes du front de l’est s’étaient plaintes car les cartouches ne marchaient pas. Il était temps que la fin de la guerre arrive car le camp était miné, ils voulaient le faire sauter.

         Quand je suis revenue en France, je suis passée à l’hôtel Lutétia  à Paris comme tous les déportés pour avoir des papiers. J’ai été surprise de subir un interrogatoire très serré. En fait, les responsables se méfiaient car des femmes volaient des habits de déportées et cherchaient ensuite à se faire inscrire comme telles.

         Je suis revenue à Rennes en habit de déportée, je n’avais rien d’autre. Je ne savais pas où aller, j’étais perdue. Je pleurais place de la Mairie, j’étais épuisée. Une dame d’Ouest-France, Madame Baptiste, m’a emmenée chez Mademoiselle Récipon à Laillé. J’y suis restée quelques mois. C’est là que j’ai rencontré mon mari. Nous nous sommes mariés quelques mois après.

 

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La France au combat, de l’appel du 18 juin à la victoire de François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole. Présentation de Max Gallo. (Edition Perrin). Extraits.

Extraits de la présentation de Max Gallo.

Page 7 : « Quoi ? Les Français aussi ? ». Ces mots de dépit, de colère et d’étonnement sont prononcés par le maréchal Keitel le 8 mai 1945 à Berlin quand il voit le maréchal de Lattre de Tassigny recevoir aux côtés du Soviétique Joukov, de l’Anglais Tedder, de l’Américain Spaatz, la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie.

Page 9 : … Montrer qu’il y a une convergence naturelle entre les Français qui se battent en France et ceux qui deviennent des soldats de la France Libre. En tressant ensemble leurs histoires, celle des Forces Françaises Libres, comme celle des mouvements clandestins – Combat, Franc-tireur, Libération, Défense de la France, Front National… - les auteurs démontrent qu’il n’y a qu’une « France au combat » et combien le « patriotisme », l’ « amour de la France » sont, en fait, les seuls mobiles- instinctifs- de ces hommes qui choisissent tous – malgré leurs divergences, leurs contradictions- de prendre le risque de « mourir pour la patrie ».

Page 12 : Ce qui frappe, c’est –au-delà de la détermination –la lucidité de De Gaulle, à la fois sur les moyens –il faut faire la guerre partout – et sur les fins. […] Mais en même temps, il s’élève au-dessus de cette conjoncture nationale –décisive, qui est l’objet de toute son énergie – pour la replacer dans une perspective d’ensemble : « Il reste à savoir, dit-il à Oxford, le 25 novembre 1941, si dans la conjugaison du système nazi et du dynamisme allemand, il n’y a qu’un hasard ou si cette rencontre même ne fut pas comme l’aboutissement d’un mal plus général, tranchons le mot, d’une crise de civilisation… Voilà bien l’enjeu de cette guerre, le salut de notre civilisation et le problème de la paix qui suivra. »

         La victoire – et la paix – ne peuvent venir que de l’unité et de la souveraineté nationales. […]

La constitution du Conseil National de la Résistance, sous la direction de Jean Moulin en mai 1943, est ainsi un moment capital. De Gaulle désormais rassemble autour de lui toutes les forces – Forces Françaises Libres et Forces Françaises de l’Intérieur- de cette Résistance, qu’il a nommée, dès le 18 juin 1940.

Page 13 : Et les Alliés ne sont pas les derniers à vouloir maintenir la France hors du cercle des Grands, de lui imposer une administration militaire – AMGOT – et dans la guerre contre l’Allemagne nazie, se cache ainsi une autre confrontation entre alliés. De Gaulle se bat pour faire rentrer la France dans le « Grand Jeu ». Mais, cela n’était possible que si l’unité de la Résistance était maintenue […] et si la France était au combat.

         Il n’y avait en 1940 – et presque à tous les moments de ces cinq années – que la probabilité du renoncement, de la faiblesse, de l’abdication, de l’abaissement, de la désunion, de la division et même de la guerre civile. Tout était en place pour une destruction de la nation.

 

Extrait de la conclusion générale :

Page 796 : Plus que tout autre, Charles De Gaulle a pleinement conscience que la victoire n’est nullement un aboutissement – comme l’avait été celle de 1918 – mais un début. En juin 1940, il avait pris en charge une France vaincue, occupée, anéantie. D’abord seul, puis rejoint par une poignée de volontaires, il avait entrepris de rassembler et de réunifier toutes les forces françaises au sein d’ « une même armée, une seule armée, l’armée française une et indivisible » (discours de Nancy le 25 septembre 1944). A la tête du gouvernement de guerre, avec la participation et le soutien de la Résistance intérieure réunifiée par Jean Moulin, et fort du concours de grands commis dignes des plus grands serviteurs de la monarchie et de la République, il avait restauré l’Etat, rouvert les voies de la démocratie, redressé l’économie, refondé la législation sociale, rétabli une diplomatie, amorcé une évolution de l’Empire colonial, fait renaître la confiance des Français. Tâche titanesque, menée au prix de difficultés et d’erreurs inévitables, mais couronnée d’un succès spectaculaire.

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Pierre Demalvilain : Il s’est retiré pour sa retraite à Hillion dans les Côtes d’Armor mais une grande partie de sa vie et surtout sa jeunesse résistante se passa autour de Saint-Malo.

Biographie

Extraits de journaux : « Le Bleuet d’octobre 2007 et « le Penthièvre » N° 146.

         Pierre Demalvilain est né le 6 juillet 1926 à Soissons dans l’Aisne, pays de naissance de sa mère mais, très vite, la famille revient à Saint-Servan en Ille-et-Vilaine. Le père de Pierre y sera élu conseiller général et maire jusqu’à sa mort en 1932.

         Pierre fait ses études à Saint-Servan et, fin 1940, il est interne au collège en classe de 5e quand une alerte invite tout le monde à rejoindre les abris. Pierre échappe à la surveillance de son professeur de dessin et, au lieu de se rendre à la cave, il va dans les étages du collège. Il possède une clef pour y ouvrir une des pièces. Là, il y observe les Anglais bombarder la ville. Mais, ce soir-là, il entend quelqu’un qui ouvre la porte. Il se cache et voit un « grand » (de terminale) qui prend des notes sur un carnet. S’apercevant de la présence de Pierre, le « grand » lui demande ce qu’il fait là et lui conseille de descendre. Ce qu’ils font ensemble. Une semaine plus tard, le « grand » le coince sous le préau et lui demande s’il a parlé à quelqu’un de sa présence là-haut. Comme il voit qu’il peut avoir confiance en lui, il lui demande quelques jours plus tard : « Cela te ferait plaisir de travailler pour rendre service à ton pays ? »

         Après avoir été rassuré sur les opinions de Pierre, ils se rendent ensemble à bicyclette dans un hôtel à Pontorson où l’on propose à Pierre de faire de petites tâches. Alors qu’il n’a pas 15 ans, il devient Agent de renseignements pour la Résistance.

         Le 1er juillet 1941, Pierre Demalvilain s’engage officiellement dans un réseau dépendant du BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action), le réseau franco-polonais F2 puis le 1er juillet 1942, il entre au réseau franco-belge Delbo-Phénix jusqu’à la libération de Saint-Malo en août 1944.

         Les « petites tâches » consistent à repérer les unités allemandes circulant à Saint-Malo et sa région. Notamment, relever les lettres et signes particuliers qui figurent sur les plaques d’immatriculations des voitures allemandes :

-         WH pour l’armée de terre

-         WL pour l’armée de l’air

-         WM pour la marine.

Il faut suivre, connaître les activités, repérer les heures de passage. Chaque jour, Pierre, sous le pseudo de Jean Moreau, sillonne les rues de la ville sur son vélo. Ensuite, il rentre chez lui faire des croquis et des rapports. Chaque semaine, à l’insu de ses parents, il prend le train pour Rennes, puis direction Paris où il dépose ses rapports dans une boîte aux lettres, chez une franco-belge-polonaise, dont le nom de code est « Raymonde ». [Pour couvrir ses absences, il a l’excuse d’appartenir aux Eclaireurs de France].

         Les renseignements ainsi récoltés vont ensuite à Londres, par valises diplomatiques via les ambassades de Suède et du Portugal.

         Sa tâche consiste aussi à repérer le mouvement des navires, à dessiner les plans des blockhaus, relever les champs de mines.

         En 1941, l’Angleterre fait envoyer un plan détaillé du terrain d’aviation de Pleurtuit. Ils veulent savoir où sont stockées les bombes qui y sont transportées chaque nuit. Par recoupement, le dépôt semble se trouver dans le bois de Lanhélin. Pierre se rend sur place. Quand il tombe sur des barbelés, il sait qu’il ne doit pas être loin. Il cherche un endroit pour les franchir. Il n’a pas vu une sentinelle qui le surveille et qui lui demande ce qu’il fait là. Pierre répond : « Je cherche des champignons. » Bonne idée sauf qu’on est au mois de juillet… L’Allemand fait alors signe à Pierre de le suivre et fait entrer dans la base où, là, il peut apercevoir le dépôt de munition. Pierre peut effectuer plus tard un plan de situation (avec la complicité involontaire du soldat allemand).

         Après la libération de la Bretagne et jusqu’en mai 1945, Pierre Demalvilain reste au service de la Résistance avant de s’engager volontaire pour faire campagne en France et en Allemagne. En octobre 1945, il part pour l’Indochine où il est démobilisé sur place en novembre 1946.  

         La Bretagne, de part sa position stratégique entre la Manche et l’Atlantique, située près des côtes anglaises, intéressa au plus haut point, pendant la Seconde Guerre mondiale, Allemands et Alliés.

         Les premiers occupèrent massivement les côtes, les seconds mirent en place des réseaux de résistance qui vinrent renforcer les groupes créés à l’initiative de particuliers dès 1940. Ces réseaux se rangeaient en 3 grandes catégories :

- Evasion : Réseau Shelburn à Plouha qui assura le départ vers l’Angleterre de nombreux aviateurs tombés sur le territoire français ou de résistants « grillés ».

- Action : Sabotages, raids et autres interventions.

- Renseignements : Cette dernière filière, mal connue, peu spectaculaire, composa pourtant, jusqu’en 1943, l’essentiel de la Résistance et en constitua la cheville ouvrière jusqu’à la fin de la guerre.

         Pierre Demalvilain fut l’une de ces fourmis qui répertorièrent inlassablement construction des ouvrages, activités des ports et aérodromes, mouvements des troupes…

         Lors de ses interventions dans les établissements scolaires, Pierre Demalvilain dit volontiers : « N’ayant pas combattu, nous n’avions pas ce sentiment d’humiliation que pouvaient ressentir nos parents et nous n’avions pas, non plus, le respect de nos grands-parents pour le maréchal Pétain… Nous avions, par contre, l’impétuosité de la jeunesse, la révolte devant la perte des libertés les plus élémentaires comme le droit de circuler, de se réunir (le couvre-feu était instauré et les bals interdits) ; mais aussi l’abolition des valeurs républicaines, l’idéologie véhiculée par le nazisme, la xénophobie, les dénonciations…

         La liberté, c’est comme l’air qu’on respire, quand on en a, on n’y pense pas, mais quand on en manque, on étouffe… »

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Lucien Levrel : Il a été réfractaire au STO. Il a souhaité témoigner au nom de tous les Réfractaires qui considèrent que leur rôle n’a pas été suffisamment reconnu dans le déroulement de la guerre 1939-1945.

          Je suis né le 25 février 1922. Je  faisais donc partie de la classe 42 (l’année de nos 20 ans) qui, avec la classe 43, a été systématiquement réquisitionnée pour aller travailler en Allemagne.

         J’étais alors homme d’équipe auxiliaire à la SNCF. Un jour, le chef de gare me convoque et me demande de me présenter au cabinet médical afin de passer la visite de départ. Je suis reconnu apte pour partir en Allemagne comme homme d’équipe manœuvre à la gare de Koln à compter du 22 juin 1943.

         Après réflexion, je décide de ne pas répondre à cette convocation et je prends la décision de me dérober et de prendre le chemin de la clandestinité. Je vais me cacher à la Chapelle-des-Fougerets chez une tante de mon épouse. J’y resterai et travaillerai dans la ferme pendant tout le reste de la guerre. Le risque était grand pour moi et pour ma famille qui aurait très bien pu être inquiétée à cause de moi. Comme tous les réfractaires, j’ai dû vivre en « hors la loi », sous une fausse identité, sans salaire, sans carte d’alimentation.

 

Historique du Service du Travail Obligatoire (STO)

         A partir de 1942, l’armée allemande se trouve prise sur plusieurs fronts. Le front de l’Est lui fait perdre beaucoup d’hommes. Pour les combler, il faut trouver de nouveaux soldats. C’est alors qu’Hitler mobilise les Allemands jusque-là maintenus dans les usines travaillant pour l’effort de guerre du Reich.

         Privées d’un certain nombre de travailleurs allemands, ces usines voient leurs productions diminuer. Il faut donc, là aussi, combler les vides. Pour trouver de la main d’œuvre de remplacement, Hitler va se tourner vers les pays occupés. Pour la France, il va le faire d’abord en promettant le retour d’un prisonnier français contre le départ en Allemagne de 3 travailleurs. C’est ce que la propagande a appelé « la Relève ». Cette tentative sera vouée à l’échec.

         Ce que voyant, le Gauleiter Fritz Sauckel prend une ordonnance le 22 août 1942 prescrivant le recensement des hommes de 18 à 55 ans et de toutes les femmes célibataires de 21 à 35 ans, « en vue d’obtenir un rendement maximum pour les besoins de la guerre du Reich », ordonnance permettant la réquisition de cette main d’œuvre dans tous les pays occupés.

         En France, le 4 septembre 1942, le gouvernement de Vichy édicte une loi rendant mobilisables, pour le travail forcé en Allemagne, tous les hommes de 18 à 50 ans. Le 16 février 1943, un autre texte visera plus spécialement les jeunes classes, remplaçant le service militaire par le STO.

         De septembre 1942 à la libération de Paris, des Français seront réquisitionnés pour partir travailler en Allemagne. Comment réagiront-ils ?

- Certains partiront. Soit par conviction, car ils sont pro-allemands ou espèrent gagner de l’argent.

Soit par peur, pour eux-mêmes ou pour leurs familles. Sauckel avait déclaré : « Les réfractaires seront traqués, nous emprisonnerons leurs femmes, leurs enfants et nous brûlerons leurs maisons ».

-         D’autres refuseront de partir et alors, ils deviendront des clandestins, des hors-la-loi. Parmi ces hommes, certains prendront le maquis. Ils deviendront des « maquisards ». On les appelle aujourd’hui « réfractaires et maquisards ». Ils ont grandement aidé à renforcer les rangs de la Résistance.

-         D’autres refuseront de partir et resteront simplement cachés car ils ne trouveront pas de filière pour entrer dans la Résistance ou ils n’en chercheront pas. Ils seront simplement des « Réfractaires ». Mais, de toute façon, leur mérite a été de refuser de servir l’Allemagne nazie. Ils ont refusé d’aller construire des armes qui risquaient d’anéantir leur pays.

Plus de 500 000 Français ont dit « NON » et ont fait perdre ainsi à l’industrie guerrière du Reich environ 1 milliard cinq cents millions d’heures de travail, privant ainsi les Nazis d’une importante quantité de munitions et de matériel de toutes sortes.

Le général De Gaulle a déclaré en septembre 1944, à l’Hôtel de Ville de Paris : « Il y a aussi ceux qui se sont battus en silence ou qui, par leur refus de toute aide à l’ennemi ont bien servi la France ».

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Jean Sorel : Ancien de la 2e DB (Division Blindée), il a participé aux combats de la libération de la France aux côtés du général Leclerc.

         En 1940, j’avais 16 ans. Avec mes parents, nous avons entendu l’appel du général de Gaulle et j’aurais bien voulu partir le rejoindre à Londres mais j’étais trop jeune. Pourtant,  dès ce moment-là, j’ai été gaulliste comme mes parents. Nous écoutions Radio Londres tous les soirs, nous avons entendu aussi le discours de Churchill traduit en français.

         Je portais ostensiblement une croix de Lorraine sur ma veste ; je l’ai portée pendant un an à la barbe des Allemands c’était de l’inconscience.  Je m’amusais à dessiner des V de la victoire avec cette croix de Lorraine sur les vitres de l’atelier derrière le magasin de mes parents. En 1941, cela m’a attiré des ennuis.

         Dans notre quartier, il y avait le RNP (Rassemblement National Populaire) qui était pétainiste et pro-allemand. Un jour, une vingtaine de gars du RNP m’ont vu passer avec ma croix de Lorraine. Ils m’ont suivi et ils m’ont vu entrer dans le magasin de mes parents rue de Nemours. Ils voulaient me casser la figure ou me dénoncer aux Allemands. Mon père les a chassés mais ils sont allés porter plainte au commissariat en bas de la place de la Mairie. La police est venue me chercher et ils m’ont emmené au commissariat. Là, j’ai été interrogé ; je leur ai dit que j’étais gaulliste et j’ai insulté le maréchal Pétain. Le commissaire a tout noté et a préparé un dossier puis il m’a relâché. Heureusement, un autre agent qui connaissait mes parents et qui, sans doute, n’aimait pas les Allemands, a fait disparaître mon dossier (je l’ai su à la fin de la guerre). Je n’en ai plus entendu parler, j’aurais pu être envoyé en Allemagne pour moins que ça.

         En 1942, j’avais 18 ans, j’ai cherché à m’engager dans un régiment d’infanterie coloniale de Bizerte en Afrique du Nord. J’ai rencontré des officiers qui ont essayé de me décourager en me disant qu’il n’y avait pas de bateau pour aller à Bizerte et qu’on risquait de rester pendant des mois à Marseille. Ils nous disaient  que, si nous restions avec eux, nous allions nous battre bientôt contre les Allemands, ce qui était complètement faux, on l’a vu plus tard.

         J’ai annulé mon contrat pour l’Afrique du Nord et j’ai signé pour le 27e régiment d’infanterie qui était en zone libre. J’ai été enrôlé à Le Blanc près de Châteauroux dans l’Indre. J’ai fait mes classes. Je suis resté là 4 mois avant que les Allemands n’envahissent la zone libre. Quand les Allemands sont arrivés, les officiers nous ont dit de lever les mains et de mettre les armes dans la cour, alors qu’ils nous avaient dit qu’on se battrait… Ce régiment était, non seulement pétainiste mais il fournissait des armes aux Allemands. Nous, nous avons été libérés et renvoyés dans nos foyers. On était fin novembre 1942.

         Je suis revenu à Rennes. Normalement, j’étais de la classe 44 mais, comme je m’étais engagé, j’étais considéré dans la classe 42 (hommes nés en 1922). A ce titre, je devais partir pour le STO travailler en Allemagne et ça, je ne le voulais pas. Je me suis planqué dans une ferme à Bruz. J’y suis resté jusqu’en 1944.

         Quand j’ai su qu’une division française avait débarqué le 1er août 1944 en Normandie, j’y suis parti espérant pouvoir m’enrôler là-bas. A Juilley, près de Saint-James, j’ai signé un engagement pour la durée de la guerre.

         J’ai participé à la bataille de Normandie, nous avons libéré Alençon, Ecouché, Argentan. Puis, nous sommes arrivés à Paris pour aider les Résistants qui avaient lancé l’insurrection contre les Allemands.

         Le 8 septembre, nous étions en Lorraine et j’ai participé aux batailles en Alsace, dans les Vosges. La 2e DB dépendait de la 3e armée américaine du général Patton. Vers le 20 avril 1945, nous sommes rentrés en Allemagne et le 8 mai, c’était la fin des hostilités. J’ai été démobilisé en octobre 1945.

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Gérard Travers : Ancien combattant de la 2e DB, il fut longtemps président de l’association des Français Libres en Ille-et-Vilaine.

 

         Gérard Travers est né le 25 novembre 1917 à Saint-Germain en Cogles. 

Il a 19 ans quand il devance l’appel en 1937. Il habite alors à Rennes où son père est huissier de justice. Il souhaite se débarrasser très vite du service militaire afin de reprendre sereinement ses études de musique.  Il ne sait pas alors qu’il servira le « drapeau français » pendant 8 ans.

Fait prisonnier le 17 juin 1940 dans l’Aube, il est interné au fronstalag de Troyes.  Il réussit à s’évader en décembre 1940 en utilisant des vêtements d’ouvriers trouvés sur place. Il réussit à passer la ligne de démarcation la nuit de Noël et il se fait démobiliser à Limoges le 2 janvier 1941.

Pour lui, il n’est pas question de rester dans l’armée au service de Pétain, il part pour le Maroc.

Rappelé à l’activité le 6 décembre 1942, il est volontaire pour la campagne de Tunisie. Il se bat contre les Nazis en Algérie, en Tunisie, au Maroc. Il rejoint les FFL (Forces Françaises Libres) du général Leclerc.

         Avec elles, il débarque en Normandie, fonce et libère Paris pour, après avoir souvent frôlé la mort, se retrouver à Berchtesgaden en Allemagne, le 8 mai 1945

         De nombreuses médailles témoignent de tous ses faits militaires mais celle dont il est le plus fier est celle de la France Libre. Cité à l’ordre du Régiment N°88 de la 2e DB du 21 juin 1945. « Prisonnier évadé, volontaire pour reprendre le combat. A été constamment, au cours des campagnes de Tunisie, de France et d’Allemagne, un exemple de conscience et de dévouement ».

         Hasard de la guerre, au cours de ses campagnes, Gérard Travers eut l’occasion de côtoyer des artistes connus comme Jean Marais, Jean Nohain, eux aussi engagés dans le combat pour la libération de la France. Pour un peu, lui-même aurait pu devenir artiste. En effet, en 1937, il avait obtenu à Rennes le premier prix de violon du conservatoire. Plus tard, après la Libération, il fera partie de grands orchestres.

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Guy Faisant : Résistant, déporté à 16 ans, il a consacré toute sa vie à militer au sein des associations d’anciens Résistants et d’anciens Déportés pour que « Plus jamais ça ».

Biographie

         Personnellement, je n’ai pas entendu l’appel du général De Gaulle. Nous g-faisant.jpg (25218 octets)étions très perturbés par le bombardement qui avait eu lieu la veille sur la gare de Rennes et qui avait fait au moins 2 000 morts. J’habitais derrière la gare, à 300 mètres environ. De plus, le 18 juin, c’est le jour où les Allemands sont arrivés à Rennes et nous étions tous très inquiets. Nous savions que Pétain avait demandé l’armistice à Hitler et mon père, qui avait fait la guerre 14-18, était très en colère. Il pensait que nous pouvions continuer la guerre car nous étions un empire colonial très important et nous avions encore bien des ressources. Quand nous avons vu les premiers Allemands dans la rue chez nous, j’ai vu mon père fermer la fenêtre rageusement et il avait les larmes aux yeux.

         Ultérieurement, des bruits ont circulé disant qu’un général disait que la guerre n’était pas terminée. On pensait effectivement que c’était scandaleux de signer la capitulation ainsi devant Hitler.

         A côté de chez nous, il y avait une famille de réfugiés du nord de la France. Ils écoutaient la radio anglaise.

         Fin 1940 ou début 1941, j’ai été contacté par un voisin, Jean Rolland, plus âgé que moi qui fréquentait une des filles de cette famille de réfugiés. La deuxième fille était presque de mon âge et, souvent le soir, nous restions à discuter dehors tous les 4. Il était membre de l’OS (Organisation Spéciale) créée par le Parti Communiste et il m’a proposé de monter un groupe d’élèves de mon école (Ecole d’Industrie Bd Laënnec) pour faire des actions contre les Allemands. Il s’agissait surtout de distribuer des tracts à la population pour contrer la propagande faite par Ouest-Eclair qui était sous la coupe des Nazis.

         Ma sœur avait 12 ans de plus que moi. Elle portait ostensiblement une petite croix de Lorraine bleue sur sa veste. Elle avait été contactée par Pétri, chef de Résistance en Ille-et-Vilaine. Comme elle travaillait aux services des cartes d’alimentation, elle en volait quelques-unes qui servaient à ravitailler les maquis.

         A l’époque, les Allemands étaient victorieux sur tous les plans y compris en Union Soviétique.

         Nous avons formé un groupe de 6 camarades et, au début, notre action se limitait à ça : distribution de tracts dans les boîtes aux lettres, collage sur les murs ou graffitis sur les murs ou sur la passerelle au dessus de la gare. On dessinait le V de la victoire avec la croix de Lorraine.

         Un jour, avec un copain, on a coupé un câble allemand qui passait sous le pont de Nantes. On ne savait pas à quoi servait ce câble.

         On avait appris que les armes qui avaient été confisquées aux Français à l’arrivée des Allemands étaient entreposées dans un garage Bd de Chézy. Ce n’était pas gardé. On a escaladé le mur et pendant que l’un faisait le guet, les autres allaient chercher les armes. Ensuite, on les redonnait pour les Résistants mais, on en gardait quelques-unes pour nous.

         En septembre 1941, j’ai assisté au procès de quelques Résistants au Palais de Justice de Rennes. Il s’agissait de Jean Courcier, Raymond Le Cornec, Roger Dinard. Le commissaire Morellon qui les avait arrêtés comme il a arrêté beaucoup de Résistants car il faisait partie de la SPAC (Section de la Police Anti Communiste), a raconté comment Louis Coquillet avait réussi à lui échapper. Louis Coquillet faisait partie du même groupe de Résistants que les accusés mais, quand les policiers l’avaient emmené chez lui pour une perquisition, il avait réussi à les enfermer dans le logement et il s’était sauvé. Plus tard, ayant continué la résistance, il sera arrêté et fusillé au Mont-Valérien. Les 3 copains jugés ce jour-là seront déportés.

         Moi-même, suite à une dénonciation, je serai arrêté en mars 1942 et déporté avec mes 5 copains : Pascal Lafaye, Yves Le Moign, Gilbert Anquetil, Michel Goltais et Jacques Tarrière. Pascal Lafaye et Jacques Tarrière mourront en déportation. Pascal Lafaye avait 15 ans. 

 

         Quand je suis revenu de déportation, j’ai appris tout ce qui s’était passé pendant la guerre. Le Conseil National de la Résistance qui a été formé par Jean Moulin le 27 mai 1943,  a réuni tous les mouvements de la résistance et cela a permis que le général De Gaulle soit reconnu comme le chef de la Résistance et qu’il puisse parler au nom de la France dans les négociations à la fin de la guerre. Cela a permis aussi que les Américains ne prennent pas les rênes de nos administrations à la Libération. Ils avaient créé l’AMGOT qui devait plus ou moins « coloniser » la France. Ils avaient même frappé une monnaie d’occupation de la France. Mais De Gaulle avait donné des ordres pour que des personnalités du monde résistant prennent les préfectures et les mairies dès que les Allemands seraient partis.

         Rennes était la première grande ville française à être libérée. Monsieur Le Gorgeu était venu de Brest pour occuper la préfecture. Yves Milon qui était un Résistant a destitué le maire mis en place par le gouvernement de Vichy, le Docteur Patay, et il a pris sa place. Plus tard, il se présentera aux élections et sera élu maire de Rennes légalement. Des CDL (Comités de Libération) ont été mis en place.

         De Gaulle avait tout prévu pour que la France gagne son indépendance. Il a eu ainsi toute légitimité pour représenter la France dans toutes les instances mondiales, y compris au bureau de l’ONU.

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André Rouault : 1925- 1943.

 D’après le site internet : http://assoc.orange.fr/memoiredeguerre/

         Né à Clichy (Seine) le 3 juillet 1925, André Rouault demeure avec ses parents à Rennes au 110 de la rue de Brest au moment de l’Occupation.

         Il entre dans la Résistance dès 1940, à l’âge de 15 ans. Il fait partie d’un groupe des Jeunesses Communistes et de son Organisation Spéciale. Il rejoint l’Angleterre sur une barque de pêcheurs en 1941.

         Parachuté en France pour remplir une mission, il exécute le sabotage d’ouvrages allemands à Lorient puis se rend à Bordeaux où il travaille comme docker.

         Fin février 1942, la police du commissaire Morellon lui tend une souricière au domicile de son cousin Raymond, 3 rue Saint-Louis à Rennes (alors que son oncle Jean Rouault est otage à Compiègne et il sera déporté à Auschwitz le 6 juillet 1942). André s’y présente. Au lieu de ses papiers, il sort son revolver et tire. La balle passe près de la tête de l’Inspecteur Jourdan. Il réussit à prendre la fuite.

         Il assure la direction d’un groupe de FTP régional chargé de récupération d’armes, de la fabrication de bombes, de la préparation et de l’exécution d’attentats.

         Il abat dans la rue, en plein jour, un traître et fait sauter de nombreux ouvrages ennemis.

         Arrêté en 1942, il est incarcéré à Nantes, il ne parlera pas malgré les tortures qui lui sont infligées. Condamné à mort le 28 janvier 1943, il est fusillé sur le champ de tir de Bêle à Nantes en Loire-Atlantique, le 29 janvier 1943 avec 8 autres Résistants (il a 18 ans). Son cousin Raymond est mort sous la torture. Son oncle Jean est revenu de déportation après 3 ans passés à Auschwitz.

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