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Jean HUBERT

employé de bureau dans une compagnie d’Assurances, devenu agent de renseignements et aux avant-postes du maquis de Lignières-la-Doucelle

 

  Jean Hubert, un profil de résistant insolite, car il utilise sa profession à des fins de transmission de renseignements sur les déplacements et le matériel des troupes allemandes. Cette forme de résistance, Jean Hubert l’effectue dès l’âge de 18 ans, à partir du mois d’août 1943 jusqu’au 6 juin 1944, date du débarquement des troupes alliées. Avant même de rejoindre un mouvement, Jean Hubert récolte les tracts lancés par l’aviation alliée et les  distribue dans les boites aux lettres, à Fougères. On peut parler d’une forme empirique de Résistance : il agit seul, en dehors de toute équipe, motivé simplement par un esprit patriote très précoce. 

L’engagement du mois d’août 1943 répond à une demande de Paul Lasnier, un camarade d’enfance, demeurant avenue de la Verrerie, à Laignelet (l’extension de la ville de Fougères aura lieu un peu plus tard et englobera cette avenue). Hubert est mis en relation avec Guy Bellis, le responsable du groupe FTP  (Francs Tireurs Partisans) de Fougères, Frédéric Lamy et Eugène Ponson.

Lors de ses déplacements afin d’effectuer les encaissements de primes d’assurances auprès de ses clients, il est amené à sillonner les cantons de Saint-Brice-en-Coglès, Antrain, Saint-James et Louvigné-du-Désert. Muni d’un laissez-passer pour circuler  dans toute cette région, il en profite pour glaner des renseignements utiles à la Résistance. Il communique toutes ses informations à Paul Lasnier. Les contacts avec Ponson sont interrompus, lorsque celui-ci est arrêté en décembre 1943.Fort de cette confiance, Hubert intègre une équipe de défense passive et obtient alors un laisser-passer pour circuler dans la ville de Fougères, en cas d’alerte aérienne nocturne.

Le 7 juin 1944, une rencontre décisive

Prière est faite de rejoindre le maquis en forêt de Fougères et de transiter par la maison de Mademoiselle Thérèse Bonniard, route de la Villegontier. Son domicile est un véritable refuge pour résistants et réfractaires. De plus, la pratique des langues et l’enseignement  lui procurent des atouts qu’elle utilise comme interprète auprès de l’occupant allemand. À partir de là, Jean Hubert met le cap sur la ferme de Chênedet où sont nettoyées les armes réceptionnées lors des parachutages antérieurs. Il transporte également à bicyclette les pistolets et les munitions à destination de Louvigné-du-Désert.

A l’entrée de la commune, il est obligé d’obtempérer au contrôle d’un barrage allemand. Jean Hubert éprouve l’une de ses plus grandes peurs. Heureusement qu’il a toujours sur lui les laisser-passer qu’il peut exhiber au regard des sentinelles, sans subir les fouilles d’usage.

Peu après, il reçoit l’ordre de rejoindre la forêt de Mornaye, à proximité de Lignières-la-Doucelle (département de la Mayenne).  La consigne est de partir par équipes de trois ou quatre.  Arrivés à Lignières, les résistants se dirigent sur le maquis installé à la ferme de la Gérardière où se trouve déjà le commandant Louis Pétri. Le but des maquisards est de ralentir la progression des convois allemands en marche vers le front de Normandie. 

Les préalables à l’attaque

Jean Hubert dactylographie les rapports sur les activités du maquis. Il accueille également les camarades qui viennent d’arriver autour de Lignières. Commence alors le travail de nettoyage, de dégraissage et de mise en état de fonctionner des armes reçues lors des parachutages.

L’assaut du 13 juin 1944

Vers 18h30, Paul Hubert assure la garde en bordure de la forêt, à environ 50 à 100 mètres de la ferme. La résistance dure environ deux heures  et consiste à attaquer et détruire les matériels allemands.  L’ordre de se replier est donné. Jean Hubert recule dans la forêt et sauve ainsi sa vie. Il peut alors regagner la région de Pré-en-Pail et retrouver ensuite  la région de Fougères.

Hubert n’a jamais été inquiété par les Allemands ou la police de Vichy. Alors que beaucoup de résistants ont été arrêtés ou déportés, Hubert a pu continuer son activité de résistant jusqu’au 3 août 1944, date de l’arrivée des troupes américaines à Fougères.

Par contre, plusieurs camarades maquisards-François Cheminel, Robert Gougeon, Auguste Leduc, René Pelé, Gilbert Zoccolini- sont alignés et fusillés par les Allemands au carrefour de la Fouchardière. Son camarade d’enfance et d’initiation à la Résistance, Paul Lasnier, est sauvagement assassiné. La stèle de la Fouchardière sera toujours, pour lui, un lieu d’émotion et de mémoire. Lors du massacre du maquis, Jean Hubert avait à peine 20 ans.

 

 

René Pelé

 

Robert Gougeon

 

Gilbert Zoccolini

 

 

François Cheminel

 

Paul Lasnier

 

Auguste Leduc

Stèle de la Fouchardière avec le nom des patriotes exécutés

Il décède à Rennes le 23 avril 1993, à l’âge de 69 ans. Il aura eu le temps de confier aux Archives Municipales de Fougères les grandes lignes de son activité de résistant.

 

Daniel Heudré