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Liste des biographies

Marguerite et Madeleine ALLARD

Marguerite, épouse du général Allard (1887 – 1945)

Madeleine, belle-fille du général Allard (1918 – 2004)



Marguerite Allard son épouse

 



Madeleine Allard sa belle-fille du général Allard

 

 Le lieutenant Marcel Allard, né en 1884, épouse en 1907 Marguerite Guillerez dans une commune des Vosges. Ce couple aura 4 fils dont 2 suivront une carrière militaire. De 1934 à 1936, Marcel Allard qui est alors colonel, sera nommé à l’Etat Major de Rennes.

Henry Allard, un des fils militaires, épouse en 1936 Madeleine Rouge-Dewavrin née en 1918 dans le Calvados, cousine d’André Dewavrin, alias « Colonel Passy », futur chef du BCRA. De cette union naissent 2 enfants (Jean-Claude et Florence, en 1937 et 1941), puis 2 autres enfants en 1949 et 1950.

A l’Ecole de Guerre, Marcel Allard a eu pour camarade de promotion Charles Delestraint, futur chef de l’Armée Secrète dans la Résistance.

En 1940, Marcel Allard est rappelé à Vichy et Weygand, après lui avoir donné le titre de « gouverneur » avec haute main sur la police, le charge d’arrêter les députés qui refuseraient de voter en faveur de Pétain. Son manque de zèle pour cette mission lui vaut une mise à la retraite, par ailleurs conforme à son souhait.

Comme il connaît la Bretagne et que la région de Messac est un point stratégique, le général Delestraint qui n’accepte pas la politique de Pétain, lui demande de s’y installer. Il y achète une propriété, très bien située, proche de la gare et construite au bord d’un petit chemin discret et abritée par un bois.

En juin 1940, Henry Allard (le fils), bousculé par la fulgurante avancée allemande, s’évade par les Vosges et rejoint les restes de l’Armée française à Lyon d’où il part en Extrême Orient. Il sera en Indochine de janvier 1941 à février 1946. Madeleine, son épouse, essaie de le rejoindre mais n’y parvient pas. Le 8 mars 1943, avec ses 2 enfants, elle se replie chez ses beaux-parents dans la propriété des Hautes-Folies à Messac.

Le général Marcel Allard approuve les groupes de résistance qui se sont créés spontanément dans le secteur de Messac. Il rencontre François Vallée, chef du réseau « Oscar Parson » du réseau Buckmaster. Il confie des missions à sa belle-fille Madeleine qui devient son agent de liaison. La famille accueille et cache des résistants, des aviateurs alliés dans leur grande maison.

Après l’arrestation du général Delestraint, Allard est contacté par le général Louis Audibert qui a été son instructeur à l’Ecole de Guerre. Audibert, responsable de la région « M », confie la responsabilité de la zone « M2 » au général Allard à partir du 1er août 1943.

Suite à des infiltrations et des dénonciations, « Oscar Parson » est la cible de la Gestapo et des Séparatistes bretons de la milice « Bezen Perrot ». Les arrestations commencées sur le secteur de Guer s’étendent sur le département : nord de l’Ille-et-Vilaine et Dinan, Messac, Bain-de-Bretagne, Martigné-Ferchaud, Redon…

Le 30 novembre 1943, des Allemands de la Gestapo se dirigent vers les Hautes Folies à Messac. Ils rencontrent un homme à qui ils demandent si « c’est bien par là qu’habite le colonel Allard ». C’est le général Allard en personne qui leur répond mais ils ne s’en doutent pas. Rendus à la maison, ils interrogent l’épouse et la belle-fille du général ainsi que leur employée Georgette. Les 3 femmes répondent  qu’il est parti à la pêche mais elles ne savent pas à quel endroit… Le lendemain matin, à 8 heures, une voiture allemande stoppe à l’entrée de la propriété. La maison est cernée et fouillée, les femmes sont à nouveau questionnées ; Marguerite et Madeleine sont embarquées dans le véhicule. Georgette, âgée de 22 ans, reste seule avec les 2 enfants, Jean-Claude 6 ans et Florence, 2 ans et demi. Elle s’en occupera pendant tout le reste de la guerre.

Marguerite et Madeleine Allard sont incarcérées à la prison Jacques Cartier à Rennes le 1er décembre 1943. Elles y restent jusqu’au 2 août 1944, date à laquelle les Allemands, sachant les Américains aux portes de Rennes, prêts à libérer la ville, décident d’embarquer toutes les personnes enfermées dans la prison dans des trains vers l’Allemagne. Les 2 trains partis les 2 et 3 août 1944, seront réunis plus loin et formeront le « Convoi de Langeais ».

Marguerite et Madeleine Allard font partie du premier train, parti de la Courrouze le 2 août 1944. Le trajet, épuisant, dure14 jours avant d’arriver à Belfort où les prisonniers sont enfermés au Fort Hatry. Plusieurs fois, Madeleine aurait pu s’évader car le train était souvent arrêté, mais elle refuse de quitter sa belle-mère qui a 56 ans. Le 1er septembre, elles quittent Belfort avec les autres femmes et arrivent à Ravensbrück 3 jours après.

Elles sont rapidement séparées. Marguerite qui devient le numéro 62799, retrouve Geneviève Anthonioz de Gaulle qu’elle connaît. Madeleine  qui est le numéro 62800, est envoyée pour travailler dans une usine chez Daimler-Benz. Les déportées sont employées, comme des esclaves, à construire des moteurs d’avions au profit des industriels allemands ; c’est un travail épuisant.  

Marguerite Allard, épuisée par les privations et les mauvais traitements, disparaît entre le 24 et le 26 février 1945.

Madeleine Allard est, elle aussi, malade : typhus et tuberculose,  mais elle est plus jeune, plus robuste. Devant l’avancée des Alliés, les Allemands emmènent toutes ces pauvres femmes à pied sur les routes. Madeleine fait partie de ce convoi de 1 000 femmes qui, solidement encadrées, partent pour une longue et épuisante marche au cours de laquelle beaucoup vont mourir.  Puis, c’est un transfert en train de voyageurs vers Oranienburg ; pour cela, elles traversent Berlin. Elles restent quelque temps dans ce camp puis elles repartent à pied encadrées par des surveillantes car les SS se sont volatilisés ; c’est la grande débandade devant l’imminence de la victoire des Alliés. Cette errance, en direction de Hambourg va durer du 21 avril au 7 mai avec encore beaucoup de femmes mortes en route. Elles rencontrent enfin des soldats russes qui ordonnent à des fermiers allemands de leur donner à manger.

Des prisonniers français leur apprennent que la guerre est terminée. Les survivantes suivent ces soldats français qui les conduisent à la rencontre des troupes alliées. Il leur faut encore 1 jour et demi de marche pour arriver à Ludwiglust où elles rencontrent les premiers soldats américains qui les transportent à Celle en Basse Saxe.

Le tri des prisonnières par nationalité ajoute à leur épuisement. Madeleine Allard interpelle un officier français qui a entendu parler du « Colonel Passy », André Dewavrin, son cousin germain. Elle obtient d’être rapatriée sur Clèves avec 25 autres prisonnières à bord de véhicules sanitaires. Le lendemain, elles embarquent pour Lille où elles arrivent le 14 mai 1945. Le 15, après les formalités administratives et l’humiliante désinfection, elles sont mises dans des wagons de seconde classe, à destination de Paris. 

Ce n’est que le 17 mai 1945 que Madeleine retrouve ses enfants et la fidèle Georgette qui a échappé à l’arrestation. En effet, cette dernière ne connaissait pas toutes les actions de résistance du général Allard, de sa famille et de leurs amis, mais elle avait entendu beaucoup de choses et avait vu dans la maison des résistants et des aviateurs alliés. Elle a su se taire, rester discrète.  

Dès la libération de la Bretagne en août 1944, le général Allard s’est mis à la recherche de sa femme et de sa belle-fille. Il réussit à aller jusqu’à Ravensbrück muni d’un laisser passer, il y rencontre Marie-Claude Vaillant-Couturier qui lui laisse peu d’espoir de retrouver son épouse.  Il revient en France et arrive à Messac, la veille de l’arrivée de Madeleine. Celle-ci est obligée de passer plusieurs mois à l’hôpital et en sanatorium pour retrouver un peu de santé.

 

Madeleine ALLARD a reçu la médaille militaire et elle est Officier de la Légion d’Honneur.

                                                      Renée Thouanel-Drouillas

                   D’après une notice biographique de Jean-Claude Bourgeon.

 


Son récit de captivité: La boîte rouge retrouvée
 Reconnaissance signée par le Président des Etats-Unis au sous-lieutenant Madeleine Allard, pour avoir secouru des aviateurs américains.

 

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