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22 sont arrêtés dans la même affaire d’arrestation. Il s’agit de 22 résistants de l’Armée des Volontaires, originaires de Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord). 19 d’entre eux sont interceptés au large de Guernesey le 6 avril 1943 par une vedette allemande alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Angleterre ; 3 autres sont arrêtés ensuite, sur terre, accusés d’avoir participé à l’organisation de cette équipée. Accusés par les Allemands de vouloir quitter le territoire et, par conséquent, de vouloir rejoindre des groupes armés ennemis, ces résistants sont classés «NN» en vertu des mesures répressives notifiées pour ces actes dans le décret Keitel de décembre 1941, mettant en place la procédure « Nacht und Nebel ». Un destin assez semblable devait frapper les 16 passagers du Wega partis le 15 décembre 1940 du port du Dourduff et les 15 passagers du Buhara , de la baie de la Fresnaye le 12 février 1941. |
Ils étaient 19 jeunes dont certains qui voulaient échapper au Service Travail Obligatoire embarquent sur le Viking du port de Saint-Quay-Portrieux le 5 avril 1943. pour rejoindre l'Angleterre. Ce projet naquit au sein du club "Saint-Quay Sports", entre les joueurs de football et les boxeurs. Joseph Le Hazif, Pierre Allenou et Jo Le Seven , les trois organisateurs de l'évasion se réunirent plusieurs fois en secret. En période de rationnement, chaque bateau avait une allocation de cinq litres par mois. Ils réussirent à stocker quatre-vingt litres d'essence dans la cale de l'embarcation pour la traversée. Il fallait tenir compte du couvre-feu et des nombreuses patrouilles qui circulaient dans les rues désertes du port. Deux groupes sont constitués. Le premier devait partir depuis la maison de Jo le Seven. Le deuxième groupe partit de l'hôtel de la Comtesse que tenait les parents Delachoue. Chacun devait circuler en chaussons pour éviter de faire du bruit dans la nuit. Après avoir monter à bord l'eau et la nourriture le vendredi 2 avril. Une première tentative eut lieu le samedi 3 avril qui échoua, car le canot reposait sur la vase avec la marée descendante. Une nouvelle tentative eut lieu le dimanche soir. L'ancre du bateau fut levée avec retard, si bien que le canot s'échoit de nouveau sur le fond avec la marée descendante. Le départ eut lieu le lundi 5 avril 1943. Pierre Labbé, le seul marin confirmé refusa de partir au dernier moment. La plupart des jeunes gens n'avait jamais mis pied sur un bateau" André Fauchon avait bien accompagné son père pêcheur; Paul Leblanc avait fait Navale à l'école Saint-Charles de Saint-Brieuc, ainsi que l'école d'Hydrographie de Paimpol. Tous deux s'estimaient capables de faire naviguer le "Viking" jusqu'en Angleterre. Pour ne pas attirer l'attention de la garnison allemande qui occupait le quartier du port, le "Viking" quitta le bassin, tiré par une plate manœuvré à la godille. La jetée franchie, ils mirent en route un petit moteur équipé d'un silencieux pour prendre le large. Au démarrage du gros moteur, les sentinelles allemandes sautèrent sur leurs mitrailleuses, mais elles ne purent mettre en service leurs projecteurs, la résistance locale ayant coupé le secteur pour faciliter l'évasion. Cela n'empêcha pas les Allemands de mitrailler au hasard la mer sans résultats. Vers une heure du matin, les fugitifs aperçurent dans la nuit le faisceau lumineux d'un projecteur balayant les flots. C'était une vedette allemande envoyée à la recherche des fuyards. Toute la nuit, le canot fut secoué par une mer forte. Les jeunes gens étaient trempés et transis de froids, malades pour la plupart. Perdus en pleine mer, ils aperçurent une bande de terre à l'horizon à tribord. Le tir d'un canon retentit plusieurs fois. Les occupants du "Viking " hissèrent le pavillon français, espérant ainsi éviter d'être pris pour cible. Le bateau dépassa un phare inconnu. Il s'agissait du phare des Hanois, de Guernesey. La nuit s'apprêtait à tomber. La nourriture était gâchée et l'essence allait bientôt manquer quant une vedette des gardes-côtes allemandes les arraisonna. A ce moment précis, le moteur qui commençait à avoir des ratés, s'arrêta. Ils furent emprisonnés à la prison Saint-Pierre, une ancienne maison close, transformée en prison. Au bout de huit jours, ils sont transférés par un transport de troupes allemand vers Saint-Malo, enchaînés à fond de cale, deux par deux, sans aucune possibilité de s'évader. Ils sont ensuite conduits à Saint-Brieuc pour être interrogés par la gestapo . Jo Le Seven et Pierre Labbé qui avaient participé aux préparatifs de l'expédition sont arrêtés à Saint-Quay-Portrieux. Accusés par les Allemands de vouloir quitter le territoire et, par conséquent, de vouloir rejoindre des groupes armés ennemis, ces résistants sont classés «NN» en vertu des mesures répressives notifiées pour ces actes dans le décret Keitel de décembre 1941, mettant en place la procédure « Nacht und Nebel ». Emprisonnés à Fresnes, ils sont déportés de la gare de l'Est à Paris le 24 juin 1943. 24 prisonniers montent dans des wagons de voyageurs aménagés en wagons cellulaires pour le transport de détenus. Ils sont accrochés au Paris – Berlin. Arrivé à la gare de Trèves, le train fait une halte et les déportés «NN» doivent descendre et attendre un autre convoi ferroviaire à destination de Reinsfeld, dernier village avant le camp spécial le SS Sonderlager d’Hinzert que les détenus rejoignent à pied. Dans ce groupe, 15 hommes ne reviennent pas de déportation. Après environ quatre mois passés à Hinzert, une partie de ces «NN» sont envoyés à la prison de Wittlich puis Breslau, en Silésie, pour y être jugés. On ne dispose pas d’informations sur les jugements rendus. Le 13 octobre 1944, tous sont transférés au KL Gross-Rosen en Pologne, à la suite d’une décision des Allemands d’abandonner la procédure «NN» et de remettre les déportés concernés dans des camps de concentration. Gross-Rosen est le dernier lieu de déportation pour 12 des hommes qui meurent durant l’hiver 1944-1945 dans ce camp aux conditions de vie extrêmement difficiles. Par ailleurs 2 autres membres de ce groupe meurent au KL Bergen Belsen, venant du KL Gross-Rosen. Certaines familles ont été particulièrement touchées par cette déportation. Ainsi, il n’est pas exceptionnel de voir 2 frères, ou un père et son fils, être déportés ensemble. Trois familles ont vécu d’une manière particulièrement tragique cette expérience : d’une part, les 3 frères Salaun décèdent à cinq jours d’intervalle au KL Gross Rosen, d’autre part, Joseph Le Seven , décèdent aux KL Gross Rosen et Dora. Jean Allenou mourut des privations et des mauvais traitements. Son frère Auguste revint des camps, mais terriblement éprouvé ( Pierre le plus âgé des frères avait réussit à s'échapper et prit le maquis jusqu'à la Libération.) |
Les membres de l'équipage du Viking déportés |
ALLENOU
Auguste, né le 11 septembre 1919 à Saint-Quay-Portrieux (22). Il est déporté
"NN." le
24 juin 1943 de Paris, gare
de lEst, vers Hinzert .(Matricule 6840). Autres lieux de
déportation: Breslau, Gross-Rosen. Libéré à Leipzig le 18 avril
1945.
BARTHÉLÉMY
Louis, né le 15 mai 1921 à Plouha (22). Il est déporté
"NN", le
24
juin 1943 de Paris, gare de lEst, vers Hinzert.
(Matricule 6849) Autres lieux de
déportation:
Wittlich,
Breslau,
Gross-Rosen,
Dora.
Libéré le 15 avril 1945 de Dora.
DELACHOUE
Roger, né le 15 octobre 1922 à Pleven (22). Déporté "NN", le
24 juin 1943 de Paris, gare
de lEst, vers Hinzert. (Matricule 6836). Autres lieux de
déportation:
Wittlich,
Breslau,
Gross-Rosen,
Dachau. Il est libéré le 11
avril 1945.
GERGAUD Georges, né le 30 mars 1922. Etudiant. Domicilié à Saint-Malo
(35). Arrêté le 6 avril 1943, il est déporté ««NN»» le 24 juin 1943 de
Paris, gare de l’Est vers Hinzert. (Matricule 6842). Son parcours:
Wittlich,
Breslau,
Gross-Rosen où il décède le 30 décembre 1944.
(AD35 167 J24/1)
Lehazif Joseph, né le 20 mai 1913 à Nantes (44).
Il est déporté
"NN" le 24 juin 1943 de Paris, gare de
l'Est vers Hinzert. (Matricule 6848).
C'était le mécanicien
attitré du bateau.
Autres lieux de déportation:
Wittlich,
Breslau,
Gross-Rosen, Bergen-Belsen où il décède le
23 février 1945.
Lechaux
Armand. né le 7 octobre 1920 à Iffendic (35).
Il
est déporté "NN" le 24 juin 1943 de Paris, gare de
l'Est vers Hinzert. (Matricule 6844). Autres lieux de déportation:
Brieg,
Schweidnitz ,
Breslau,
Gross-Rosen, Ravensbrück
où il est libéré le 30
avril 1945.
Old Roger, né le 24 août 1918 à Epernon (28).
Il
est déporté "NN" le 24 juin 1943 de Paris, gare de
l'Est vers Hinzert. Autres l
Lieux de déportation:
Wittlich,
Breslau,
Gross-Rosen, Kamenz
( Kommando du KL
Gross Rosen), Dachau
où il est libéré le 29 avril 1945.
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Sources: |
Les autres personnes arrêtées à terre et déportées |
Labbé
Pierre, né le 27 juin 1893 à Saint-Quay-Portrieux (22).
Il tenta de dissuader ses camarades de tenter cette traversée. C'était le
seul marin du groupe.
Il
est déporté "NN" le 24 juin 1943 de Paris, gare de
l'Est vers Hinzert.(Matricule 6851). Autres
lieux de déportation: .
Wittlich,
Breslau, Gross-Rosen où
il décède le
15 novembre 1944.
Le
Seven (Joseph, Marie), né le 2 mai 1897 à Saint-Quay-Portrieux (22). Il
est déporté "NN" le 24 juin 1943 de Paris, gare de
l'Est vers Hinzert. Autres lieux
de déportation:
Wittlich,
Breslau,
Gross-Rosen, Dora où il décède
le 24 février 1945.
La troisième personne n'a pas été identifiée |
Pierre Allenou le plus âgé des frères Allenou avait participé aux préparatifs , n'avait pas embarqué sur le bateau. Pour échapper aux Allemands, il quitta Saint-Quay et pris le maquis jusqu'à la Libération |
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