40% des prisonniers allemands
ont accepté de devenir travailleurs libres

 

Pour enrichir la mémoire du passé, le groupe P..G.A. de l'Université du Temps Libre de Bretagne recherche de nouveaux témoignages des P.G.A. eux-mêmes, ou en rapport avec les P.G.A. d'une manière générale, se rapportant à la capture, à la vie dans les camps à la garde des prisonniers, à l'aspect sanitaire, à la mortalité, au déminage, au travail, aux traces laissées par les PGA : tableaux, peintures, écrits, correspondances personnelles, à leur retour au pays, aux difficultés de réinsertion etc... Nous recueillons également les mêmes informations sur les P.G. français et la Résistance en Bretagne pour un projet d'étude identique à celle des P.G.A..
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: jean.paul.louvet@orange.fr

 

Dans le  département, 1.247 prisonniers de guerre allemands ont signé un contrat de travailleurs libres .

 

Témoignages de travailleurs libres:

Ouest France-14/02/48

De temps à autre dans la salle des Pas Perdus de la gare de Rennes, on remarque des groupes de voyageurs coiffés, la plupart, de la casquette tyrolienne dépouillée de son alpestre cachet. Ce sont des prisonniers de guerre allemands transformés qui, bénéficiant d’un congé d’un mois non payé, à passer en Allemagne dans leur famille, attendent le train qui les emmènera vers leur pays.

Au 1er janvier dernier, il restait environ 300 000 prisonniers de guerre allemands en France.

Interrompues pendant la période des travaux agricoles, les opérations de rapatriement reprirent à partir du 1er octobre, et chaque mois de 20 à 30 000 prisonniers allemands rentrèrent dans leurs foyers.

Aux prisonniers de guerre livrés à la France par les forces armées américaines s’ajoutaient ceux faits par les Forces Françaises de l’Intérieur opérant en liaison étroite avec les Forces Françaises Combattantes et les armées alliées.

En 1946 les prisonniers de guerre allemands jouaient dans notre économie un rôle important : les uns extrayaient 20% de la production charbonnière, les autres étaient utilisés dans l’agriculture ou affectés aux industries diverses, et notamment à la reconstruction.

L’an dernier, le gouvernement proposa d’offrir aux prisonniers de guerre le choix entre leur rapatriement, et leur maintien comme travailleurs libres.

Cette opération marquait de la part de la France, avec une générosité certaine, la conviction que ces étrangers, naguère encore traités en ennemis et en prisonniers, conservaient de leur captivité un souvenir assez bon pour accepter, sans qu’aucune pression ne soit faite sur eux, de se fixer sur le sol de la puissance détentrice

La consultation menée auprès d’eux à partir du mois de mai a donné des résultats que n’escomptaient pas les estimations les plus optimistes. Plus de 40% des Allemands optèrent, en effet, pour cette transformation qui leur assure des avantages appréciables mais qui suppose en contrepartie l’engagement de rester en France au moins douze mois

Les contrats qui leur étaient proposés leur donnaient, en toute hypothèse, la garantie des droits des travailleurs français ou étrangers en matière de salaire, des conditions d’hygiène et de sécurité dans le travail, d’horaire, de durée de travail hebdomadaire, de repos hebdomadaire et de congés payés.

Le contrat à signer par eux et par leur employeur est d'une durée d'un an et peut à expiration être remplacé par un contrat de travail normal à durée indéterminée auquel il peur être mis fin à tout moment suivant le préavis d'usage. Tous ces points furent portés à la connaissance des prisonniers de guerre par des notices qui leur furent adressées individuellement en langue allemande. Enfin, le gouvernement français s'engageait à faire bénéficier le prisonnier transformé, d'un congé d'un mois à passer en Allemagne ce qui constituait de notre part une preuve de générosité presque unique.

Les premiers prisonniers transformés partirent en congé en novembre et l'échelonnement des départs est prévu jusqu'au début du mois d'avril prochain

Plusieurs prisonniers ont même manifesté le désir de voir introduire leur famille sur le sol français..

Rayés des contrôles du Ministère de la Guerre, ces prisonniers transformés relèvent comme les autres éléments de la main -d’œuvre étrangère, du Ministère du Travail et des lois civiles françaises.

L’an dernier dans la région, 5635 prisonniers étaient utilisés dans l’agriculture, ? 554 par les services militaires; 2 389 par diverses entreprises, et 8357 se trouvaient encore dans les dépôts qui étaient constitués par des sous-officiers non travailleurs, des inaptes, des malades temporaires ou permanents.

Dans notre département 962 prisonniers allemands sont affectés aux travaux agricoles et 1 247 transformés en travailleurs libres.

Après le 31 décembre prochain, date prévue par les accords de Moscou, la France ne détiendra plus, sauf modification dans le programme de rapatriement, aucun prisonnier de guerre, mais il est possible de penser que grâce à l’opération de transformation, elle se trouvera bénéficier, pour un certain temps encore, du travail de prisonniers de guerre allemands transformés.

 

 

Témoignages de travailleurs libres:

  • Alphons RUHNAU :Son histoire est écrite dans le livre très intéressant  d'Armel Joubert des Ouches, L'Allemand de Saint-Lunaire, préf. de Patrick Poivre d'Arvor. - Saint-Malo : Éd. Cristel, 2000

  • Gottfried PELZ : Chauffeur du commandant du camp de P.G.A. 1102 de Rennes, il signa lors de sa libération  un contrat de travailleur libre  pour six mois à l’établissement employeur Alfred Rossignol, négociant en bois, à Argentré du Plessis. Il se maria avec une française et resta vivre en Ille et Vilaine.(Lire)

  • Waldemar KLAUER : Né en 1915, chansonnier. Il a été employé du 12/2/1946 au 3/9/1946 dans un commando de travail dans la commune de Bourgbarré. A signé un contrat de travailleur libre le 1/11/1947 dans la commune de St Méloir des Ondes.

  • Martin GÖETZ  ,ancien P.G.A., choisit le statut de travailleur libre à la fin de sa captivité pour résider définitivement en France(Lire Histoire d'un Européen)

 

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Ed:27/04/14