Camp 182 - St-Médard-en-Jalles (Gironde)
Camp de Germignan

Ed : 25/12/2015

Si vous avez des documents Écrivez-moi

Camp de prisonniers de guerre  allemands de Germignan

Rapport de visite du secours Quaker de Toulouse
 

Une vue du camp de Germignan, peinte en 1946 par un prisonnier, en échange d'un peu de nourriture. "Je désire que cette image  serve à la paix et à la réconciliation avec nos voisins"
. Bernard Bourdoncle

Sud-Ouest du 29/12/2012 par Hervé Pons

 

Le camp de prisonniers en mémoire

Espagnols, coloniaux Français et Allemands s'y sont succédé jusqu'en 1947. La ville rouvre cette page d'histoire.

C'est une page d'histoire méconnue qui va être ravivée. La municipalité de Le-Taillan-Médoc vient de lancer un « travail de mémoire » sur le camp de prisonniers qui fut ouvert à Germignan en 1937 pour dix années, jusqu'en 1947.

Dans la délibération du 27 novembre du Conseil municipal, il est écrit « cette action a pour objectif de garder la mémoire d'une page d'histoire locale par la pose d'une plaque et par un travail de recherche permettant la reconstitution historique de cet épisode. Des actions seront engagées auprès du public et des élèves ».

Le travail a été confié à deux élus, Angel Clavero, en charge des anciens combattants de la commune et Viviane Aleci, élue à la culture. Et à un enseignant-chercheur en sciences humaines et sociales aux facultés de Bordeaux et d'Oslo, Olivier Darrieulat. Ce dernier, que nous avons contacté par téléphone, estime que son travail n'est pas assez avancé pour en parler utilement, ce qu'il fera dans quelques semaines ou mois a-t-il assuré.

Outre ce que savent les deux élus taillanais du camp de Germignan, à travers les témoignages recueillis auprès des anciens combattants associés à la recherche et d'habitants, l'association historique de Blanquefort, le Gahble, avait mené un travail sur ce camp, publié en février 2010.

Le document indique que le camp de Germignan (NDRL: situé dans le secteur de l'actuel lycée Sud-Médoc, des deux côtés de la route), était constitué de baraquements en bois érigés en 1937 pour accueillir des Espagnols fuyant la guerre civile.

En 1939 ces locaux furent affectés aux personnels venus en renfort travailler à la poudrerie de Saint-Médard, dont la production était exponentielle avec l'entrée de la guerre.

La destination du lieu va radicalement changer avec la mainmise des Allemands, en 1940, qui entourent le camp de fils de fer barbelés et de miradors. Ils y détiennent alors, pour l'essentiel, des soldats prisonniers des troupes françaises coloniales, Tirailleurs sénégalais et marocains. Certains prisonniers avaient droit à des permissions et étaient accueillis dans des « familles marraines ». Le souvenir de ces Africains est encore présent dans des familles du secteur. C'est le cas de Palika et Maurice, deux Sénégalais qui avaient leurs marraines de guerre à Blanquefort.

490 Allemands y décèdent

Puis le cours de l'histoire s'inversa et les Allemands devinrent les prisonniers du camp… parfois gardés par les Sénégalais. Anecdote: les anciens prisonniers coloniaux défilèrent dans les rues de Saint-Médard après la Libération.

L'histoire se finit plus mal pour les Allemands que pour les Africains : 490 soldats du Reich défaits, prisonniers au camp de Germignan, y décédèrent en 1945, vraisemblablement d'une épidémie de typhus. On relève également dans les registres de la commune, 30 Français et 5 Italiens morts (de maladie ou de mauvaises conditions de vie ?) dans ce camp de 42 à 44.

Voilà une histoire qui reste à éclairer dans ses détails. Le travail a commencé.