23/02/2008

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Dissolution de la 19° D.I.

 

Le 1er mars 1946, la 19° D.I. est entièrement dissoute sur place à Rottweil. Ceux qui n’avaient pas fini leur temps ou qui voulaient faire carrière furent mutés séparément dans diverses unités en France, en Allemagne ou en Indochine.

Ce fut l’ultime séparation, car chacun partit de son côté, les uns en Indochine, les autres  ailleurs, où se firent démobilisés.   Ainsi disparut l’ancienne 12° avant de se retrouver plus tard en amicale.

(Ouest-France du ? janvier 1946)

Avec les Bretons en forêt Noire

        LA DERNIERE PRISE D’ARMES DE LA 19e DIVISION

 

Rottweil - janvier (de notre envoyé spécial) – Ce fut une cérémonie sobre, mais de poignante grandeur que les hôtes Bretons du Général Borgnis-Desbordes assistèrent dans la matinée du jeudi 24 janvier à Rottweil, ce coin de forêt Noire que nos armes conquirent où tant des nôtres sont tombés dans les suprêmes combats de la campagne d’Allemagne. Le Général commandant la 19° Division depuis sa formation, dont il fut l’artisan, jusqu’à cette dissolution imméritée qu’il tenta de tout son cœur d’éviter, avait tenu, avant même que soit connue cette mesure, à remettre en face de leurs anciens soldats, les maquisards, les premiers chefs de la Résistance, les Guillaudot, La Morlais, Berthaud,  Marceau, Morice, Le Garrec, tant d’autres dont les noms sont la fierté de notre province. Cette rencontre sur le sol de l’Allemagne au lendemain de tant d’épreuves, de souffrances, de tant de sacrifices était par elle-même fort émouvante. Les traques du maquis, les déportés politiques, les prisonniers des camps, sans la moindre arrière pensée de vengeance, mais avec par contre, le sentiment qu’enfin ils savouraient les fruits de la justice et mesuraient les moissons de la victoire, assistaient au dernier acte de la revanche. Le sort malheureux que le haut commandement impose à la Division bretonne a accentué le caractère poignant de cette cérémonie. Tout à la fois les invités du Général Borgnis-Desbordes ont salué leurs jeunes camarades, élevant fièrement dans le ciel de la forêt Noire les trois couleurs et ont dit adieu à ces couleurs qui portent en leurs plis, en chiffres d’or, le nom des glorieux régiments bretons: adieu à ces régiments dont les hommes, leurs anciens soldats, jusque là  groupés comme au maquis, vont se disperser le 1er février à travers l ‘armée : adieu à ces bataillons qui ne cherchèrent jamais à effacer leurs noms d’antan, les noms des chefs Le Cléach, Muller, Caro, Le Vigouroux, Frémont…

 

Le Général de Monsabert devant le drapeau du 71ème  Régiment d’Infanterie

 

Sous un ciel bleu mais sur un sol encore couvert de neige, à 9 heures au long de la Langestrasse, de la Koenigstrasse, de la Hechbrûcktorstrasse, les unités se massèrent. Tenue impeccable, uniformes corrects, armement net. Face à la tribune officielle, parée des écussons de la Division et des différentes unités qui la composèrent, prit place le drapeau du 71° RI de Saint-Brieuc, encadré d’un bataillon, la musique composée d’éléments des musiques du 71° RI et du 118° de Quimper. A sa gauche, se rangèrent les trois régiments d’infanterie de la Division ; le 41° de Rennes, le 71°, le 118° puis les bataillons ou escadrons du Génie, du Train, des Transmissions, la section de l’AFAT, les motos et side-cars du DCR, les compagnies Canon d’Infanterie en bataille ; l’artillerie divisionnaire, n° 19, les FTA ; le bataillon Médica, avec ses voitures légères.

 

A 11 heures, sonnerie du garde à vous. Le Général Joppe, commandant l’Infanterie Divisionnaire n° 19, dont le PC est établi à Oberndorf, sur le Neckar, arrivait et prenait le commandement des troupes. Il accueillait peu après à leur descente de voiture, le Général Borgnis-Desbordes et ses hôtes Bretons, alors que la musique donnait le « garde à vous » « aux Champs » et « la Marseillaise » Après s’être incliné devant le drapeau du 71° RI, les invités du Général gagnèrent la Tribune Officielle ou les rejoignirent le Gouverneur Général Widmer, Gouverneur Général du Wurtemberg, le Colonel Barbier, représentant le général Koênig, Commandant en chef français en Allemagne, le Gouverneur Général Garnier-Dupré commandant le Cercle de Rottweil, le Commandant Périgondow de l’armée russe, le major Gazarov de l’armée Polonaise, M. Maisch directeur américain de l’UNRA à Rottweil, le Chanoine Grill, aumôniers de la 19° DI, Mme Lambert Directrice du Service Social de la Division, des Gouverneurs militaires, des officiers français, russes, et polonais. Des familles françaises se massèrent au côté de la tribune officielle. Près d’elles, dignement coiffées de hauts de forme, les notabilités allemandes locales.

 

Il était 11 h   15, quand arrivèrent les autos d’où descendirent les Généraux Goislard de Monsabert, commandant supérieur des TOA ; Lanclud, directeur de l’UNRA, commandant en 39-40 de la 19° DI ; Sevez commandant le 1er corps d’armée ; Schlesser commandant la 5° DB. La Marseillaise éclata. Le Général de Monsabert et les autres Généraux qui l’accompagnait s’inclineront longuement devant le glorieux drapeau du 71° RI

 

Le Général Borgnis-Desbordes présenta au Général Monsabert les personnalités bretonnes, puis les généraux passèrent devant le front des troupes, en voiture découvertes.

 

Après la revue le Général de Monsabert  félicita le général Borgnis-Desbordes de la belle tenue des troupes bretonnes

 

(Ouest-France du 25.3 1946)

 

LA DISSOLUTION DE LA 19° D.I.

 

Voici la lettre adressée par M. Michelet, ministre des armées, au Général Borgnis-Desbordes :

 

Mon Général

Au moment où va être dissoute votre 19° division d’infanterie, cette unité d’élite, issue de la Résistance, a laquelle vous avez su inspirer le véritable sens de la discipline tout en lui conservant le caractère enthousiaste et passionné de ses origines, je veux vous adresser au nom de la France, à vous, à vos officiers et à vos soldat, nos adieux les plus affectueux.

 

Je me plais à souligner la reconnaissance que la France garde toujours à ces héros de la 19° D.I. qui donnèrent au Pays l’exemple d’une unité courageuse et ordonnée, image de la nouvelle armée dont la France sera fière de s’enorgueillir désormais.

 

Croyez mon Général, à mes sentiments cordialement dévoués.

                        MICHELET.