Accueil

La longue marche

Le 10 septembre 1944, une colonne interminable de fantassins disparates se forme pour quitter enfin, sans regret, le camp de Coëtquidan à pied, en direction du Front de Redon. Chacun avait reçu pour cela un sac à dos avec havresac, fusils et cartouchières et parfois, c’était mon cas, une ceinture de grenades. Tout ce là était très lourd à porter.

Nous n’avions pas encore d’uniformes. En ce qui me concerne, c’est en tenue de camps de jeunesse bleu (Pétain) et des bottes allemandes aux pieds, récupérées sur un mort, que j’ai pris la route. C’était mieux que les sabots de bois, (que je serais content de retrouver sur le front pour me tenir les pieds au chaud).

Une charrette à cheval suivait la troupe et ramassait ceux qui, épuisés, les pieds écorchés, ne pouvaient plus marcher. Certains l’appelaient la charrette "plumeau".

Nous avons parcouru ainsi harnachés et à pied, les 38 km séparant Coëtquidan de Redon. Toutes les agglomérations furent traversées au pas cadencé. Les chansons de marche parfois obscènes que nous chantions faisait fuir parfois le sexe féminin qui nous regardait passer.

Nous sommes arrivés vers 17 heures au cantonnement du château de Callou où nous avons pu prendre quelque repos jusqu’à la tombée de la nuit. Pour la nuit, craignant l’incursion de patrouilles allemandes dans la Ville, nous avons pris position autour de Redon, qui dans les fossés, qui sur les ponts d’Aucfer, la Croix des Marins, les Marionnettes, Saint Perreux...

Le 13 septembre 1944, après avoir trouvé quelques tenues moins disparates, la 12° Compagnie défile au pas dans les rues de Redon sous les ordres du capitaine Jubin, en même temps que le bataillon Evain. Le préfet et le maire de Redon et le commandant Evain passèrent les troupes en revue.

Le 15 septembre 1944, le Caporal Jean Coudrais est tué accidentellement. Passant avec deux autres camarades devant une fenêtre ouverte de la baraque en bois qui nous était affectée, ils s’accoudèrent à cette fenêtre pour bavarder avec ceux qui étaient à l’intérieur . L’ un de ceux-ci sur le châlit supérieur droit, était en train de nettoyer son fusil. Il venait d’enlever son chargeur, mais une balle était restée dans le canon et le coup partit accidentellement tuant net Jean Coudrais. Soutenu par ses deux camarades, il fit quelques pas jusqu’à l’entrée de la baraque, et s’écroula mort dans le couloir.  

      

  accueil-mdg1.gif (1380 octets)