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Le dernier convoi de Rennes  dit "train de Langeais"
Les 32 évasions de Saint-Mars-du-Désert (2ème convoi)

Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents  sur ce convoi de déportés  

 Pour m'écrire 35memoiredeguerre@gmail.com

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A Saint-Mars-du-Désert  32 prisonniers réussirent à s'évader", de 2 wagons différents.  Quatre y laissèrent leur vie.  Plusieurs témoignages permettent de reconstituer cet événement.(Ces prisonniers faisaient partie du 2ème convoi parti le matin du 3 août de Rennes).

Joseph Abaléa:
"Les travaux de préparation à l'évasion commencent. En matériel, il y a un couteau, des pinces, une tenaille et une poutre qui peut servir de bélier. Certains prisonniers sont hostiles à l'évasion et menacent même d'alerter les gardiens. La peur des représailles. La fenêtre d'aération du wagon était ouverte sur une longueur et une largeur suffisante pour permettre le passage d'un corps moyen. Nous ne pouvions plus faire marche arrière, les préparations de l'évasion étant trop visibles. Les barbelés (toujours de la fenêtre d'aération) furent cisaillés. Tout était prêt.

Le Colonel Fonferrier, de Brest, nous avait donné les consignes suivantes : chaque évadé devait rester allongé sur la voie, le plus près possible des rails pour ne pas éveiller l'attention des gardiens et éviter, en cas d'alerte, les rafales de mitraillette. Nous devions quitter la voie ferrée que lorsque le train serait loin.
Les deux premiers à sortir furent : Raymond Le Pen de Saint-Malo et Yves Hugues de Loudéac. Puis, Pichon de Morlaix, Guillaume Penduff de Sizun, Jean Le Puloch de Brest, Joseph Abaléa de Saint-Méen, Joseph Garnier de Saint-Méen, Joseph Cann de Hanvec,Yves Quinquis de Hanvec, Guillermou de Saint-Evarzec et Le Bricon de Bourbriac.

Onze réussirent à s'évader de ce wagon. Le hasard a voulu qu'au même endroit, d'un autre wagon, 20 évasions furent constatées. L'alerte ayant été donnée, le train s'arrêta et des recherches effectuées 4 furent repris et fusillés. Les autres se dispersèrent dans la nature. Nous étions à Saint-Mars-du-Désert (Loire-Atlantique).
Nous devons beaucoup à la population de cette commune qui, malgré les risques encourus, nous aida à éviter les dangers. Nous leur sommes reconnaissants.
"

Approuvant, dans le wagon, ceux qui voulaient tenter une évasion, le colonel Fonferrier  prend leur défense face à l'hostilité des autres prisonniers. Cependant, il ne s'évade pas. En a-t-il eu le temps ou la possibilité physique étant donné la situation ? Ou alors, peut-être, a-t-il choisi volontairement de rester à bord du train, sachant que les Allemands pouvaient mettre leur promesse à exécution : "pour une tentative d'évasion, dix prisonniers seront exécutés immédiatement.5

Témoignage de Guillaume PENDUFF:

"Guillaume PENDUFF qui a près de lui Joseph LE CANN voudrait s'asseoir. Mais il n'y a pas de place. De rage, il frappe la paroi du wagon. Surprise! Un panneau s'en détache, celui des l'ouverture d'aération. On a tôt fait d'écarter, à l'extérieur, la garniture de barbelés. mais le train s'arrête. On remet le panneau en place. L'Allemand posté dans la cabine du serre-freins toute proche descend sur la voie, puis rembarque; le train repart."

Témoignage de Gervais Cloteaux 1

"Il y a bien eu une évasion à Saint-Mars-du-Désert...du côté de Nord-sur-Erdre. Alors là! La première évasion, les gars qui étaient sortis, c'étaient des gars du Finistère, des Côtes-du-Nord. Des gars qui étaient trempés plus forts que nous. Après Redon, ils avaient camouflé les lucarnes avec des barbelés. Alors on tenait un gars à bout de bras comme ça et avec ses pieds , il a fait sauter les barbelés. Le premier qui est sorti – les portes se fermaient avec un loquet – il a ouvert le loquet et il a sauté. C'était la nuit. Il y avait un clair de lune formidable...Les premiers qui sont sortis, plouf, ça y est. mais les derniers ! il y avait une légère montée et le train, je ne sais pas si la locomotive était poussive ou quoi, ça ne roulait pas vite. Et les derniers qui sont sortis --tous les deux ou trois wagons, il y avait une guérite, un mirador --  les Allemands ont allumé les projecteurs , le train s'est arrêté. Nous, dans notre wagon, personne n'avait bougé. On croyait qu'on était attaqué par les F.F.I.

Ceux qu'ils ont rattrapés, à Saint-Mars-le-Désert, ils les ont fusillés...

Dans le wagon où j'étais ,– j'ai encore eu cette chance là – il y avait l'interprète de la baraque où j'étais (au camp Margueritte). Il connaissait parfaitement l'allemand, c'était un juif.! Voilà la porte qui s'ouvre. Moi j'étais au fond du wagon. Je me suis dit : j'ai de la chance !Ils vont en prendre près de la porte. Ils ne vont pas aller au fond du wagon. L'instinct de conservation, c'est ça! Alors en fin de compte, rien ne s'est passé. Les portes ses sont refermées et nous voilà repartis."

 

Quatre  prisonniers furent abattus par les Allemands lors de leurs tentative d'évasion:

  • "Robert Thouément  grièvement blessé à la main droite s'arrête et se rend, croyant avoir la vie sauve. Hélas! les Allemands l'achèvent sur place d'une balle dans la tête. 2"

Quant à son frère André , il réussit son évasion de même que Guy Jacquart. (Quelques mois plus tard, ce dernier se fera tué sur le front de Lorient.) et Antoine Grall de Guingamp (Il reprendra son activité résistante comme chef de groupe au maquis de Plésidy).

  • L'azou Jean-Marie

"Originaire de Plouescat, dans le Finistère, blessé d'une balle , il avait été recueilli par des patriotes. Les premiers soins lui furent donnés par un médecin du village, et le brancard de la Mairie fut amené, en prévision de son transport dans une maison amie où, il aurait pu être soigné, guéri même, car il n'était pas atteint gravement. Surpris dans la nuit par les Allemands, il fut achevé de deux balles dans la tête. "4

  • Pierre Gautier

  • Le Drogoff Marcel

Documents

 

Pierre Bourdan dans son livre , Carnet de Retour 3 , donne une version de ce qu'il a vécu cette nuit là près de Saint-Mars-du-Désert. Enfermés dans son wagon, lui et ses camarades ont pensé à une attaque du maquis. Le chef de gare de Doulon ne leur avait-il pas dit que le maquis du Puy-le-Maure était averti du passage des trains. En réalité, c'était la fusillade déclenchée par les Allemands au moment de l'évasion des prisonniers.

Pierre Bourdan

"Une fusillade concentrée, dirigée, nourrie déchira la lande et la nuit. Sans transition, nous fûmes transportés en pays habité par la guerre, tirés, d’un seul coup, de ce désert à travers quoi le train se précipitait en avant comme une mécanique déréglée, craquant, grinçant, tintamarrant de tous ses joints, de tout son bois usé, de toute sa ferraille surmenée. Il s’arrêta, très vite, en quelques secondes, comme par une série de haut-le-corps furieux. On l’arrêta parce que l’embuscade pouvait annoncer le piège sur la voie, la catastrophe à quelques centaines de mètres. Enfermés dans notre wagon, nous vîmes la nuit déblayée, dépouillée par des fusées éclairantes qui traversaient de leurs vagues rouges buissons et broussailles grands ouverts, mettaient les arbres à nu comme des ossatures de corps brutalement dégagées en plein relief par des rayons X. De tous les serre-freins, de partout, les Allemands tiraient à leur tour. Et leur défense était impeccable, ordonnée, prévue. Notre wagon fut immédiatement entouré par des gardes qui s’allongèrent en tirailleurs à l’affût sur la voie ou s’embusquèrent à l’angle des wagons. On entendait leurs voix échanger des remarques brèves, saccadées et des ordres dont nous comprîmes qu’il fallait surveiller les Prisonniers. Dix minutes pendant lesquelles la mitraillade fut ininterrompue et riche, chacun, sans doute, tirant au jugé. Des balles traversèrent notre wagon à plusieurs reprises, nous forçant à quitter nos postes de guetteurs et à nous baisser. Puis, silence. Cris, ordres en allemand. Le train repartit lentement. Nouvelles salves. Le train s’arrêta. Et l’affaire recommença. Cette fois, les Allemands jetaient des grenades dans les buissons, toujours un peu au hasard. Mais toujours aussi, nos gardes nous serraient de près. Il y en avait deux, tout contre nous, de l’autre côté de la paroi, si près que nous entendions leur respiration rauque. Cela dura trente à trente-cinq minutes, pour autant que nous pussions juger, presque sans intervalles. Et nous sentîmes que, de chez nous, du côté du maquis, l’attaque faiblissait ; les rafales se faisaient plus intermittentes et plus maigres. Et une fois de plus, le silence reconquit la nuit, troué seulement d’appels rauques en allemand. Un coup d’œil par le volet deux Allemands ajustant leur ceinturon et la courroie de leur mitraillette, comme quelqu’un qui en a fini. Un "vorwaerts " répété, répercuté tout le long du train. Départ dans un gémissement métallique de tout le convoi et une série de spasmes successifs, de hoquets de wagon à wagon à chaque fois que les chaînes se tendaient sur leurs crochets et arrachaient un wagon après l’autre pour l’entraîner en avant. Quelques nouvelles rafales : ralentissement, puis accélération tandis que les dernières balles d’honneur saluaient le départ. "Etait-ce le sentiment d’une étroite surveillance ? Ou la déception ? Ou le vague espoir d’une nouvelle intervention ?

 

Un ancien officier du maquis de Chateâubriant témoigne: 4

"Au cours d'une conversation avec un cheminot de Nantes-Blottereau, nous avons appris qu'un train de détenus politiques était passé en gare de Nantes, que son prochain arrêt serait Le-Mans, et qu'ensuite, il se dirigerait vers la frontière allemande.

Nous ne pouvions savoir son heure de passage, pas plus que la ligne empruntée. Segré? Angers?

Le sabotage de la voie ferrée ne pouvait se faire, car coupés de l'Etat-major de la Résistance, nous ne possédions qu'un pétard de dynamite, et comme armement deux mitraillettes Sten et deux revolvers. Le courage ne nous manquait pas, seul le matériel faisait défaut.

Aucune attaque de train n'eut lieu entre Carquefou et Saint-Mars-du-Désert.

Vers 2 heures du matin, par suite d'un ralentissement du train, quelques détenus commencèrent à s'échapper à l'aide d'outils, burins, petites barres que des cheminots leur avaient procurés  en cachette. les Allemands ouvrirent le feu sur les premiers évadés. des scènes d'acrobaties eurent lieu. Retenus aux jambes par leurs camarades et suspendus dans le vide, certains détenus tentèrent d'ouvrir ou de relever la fermeture extérieure des wagons. Quelques uns réussirent. Il n'y avait plus à ce moment là qu'à faire glisser la porte de l'intérieur et à sauter sur le ballast sous le feu des mitraillettes.

Nous apprîmes que les évadés du train, avaient été recueillis chez des paysans et s'y cachaient...

Les obsèques des victimes furent presque célébrées militairement malgré l'occupation. Il faut ici rendre hommage aux habitants de Saint-Mars-du-Désert qui ont hébergé les 27 autres évadés."

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32 évadés identifiés à Saint-Mars-du-Désert le 4 août 44

Premier wagon

 

Nom

Prénom

Observations

ABALLEA

Joseph

Né le 6 mai 1922 à Saint-Méen (29). Domicilié à Saint-Méen (29) au moment de son arrestation.

GARNIER

Joseph

Né à Saint-Méen (29).

GUILLERMOU

.

Originaire de Saint-Evarzec(29).

HUGUES

Yves

Originaire de Loudéac

LE CANN

Joseph

Originaire de Hanvec (29)

LE BRICON

.

Originaire de Bourbriac

LE PEN

Raymond

Lieutenant FTP- Originaire de Saint-Malo

LE PULLOCH

Jean

Saint-Cyrien originaire de Brest

PENDUF

Guillaume

Né le 17 juillet 1917 à Sizun (29). Inspecteur de police à Landerneau

PICHON

Jean ou Noël

Originaire de Morlaix, travaillait au journal La dépêche.

QUINQUIS

Yves

Originaire de Hanvec (29)

 

Deuxième wagon

Nom

Prénom

Observations

GAUTHIER

Pierre

Originaire de Morlaix (29). Abattu lors de son évasion

GRALL

Antoine

Après son évasion, il reprend une activité résistante comme chef de groupe dans le maquis de Plésidy. 4

JACQUARD

Guy

..

HUGUES

Jean

.

HUGUES

Pierre

.

L'AMINOT

Louis

Né le 16 mars 1916 à Plouescat (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation.

LA MARRE Jean  Né le 15 juillet 1924 à Landerneau (29). Domicilié à Landerneau au moment de son arrestation.

L'AZOU

François

Né le 3 juillet 1924 à Plouescat (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation.

L'AZOU

François

Né le 6 novembre 1912 à Plouescat (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation.

L'AZOU

Jean-Marie

Né le 24 décembre 1913 à Cléder (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation. Blessé au cours de son évasion à Saint-Mars du Désert, il est achevé par un membre de l'escorte le 4 août 1944.

L'AZOU Yves

Né le 1er mars 1920 à Cléder (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation.

LE DROGOFF

Marcel

Abattu lors de son évasion

LEGRAND

Jean

Originaire de Morlaix, arrêté en mai 44.

PERRONO

François

.

PERROT

René

.

RANNOU

Jean

Originaire de Morlaix (29).

ROLLAND

Jean-Louis

Député

THOUEMENT

André

.Frère de Robert

THOUEMENT

Robert

Abattu par les Allemands en s'évadant du convoi 

TOULLEC

Vincent

.

TOUPIN

François

.

 
Sources:
1 - Témoignage de Gervais Cloteaux-p313 Livre de René Chesnais.La guerre et la Résistance dans le sud de l'Ille et Vilaine-Témoignages
 2 - La Bretagne au combat 1939-1945 J Darsel Ed: Le Signor -Page 150
 3 - Pierre Bourdan-"Carnet de retour avec la division Leclerc" Edition Plon 1965
4 - Association pour le Développement des Activités du Musée de Rennes-La Libération de Rennes
     
"De la drôle de guerre à la libération de Rennes" Elèves du Collège de Chartres de Bretagne -
5- Témoignage de Joseph Abaléa


    
 
     
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       16/08/2022

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