Le dernier convoi de
Rennes dit "train de Langeais" |
Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur ce convoi de déportés
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A Saint-Mars-du-Désert 32 prisonniers réussirent à s'évader", de 2 wagons différents. Quatre y laissèrent leur vie. Plusieurs témoignages permettent de reconstituer cet événement.(Ces prisonniers faisaient partie du 2ème convoi parti le matin du 3 août de Rennes). Joseph Abaléa: Témoignage de Guillaume PENDUFF: "Guillaume PENDUFF qui a près de lui Joseph LE CANN voudrait s'asseoir. Mais il n'y a pas de place. De rage, il frappe la paroi du wagon. Surprise! Un panneau s'en détache, celui des l'ouverture d'aération. On a tôt fait d'écarter, à l'extérieur, la garniture de barbelés. mais le train s'arrête. On remet le panneau en place. L'Allemand posté dans la cabine du serre-freins toute proche descend sur la voie, puis rembarque; le train repart." Témoignage de Gervais Cloteaux 1 "Il y a bien eu une évasion à Saint-Mars-du-Désert...du côté de Nord-sur-Erdre. Alors là! La première évasion, les gars qui étaient sortis, c'étaient des gars du Finistère, des Côtes-du-Nord. Des gars qui étaient trempés plus forts que nous. Après Redon, ils avaient camouflé les lucarnes avec des barbelés. Alors on tenait un gars à bout de bras comme ça et avec ses pieds , il a fait sauter les barbelés. Le premier qui est sorti – les portes se fermaient avec un loquet – il a ouvert le loquet et il a sauté. C'était la nuit. Il y avait un clair de lune formidable...Les premiers qui sont sortis, plouf, ça y est. mais les derniers ! il y avait une légère montée et le train, je ne sais pas si la locomotive était poussive ou quoi, ça ne roulait pas vite. Et les derniers qui sont sortis --tous les deux ou trois wagons, il y avait une guérite, un mirador -- les Allemands ont allumé les projecteurs , le train s'est arrêté. Nous, dans notre wagon, personne n'avait bougé. On croyait qu'on était attaqué par les F.F.I. Ceux qu'ils ont rattrapés, à Saint-Mars-le-Désert, ils les ont fusillés... Dans le wagon où j'étais ,– j'ai encore eu cette chance là – il y avait l'interprète de la baraque où j'étais (au camp Margueritte). Il connaissait parfaitement l'allemand, c'était un juif.! Voilà la porte qui s'ouvre. Moi j'étais au fond du wagon. Je me suis dit : j'ai de la chance !Ils vont en prendre près de la porte. Ils ne vont pas aller au fond du wagon. L'instinct de conservation, c'est ça! Alors en fin de compte, rien ne s'est passé. Les portes ses sont refermées et nous voilà repartis."
Pierre Bourdan "Une fusillade concentrée, dirigée, nourrie déchira la lande et la nuit. Sans transition, nous fûmes transportés en pays habité par la guerre, tirés, d’un seul coup, de ce désert à travers quoi le train se précipitait en avant comme une mécanique déréglée, craquant, grinçant, tintamarrant de tous ses joints, de tout son bois usé, de toute sa ferraille surmenée. Il s’arrêta, très vite, en quelques secondes, comme par une série de haut-le-corps furieux. On l’arrêta parce que l’embuscade pouvait annoncer le piège sur la voie, la catastrophe à quelques centaines de mètres. Enfermés dans notre wagon, nous vîmes la nuit déblayée, dépouillée par des fusées éclairantes qui traversaient de leurs vagues rouges buissons et broussailles grands ouverts, mettaient les arbres à nu comme des ossatures de corps brutalement dégagées en plein relief par des rayons X. De tous les serre-freins, de partout, les Allemands tiraient à leur tour. Et leur défense était impeccable, ordonnée, prévue. Notre wagon fut immédiatement entouré par des gardes qui sallongèrent en tirailleurs à laffût sur la voie ou sembusquèrent à langle des wagons. On entendait leurs voix échanger des remarques brèves, saccadées et des ordres dont nous comprîmes quil fallait surveiller les Prisonniers. Dix minutes pendant lesquelles la mitraillade fut ininterrompue et riche, chacun, sans doute, tirant au jugé. Des balles traversèrent notre wagon à plusieurs reprises, nous forçant à quitter nos postes de guetteurs et à nous baisser. Puis, silence. Cris, ordres en allemand. Le train repartit lentement. Nouvelles salves. Le train sarrêta. Et laffaire recommença. Cette fois, les Allemands jetaient des grenades dans les buissons, toujours un peu au hasard. Mais toujours aussi, nos gardes nous serraient de près. Il y en avait deux, tout contre nous, de lautre côté de la paroi, si près que nous entendions leur respiration rauque. Cela dura trente à trente-cinq minutes, pour autant que nous pussions juger, presque sans intervalles. Et nous sentîmes que, de chez nous, du côté du maquis, lattaque faiblissait ; les rafales se faisaient plus intermittentes et plus maigres. Et une fois de plus, le silence reconquit la nuit, troué seulement dappels rauques en allemand. Un coup dil par le volet deux Allemands ajustant leur ceinturon et la courroie de leur mitraillette, comme quelquun qui en a fini. Un "vorwaerts " répété, répercuté tout le long du train. Départ dans un gémissement métallique de tout le convoi et une série de spasmes successifs, de hoquets de wagon à wagon à chaque fois que les chaînes se tendaient sur leurs crochets et arrachaient un wagon après lautre pour lentraîner en avant. Quelques nouvelles rafales : ralentissement, puis accélération tandis que les dernières balles dhonneur saluaient le départ. "Etait-ce le sentiment d’une étroite surveillance ? Ou la déception ? Ou le vague espoir d’une nouvelle intervention ?
Un ancien officier du maquis de Chateâubriant témoigne: 4 "Au cours d'une conversation avec un cheminot de Nantes-Blottereau, nous avons appris qu'un train de détenus politiques était passé en gare de Nantes, que son prochain arrêt serait Le-Mans, et qu'ensuite, il se dirigerait vers la frontière allemande. Nous ne pouvions savoir son heure de passage, pas plus que la ligne empruntée. Segré? Angers? Le sabotage de la voie ferrée ne pouvait se faire, car coupés de l'Etat-major de la Résistance, nous ne possédions qu'un pétard de dynamite, et comme armement deux mitraillettes Sten et deux revolvers. Le courage ne nous manquait pas, seul le matériel faisait défaut. Aucune attaque de train n'eut lieu entre Carquefou et Saint-Mars-du-Désert. Vers 2 heures du matin, par suite d'un ralentissement du train, quelques détenus commencèrent à s'échapper à l'aide d'outils, burins, petites barres que des cheminots leur avaient procurés en cachette. les Allemands ouvrirent le feu sur les premiers évadés. des scènes d'acrobaties eurent lieu. Retenus aux jambes par leurs camarades et suspendus dans le vide, certains détenus tentèrent d'ouvrir ou de relever la fermeture extérieure des wagons. Quelques uns réussirent. Il n'y avait plus à ce moment là qu'à faire glisser la porte de l'intérieur et à sauter sur le ballast sous le feu des mitraillettes. Nous apprîmes que les évadés du train, avaient été recueillis chez des paysans et s'y cachaient... Les obsèques des victimes furent presque célébrées militairement malgré l'occupation. Il faut ici rendre hommage aux habitants de Saint-Mars-du-Désert qui ont hébergé les 27 autres évadés." |
32 évadés identifiés à Saint-Mars-du-Désert le 4 août 44
Premier wagon
Nom
Prénom
Observations
ABALLEA
Joseph
Né le 6 mai 1922 à Saint-Méen (29). Domicilié à Saint-Méen (29) au moment de son arrestation.
GARNIER
Joseph
Né à Saint-Méen (29).
GUILLERMOU
.
Originaire de Saint-Evarzec(29).
HUGUES
Yves
Originaire de Loudéac
LE CANN
Joseph
Originaire de Hanvec (29)
LE BRICON
.
Originaire de Bourbriac
LE PEN
Raymond
Lieutenant FTP- Originaire de Saint-Malo
LE PULLOCH
Jean
Saint-Cyrien originaire de Brest
PENDUF
Guillaume
Né le 17 juillet 1917 à Sizun (29). Inspecteur de police à Landerneau
PICHON
Jean ou Noël
Originaire de Morlaix, travaillait au journal La dépêche.
QUINQUIS
Yves
Originaire de Hanvec (29)
Deuxième wagon
Nom |
Prénom |
Observations |
GAUTHIER |
Pierre |
Originaire de Morlaix (29). Abattu lors de son évasion |
GRALL |
Antoine |
Après son évasion, il reprend une activité résistante comme chef de groupe dans le maquis de Plésidy. 4 |
JACQUARD |
Guy |
.. |
HUGUES |
Jean |
. |
HUGUES |
Pierre |
. |
L'AMINOT |
Louis |
Né le 16 mars 1916 à Plouescat (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation. |
LA MARRE | Jean | Né le 15 juillet 1924 à Landerneau (29). Domicilié à Landerneau au moment de son arrestation. |
L'AZOU |
François |
Né le 3 juillet 1924 à Plouescat (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation. |
L'AZOU |
François |
Né le 6 novembre 1912 à Plouescat (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation. |
L'AZOU |
Jean-Marie |
Né le 24 décembre 1913 à Cléder (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation. Blessé au cours de son évasion à Saint-Mars du Désert, il est achevé par un membre de l'escorte le 4 août 1944. |
L'AZOU | Yves |
Né le 1er mars 1920 à Cléder (29). Domicilié à Plouescat au moment de son arrestation. |
LE DROGOFF |
Marcel |
Abattu lors de son évasion |
LEGRAND |
Jean |
Originaire de Morlaix, arrêté en mai 44. |
PERRONO |
François |
. |
PERROT |
René |
. |
RANNOU |
Jean |
Originaire de Morlaix (29). |
ROLLAND |
Jean-Louis |
Député |
THOUEMENT |
André |
.Frère de Robert |
THOUEMENT |
Robert |
Abattu par les Allemands en s'évadant du convoi |
TOULLEC |
Vincent |
. |
TOUPIN |
François |
. |
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16/08/2022