Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur ce convoi de déportés
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La préparation de la prise du pouvoir La relève du pouvoir politique a été préparée par le C.N.R. et par les autorités d'Alger depuis plusieurs mois. En Bretagne la prise du pouvoir par la Résistance fut soigneusement préparée par le M.L.N (Mouvement de Libération Nationale) de la Région. En octobre 43, l'ancien sénateur maire radical de Brest Le Gorgeu est désigné pour être le Commissaire de la République et Cornut Gentil , Préfet de la Libération. d'Ille-et-Vilaine.
Pierre Herbart (Le Vigan) fut désigné par le mouvement pour être le chef régional en Bretagne. Cest lui qui dut déterminer les conditions et le moment de l'insurrection de la Résistance contre les Allemands. Dès le début, ce plan dinsurrection fut gêné par le manque darmes et le peu despoir den obtenir, plusieurs essais de parachutages ayant échoué. Il fut contrecarré aussi par limpossibilité où fut Herbart délaborer un plan densemble, le Front National, qui possédait des éléments assez importants dans la région, ayant fait preuve dune extrême mauvaise volonté.
René Chesnais dans son livre sur "La guerre et la Résistance dans le sud de l'Ille-et-Vilaine "décrit bien la progression des troupes américaines au moment de la Libération de la ville de Rennes:
"Deux groupes de combat le C.C.A et le C.C.B. précédés d'éléments de reconnaissance avec véhicules et chars légers, survolés d'avions d'observation et protégés sur leurs côtés par des flancs-gardes.
Le C.C.A., commandés par le colonel Bruce Clarke, partant de Saint-Aubin-d'Aubigné, libère Melesse, Montfort, Talensac, Baulon, Maure, Lohéac, Messac et parvient en début d'après-midi à Bain-de-Bretagne.
Le C.C.B., commandé par le général de brigade Holmes Dager, partant de Sens, libère Hédé, Montauban, Plélan, Guer, Carentoir, Sixt, traverse la Vilaine à Langon et s'installe le soir à Derval. mais des éléments de reconnaissance sont beaucoup plus loin: à la Chapelle-sur-Erdre, aux portes de Nantes et près d'Angers. La Loire est atteinte. ..
La voie est libre pour les Américains, mais les ordres sont formels: il faut prendre Rennes: la ville qui a été attaquée dans la nuit du 3 et 4 par des éléments de la 8 ème Division blindée, venue de Normandie en camions, se voit maintenant encerclée par le sud.
Le 4 août au matin, le général Wood, qui a sous ses ordres la 8ème Division blindée donne l'ordre d'attaquer Rennes de manière concentrique, le C.C.A. progressant de Bain-de-Bretagne par les routes qui viennent de Nantes et de Châteaubriant vers Rennes. la 8ème Division attaque du nord et de l'est.
Mais il n'y aura pas pratiquement de combat, Rennes est vide d'Allemands. Le XXVème corps d'armée allemand va ordonner à ses unités dispersées en Bretagne de se replier sur Brest, Lorient et quelques points d'appuis fortifiés. Le général Koenig, commandant les éléments divers rassemblés à Rennes, après avoir subi des pertes de 60 tués et 130 blessés, a reçu du général Hauser l'autorisation d'abandonner Rennes et de faire route vers Saint-Nazaire. cet ordre de repli est donné à 23 heures, le 3 août. la garnison allemande, divisée en plusieurs formations, a quitté la ville à trois heures du matin, le 4 août, après avoir détruit tous les ponts, sauf un. Ils se dirigent vers le sud, avec précaution, chaque groupe précédé d'un élément de reconnaissance, de chaque côté de la Vilaine. Il leur faudra traverser plus de 60 kilomètres de terrain déjà libérés par les Américains.
C'est la raison pour laquelle eurent lieu, entre le 4 et le 6 août, tellement d'accrochages, dans le sud du département entre Américains, Allemands et F.F.I. qui, en plusieurs endroits, subirent des pertes : à Maure, Messac, Pipriac et surtout Langon.
Rennes se libère
Marie Granet dans son livre , "Défense de la France." explique la passation du pouvoir politique juste avant l'arrivée des Américains.Le 3 août les Américains ignorent si les Allemands sont encore dans la ville et ils ont lintention de la bombarder sils ne reçoivent pas de renseignements précis sur lemplacement des forces allemandes. Herbart les leur fait parvenir et espère que, les Allemands étant tous partis précipitamment, les Américains vont entrer tout de suite dans Rennes. Il faut donc immédiatement "prendre" la Préfecture, lhôtel de ville, les principales administrations. Le scénario, soigneusement préparé, se déroule sans incidents graves. Herbart expose aux deux préfets "quil représente la Résistance, quil est chargé de mettre en place les nouvelles autorités administratives, quil va les faire conduire à lHôtel de France (le meilleur de la ville) et quil leur demande de ne pas en sortir. Ils seront, dailleurs surveillés". Tous deux acceptent sans difficultés, assez effrayés, semble-t-il, et nessaient pas demployer la force, bien quon ait trouvé, par la suite, une mitrailleuse allemande dans la salle de bains du préfet..."
Hémeric (nom de résistant de M. de Solminihac, muni d'un ordre de mission va investir la Mairie le 3 août vers 19h 45 avec 4 autres résistants. Ils entrent dans le bureau de M. Patay, Maire du Gouvernement de Vichy, entouré de ses adjoints et de ses secrétaires. Le Maire est prié de se rendre à son domicile particulier et de se considérer comme prisonnier. Il refuse fermement et tente de téléphoner au commissaire de police (Piat) qui vient d'être arrêté, aisnsi que l'intendant de police (Tosselo-Bancal.
" Il téléphone alors au préfet - qui vient aussi dêtre arrêté. Il nose faire appel aux Allemands bien quils occupent encore une partie de la Mairie... Il écrit sa lettre de démission et passe les pouvoirs à son premier adjoint M. Gripon, sous le contrôle de Solminihac. On lui donne lautorisation de se retirer dans une propriété quil possède dans les environs de Rennes."14
Les Allemands dans leur fuite ont mis le feu à la Mairie. Le foyer est rapidement maîtrisé.
"Tous le dispositif de "prise de pouvoir" a donc parfaitement fonctionné : simultanément, toutes les administrations - préfectorales, municipales, police, P.T.T., Banque de France - sont tombées entre les mains de la Résistance. Les institutions de Vichy, caduques, se sont décomposées comme un fruit pourri et les institutions minutieusement élaborées dans la clandestinité ont facilement pris leur place : il a suffi de vingt hommes pour "occuper" la préfecture, de dix pour "occuper" la mairie avant le départ des dernières unités allemandes."Car les Allemands ont encore des détachements dans la ville... et les Américains narrivent pas... Étonnés, les occupants reviennent "armés jusquaux dents". "Vont-ils combattre ?", se demandent les Rennais inquiets. Non, ils allument des incendies (arsenal, manutention, écoles), ils minent les ponts et les font sauter. Tout Rennes entendra ce bruit lugubre dans la nuit du 3 au 4 août...
"Une lueur rose éclaire la ville. Par là-dessus, de lourds nuages de fumée noire... Au beau milieu de la nuit, des explosions formidables ébranlent la préfecture : Les ponts ont sauté.
"Vendredi 4 août. - 9 heures du matin :
Une magnifique Citroën à fanion tricolore arrive devant la préfecture. Sur laile, un F.F.I. muni dun brassard et dune mitraillette. Un petit homme à cheveux blancs et à lorgnon descend. Cest Le Guillou, alias Le Gorgeu, Commissaire de la République pour la Bretagne (ancien maire de Brest). Herbart (Le Vigan) laccompagne. On hisse le drapeau sur le portail de la préfecture. Le commissaire de la République nous serre la main sur le perron et nous fait entrer dans sa nouvelle résidence. Il sort de sa chaussure un petit bout de papier : cest le texte de sa nomination. Il se termine par ces mots : "Le présent décret ne sera pas publié au journal officiel. Fait à Alger, le..." Puis, M. le Commissaire, très ému, y va dun petit discours : la Bretagne..., La France..., Brest..., le général de Gaulle..., la République )...
"Quelques minutes plus tard... cest le colonel de Chevigné, commandant militaire de la région. Nouveau discours : "Le général de Gaulle..., la France..., tombée à zéro..., nous avons touché le fond..., remonter la pente..., effort nécessaire."
Vers dix heures, le premier blindé américain fait son apparition sur la place de la Mairie venant de la rue d'Estrées suivi de plusieurs jeeps.
"Enfin, les premiers Américains. Visages basanés, mâchonnant du chewing-gum. Extraordinaire équipement. Dabord les fantassins, en file indienne, de chaque côté de la rue, puis les camions, les voitures, les chars en flots interminables.
"La foule a envahi les rues pavoisées, hier désertes. On crie, on rit, on sembrasse, on applaudit, on brandit des drapeaux, on baragouine de langlais, on casse la gueule aux derniers collabos...."
Dans l'allégresse générale, on en oublie presque qu'un drame s'est joué la veille de la libération de la ville.
Sources:
13 Histoire de la Résistance en Bretagne - Christian Bougeard
14 "Défense de la France." 1960, Marie Granet PUF 1960
15 La ligne de force p 142/143. Pierre Herbart Folio Gallimard n° 1228, 1980
16 La guerre et la Résistance dans le sud de l'Ille-et-Vilaine. René Chesnais- Témoignages 1999Sites à visiter: La Libération de Rennes et Documents photographiques des Archives Municipales de Rennes
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11/02/2019