11/02/2019
Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons
des témoignages ou des documents sur ce convoi de déportés
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Les Américains sont arrêtés par une batterie de DCA à Maison Blanche, au nord de la ville. Ils bombardent la ville. A 17 heures, les obus commencent à tomber sur la ville à raison dun toutes les trente secondes. Thomas et Le Grand, dans leur livre
"Le Finistère 39-45" retracent ces moments : Les prisonnières attendent toute la journée dans les douches, résistantes mêlées aux "droits communs détenues sur ordre des Allemands. Ceux-ci annoncent qu'elles vont être évacuées et mises à l'abri des tirs. " Témoignage de Françoise Elie: "Vers 2 heures, le canon se mettait à tirer de plus en plus. La prison respirait, nous ne partirions pas, les Alliés arrivaient. Les hommes savaient par le tir et le bruit que les autres étaient à moins de 10 km Les obus pleuvaient sur la prison, la maison du gardien-chef était touchée et la moitié détruite, le mur denceinte aussi, et enfin la grande verrière qui partageait le côté des femmes tombait à un mètre de nos cellules. Cette fois, nous étions toutes affolées en entendant, en plus du canon des bruits assourdissants. Toutes les cellules du côté femmes étaient défoncées avec les lits, les chaises. Il fallait vraiment avoir peur pour arriver à ouvrir ces portes bardées de fer. Pour ma part, javais bien cru que cette fois, me dernière heure était arrivée. Je métais allongée. Maryvonne était la plus brave de nous quatre. Nous nosions pas encore ouvrir de force quand le gardien-chef est arrivé et nous a tiré de là. Il était temps, la cellule près de la nôtre était touchée, la verrière nous tombait sur le dos en descendant. Cétait un affolement général, et nous pensions aux hommes. Les Allemands étaient derrière leur porte avec des grenades. On pensait que la bataille était sur Rennes. Les Allemands eux-mêmes étaient affolés. Erika, notre gardienne avait fait sa valise et, toute souriante, était avec nous en bas. Nous pensions quelle commençait à avoir peur de nous et cétait vrai. Nous avions déjà une demi-liberté et la surprise de découvrir une grosse réserve de colis de la Croix-Rouge. Les Allemands se servaient et nous aussi. Ils avaient même la galanterie de nous ouvrir des boîtes de conserve pour le repas du soir. On attendait tous et même eux la délivrance Vers 21 heures, on nous dit daller nous coucher dans nos cellules personne nobéissait et, après discussion, on nous installait au rez-de-chaussée où on faisait notre apprentissage dêtre mélangées et étendues toutes par terre, mais nous étions si heureuses, le lendemain ce sera la liberté" Témoignage de Mme Schwing . "Ce jour là, le matin, l'on vînt nous prévenir que nous devrions partir pour une destination inconnue et nous prier de préparer nos affaires A quatre heures de l'après-midi, le canon se mit à tonner avec violence et les hommes qui devaient faire partie du même convoi que nous nous crièrent par la fenêtre " ce sont les 75 (?) qui tirent ne craignez rien, ils ne nous emmèneront pas ". Malgré le danger réel, puisque des obus commençaient à tomber tout autour de nous, nous étions délirants... et ceux qui n'ont partagé ces émotions ne peuvent comprendre. Les plâtres de nos cellules commencèrent à tomber et nous entendions dans des cellules voisines des femmes défoncer leurs portes avec des escabeaux, nous n'avions même pas cette ressource, on nous avait confisqué le nôtre comme punition J'avais un jour (le jour de son départ) parlé à mon mari par la fenêtre et pour y parvenir était montée sur le dossier de l'escabeau en question Enfin, une détonation plus forte que les autres, c'était la maison du gardien qui était touchée et s'effondrait en partie, encore quelques minutes, un bruit précipité, certaines femmes avaient réussi à sortir et les geôliers français (qui je dois le dire tout à leur honneur furent parfaits en cette occasion) virent nous faire sortir et nous mener dans les sous-sol de la prison qui à la rigueur pouvait servir d'abri C'est là que je revis Madame Corre et ses autres compagnes de Saint-Brieuc, heureuses de nous retrouver et dans la joie d'une libération prochaine, car les boches nous affirmaient que nous allions être libérés quelques heures plus tard quand la canonnade aurait cessé, ils étaient fort aimables et un tantinet serviles "Nous prisonniers bientôt" disaient-ils" Vous dire à Tommies, camarades bons avec vous?". C'était de grandes distributions de conserves, biscuits et confitures, ces messieurs se réservaient le cognac " en usaient et abusaient" se disant "bientôt tout cela sera aussi fini pour nous " Pendant ce temps, dans les douches où nous nous trouvions, les conversations allaient leur train nous faisions mille projets et j'encourageais Mémé (Mme Léonie Corre) et les Briochines à me suivre chez mon frère où il ne ferait aucune difficultés pour nous abriter, en attendant que nous puissions regagner nos foyers respectifs quand les autorités allemandes nous ouvriraient la grande porte Hélas : le canon cessa en effet mais à ce moment surgit un officier SS que nous avions eu la joie de ne plus apercevoir depuis longtemps. On nous avait d'ailleurs affirmé que toute la Gestapo avait fui en voitures, c'était vrai mais elle était revenue quand la canonnade avait cessé. Il s'adresse à nous en ces termes "Vous allez être libérées mais il est tard maintenant, la nuit et nous ne voulons pas vous laisser à cette heure, en attendant demain matin, allez dans les cellules et dormez " Après avoir un peu récriminé pour la forme, nous avons obéi nous tassant dans les cellules du bas, un certain nombre de celles qui se trouvaient aux étages supérieurs ayant été détruites par la canonnade et grande fut notre stupéfaction de voir cet officier nous y boucler malgré nos protestations. Vers 4 heures du matin, une des gardiennes françaises -Madame Philippe- dont l'attitude envers nous avait été toujours extrêmement bienveillante, vient en pleurant nous réveiller et nous dire "Mes pauvres petites, ils vous emmènent "et ils nous emmenèrent."
Angèle Deplantay:
Madeleine Allard
Roger Dodin:
Quant à lui, Paul Héger 1 se
souvient : Odette Lavenant "Ils, ce sont les anglais, qui manifestent leur présence proche le 1er août, vers 4 heures de l’après-midi. Les obus anglais pleuvent sur la prison ; par les portes défoncées à coups de pieds, de chaise, sont ouvertes en hâte par les gardiens français, tout le monde se précipite et se retrouve au sous-sol. Là, la première alerte passée, c’est le pillage des colis de la Croix-Rouge, les allemands se considérant déjà prisonniers, et nous toutes, songeant à la liberté possible, certaine même, le soir même. Les condamnés, hommes et femmes, sont libérés. Les prévenus, selon l’ordre du commandant, remontent dans les cellules, et à onze heures du soir, c’est à la faible lueur des bougies, l’appel interminable de ceux qui doivent partir… pour l’Allemagne."
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Sources: 1 - Paul Héger-"Arrestation de Patriotes" Les Presses Bretonnes 1947 - Saint-Brieuc 2
Madeleine Allard "Récit d'une captivité" -Témoignage de Joseph Abaléa Pour m'écrire
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