Inauguration du Mémorial aux prisonniers et déportés du Train de Langeais
Intervention de Jean Claude BOURGEON
Dimanche 2 août 2015 cérémonie émouvante et très conviviale à la Courrouze.
Avec le
participation de personnalités officielles : Municipalité rennaise, Conseil
départemental, Préfecture, ministère de la Défense, ainsi que de nombreuses
familles de résistants, de prisonniers et de déportés ;
Jean-Bernard VIGHETTI, Président du Conseil culturel de Bretagne ;
d’experts : Jean BOURGEON, historien nantais,
Prix de l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire,
Prix de la Société académique, Christian BOUGEARD, historien, professeur à
l’Université de Bretagne occidentale, Jean-Paul LOUVET chercheur et auteur
du blog memoiredeguerre;
de
participants venus de diverses villes de Bretagne : Quimper, Moëlan-sur-Mer,
Redon, St-Brieuc, Dinan, Dinard, St-Malo et de plus loin : Royan, Paris,
Marseille, Aubagne, Vence, Grenoble, Geispolsheim (Alsace), Nantes,
St-Mars-du-Désert, Langeais, Laval… ;
de
citoyens venus spécialement de l’étranger notamment Jo Anna SIPLEY,
chercheur, nièce d’un aviateur américain blessé et évadé du convoi, Nigel
OXLEY, et son épouse, Écossais, fils d’un médecin-chef fait prisonnier le
lendemain de son débarquement en Normandie et astreint à l’hôpital militaire
allemand (Jean Macé) à Rennes mis en charge des blessés alliés.
Fidèle
présence encore d’Eric BEATY qui représentait le Consulat et l’Ambassade des
États-Unis.
Un
grand regret et une vraie déception toutefois que les Ambassades et
Consulats (5) ainsi que les villes (29) situées sur le parcours de ce convoi
n’aient pas été retenus pour être destinataires d’une invitation officielle,
bien que cela avait été formellement demandé.
En
réponse à la demande inopinée de désigner deux personnes pour présenter le
gerbe aux autorités, j’ai sollicité M. Jean Morin fils de résistant-déporté
du Train de Langeais et Mme Danielle Fiket fille aînée de Charles
Schlagdenhaufen, libérateur et sauveur à Belfort de 241 prisonniers de ce
convoi.
Après
un mot d’accueil, j’ai évoqué le Train de Langeais et la réalisation du
Mémorial.
Le Dr
Pierre Morel Président du Comité d’Action de la Résistance, fils et frère de
déportés et d’internée a relaté en partie son histoire personnelle de
résistant et celle de son réseau, la traversée des Pyrénées, les 8 mois
d’efforts et de difficultés pour réussir à rejoindre Londres…. Un récit sans
notes, exceptionnel, qui a donné la mesure de ce qu’a pu être la vie et la
complexité du parcours d’un résistant.
Mme
Lénaïc BRIERO, adjointe à la Maire de Rennes a évoqué outre le Train de
Langeais les épisodes dramatiques qui durant cette longue occupation ont
marqué la population rennaise.
M. Patrice FAURE Secrétaire général de la Préfecture d’Ille et Vilaine a
souligné " la valeur éminemment symbolique et universelle de ce mémorial
qui dépasse le contexte de l’histoire locale ".
Inauguration du Mémorial aux prisonniers et déportés du Train de Langeais
Evocation historique élargie : Jean-Claude
BOURGEON
J’adresse mes salutations à toutes et à tous, aux familles
présentes Dodin, Redouté, Schlagdenhaufen, Morin, Morel, Tardif, Héger,
Vieuxloup, Thanguy, Miglioretti, Kerautret, Mainguy, Lavolé, Fredel,
Fonferrier, Allard, Mme et M. Oxlley fils de Malcom Oxlley Médecin-chef de
l’Hôpital Jean Macé en 1943
Ayons une
pensée pour celles et ceux, résistants récemment décédés sans avoir connu ce
mémorial : Marie-Thérèse Sillard, Anne-Marie Boudaliez, Roger Dodin et
aussi Simone Bastien, Albert Lair.
Pensée pour ceux qui n’ont
pu venir : Georges Kieffer 95 ans déporté, Marcel Béasse 91 ans évadé, Jean
Thébault 91 ans déporté rescapé de la tragédie de Lubeck, Jean Courcier
déporté,
Guy Faisant déporté, Leon Gendrot chef de groupe FTP.
Le général
ALLARD chef de l’Armée Secrète pour la zone M2 puis M4 a eu la chance de
toujours échapper à l’arrestation. Sa femme et sa belle-fille ont été
déportées par le Train de Langeais. Il n’a rien écrit de son engagement
résistant.
Le
1er décembre 1943, aux Hautes-Folies à Messac, sa petite-fille
Florence a assisté à l’arrestation de sa mère et de sa grand-mère. Florence
et ses sœurs présentes ici aujourd’hui, évoquent la famille Allard dans un
livre écrit autour du récit de captivité et déportation de leur mère.
Florence a apporté quelques exemplaires de "
La Boite Rouge retrouvée ". Vous avez aussi à votre disposition un
Livre d’Or sur lequel je vous invite à porter vos témoignages et vos
remarques.
J’ai travaillé
sur ce secteur de la Courrouze dans les années 60 à 80. A l’époque
j’ignorais tout de ce qui s’était passé ici le 2 août 1944. Personne ne
m’avait parlé de ce drame.
C’est avec
l’édition du travail collectif d’élèves du
collège de Chartres de Bretagne, qu’en 1984 j’ai découvert cet événement
dramatique. Je viens de rencontrer l’un des professeurs qui a accompagné ce
travail et l’une des élèves qui a participé à cette œuvre de mémoire,
Véronique Soriot, m’a annoncé sa présence aujourd’hui.
Puis j’ai
aussi beaucoup appris de mes conversations avec Madeleine Allard, ses récits
et ceux Amélie Frédel, d’Angèle Deplantay, de Françoise Elie ou encore de
Paulette Redouté dont le fils et la fille sont présents aujourd’hui ainsi
que ceux de Roger Dodin, de Jean Morin qui déporté au Struthof puis à Dachau
et à Mauthausen Gunskirchen a profité d’un mitraillage pour s’évader et
regagner Strasbourg au guidon d’une moto " empruntée ".
J’ai partagé
ce travail en contact avec deux éminents chercheurs sur ce sujet : Jean-Paul
Louvet dont je vous recommande vivement son site Internet " mémoiredeguerre ",
et Jo Anna Shipley, citoyenne américaine, venue spécialement de son
Kentucky, présente parmi nous aux côtés de M. Eric Beaty qui représente le
consulat et l’ambassade des États-Unis. Elle fait un monumental et
prodigieux travail de recherche dans les archives américaines, britanniques
et françaises. Son oncle, John Wonning, avait été blessé lors de la chute de
son appareil près de Loué. Soigné à l’hôpital aménagé dans le collège Jean
Macé à Rennes, transféré au camp de la Marne près d’ici, il avait été
embarqué dans ce convoi puis de nouveau blessé à Langeais. Conduit à
l’hôpital de Tours, il avait réussi à leurrer les Allemands et été libéré
par ses compatriotes.
L’aménagement du site
C’est en 2004 que j’ai
appris qu’était programmé un grand projet d’aménagement du secteur de la
Courrouze, 130 hectares dont 40 d’espaces verts, 4700 logements. Je savais
que sous les ronces, parmi les carcasses de vieux cars et de voitures
existait encore un vestige de ce drame: le quai ferroviaire et sa voie en
contrebas. Cela risquait de disparaître à tout jamais, et avec, le souvenir
de cette exaction nazie. Comme cela m’a été confirmé, tout aurait été
effectivement détruit.
J’ai
alors engagé une démarche d’information et de sollicitation auprès d’élus de
la ville de Rennes, M. Alain Coquart ancien collègue de travail délégué à la
lecture publique et aux Musées et de M. Edmond Hervé Maire, Mme Jeannine
Huon, qui immédiatement se sont intéressés au sujet.
(Ayant
antérieurement aménagé trois autres lieux de Mémoire je n’imaginais pas la
somme de difficultés auxquelles j’allais me trouver confronté. Aléas des
mandats électoraux mais cela fait partie de la vie citoyenne. Et le plus
inattendu, je dois le dire, les contestations et oppositions des quelques
associations et particuliers à partir de 2010-2011.
Démoralisé par les nombreux obstacles et obstructions, le 9 novembre 2011
j’avais décidé de tout abandonner. Ce 9 novembre 2011 une réunion très
spéciale était organisée en Mairie de Rennes. Choqué par son ambiance,
considérant que ce projet de Mémorial y était totalement dénaturé et dévié,
j’avais déclaré que j’abandonnais et je suis parti. Cependant,
ultérieurement, la très forte insistance des familles et d’anciens
prisonniers et déportés m’avait conduit à revoir ma position et je leur
avais promis d’aller jusqu’au terme. Je dois ce revirement à l’insistance et
au soutien des familles Dodin, Morel, Provostic, Demalvilain, Tardif.
)
Je
dois aussi exprimer ma reconnaissance à Madame Briero Adjointe au Maire de
Rennes dont l’esprit décisif a permis de faire aboutir ce projet avec le
résultat d’aujourd’hui.
Je remercie
aussi vivement Monsieur Eric Beaugé, directeur opérationnel à Territoires et
Développement qui avec son tact et sa diplomatie m’a beaucoup apporté. M
Beaugé est originaire de Langeais. Son grand-père a aidé un
prisonnier à se cacher et à s’évader. C’est dire s’il a été sensible à cette
démarche lui qui était chargé d’aménager ce secteur sans connaître ce pan
particulier du Train de Langeais.
Je remercie
également ses collègues Julien Bailleul,
Marc
Dartigalongue,
Medhi
Tehhahi,
Isabelle
Gautier,
Deborah
Galy.
Les Architectes et Paysagiste : Paola Vigano Grand prix de l’urbanisme 2013
et première femme récompensée à ce titre, Simona Bodria, Adrian Lefèvre,
Charles Dard.
Les 120
mètres de quai subsistant ont pu être préservés et restaurés. Sur 130 mètres
et 3 mètres de large, l’assise de la voie en contrebas a été recouverte de
dalles de granit breton, du bleu de Lanhélin.
En
son centre une longue ligne de bronze symbolise le trajet du convoi.
D’espace en espace elle s’interrompt pour faire place à 27 plaques de bronze
de 60x30 cm. Elles portent en relief les noms de lieux où se sont produits
des événements durant le parcours. Ce tracé débute et se termine par deux
grandes plaques en bronze, 2 mètres par 3. Toutes ont été fabriquées par
l’atelier d’Art de Villedieu-les-Poëles. Les grands arbres ont été
intégralement conservés.
Comme l’ont voulu les architectes cet aménagement est complété par des
jardins partagés et un bowl de skate et BMX afin d’en faire un lieu
potentiel de rencontres intergénérationelles.
Le Train de Langeais
Cette dénomination résulte d’une action dramatique qui s’est produite les 6
et 7 août 1944 en gare de Langeais.
Le
1er août 1944, les Alliés sont à Maison Blanche entre Betton et
le nord de la ville de Rennes. Ils se heurtent à une lourde défense
allemande et vont perdre beaucoup d’hommes et de matériel. Avant de décider
de contourner la ville pour la prendre à revers par le sud, ils tirent 6000
obus. La prison Jacques Cartier est touchée. Les Allemands commencent à
fuir.
Il
règne une grande confusion et agitation. Possiblement aussi, entre l’AMGOT
et les FFI, une course de vitesse pour la prise des pouvoirs, mairie,
préfecture, police, justice…
Cela a peut-être contribué
à négliger le terrible drame qui se joue simultanément à la Courrouze puis à
la Prévalaye.
Au milieu de la nuit 1er au 2 août les Allemands conduisent
des prisonniers vers la Courrouze. On fait d’abord monter les femmes dans
quelques voitures à voyageurs de la longue rame de wagons qui les attend.
Pour vite se raviser qu’elles sont réservées aux officiers allemands. Elles
doivent en descendre et s’entasser à 40-60 dans des wagons à bestiaux.
Le 2 août vers 6 heures du matin cette rame quitte la Courrouze en direction
de Redon.
La
nuit du 2 au 3 août des avions anglais bombardent les voies entre la gare de
Rennes et la Courrouze (env 1000 m).
C’est peut-être cela qui décide les Allemands à conduire à La Prévalaye les
autres prisonniers de la prison Jacques Cartier et du camp Margueritte. Un
longue colonne chemine par le Boulevard Mermoz. Roger Dodin passe à quelques
mètres de sa maison. Des habitations sont en feu. Des prisonniers alliés du
camp de la Marne et de Verdun sont ajoutés.
Le 3 août, vers 4 heures du matin une seconde rame quitte la
Prévalaye. Par la voie desservant la Kriegsmarine route de Lorient elle
rejoint à St Jacques de la Lande la double-voie en direction de Redon.
Le
même jour, en 2 groupes, les Alliés commencent leur mouvement de
contournement. Vers 10h20 ils traversent Messac et continuent en direction
de Bain de Bretagne. Le train est passé 2 à 3 heures auparavant. La
population applaudit.
Le
4 août vers 10 heures les Alliés libèrent Rennes. Il ne s’est fallu que de
quelques heures qu’elles ne croisent cette seconde rame au passage à niveau
près de la gare de Messac. Mais le train continue son funeste trajet.
Combien et qui étaient-ils ?
Nous ne connaîtrons vraisemblablement jamais le nombre exact de prisonniers
d’autant que tout au long du trajet qui va durer 14 jours d’autres seront
ajoutés. 1500, 2000 ?
Ils sont prisonniers politiques, résistants, otages, soldats coloniaux,
Américains, Anglais, Canadiens, mais aussi Russes ou Allemands comme cette
centaine d’officiers, " Walkiries ", soupçonnés d’être impliqués dans
l’affaire du complot du 20 juillet 1944 contre Hitler.
Quelques noms
connus :
Pierre Bourdan la Voix de Londres, Jean
Oberlé, Marguerite et Madeleine Allard, Marguerite Duthuit la fille du
peintre Henri Matisse, André Heurtier de Libé-Nord, Henri Provostic de
Ploudalmezau, Louis Morel, Paulette et Anne-MarieTanguy de l’Hôtel du Cheval
d’Or, Roger Dodin décédé en avril 2014, les 4 frères
Béasse, les 20 otages de Guignen
… Gaston Sébilleau…
Le
4 août à Nantes en plus des " Walkiries " d’autres prisonniers sont
embarqués. Un gardien de la Wehrmacht, connu sous le nom de " Charly " est
affecté à la garde d’un wagon. Je vais vous en reparler tout à l’heure.
Le
6 août la première rame atteint le Lion d’Angers. La seconde l’y
rejoint pour ne plus former qu’un convoi unique.
Les 6 et 7 août le convoi est bloqué en gare de Langeais, le pont-rail de
Cinq Mars la Pile ayant été fortement endommagé.
Un groupe d’avions de chasse américains mitraille une locomotive à l’arrêt
sur la voie contigüe blessant et tuant de nombreux prisonniers dont Gaston
Tardif, instituteur au Grand-Fougeray et lieutenant FTP. Son fils et sa
fille sont présents.
Un second mitraillage aura lieu le lendemain. Au total on relèvera 23 morts
et 70 blessés mais un grand nombre de prisonniers parviendront à s’évader,
peut-être 100 à 200.
Le
8 les femmes sont conduites en cars et camions à La Ville-aux-Dames, à l’est
de la gare de Tours, où va être formé un nouveau convoi. C’est à pied que
les hommes devront rejoindre cette nouvelle rame.
Au terme d’un trajet effroyable, chaleur, faim, soif, promiscuité, absence
d’hygiène, odeurs pestilentielle des tinettes qui débordent aux multiples
secousses, le convoi arrive à Belfort le 15 août dans la matinée.
Au même moment un autre convoi quitte Pantin emmenant 2200 prisonniers(ères)
vers la déportation dont 2 jeunes résistantes Michelle Moet-Agniel, 17 ans,
arrêtée sur dénonciation après avoir convoyé de Bretagne à Paris et hébergé
des aviateurs américains, Ginette Courtois alias " Danielle " membre du
réseau Var à Rennes puis à Redon, arrêtée à Viroflay le jour de son 18e
anniversaire. Elles allaient retrouver Marguerite et Madeleine Allard. Elles
rentreront de Ravensbrück mais avec des séquelles que l’on peut imaginer.
Elles survivent mais leur santé fortement fragilisée nous prive de leur
présence ici.
A
Belfort, hommes et femmes sont enfermés au Fort Hatry. Et là va se produire
un fait extraordinaire grâce à ce " Charly " que j’ai cité précédemment.
Il parlemente avec le commandant du Fort auquel il fait valoir que compte
tenu des difficultés de circulation et de disponibilité ferroviaires il sera
difficile d’envoyer tous ces prisonniers en Allemagne. La progression des
troupes alliées est aussi un élément à prendre en compte pour en cas de
capture se prévaloir d’un un tel geste de " clémence "
" Charly "obtient le relâchement de 241 prisonniers dont 70 femmes. Déjà près de
Beaune il avait favorisé l’évasion de trois prisonniers.
Les autres seront tous déportés, les femmes à
Ravensbrück, les hommes au
Struthof puis en Allemagne. Plus
du tiers ne reviendront pas.
Qui
était Charly ?
Durant près de trois années j’ai multiplié les recherches pour tenter de
retrouver Charles Schlagdenhaufen alias "
Charly ",
celui dont tant de prisonniers ont loué le courage. Découragé, alors que je
ne m’y attendais plus, le 13 juillet 2014 j’étais contacté par M.
Henri-Charles Géré. Il m’annonçait être le neveu et filleul de Charles
Schlagdenhaufen et m’offrait l’opportunité d’entrer en contact avec sa
fille, Danielle. Aujourd’hui, venue d’Alsace, Nathalie la fille de M. Geré,
est présente ainsi que Danielle la fille aînée de
" Charly "
venue spécialement d’Aubagne avec ses enfants et petits-enfants.
Charles Schlagdenhaufen a été fait prisonnier avec toute sa compagnie le 20
juin 1940 dans l’Eure. Alsacien, il est relâché le 31 juillet suivant. Il
rejoint l’Alsace, s’y marie et de son couple naît Danielle la première de
ses trois enfants. L’Alsace étant sous domination du Reich on l’oblige, pour
l’état-civil, à donner un prénom à consonance germanique, Monika, mais pour
ses parents elle restera Danielle.
La
famille s’embrouille dans les prénoms et Charles Schlagdenhaufen est
sanctionné. Le 20 avril 1943 il est incorporé de force dans la Wehrmacht.
Affecté à une formation antichars à Francfort-sur-Oder, bilingue, il réussit
à intégrer la compagnie des interprètes à Berlin. Le 24 décembre 1943 il est
muté à la prison de Nantes en qualité d’interprète et d’adjoint au
surveillant-chef allemand. Avec la complicité de Théo Guillet le
surveillant-chef français et du commis-greffier Cormo il organise des
réunions clandestines dans la prison-même et des contacts avec les
résistants de l’extérieur.
Le
23 novembre 1944, lors de la prise de Strasbourg, il déserte puis
s’occupera sans relâche du rapatriement des déportés, guettant des visages
connus.
Le
24 mai 1952, à 35 ans, il meurt d’une crise cardiaque laissant une veuve et
trois enfants en bas âge.
Bien qu’ayant sauvé de la déportation et de la mort 241 prisonniers et
prisonnières aucune reconnaissance officielle ne lui sera octroyée. Certains
prisonniers eux n’oublieront pas. L’un d’eux, M. Joseph Moyse donnera pour
nom " Rue Charly " .à l’une des trois voies du lotissement qu’il aménagera à
Nantes à proximité du centre sportif et culturel La Laetitia et de la route
de Vannes. Les deux autres rues portent les noms de Joseph Moyse et cette
les reliant rue Stuart, ce dernier étant celui du réseau de résistance
auquel appartenait M Moyse.
Emblématique de la barbarie et de l’acharnement nazi, ce
dernier convoi n’aurait jamais du quitter Rennes. Avec cette cérémonie
rendons aussi hommage à tous les prisonniers et déportés.
Puisse ce mémorial permettre à toutes les générations de s’en souvenir, de
mesurer le coût et la valeur de notre Liberté.