Pour
enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des
documents sur
la Résistance en Ille-et-Vilaine
Jeannine Hercouet est née le 28 février 1923 d’une famille originaire des Côtes-du-Nord. Elle a 17 ans lorsque les troupes allemandes arrivent à Saint-Malo et cela, elle ne le supportera jamais. Employée dans une épicerie, elle ne manque pas, à la moindre occasion, de manifester son hostilité envers les occupants avec sa gouaillerie habituelle. Elle se marie deux fois : D’abord avec Robert Guénard dont elle a eu 4 enfants (un fils et 3 filles), puis elle divorce et se remarie avec Edouard Leclerc.
Le Docteur Andréïs lui demande de s’engager comme ouvrier au sein de l’organisation TODT. Cette organisation allemande s’occupe des travaux de fortifications côtières et procède à l’agrandissement du terrain d’aviation de Dinard-Pleurtuit d’où s’envolent des avions pour bombarder l’Angleterre. Les Alliés veulent avoir le plan de cet aérodrome et ils veulent connaître les lieux de stockage des bombes. Robert fournit au docteur tous les éléments utiles pour dresser le plan qui est acheminé à Londres par avion Lysander. Parallèlement à ces activités, Robert accepte un jour de rendre service à des amis Résistants pour distribuer des tracts intramuros à Saint-Malo. Dénoncé, il est arrêté, incarcéré à la prison Jacques Cartier de Rennes, puis déporté à Neuengamme. Il ne rentrera en France qu’en 1945. Jeannine échappe de justesse à l’arrestation de son mari et ne sera pas inquiétée ; ceci, grâce à l’action d’un Alsacien enrôlé dans la Wehrmacht, un « malgré nous » qui participe à la perquisition de son domicile. Au cours de l’opération de fouilles, il trouve, dans un tiroir, un paquet de tracts anti allemands, mais il referme le tiroir et n’en souffle mot. Il s’agit de Alfred Heitz, alsacien qui sera arrêté en 1944 par la Gestapo et fusillé dans l’enceinte de la caserne de Rocabey (Saint-Malo) le 18 mai 1944. Ces évènements auraient pu refroidir l’ardeur patriotique de Jeannine, mais c’est l’effet contraire qui se produit et elle se met spontanément à la disposition du docteur Andréïs pour prendre la suite de son mari. Le docteur lui propose de travailler dans les hôtels et restaurants fréquentés par les Allemands, comme serveuse, femme de ménage et femme de chambre. Elle travaille même, pendant quelque temps, à la Kommandantur de Saint-Malo comme femme de ménage. Jeannine réussit ainsi à collecter de précieux renseignements en subtilisant brouillons de lettres, plans et autres documents trouvés dans les corbeilles à papier. Elle rapporte également la teneur de conversations et confidences échangées entre le personnel et les occupants, notant des allées et venues de collaborateurs et délateurs au service des nazis et ils furent nombreux. Etant sur place à Saint-Malo et bénéficiant d’un ausweis permanent pour son travail, elle se voit confier d’autres missions ayant trait aux mouvements maritimes et déplacements des troupes. La guerre achevée, Jeannine ne reste pas inactive, elle s’investit pleinement et bénévolement dans de multiples associations, tant à caractère social que patriotique comme :
De nombreuses décorations françaises et belges sont venues récompenser les mérites de Jeannine Leclerc. Pendant plus de 40 ans, Jeannine participe inlassablement à toutes les cérémonies officielles comme porte-drapeau de différentes associations. Nous lui devons respect et reconnaissance.
Renée THOUANEL-DROUILLAS Source : Texte de Pierre Demalvilain lu aux obsèques de Jeannine Leclerc, le 17 septembre 2014. 29/12/2022 |