Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur la Résistance en Ille-et-Vilaine
René, Alfred, Mary LE HERPEUX est né le 3 novembre 1919 à Etrelles en Ille-et-Vilaine.
En juin 1940, quand les nazis envahissent la Bretagne, ils sont tous révoltés et prêts à s’insurger contre les occupants. Aux vacances de Noël 1940, Malou décide d’aller voir sa famille à Lestonan, près de Quimper, dans le Finistère. Sa mère, Jeanne Lazou habite à l’école publique de cette commune car elle en est la directrice. Son père Jean Lazou a été tué le 15 mai 1940 sur le front des combats, dans l’Aisne. Malou est accompagnée de son ami René Le Herpeux qu’elle tient à présenter à sa famille puisqu’ils ont décidé de faire leur vie ensemble. Malgré les difficultés de l’époque, Jeanne Lazou est restée militante du PCF qui se réorganise dans la clandestinité, en grande partie avec des jeunes et des femmes. Sous la direction d’Auguste Havez, leur responsable régional, ils développent déjà, dans leur propagande, des positions antinazies très nettes. Mais ils sont très surveillés par la police de Vichy et la police allemande. Pétain a même institué une police spécialisée : le Service de Police Anti Communiste, la SPAC. Malou en profite pour présenter certains de ses amis dont elle est sûre à René Le Herpeux et celui-ci les aide à s’organiser pour former des groupes de Résistants. Ils rencontrent, en particulier, Mathias Le Louët qui deviendra un responsable dans la région de Quimper.
A Lestonan, la mère de Malou, Jeanne Lazou, héberge dans son logement de fonction des Résistants ou des aviateurs alliés qui se cachent. Elle accepte d’installer, dans son grenier, une ronéo qui sert à tirer les tracts. A Rennes, René Le Herpeux fait partie d’un triangle d’action avec Henri Bannetel et Olive. Mais Henri est arrêté le 25 juin 1941 et Olive disparaît pour ne pas se faire arrêter. René continue son action à Rennes, mais aussi dans le Finistère avec Jeanne Lazou, la maman de Malou. Le 1er mars 1943, Mathias Le Louët tombe dans un piège tendu par des policiers et est arrêté. Le lendemain, il est rejoint au poste par Jeanne Lazou et René Guillamet. Ils subissent les interrogatoires musclés et sont dirigés vers l’Ille-et-Vilaine. Jeanne Lazou est incarcérée à la prison Jacques Cartier de Rennes et les deux jeunes gens sont envoyés à la prison de Vitré. Jeanne est condamnée à un an de prison. Entre temps, Malou est devenue Madame Le Herpeux et le jeune couple est parti s’installer à Paris où l’action clandestine est plus importante. Elle y rencontre Jean Collet ainsi que André et Jeannine Chesnot. Malou revient tout de même à Rennes et elle réussit à faire évader sa mère, Jeanne, qui devait partir en déportation. Elles repartent toutes les deux à Paris. Malou et René Le Herpeux sont tous les deux Internes à l’hôpital de Courbevoie. Plus tard, René qui se fait appeler « Fernand » s’installera comme médecin praticien dans un quartier ouvrier de la banlieue parisienne. En rentrant de Rennes à son domicile à Paris, Malou est surprise d’y trouver des policiers français qui, deux jours auparavant, ont arrêté son mari, René Le Herpeux, ainsi qu’une bonne partie du réseau FTP constitué à L’Assistance Publique. Malou est élève d’externat d’un grand pédiatre qui deviendra le fondateur de néonatologie en France, le professeur Minkowski. Celui-ci intégrera le groupe de Résistants de René et Malou. Arrêtée, Malou doit subir deux mois d’emprisonnement à la Conciergerie avant d’être libérée. René Le Herpeux fait partie du convoi de déportés parti de France le 30 juillet 1944, à destination du camp de Neuengamme. Il a le matricule 39597. Courant septembre, avec d’autres Français, il rejoint une usine d’armement à Blumenthal. En tant que médecin, il est affecté à l’infirmerie du Kommando, ce qui lui permet de sauver de la mort plusieurs de ses compagnons. Fin février, il participe à un projet d’évasion collective qui échoue. Le 21 avril, à l’approche des alliés, les prisonniers, capables de marcher, sont jetés sur les routes en direction du nord. René Le Herpeux s’affaire auprès de ceux qui n’en peuvent plus. Le convoi finit par rejoindre Neuengamme. Le camp est évacué quinze jours plus tard. Les survivants sont acheminés par train jusqu’au port de Lübeck, sur la Baltique. Ils sont environ 6 000, parqués sur un cargo, le « Cap Arcona ». René Le Herpeux, « le toubib », se retrouve dans une vague infirmerie. Le matin du 3 mai, les alliés sont aux portes de Lübeck. Des avions anglais survolent le port et ils bombardent les trois paquebots chargés de déportés. Seules, 150 ou 200 personnes seront sauvées. André Duroméa écrit : « Je ne reverrai plus jamais mon vieux copain René Le Herpeux. Un survivant m’apprit qu’il avait été abattu à coups de révolver par un SS alors qu’il distribuait des bouées de sauvetage à ses malades sur le bateau en feu. J’aimais beaucoup René. C’était un homme simple, juste et bon, courageux. Je lui dois la vie car il m’a soigné le mieux qu’il a pu. » Renée THOUANEL-DROUILLAS
Sources :
- Différents
témoignages dont ceux de Jean Courcier et de Jeannine Collet-Chesnot. 10/11/2017 |
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