Ed:01/03/2020

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La Résistance à Vieux-Vy-sur-Couesnon

 

Pour enrichir la mémoire du passé, je recherche tout témoignage sur les prisonniers de guerre et  sur des faits de Résistance  en Bretagne avec documents   write5.gif (312 octets) 35memoiredeguerre@gmail.com

 

Deux documents nous permettent de retracer les événement sur Vieux-Vy. Tout d'abord le document ci-dessous extrait du livre "Vieux-Vy-sur-Couesnon d'hier à aujourd'hui" produit par l'Association Socio-Culturelle de Vieux-Vy-sur-Couesnon et le témoignage de Roger Lenevette engagé dans le groupe de Vieux-Vy-Sur-Couesnon : (Lire)

 

Les principaux acteurs

"Les difficultés matérielles et l’humiliation ont conduit, dès 1942, à des actes de résistance tant à Vieux-Vy que dans le département. En Ille-et-Vilaine, un quart de la résistance appartenait aux FTPF (francs tireurs et partisans français) organisés par des militants communistes.petri.jpg (23546 octets)
"Louis Pétri, dit " Loulou ", qui avait combattu dans les Brigades Internationales aux côtés des républicains espagnols. Travaillant comme ouvrier carrier à Louvigné-du-Désert, il a organisé les FTPF sur Fougères et est devenu, en janvier 1943, responsable départemental ; c’est lui qui a envoyé P. Ruffaud de Fougères organiser la résistance à Vieux-Vy ; celui-ci contacta son parent Alfred Legros qui à son tour contacta Pierre Coirre. Et ainsi s’organisa un noyau de résistants. Ils devaient cacher des réfractaires au STO, des résistants traqués, des responsables FTPF et les ravitailler. M. Verger, instituteur à Sens-de-Bretagne, fournissait des fausses cartes d’identité. Les résistants étaient par la suite dirigés vers le maquis de Lignières-La-Doucelle en Mayenne. Des jeunes du "camp de jeunesse" de la mine de Brais s’engagèrent, tel Yvonnick Laurent, un Rennais".

En mai 1943, Pierre Coirre passa sous les ordres de A. Pinault et Brionne du groupe de Saint-Aubin d’Aubigné ; Santa, officier de l’armée républicaine espagnole habitant à Brais, servait d’agent de liaison. Quand Eugène Logeais, rapatrié d’Allemagne pour des raisons de santé, fut recruté, la petite ferme qu’il exploitait à la Roche-aux-Merles devint le siège du "maquis de Pavée ". De nombreux résistants s’y cachèrent, des Polonais et des Russes évadés de l’armée allemande y récupérèrent de fausses cartes d’identité avant d’être dirigés vers l’Angleterre.

L'organisation du maquis

Les FTPF ne reçurent ni armes ni argent de Londres avant 1944 et devaient se débrouiller seuls. Ils récupèrent à plusieurs reprises du matériel à la mine de Brais qui avait été remise en activité par les Allemands en 1940. Bien informés par P. Coton qui y travaillait, ils s’emparèrent de 750 kg d’explosifs (poudre, détonateurs, cordeau Bickford). Ce matériel servit aux groupes de Bazouges, Sens, Saint-Rémy, Saint-Marc-le-Blanc et Vieux-Vy et permit de préparer des mines dénommées "tapettes à rat 1" qui étaient posées dans les nids de poules sur le passage troupes allemandes.

En 1944, les Alliés organisèrent des parachutages d’armes pour équiper les réseaux de résistance qui devaient les épauler lors du débarquement en Normandie. Le S0E (Special Operations Executive), service britannique, envoya son agent " Michel " en Normandie ; mais, devant l’importance des troupes allemandes, il se tourna vers la Mayenne. Il y rencontra Pétri et prépara avec lui les parachutages en Ille-et-Vilaine. L’un d’eux fut prévu à Vieux-Vy sur les landes de Pavée. La ferme d’E. Logeais, située tout près servit, à partir du 6 juin 1944, de base aux FTPF venus parfois de loin, de Dinard par exemple, pour ce parachutage. Sa femme Germaine assurait la nourriture du groupe.

Les arrestations à la ferme à la Roche-aux-Merles le 8 juillet 1944

Hélas, le maquis fut dénoncé et la Milice se manifesta. Elle avait déjà sévi en encerclant et en massacrant le maquis de Broualan près de Pleine-Fougères. Un résistant de Saint-Aubin-d’Aubigné, ayant entendu une conversation de café "on va incendier le maquis de Vieux-Vy ", envoya Jean Letard prévenir du danger imminent le 7 juillet. Certains résistants fuirent immédiatement vers Fougères. D’autres préfèrent attendre le lendemain (inconscience de la jeunesse ?). E. Logeais, sa femme et sa fille partirent le soir même à Saint-Ouen se cacher dans la famille, puis, devant la persistance du danger, se cachèrent dans les bois, ravitaillés discrètement par F. Aubrée. Le 8 juillet à 7 h 30 du matin, une soixantaine de miliciens encerclèrent la Roche-aux-Merles, alignant tous les présents contre le mur. Ils incendièrent la ferme d’E. Logeais ; les flammes, qui se voyaient du bourg, provoquèrent un grand émoi.

Yvonnick Laurent fut torturé à mort pour qu’il livre la cache des résistants enfuis. Le lendemain, les habitants de Vieux-Vy vinrent se recueillir à la mairie devant son corps martyrisé. J. Salvet, qui habitait à la Roche-aux-Merles, et R. Élie, un jeune du "camp de jeunesse", furent arrêtés et emprisonnés à Saint-Méen à Rennes. J. Bruezière réussit à s’enfuir.

Les parachutages  d'armes du 16 juillet  et du 31 juillet 1944

Le parachutage prévu eut lieu néanmoins dans la nuit du 15 au 16 juillet et livra 18 tonnes d’armes et de munitions. Des feux furent allumés aux coins du champ de Baudry. P. Coirre, S. Diaz, A. Bréal, A. Fusel, Piette, Cogranne, Bérel et bien d’autres de Fougères, de Dinard étaient là. Pétri correspondait à l’aide d’un poste récepteur avec les pilotes. Les aviateurs passèrent une première fois au-dessus du terrain, le code était " Il a gagné le million " " et au deuxième passage, ils lâchèrent tout. Le matériel, caché la nuit même dans une baraque de Baudry, fut ensuite distribué aux différents groupes FTPF.

Les résistants de Vieux-Vy participèrent également au parachutage du 30/31 juillet à la Belinaye en Saint-Christophe-de-Valains, avec le groupe Bérel, recteur à Saint-Christophe, mais une compagnie d’Allemands se trouvait là et son PC était le château de la Belinaye. Les résistants firent sauter préventivement leur dépôt d’armes et attaquèrent le château pour en chasser les Allemands. Plusieurs résistants furent blessés.

Les résistants noyautèrent ensuite la région, capturèrent des Allemands et récupérèrent du matériel. Des jeunes rejoignirent alors les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) et, avec les Alliés, participèrent à la libération du département, en particulier en combattant la poche de Saint-Malo. Rennes fut libéré le 4 août 1944. C’est une image assez piteuse que l’armée allemande montra alors; beaucoup se souviennent de soldats à pied ou à bicyclette, fuyant en débandade devant l’arrivée des Alliés. Mais il fallut attendre mai 1945 pour que le retour des prisonniers mette un terme à la guerre à Vieux-Vy.

De cette période douloureuse, il reste sur les lieux du drame, le monument d’Yvonnick Laurent et les ruines de la ferme incendiée. Qui a trahi ? Le coupable ne fut jamais véritablement confondu. Les témoins parlent encore de ces événements avec beaucoup d’émotion. Les générations suivantes ont toujours écouté avec intérêt le récit de ces affrontements, fiers, malgré tout, que leur commune ait compté des hommes courageux et ait participé à l’histoire".

Source:  (Document communiqué par Louis Pioc)
"Vieux-Vy-sur-Couesnon d'hier à aujourd'hui" p39-40-Association Socio-Culturelle de Vieux-Vy-sur-Couesnon, 1990- ISBN : 2-9504969-0-03

 

Témoignage de Roger Lenevette engagé dans le groupe de Vieux-Vy-Sur-Couesnon : (Lire)

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Le monument en mémoire dYvonnick Laurent . Il se trouve dans le village de la Béderais à deux kilomètres de Vieux-Vy  (Du bourg de Vieux-Vy-sur-Couesnon   prendre la route en direction de Fougères. Descendre une côte au bas de laquelle on passe au dessus du Couesnon puis on en monte une autre avec des virages et qui traverse le village de la Béderais. C'est au niveau de la Béderais  à droite de la route qu'on aperçoit le monument d'Yvonnick.

 

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1 Tapettes à rats: Ce piège   fixé sur un bidon de deux litres d'huile moteur vide et rempli d'explosifs   d'environ deux kilos était très efficace.