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Le bivouac du château d'Orgères

Ed:20/10/2016

Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur cet événement  write5.gif (312 octets)

 

La débâcle nocturne des troupes d'occupation

Dans la nuit du 3 au 4 août, la position allemande devient désespérée à Rennes et ses alentours. Face à l'avancée américaine, le gros de la troupe prend la fuite. Une partie bivouaque au château d'Orgères où cinq familles avaient trouvé refuge.

Propriété de la famille la Villesbret depuis le début du siècle, les murs du château d'Orgères renferment de nombreux souvenirs de l'occupation allemande. « Les Allemands venaient souvent visiter le château. Mon père répondait ; « Entrez, car vous êtes les vainqueurs. » Mais il ne les a jamais accompagnés » assure Madeleine Bergevin, née la Villesbret.

Fermant ses portes aux Allemands, le château les ouvre à cinq familles réfugiées, dont un enfant de 12 jours. Mme Coutel est l'une des dix-huit personnes : « Avec mon père et ma mère nous étions des réfugiés de Bruz. Notre maison avait été totalement détruite par le bombardement. »

Dans la nuit du 3 au 4 août, le bois qui encercle le château intrigue. « Nous entendions comme quelque chose de feutré, des bruissements » se souvient Madeleine. Ils comprennent rapidement que des Allemands, accompagnés de nombreux Polonais, bivouaquent à proximité. « Ils sont restés toute la nuit à cuver le vin pillé dans les villages. Ils avaient d'ailleurs avec eux un important butin de guerre. » Aussitôt, les familles se réfugient dans l'abri en « U » du château, apeurées, terrorisées.

Des bêtes traquées

Le lendemain, au grand jour, les craintes se confirment. «Ils étaient comme des bêtes traquées. Leurs regards étaient épouvantables. » Pourtant bizarrement, ils n'entrent pas dans l'enceinte du château. Excepté un officier qui, revolver au poing, s'adresse au propriétaire des lieux, le sommant de monter dans la tourelle. La surprise est de taille. Posté sur une hauteur, un char américain s'apprête à tirer.

Dans les heures qui suivent, une grande partie du régiment quitte le campement, direction Laillé.

Mais le cauchemar des familles n'est pas terminé. « Toujours dans notre abri, nous avons entendu des cris de personnes qui semblaient s'entretuer » assure Madeleine. Des gens du village voisin se disputent en effet les restes allemands : denrées, matériels, etc. Selon Madeleine, « voyant cela, nous avons pris des caisses de fusils et les avons jetées dans les douves. » La veille,, les Allemands y avaient également déposé du matériel. Les douves du château d'Orgères regorgent donc de tristes souvenirs allemands.

Olivier MARIE

 

Source: Ouest-France  du 6/7 août 1994

 

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