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Une certaine effervescence a soulevé les Fougerais à l'annonce de la fin de la guerre. Bals à tous les carrefours, mais aussi un épisode assez singulier avec la pendaison d'un mannequin représentant le Führer.
8 mai 1945. La capitulation de l'Allemagne est officielle. « Mais De Gaulle avait déjà annoncé la nouvelle à la radio la veille, à 15 h. Des festivités commencent déjà à s'organiser », note l'historien fougerais Daniel Heudré, spécialiste de la libération de Fougères et membre de l'Anacr (Association des anciens combattants de la Résistance). Il a plongé dans les archives municipales et noté nombre d'anecdotes.
Le contexte n'est pas rose pour la cité médiévale. Depuis les bombardements de juin 1944 qui ont fait 300 morts, la ville est désorganisée. Et des bombes sont encore enfouies. Autre problème : le rationnement. « Début 1945, on constate beaucoup de plaintes pour vols. Et le marché noir est florissant. »
Mais ce 8 mai 1945, l'humeur est plus joyeuse. « Dans l'après-midi, les cloches des trois paroisses retentissent. Tout comme les sirènes des usines. »
Dans la ville, des rassemblements spontanés s'organisent. « L'ambiance est extraordinaire en ce mardi ensoleillé. Toute la ville est dehors, toutes catégories sociales confondues. Les cafés sont bondés. Des jeunes filles organisent des farandoles sur la place d'Armes et il y a des drapeaux français accrochés à toutes les fenêtres. La ville est bleu blanc rouge. »
Fausse cérémonie d'exécution
Un fait est particulièrement original en Bretagne. « Une fausse cérémonie d'exécution d'Hitler est mise en scène. Un mannequin à l'effigie du Führer est pendu, place d'Armes, après que l'harmonie ait joué la Marche funèbre, de Chopin. À cette date, on ne savait pas encore qu'Hitler s'était déjà suicidé. »
La liesse est populaire. Des chants patriotiques sont entonnés et des bals s'improvisent. « Le soir, on danse, malgré la nuit qui tombe. Il faut savoir que l'éclairage public n'était pas rétabli. »
Dans les jours qui suivent, les festivités continuent. Mais aussi le recueillement. « Des défilés sont organisés au monument aux morts et des cérémonies au cimetière. » Car il reste beaucoup d'inconnues. « En avril 1945, beaucoup de prisonniers de guerre sont rentrés. Mais tous ne sont pas là, laissant les familles dans l'inquiétude. De même, sur les soixante déportés de Fougères, quinze reviendront mais, en ce 8 mai, on ne sait pas qui s'en est sorti. Après le repli sur soi sous l'occupation, c'est le retour de la solidarité, notamment avec les enfants des victimes. »
Ce moment coïncide également avec un autre événement important et heureux pour la ville. « Courant mai, la statue de Notre-Dame de Boulogne vient à Fougères. La ferveur est très forte car cette Vierge Nautonière symbolise le retour. » Un retour à la liberté pour le pays.