Acte d'accusation envers Marcel Gerbohay

par le procureur du Tribunal du Peuple

Article Wikipedia sur Maurice BAVAUD

 

Le Procureur du Tribunal du Peuple.

Berlin, le 5 novembre 1942

Réf: 6J 116/42g

Ordre d'arrestation

Etranger

Note du traducteur :

Les documents partiellement déchirés ou-détruits par un incendie, et en plus excessivement tachés sont difficile à traduire. Je m'efforce néanmoins à traduire l'essentiel et tout ce qui est lisible.

ACTE D'ACCUSATION

Le 1er janvier 1942, ont été arrêtés par la Police, et depuis le 28 septembre 1942 incarcérés, à la suite de l'ordre d'arrestation émis par le juge d'instruction du Tribunal du Peuple, réf. : 556.241.42. Les accusés se. trouvant en prévention actuellement auprès du tribunal de Berlin ; jusqu'à présent sans défenseur.

J'accuse le ressortissant Français Marcel, Joseph GERBOHAY, d'avoir en 1938 en Allemagne, en France et en Suisse, essayé de convaincre le ressortissant suisse Maurice BAVAUD, d'entreprendre l'assassinat du  Führer. Crime puni d'après le § 5 Nr 1 de l'ordonnance du Président du Reich, pour la protection du Peuple et de l'Etat, promulguée le 28 février 1933 (RGFI..., § 48 du STGB.

L'accusé a par suite de la haine contre le  Führer, convaincu en 1938,l'assassinat du  Führer ; ce qu'il a effectivement essayé de faire le 9. ........ à Munich.

Principaux résultats de l'enquête :

I.

L'accusé, lequel est de religion catholique romaine....

Note du Traducteur :

La suite du paragraphe est détruite, comme l'intéressé n'avait pas d'occupation fixe, il a pris la décision de devenir prêtre catholique.

Comme il avait une constitution faible, on lui a conseillé d'exercer une activité où il pourrait prendre des forces. De ce fait, il a appris d'abord le métier de jardinier à Rennes. Après son apprentissage, il est entré en 1934 au séminaire catholique à St Ilan près de St Brieuc (Dépt. : Côtes du Nord), afin d'y accomplir ses études en vue de devenir prêtre.

Une année plus tard, il a été admis dans ce séminaire le dessinateur industriel BAVAUD, né le 15 janvier 1916 à Neuchâtel {.Suisse), lequel voulait apprendre là-bas le métier de missionnaire. Celui-ci et l'accusé étaient étrangers l'un vis-à-vis de l'autre, car ils appartenaient à différentes classes du séminaire.

Seulement après une longue maladie, lorsque en octobre 1936, l'accusé a a été admis dans la classe de BAVAUD, ils se sont rapprochés l'un de l'autre.

Au cours des conversations qu'ils ont eu ensemble, l'accusé a essayé d'impressionner BAVAUD, et il lui racontait qu'il avait été élevé dans la villa d'un oncle très riche, le Député Pinault, lequel possédait un château à Pacé.

Ensuite, il a raconté qu'un de ses oncles avait entrepris un voyage en Russie, et à cette occasion, il lui a montré un album avec des vues en couleurs de Moscou.

En juin 1937, la première année scolaire était terminée et l'accusé et BAVAUD étaient restés dans la même classe au cours de celle-ci. Ils sont partis en vacances et en octobre 1937» ils sont revenus au séminaire.

Au cours de la nouvelle année scolaire, leurs relations sont devenues plus intimes.

Ils se sont liés d'une grande amitié et ont entrepris, des excursions avec d'autres camarades, à cette occasion, ils ont commencés à parler politique.......... quelques lignes illisibles.

A partir d'octobre 1937 l'accusé et BAVAUD, dormaient dans le même dortoir et leur lit était séparé de quelques pas l'un de l'autre. L'accusé a eu des remarques faites par ses camarades et par BAVAUD, que pendant son sommeil, il avait des rêves et qu'il parlait à haute voix en langue française. Parfois, il prononçait des mots incompréhensibles que les autres internes prenaient pour du russe ou du breton. Quelquefois, il a eu des crises de somnambulisme et au cours desquelles il criait et essayait de s'enfuir du dortoir. Des condisciples et des professeurs étaient obligés alors, de le maîtriser et de le mettre de force dans son lit.

Au cours de ces crises, il a prononcé des mots et des phrases entières. BAVAUD a été témoin en novembre 1937 d'un rêve au cours duquel l'accusé prononçait des paroles, lequel a considéré celles-ci comme un langage slave.

A la suite de ces questions, l'accusé a expliqué à BAVAUD, qu'il était d'origine russe et que son vrai nom était GERPOSKI.

Quelques temps après, l'accusé a à nouveau parlé pendant son sommeil et, BAVAUD a cru comprendre qu'il parlait de l'Empereur NICOLAS II, du Tsarévitch de Raspoutine et qu'il se désignait lui-même comme étant le neveu du Tsar.

Lorsque BAVAUD lui a raconté le jour suivant ces paroles, pendant son sommeil, celui-ci a dit que ses déclarations n'étaient pas fausses. D'après les déclarations de BAVAUD, l'accusé lui aurait parlé à cette occasion des détails concernant son ascendance, en y ajoutant des particularités fantastiques, il lui aurait également exprimé des idées politiques.

Il serait le fils du Grand Duc Michael Alexandrovitch, un frère du Tsar assassiné. Son nom actuel serait Grand Duc Dimitri, Marcel, Joseph, Romanov-Holstein-Gottorp.

Uniquement pour se soustraire à la G.P.U., laquelle a assassiné son père, il aurait utilisé le nom de GERBOHAY et il serait rentré au séminaire. la famille ROMANOV se serait fixé comme but de détruire le communisme et le judaïsme en Russie et de reprendre le pouvoir, comme Chef suprême de la famille Roumanov et après la restauration de celle-ci, i occuperait le trône.

Les pouvoirs militaires nécessaires à la destruction du Communisme sont à la portés des ROMANOV. Par ailleurs, ils possèdent une fortune immense qu'ils pourraient employer pour accomplir ce plan. Afin de reconquérir le trône russe, il faut provoquer une guerre entre l'Union soviétique et l'Allemagne; pendant cette guerre les Allemands doivent pénétrer en Russie et détruire le communisme à la suite de quoi, il sera en mesure d'obliger les Allemands à abandonner l'occupation du sol russe. Ensuite il sera en mesure de monter sur le trône des Tsars

Comme BAVAUD a déclaré ultérieurement, l'accusé lui aurait fait des confidences sous forme de secret, et la mis en garde de ne parler de cela à qui que se soit. BAVAUD aurait cru les racontars de l'accusé. Sous l'impression de la forte personnalité de l'accusé, il aurait admiré celui-ci comme le Maître de la Russie et il serait tombé sous son influence.

De ce fait, il aurait été prêt à le soutenir dans l'accomplissement de ces buts politiques.

L'accusé a déclaré qu'il ne savait pas si au cours d'un rêve, il a déclaré qu'il était membre de la famille impériale russe. Néanmoins, il n'a pas contredit les déclarations de son ami au sujet de ces rêves, et il a laissé croire à ses camarades qu'il était un Grand Duc Russe, de ce fait, il a obtenu grâce à cela, l'influence et le pouvoir sur ses camarades.

L'accusé se fiait au penchant et à l'amitié de BAVAUD. Tous les deux étaient liés par une amitié étroite, laquelle a amené parfois l'échange de baisers.

II

D'après les déclarations de l'accusé, se sont joints à lui et à BAVAUD, les élèves du Séminaire, tels que : le Roumain Mathias TOMANSKI, l'Alsacien Raymond BLENI, Fernand De COOLS de la Martinique, Emile JACQUOT de Paris, le Suisse Alexandre DESILVESTRI et le Français Emile ARRIBARD, ainsi que quelques autres.

Ils auraient comme l'accusé le dit discuté des questions politiques et ils se seraient occupés fréquemment et en particulier de la politique et de la personne du Führer, du peuple allemand. Au cours des leçons d'histoire, on leur aurait appris que le Führer ne serait pas l'ennemi du communiste et ceci ressortirait de son attitude envers le catholicisme et de la religion en général. C'est pourquoi ils ont tenu le Führer pour un ennemi de l'Eglise catholique et de la religion pour un pourvoyeur du Communisme. Il leur a paru également un ennemi dangereux pour la France, car ils n'ont jamais appris les efforts pour la paix qu'il a entrepris. Pour ces motifs, ils ont vu dans le Führer, le Satan incorporé et destructeur de l'humanité, et dans leur haine contre lui, ils ont créé une secte secrète dirigée contre le Führer et le Communiste et 1'on^intitulé "Compagnie du Mystère." La présidence de cette compagnie a été confiée à l'accusé. Le but de celle-ci était la lutte contre le communisme et en particulier agir par tous les moyens contre le Führer. Il faut protéger la France, contre son ennemi extérieur dans lequel ils ne voyaient que le Führer. Ils ont tenu cette compagnie secrète.

Pour vaincre le communisme, la "Compagnie du Mystère" voulait se servir du Führer.

C'est pourquoi les membres ont décidé en 1938 au séminaire de St-Ilan, que BAVAUD, lequel avait des parents en Allemagne, envisagerait un voyage pendant les vacances dans le Reich, pour qu'il obtienne une audience du Führer et qu'il le convainque de déclarer la guerre contre 1'Union-Soviétique/Russie.

De plus, ils ont convenu* que les autres membres de la secte quittent le séminaire et qu'ils se réunissent en dehors de l'école, afin de travailler pour les buts fixés.

Lors de la description de son séjour à St-Ilan, et de ses relations avec l'accusé, BAVAUD n'a jamais parlé de l'existence de la Compagnie du Mystère et de la décision de ses membres de l'envoyer en Allemagne pour qu'il se charge de résoudre les questions politiques.

D'après ces déclarations et celles de l'accusé, qui concordent, ils ont décidé tous les deux, au début des grandes vacances de juillet 1938, de quitter le séminaire et de se rendre à Rennes en empruntant le Chemin-de-Fer.

D'après les informations de BAVAUD, l'accusé lui aurait déclaré au cours de ce voyage, que tout ce qui lui a été raconté concernant sa descendance de la famille impériale de Romanov, et tout ce qui concerne ces idées politiques, étaient une invention de l'accusé, afin que BAVAUD se lie étroitement à sa personne. Il se nommerait effectivement, Marcel GERBOHAY. Mais il avait une telle façon de raconter les évènements, qu'il obtenait toujours de ses camarades, succès, gloire et argent. BAVAUD aurait été très surpris par cet aveu car il aimait beaucoup l'accusé, et du fait de cet amour, son amitié pour lui n'a pas été ébranlé.

De Rennes, l'accusé s'est rendu à Pacé pendant que BAVAUD a rejoint ses parents à Neuchâtel.

Grâce à un échange constant de lettres, tous les deux ont maintenu une étroite liaison.

Dans ces lettres, comme BAVAUD déclaré, l'accusé n'est pas revenu sur ces aveux prononcés dans le train. En septembre 1938, il aurait écrit qu'il était une haute personnalité, telle que le considérait BAVAUD, et que le moment venu il appellerait celui-ci afin qu'ils retournent ensemble en Russie. BAVAUD a déclaré qu'il avait cru à ses déclarations.

Il ressort des lettres de l'accuse que celui-ci a vu dans le Führer un obstacle pour l'accomplissement de ces idées politiques, car le Führer .ne désirait pas une guerre entre l'Allemagne et l'Union-Soviétique.

En même temps, il ressort des lettres de l'accusé, qu'il s 'attendait à ce que BAVAUD, du fait de sa passion pour lui, supprimerait l'obstacle.

Par suite des déclarations de l'accusé et de 3a décision, BAVAUD a voulu aider son camarade et a finalement pris la décision de tuer le Führer et de ce fait ouvrir la voie à l'accusé.

Il a informé l'accusé de son désir de supprimer l'obstacle, c'est-à-dire le Führer, celui-ci lui a immédiatement donné son accord. Lorsque dans d'autres lettres, BAVAUD lui a demandé des conseils, des directives et le nom des personnes pouvant l'aider, l'accusé lui a donné ordre d'agir seul.

Il a rassuré BAVAUD , en lui disant qu'il n'avait rien à craindre, compte tenu que celui-ci était sous sa sauvegarde. L'accusé a nié dans tous ses détails les déclarations précédentes. Après que BAVAUD  a reçu de la "compagnie du Mystère" l'ordre de se rendre en Allemagne pour demander au Führer une déclaration de guerre contre la Russie ; l'accusé a eu la conviction qu'il serait nécessaire de tuer le Führer afin d'accomplir leur plan, c'est-à-dire de détruire le communisme grâce à l'Allemagne, si celui-ci n'acceptait pas l'idée de provoquer une guerre contre l'Union-Soviétique. De ce fait, en tant que chef de la Compagnie du Mystère, il aurait donné l'ordre à BAVAUD, par lettre, de tuer le Führer s'il ne pouvait pas obtenir de lui, la déclaration de la guerre contre 1'Union-Soviétique L'ordre d'organiser un attentat contre le Führer , lequel a été donné par l'accusé à BAVAUD, sous une forme tout d'abord un peu brumeuse, ressort de sa propre déclaration. Il a adressé une lettre à BAVAUD à. Neuchâtel. et il a ajouté une feuille libellée comme suit :

"Cet homme est sous ma protection immédiate et n'a rien fait qui ne soit selon mes ordres:"

En Allemand :

Note du Traducteur :

Le texte Allemand correspond exactement au texte français ci-dessus.

A la fin de ce petit mot, l'accusé a mis un signe en croisant les trois lettres : A. R. et H. et en portant en dessous deux signes de croix. Il se serait servi de ces signes dans les autres lettres qu'il écrivait en tant que chef de la "compagnie du mystère". Ces lettres entrecroisées ont la signification suivante :

A = Amour envers la Patrie

R = Renoncement à soi-même>

H = Honneur

Par la déclaration de protection, l'accusé voulait tranquilliser BAVAUD au sujet de l'exécution du 2ème ordre, et lui donner le sentiment de sécurité et de confiance. L'accusé voulait faire comprendre à BAVAUD qu'il était son protégé et qu'il se tenait pour responsable de ses actes.

A la suite de l'influence de l'accusé sur BAVAUD, celui-ci a considéré qu'il était le chef de "la compagnie du mystère" et qu'il devait lui obéir. Etant donné que BAVAUD a considéré l'accusé comme le successeur du Tsar russe, le susnommé a décidé, au début d'octobre 1938, d'exécuter les ordres reçus et d'entreprendre un voyage en Allemagne. Il a fait prolonger la durée de validité de son passeport et il s'est procuré l'argent nécessaire pour entreprendre ce voyage, et cela en volant à sa mère, la somme de 600 F suisse.

Ensuite, il s'est rendu le 9 octobre 193$, de Neuchâtel à Bâle, où il s'est procuré une lettre de crédit de 555 R.M. et aussitôt après il a continué son voyage à Baden-Baden. Là-bas, il s'est rendu dans 1'appartement de sa grand-tante, l'épouse Caroline GUTTEHER, laquelle était en compagnie de son mari.

Il leur a dit qu'il était venu en Allemagne afin de trouver une possibilité de travail dans sa profession, c'est-à-dire comme dessinateur industriel. Lors des conversations sur la situation politique et économique de l'Allemagne, il a déclaré à ses parents qu'ils étaient un partisan du National Socialisme et un admirateur du Führer ; de sorte qu'ils n'ont eu aucun doute, et l'ont aidé à trouver un travail en Allemagne.

Par ailleurs, il a passé son temps à Baden-Baden où il s'est promené. De Baden-Baden, il a écrit plusieurs cartes postales et lettres. Dans celles-ci, il a informé l'accusé qu'en Allemagne il n'y avait aucune tendance actuellement pour une guerre contre 1'Union-Soviétique, d'autre part il a montré son admiration pour l'Allemagne, et il a évoqué un doute sur les idées de l'accusé.

Après réception de ces lettres, l'accusé a craint que BAVAUD n'accomplisse pas l'ordre qu'il lui avait été donné.

C'est pourquoi dans une lettre envoyée à BAVAUD, l'accusé lui a ordonné de continuer le plan déjà commencé.

La lettre est partie fin octobre 1938, et est arrivée chez les époux GUTTERER à Baden-Baden, elle était en langue allemande, comme suit :

"Cher Maurice"

Tes cartes et tes lettres m'ont procurées une grande joie, ce que tu me dis concernant l'Allemagne ne m'étonne pas du tout. Je crains que cette admiration ne soit néfaste pour le salut de ton âme. Sois prudent et suit les ordres de Dieu dans toutes tes affaires. Sache qu'aucune personne ne doit manquer à ses devoirs. "Dieu voit tout, il te voit aussi et il te protège".

Comme il me semble, tu as des doutes et tu considères comme de ton devoir de me faire connaître tes doutes, dans ces lettres qui ne sont pas écrites de ta plume. C'est cela qui me fait peur.

L'Allemagne est certainement grande mais ce n'est pas Dieu. Dieu est l'être suprême. Il peut réduire 1'Allemagne comme il 1a rendue grande. Ne l'oublie jamais afin que cette idée te soit profitable et que tu suives les prescriptions de Dieu.

Excuse la brièveté de ma lettre.

J'espère à bientôt.

Ton ami dans le Christ

Marcel

 

Cette lettre n'est pas parvenu à BAVAUD, car déjà le 20 octobre 1938, il avait quitté Baden-Baden pour se rendre à Bâle, dans un magasin d'armes, où il s'est procuré un revolver d'un calibre 6,35 avec 10 balles. Le même jour il a entrepris le voyage pour Berlin ou il est arrivé le 21 octobre 1938.

Il a pensé qu'il réussirait à Berlin de s'approcher du Führer , et ensuite d'exécuter celui-ci à l'aide de son revolver.

Il a loué une chambre meublée à Berlin et a acheté dans un magasin d'armes 25 autres balles pour son revolver. Par la suite, comme il a lu dans un journal français que le Führer ne se trouvait pas à Berlin mais à Berchtesgaden, il s'est rendu aussitôt là-bas, où il est resté jusqu'au 31 octobre 1938.

Pendant plusieurs jours, il a entrepris plusieurs promenades dans les environs de cette localité. Au cours de ses promenades, il s'est exercé à tirer avec le revolver, en tirant sur des arbres à une distance de 7 à 8 mètres, il a tiré au total 25 coups.

Par la suite, il a essayé de rentrer au Berghof du Führer , et il a demandé à un policier, comment était-ce possible de s'approcher au plus du Berghof . Le policier lui a expliqué qu'il n'y avait aucune possibilité sans passer par les barrages sur l'Obersalzberg, de parvenir aux environs du Berghof .

BAVAUD s'est lié d'amitié avec deux étudiants stagiaires qui travaillaient, Reuther et Ehrenspeck et leur a déclaré qu'il était un admirateur de l'Allemagne- Nationale Socialiste et du Führer et qu'il aimerait voir le Führer au moins une fois et avoir la possibilité de lui parler. Les deux étudiants qui croyaient que BAVAUD était un ami de l'Allemagne lui ont déclaré qu'il était pour ainsi dire impossible de parler au Führer , mais que celui-ci serait présent aux festivités le 8 et 9 novembre 1938 à Munich, de ce fait BAVAUD pourrait le voir. A cette occasion, Ehrenspeck a raconté qu'il y a quelques temps, il a très bien vu le Führer et cela à la suite de la marche du souvenir le 9 novembre et qu'il a séjourné au café "City", dans une rue très étroite.

Il pense que BAVAUD ne pourra être reçu par le Führer que s'il présente une lettre de recommandations d'une personnalité très importante. A la suite des indications de Reuther et Ehrenspeck: BAVAUD s'est rendu le 11 octobre 1938 à Munich et il est descendu dans un hôtel. Après plusieurs démarches vaines, il est quand même arrivé à recevoir dans un bureau, une carte d'entrée pour le 9 novembre, dans une tribune laquelle a été érigée à l'occasion de la "marche du souvenir", en face de l'église du St Esprit.

Quelques jours plus tard, il a acheté au total 3 paquets de balles du calibre 6,35 ainsi que quelques cartons représentants la cible, et le 6 novembre 1938, il s'est rendu à Ammersee. Il a loué une barque et a ramé jusqu'au milieu du lac, pour s'exercer à tirer au pistolet, sur les cibles qu'il avait déposées sur l'eau.

Il a repris ses exercices de tirs le 7 novembre 1938, dans une forêt près de Pasing, et cela sous une autre forme. Après son retour à Munich il s'est acheté un plan représentant les manifestations du 9 novembre, et il a dessiné "La Marché du Souvenir" sur un plan de Munich qu'il s'était acheté précédemment. Il s'est ensuite promené dans les rues pour déterminer la place la plus favorable pour l'accomplissement de l'attentat, et il a constaté qu'à côté du café "City", en raison de l'étroitesse de la rue, il y avait une bonne occasion. Finalement il a décidé que sa place à la tribune serait encore plus pratique pour accomplir l'attentat.

Le matin du 9 novembre 1938, BAVAUD est allé de très bonne heure à la tribune en face de l'église du St Esprit, de ce fait, il s'est placé au premier rang.

Il portait le revolver chargé dans la poche de son pardessus. Il avait l'intention de tirer sur le Führer au moment où le cortège passerait devant lui) et cela s'il avait la possibilité d'atteindre celui-ci. Toutefois, s'il n'arrivait pas à atteindre le Führer, il avait l'intention de courir en face des voitures officielles et de tirer sur le Führer.

Lorsque le cortège des participants à la "Marche du souvenir" s'est approché, BAVAUD a constaté que le Führer était au milieu de ses camarades, et que la distance était trop importante pour qu'il puisse tirer avec son revolver.

Un barrage des hommes de la S.A. a empêché BAVAUD de partir de la tribune et de s'approcher du Führer. De ce fait, il n'a pas pu accomplir son attentat.

Il a pris la décision de se procurer une lettre de recommandations, fausse, afin d'obtenir une audience auprès du Führer , et de le supprimer.

Il a préparé une lettre écrite à la main dont le contenu disait que le porteur Maurice BAVAUD devait remettre personnellement au Führer une lettre de l'Ancien Président du Conseil Français FLANDIN. Il a fait une -autre lettre dans laquelle il a introduit une feuille blanche. Sur l'enveloppe de celle-ci, il a porté les mots suivants : " Chancelier du Reich.".

Avec ces documents, il est parti le 10 novembre 1938 à Berchtesgaden d'où il s'est rendu à l'aide d'un taxi à  l'Obersalzberg. En arrivant, ii a été arrêté par la sentinelle de la gendarmerie, à laquelle il a déclaré qu'il devait remettre personnellement, une lettre au Führer . Lorsqu'il a appris que le Führer ne se trouvait pas à l'Obersalzberg, il est retourné à Munich afin d'y être reçu par le Führer . Afin de ne pas attirer l'attention sur lui, avec las lettres écrites à la main, il a loué une machine à écrire et a préparé une autre lettre, où il s'est déclaré comme étant une personne recommandée par le député français TAITTINGER.

Il a également fait les enveloppes nécessaires avec la machine à écrire. Avec ces lettres et le revolver chargé dans sa poche, il est entré, dans la matinée du 12 novembre 1938 dans la "maison Brune" à Munich.

Il a montré la fausse lettre de recommandation* aux gardes et il leur a dit qu'il devait remettre celle-ci, personnellement au Führer. Un des gardes a téléphoné au rédacteur compétent du service de BORMANN, le Directeur du Tribunal Régional Dr. Hanssen, et a laissé entrer BAVAUD dans " la Maison du Führer.

Le garde lui a fait savoir qu'on ne pouvait pas lui accorder une audience auprès du Führer. Lorsque BAVAUD a insisté pour être reçu personnellement par le Führer, le Dr. Hanssen lui a conseillé de se présenter à la Chancellerie du Reich.

Là-dessus, BAVAUD a quitté "la maison du Führer et s'est rendu à Bischofs wiesen, afin de se rendre à la Chancellerie du Reich.

En quittant*là gare de Bischofswiesen, il s'est rendu compte qu'il n'aurait aucun succès en allant à la chancellerie du Reich. De ce fait, il a repris le chemin du retour, mais il a pris un billet de Chemin de fer et uniquement jusqu'à Freilassing, afin de ne pas faire de grosses dépenses.

Mais il a continué son voyage au delà de Freilassing, il est descendu à Munich et de là il est monté dans une voiture de l'express pour Paris. Après le départ de Munich, il a été remis à la police des chemins de fer à Augsburg, car il n'avait pas de billet valable, et celle-ci l'a remis à la Police d'Etat. Lors de son arrestation, on a trouvé sur lui le revolver chargé de 6 balles et une enveloppe ouverte.

Dans celle-ci on a trouvé les déclarations de protection de l'accusé, une photo d'identité de BAVAUD, une photo d'identité d'un enfant et celle de l'accusé, que celui-ci a remis à BAVAUD. Au dos de la photographie, ont été marquées par BAVAUD les phrases suivantes, lesquelles expliquent ces relations avec l'accusé :

En Allemand :

"Je crois à ton étoile, nous sommes un corps, un cœur, une âme partout et pour toujours."

L'accusé a été informé plus tard de l'arrestation de BAVAUD. Il a écrit à son ancien camarade DESILDESTRI en Suisse, au sujet de cette arrestation, mais il n'a pas donné le véritable motif du voyage de BAVAUD en Allemagne. La lettre en allemand était comme suit :

Cher Ami,

Je pense qu'au moment de cette malheureuse affaire (il parle de l'arrestation de BAVAUD) tu n'étais plus en Suisse. Ce qui ne doit pas t'empêcher d'en informer Jaquot.

Je suis très étonné que tu fasses ton service militaire, car tes compatriotes conservent leur état ecclésiastique. Il y a de drôles de choses dans ce monde. Par ailleurs, j'admire ton patriotisme et je te comprends car toute ma vie, j'ai sacrifié mes penchants  mes idées en faveur de ma patrie adorée. Grâce à mes discours nocturnes dans le dortoir, je vous ai parlé de mon patriotisme encore plus vif que le tien, mais vous avez tous laissé  tomber, à l'exception de ce pauvre Maurice. Tu me poses une question au sujet de ce malheureux ami, à laquelle je vais te répondre : Quelle était la mission que tu lui as confié en Allemagne ? tout simplement, il devait apprendre la langue allemande, car je lui ai trouvé un emploi à Paris ou il y avait une condition, la connaissance de cette langue. Auparavant, je lui avait trouvé un travail chez un Comte russe, et pour ce travail, il devait également apprendre la langue des Boyards.

Mais son père sans le consulter l'a inscrit au bureau de recrutèrent militaire, ce qui a déplu à Maurice. Il voulait se faire réformer. Il m'a raconté sa peine et il voulait quitter la Suisse aussi vite que possible, ce qui a fait échouer tout mon plan prévu précédemment. Je lui ai donc conseillé de se rendre en Allemagne, d'où il m'a écrit le 9 octobre 193? de Baden-Baden. Il est revenu en Suisse à Bâle, et il m'a tenu informé de sa situation financière.

Il est même venu en France, malgré que son père le nie. Comme sa dernière lettre était envoyée d'Oberrhein, j'ai pensé qu'il se trouvait chez Blany, et j'ai donné le conseil au père de BAVAUD de lui écrire ce. qu'il a fait, mais sans succès.

Depuis, je suis sans nouvelles de lui, et je suis fortement inquiet comme toi—même.

Je suis d'autant plus inquiet que c'est moi qui lui ai conseillé d'aller dans le pays d'Hitler. Il s'est mis en relations avec une organisation anti-hitlérienne et a eu des histoires avec la Police. Ceci est très désagréable, mais les personnes qui m'ont décrit ces événements sont très optimistes en ce qui concerne le jugement. Je compte beaucoup sur eux dans cette affaire bizarre, ainsi :me sur la bonté de Dieu, que tu dois prier et appeler pour notre ami. Je compte également sur toi pour me tenir au courant de ce qu'on apprendra à la suite de cette affaire à Neuchâtel. Mais je te demande, néanmoins d'être très discret concernant cette affaire délicate, avec nos anciens condisciples de l'école. Un ami, qui comme toi espère des temps meilleurs.

Kristo in regno Xristi.

M. GERBOHAY.

 

En ce qui concerne son emploi du temps et son séjour de l'automne 1938 jusqu'à son arrestation par la Police allemande, l'accusé a déclaré ce qui suit :

En automne 1938, il est retourné pour la suite de ses études au petit séminaire de Châteaugiron, qu'il a quitté au printemps d^ 1939. A cette époque, il est retourné à Pacé où il a travaillé comme jardinier.

Il était en correspondance avec les membres "de la Compagnie du Mystère" et dans cet échange de lettres, il a surtout traité le combat contre l'hitlérisme" et le communisme.

Afin d'être en relations étroites avec ses amis, il s'est rendu en juillet 1940 chez Raymond Bleny à Pau. Ensemble, avec Bleny, qu'il a convaincu de déserter l'armée Française, ils ont retrouvé Mathias TOMAN3KY à Elizondo en Espagne.

Chez lui, ils ont séjourné pendant trois jours, et ont échangé des points de vue politiques.

A leur retour en France, Bleny et lui-même ont été arrêtés, ils n'avaient aucun papier d'identité, et il à déclaré être le fils du Général De Gaulle.

Après une incarcération de 2 mois, il a été libéré et s'est rendu à Annecy département "Haute-Savoie". Là-bas, il se serait inscrit sous un faux nom, auprès d'une organisation française de genèse?

"Les Compagnons de France". Quoiqu'il ait obtenu là-bas, une position de Chef, il a quitté Annecy après 7 mois, afin de retrouver Bleny.

A la suite de quoi il s'est rendu au Vernay. Là-bas, il a essayé d'obtenir des papiers d'identité valables.

Il a essayé de se rendre en France occupée. Après son premier essai il a été arrêté et renvoyé en en France non occupée, mais en août 1941, il a pu franchir la ligne de démarcation, afin de se rendre en zone occupée. Après, avec de vrais papiers, il est retourné en zone non occupée et il a habité à Nice où il s'est occupé de la propagande des "compagnons de France". Comme il a continué à se faire passer pour le fils de DE GAULLE, comme tel il a eu beaucoup de soutien, mais finalement il a été arrêté à nouveau. Bien qu'il n 'ait pas été condamné, il a été exclu des "Compagnons de France". En décembre 1941, il serait retourné à Pacé où il a été arrêté le 1er janvier 1942 par la Police allemande.

Les membres "de la compagnie du Mystère" se seraient affiliés à l'organisation "des compagnons de France". Ils seraient maintenant tous partisans du Führer, car ils ont reconnu entre temps qu'ils ont combattu le communisme.

IV

L'exposé des faits décrit dans le §11 ressort des déclarations faites par l'accusé, d'autre part des déclarations de BAVAUD, au cours de son interrogatoire par le Juge le 9 mai 1941.

Les déclarations de BAVAUD sont en contradiction avec ce qu'il a déclaré au cours de la séance du Tribunal du Peuple le 18 décembre 1939.

Comment a-t-il pris la décision da tuer le  Führer ?

Qui aurait conçu le plan de l'attentat, lui-même car il a eu cette idée à la suite d'un article paru dans la presse, et à la suite de ce qu'il a entendu au sujet des immigrants appartenant à la religion catholique, après cela il aurait tenu la personnalité du Führer comme un danger pour l'humanité, et en accomplissant l'assassinat de celui-ci, il aurait rendu un grand service à toute la Chrétienté.

Ces déclarations ont été niées par BAVAUD, au cours de son interrogatoire ultérieur du 14 et 15 février 1940 et par celui du juge d'instruction effectué le 9 mai 1941. Il a expliqué son attitude au cours de la séance du tribunal comme suit :

- Il n'a rien dit concernant la participation de GERBOHAY. Il a voulu protéger son ami "adoré" et obtenir une peine moins sévère pour lui-même. Il a pensé que le tribunal prononcerait une peine très lourde s'il avait constaté un complot ; mais si il se déclare comme étant le seul auteur, on le considérera comme un peu fou et il sera légèrement puni. Par ailleurs, il a cru que son ami le protégerait. Malgré les nombreuses différences dans les déclarations de BAVAUD faites en février 1940 et mai 1941 et celles de l'accusé dans la procédure actuelle ; il ressort que les déclarations de BAVAUD sont fausses lorsqu'il s'accuse d'avoir voulu tuer le Führer de son propre chef. L'accusé, en faisant un mauvais usage de la terrible influence qu'il avait sur BAVAUD, a convaincu celui-ci de tuer le Führer. Le motif de l'accusé était sa haine contre le Führer, lequel aurait été pour lui un ennemi mortel pour la France et le catholicisme. Il a pensé par ailleurs, que la mort du Führer aurait accéléré la guerre entre l'Allemagne et L'Union-Soviétique.

BAVAUD n'a pas pu mener à bien l'attentat qui à lui avait été confié, car il a été empêché par des circonstances inattendues. Mais il n'empêche que le 9 novembre 1938, il a commencé à préparer l'attentat et a provoqué un danger vis-à-vis du Führer et Chancelier du Reich. L'accusé est coupable d'avoir été l'instigateur de ce crime.

PREUVES :

I. Les déclarations de l'accusé :

Feuille 2/4, 8/9, 11/18 ;

II. Documents énumérés ci-après et d'autres preuves :

1. le document concernant l'interrogatoire de BAVAUD fait par le Juge d'instruction et effectué le 9 mai 1941. Feuille 1 74/87,

2. Le registre de condamnation concernant l'accusé.

II. Feuille Hulle I,

3. Le passeport de l'accusé.

4. La déclaration de protection trouvée chez BAVAUD. BA feuille Hulle 2 annexe 6 a,

5Lla photographie de l'accusé avec inscription BA I, feuille 8,

6. La traduction des lettres de l'accusé à BAVAUD, d'octobre 1938 ; et DESILVESTRI en novembre 1938.

BA I Feuille 47 et I feuille 63/65.

 

 

7. Le revolver de BAVAUD avec les balles et le matériel de nettoyage dans un paquet

8. L'acte III J M9/39 g du Procureur auprès du Tribunal Populaire avec le jugement qu'il contenait, du 2ème Sénat du tribunal populaire du 18 décembre 1939 contre Maurice BAVAUD..

Je demande :

de fixer la date de la séance du tribunal du Peuple, devant lequel doit comparaître Monsieur GERBOHAY ;

De maintenir l'incarcération en prévention et de désigner à l'accusé, un défenseur.

 

Signature illisible

 

Le Traducteur du Secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants

Traducteur assermenté

 

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