prev.gif (221 octets)
Page Témoignages

Le général Ramke :

Ed:15/03/05

 

Le général Ramke commandait une division de parachutistes et était le commandant d'armes de la forteresse de Brest pendant le siège en 1944.Il a été fait prisonnier par les Américains. Interné au camp de Clinton aux Etats Unis, il fut transféré en Angleterre avant d'être livré à la justice militaire française. Après un passage au camp de PGA 1101 de la route de Lorient, il a été incarcéré à la prison Jacques Cartier du 11 décembre 1946

Lettre écrite au camp de Clinton (USA) en décembre 1945)

Le général Ramke bourreau de Brest livré aux anglais à la Justice Française.

Le général Ramke et le libération de Brest

Témoignage sur l'exécution du colonel Reese et l"adjudant-chef Pörschler à Rennes (Extrait de son livre)

 

Traduction d'une lettre écrite en anglais par le général Ramke au camp de Clinton(USA) , trouvée sur le web(http://www.kilroywashere.org/04-D-JAN-POW-Raimcke.html)

Hermann Bernard RAMKE

Camp Clinton

Général Commandant les Troupes Parachutistes Le 25 décembre 1945

Dernier Commandant de la forteresse de Brest

P. G. No. 18878 Camp Clinton

à

Mr. Byron PRICE

Le Capitole,

Washington, D. C.

Cher Monsieur,

Profondément affligé par l’effondrement de ma patrie et son avenir sans espoir, et par les larmes versées par mes compatriotes infortunés, j’éprouve l’envie de vous écrire en ce jour de Noël passé dans le vide et la frustration d’un camp de prisonniers de guerre. Je sais que cela est interdit, mais les conséquences d’une telle action seront sans importance comparées à la souffrance que me cause le destin de mon pays. Je vous écris, suite au rapport que vous avez en partie publié, sur le voyage que vous avez effectué en Allemagne, en qualité de délégué spécial nommé par le Président Truman.

Profondément ébranlé par les conditions terribles régnant en Allemagne, vous exigez dans votre rapport que le plan de Morgenthau, qui a été qualifié de: " Plan sadique " par le Sénateur Eastland du Mississipi, dans son discours du 4 décembre 1945, soit entièrement abandonné. Ainsi, pour la première fois dans un monde plein de haine, se vengeant sur une nation vaincue, nous entendons une voix s’élever contre la politique actuelle visant le pillage et la destruction complète de l’Allemagne ; une voix qui signale les dangers menaçant la culture chrétienne du monde occidental si le plan de Morgenthau était exécuté.

Inutile de dire que ce traitement cruel d’une nation complètement sans défense, créera, après la cessation des hostilités, une nouvelle haine, profondément enracinée, qui empoisonnera tellement les 80 millions d’habitants de la nation que, inévitablement, ils embrasseront le communisme ou le nihilisme. Aussi, n’ai-je pas besoin d’insister sur le fait que la diffusion d’une telle haine n’apportera pas la paix durable tant désirée par toutes les nations du monde.Vous, Mr. Price, vous connaissez ces problèmes et à votre poste élevé vous pouvez , mieux que tout autre, évaluer le danger.

Dans son discours au Sénat, le 4 décembre 1945, le Sénateur Eastland du Mississipi a dit : " L’Allemagne et l’Europe de l’Ouest doivent par tous les moyens rester dans l’enceinte des peuples chrétiens et démocratiques, épris de liberté, qui ont adopté le système de la libre entreprise ". Le gouvernement des Etats-Unis exige comme condition préliminaire à une paix définitive en Europe, que la nation allemande toute entière soit rééduquée et convertie aux principes démocratiques.

Mais la leçon donnée à la nation allemande, après la cessation des hostilités, est-elle conçue de telle façon qu’elle puisse gagner le cœur des gens à cette idée ? Une fois déjà, en 1919, nous avons eu la République de Weimar, fondée sur des principes démocratiques et des élections libres, selon le souhait du président Wilson.

Les Allemands continuent à se demander pourquoi les démocraties occidentales ont refusé aide et soutien à l’Allemagne de Weimar tant acclamée. Pourquoi ne lui ont-elles pas insufflé la vie dont la République avait besoin pour que cette forme de gouvernement survive en Allemagne ? Au lieu de cela, l’Allemagne démocratique a été économiquement étranglée par les puissances Alliées pendant 13 ans, si bien que, par suite d’une misère croissante et du chômage, il ne restait plus que deux possibilités : " Soit le communisme, soit le national-socialisme ! "

Ce refus inconsidéré de toute aide ou soutien à l’Allemagne de Weimar par les démocraties occidentales, n’a-t-il pas été le germe et la cause de l’abandon du principe de Weimar par la nation allemande en 1933 et par conséquent la cause de la seconde guerre mondiale ? " Chat échaudé craint l’eau froide ", et les méthodes actuelles de pillage causant la faim et la pauvreté générale, ne convaincront pas les Allemands des avantages de la démocratie ! Mais cette politique à courte vue, que vous condamnez, n’est pas seulement adoptée en Allemagne occupée. Elle est appliquée même ici, dans votre pays libre, à l’égard des 440.000 prisonniers de guerre dont le traitement psychologique est entièrement mauvais.

Je suis persuadé que j’exprime ici les sentiments des prisonniers de guerre, puisque j’en fais moi-même partie et que pendant un long service de 40 années , ayant gravi les échelons du grade de Second aux pieds nus, dans la Marine Impériale Allemande, au grade de Général Commandant en Chef des Troupes Parachutistes de la 3e Armée, je connais bien les obligations de tous les grades et j’ai instruit et formé des milliers de soldats de tous métiers et de toutes professions, de tous âges et de toutes les classes sociales et les ai commandés, en temps de paix comme en temps de guerre. C’est pourquoi je considère qu’il est de mon devoir d’attirer votre attention bienveillante sur les faits suivants :

Pour satisfaire aux exigences de la rééducation de la nation allemande en ce qui concerne ses opinions politiques et afin que les Allemands soient familiarisés avec la signification réelle et les principes de la démocratie et de ses bienfaits, des cours sont donnés aux prisonniers de guerre allemands. Ils ont pour sujet la Constitution Américaine et les principes de la démocratie. Ces cours sont suivis assidûment par les soldats allemands, qui sont très désireux d’apprendre. Mais, contrastant avec ces cours , il y a cependant les faits, non déguisés, d’une réalité beaucoup plus impressionnante. Ces faits sont les suivants :

(1). Les conditions épouvantables régnant en Allemagne – après la cessation des hostilités – telles la mort en grand nombre des personnes faibles, des enfants et des nouveaux-nés, comme le rapporte la presse quotidienne, et le pillage, le viol, les déportations massives des régions où les Allemands ont vécu pendant le dernier millénaire ( c’est à dire en Prusse Orientale, Silésie, territoire des Sudètes ). En plus de la prise des propriétés de l’état, sévit aussi le pillage des propriétés privées comme par exemple une filature, le cheval d’un paysan, une œuvre d’art héritée pendant des générations, ou l’outillage d’un salon de coiffure pour dames ( envoyé à la maison par un G. I. comme souvenir)

(2). Les reportages de presse désagréables, avec photographies, sur l’exécution du général Dostler, qui, suivant les ordres reçus du Fuhrer et selon une coutume internationale de tuer les francs-tireurs, ordonna d’exécuter 14 soldats américains qui, habillés en civil, avaient commis des actes de sabotage derrière les lignes. D’autre part, la même presse rapporte qu’un soldat américain d’origine italienne, du nom de Bertucci, a – après la cessation des hostilités – fait irruption, mitrailleuse en mains, dans une caserne pleine de prisonniers de guerre allemands, pendant que ces derniers étaient endormis et a tué 8 hommes sur le coup, blessé mortellement 6 autres et causé des blessures graves à 8 autres. Le soldat ci-dessus mentionné , qui, selon le rapport du journal, n’avait jamais été au front excepté comme membre d’une équipe au sol sur un terrain d’aviation en Angleterre, a déclaré cyniquement qu’étant un ennemi juré des Nazis, il recommencerait tout avec plaisir. Cette déclaration cynique a été rapportée par le journal comme une sorte de justification de son crime. On ne connaît pas de jugement qui ait eu lieu sur cette affaire. Et il a même été mis en liberté, selon les derniers rapports. " Où est la justice démocratique qu’ils nous enseignent ? " demandent les prisonniers de guerre allemands, en mettant dans la balance les deux cas relatés ci-dessus.

(3). L’arrêt de toute correspondance entre les prisonniers de guerre et leurs familles après la fin des hostilités et le blocage du courrier arrivé depuis longtemps d’Allemagne. Les mesures ci-dessus qui sont contraires à la Convention de Genève, sont considérées par les soldats comme des mesures de supplice, la terrible incertitude concernant le sort des familles étant la peine la plus grande dans la vie difficilement supportable d’un prisonnier de guerre. L’explication donnée que l’absence de courrier était due aux dégâts causés au système de transport en Allemagne n’est plus valable 8 mois après que la guerre soit terminée. Quantité de soldats ( prisonniers de guerre depuis l’été de 1944 ) n’ont pas reçu de courrier du tout, de régions qui n’étaient pas affectées par la guerre.

(4). Après l’effondrement de l’Allemagne, les prisonniers de guerre ont été officiellement informés qu’ils continueraient à être considérés comme tels et traités en conséquence. Cependant, quelques jours plus tard, au commencement de mai 1945, les mesures sévères qui suivent ont été annoncées :

(a). Réduction des rations de nourriture pendant les mois de mai à octobre 1945, au point que, en moyenne, tous les prisonniers ont perdu de 25 à 41 livres de poids et peuvent à peine se tenir sur leurs jambes, tout en travaillant durement sur le projet du Mississipi. Les généraux qui sont plus âgés sont devenus de vrais squelettes. Le peu de viande distribué est constitué uniquement de déchets. Les chauffeurs noirs qui apportent ces vivres disent que c’est une honte que de tels déchets de viande soient offerts à des prisonniers de guerre dans la riche Amérique. C’est seulement avant la visite annoncée par des représentants de la Croix Rouge Internationale pour le début de novembre que les conditions se sont améliorées.

(b). Privation complète de tabac et de cigarettes de mai à juin, et ensuite réduction des rations de tabac à 55 grammes par semaine jusqu’en décembre.

(c). Privation de tous objets de luxe ou à usage quotidien, de même que des rafraîchissements, dont le manque s’est fait particulièrement ressentir pendant la période chaude de l’été, dans un climat auquel les prisonniers ne sont pas habitués.

(d). Interdiction de pratiquer tous les sports et jeux pendant une période de 4 semaines. La question suivante se pose  : " Tous ces faits et toutes ces mesures sont-ils des moyens adéquats pour que 440.000 prisonniers de guerre deviennent des adeptes des principes démocratiques dont ils sont destinés à être les apôtres à leur retour en Allemagne, venant de la libre Amérique, le pays où est né la démocratie ? " C’est le contraire qui est en train de se réaliser. Ne soyez pas induits en erreur par le fait que la majorité des prisonniers de guerre ont déjà suivi le cours mentionné ci-dessus sur l’histoire de l’Amérique et de la Constitution et reçu leurs diplômes. La plupart d’entre eux suivent ce cours comme un passe-temps et parce qu’ils désirent apprendre, et aussi parce qu’ils ont peur de devoir rester plus longtemps dans les camps s’ils ne le suivent pas. D’autre part, les quelques uns, qui, voyant le traitement honteux infligé à leur pays, l’abandon de tout amour-propre, et le déshonneur de leurs foyers, " se dirigent dans le sens du vent " avec une vénération et un respect certains, sont toujours, comme l’expérience le montre, les personnes plus faibles sur qui on ne peut pas compter et dont l’aide ou la collaboration ne serviront pas la cause des autorités d’occupation ou dans la durée celle des hommes. Et en ce qui me concerne, je me permets d’affirmer que les Américains faits prisonniers dans la forteresse de Brest, que, fidèle à mon serment, j’ai défendue jusqu’au bout ( comme votre Général Wainwright l’a fait dans le Corregidor ), ont été traités décemment.

Le personnel médical qui franchissait nos lignes par temps de brume était renvoyé , accompagné d’un officier. Nous nous sommes occupés des blessés américains de la même façon que de nos propres soldats, et les biens des morts ont été rendus par un officier. Afin de ne pas les laisser sous le feu de leurs propres compatriotes, nous avons transporté nos 400 prisonniers de guerre de la forteresse, autour de laquelle une bataille faisait rage, dans les conditions les plus difficiles et même sans tenir compte de nos propres besoins, jusqu’au village où était situé l’hôpital, et qui s’appelait Le Fret et était supervisé par la Croix Rouge. C’est le général Middleton, Commandant américain des Troupes de Brest, qui m’a personnellement exprimé ses remerciements.

Je suis profondément convaincu que tous les autres commandants allemands ont agi de la même façon et que les prisonniers de guerre américains en Allemagne ont été traités selon la Convention de Genève, autant que les circonstances le permettaient. Cependant, après la destruction par des actions militaires de tous les moyens de transport, cela a pu s’avérer impossible ; de même qu’il n’était pas possible de ravitailler nos ressortissants allemands.

En décrivant notre attitude, qui est la seule que j’approuve, je ne veux pas parler " pro domo ", mais seulement exprimer ma surprise devant la manière dont les soldats allemands qui n’ont fait que leur devoir, sont traités dans la libre Amérique, après la cessation des hostilités.

Dans le rapport que vous avez publié, vous demandez à vos compatriotes de changer la politique d’oppression adoptée en Allemagne et basée sur le plan Morgenthau, afin que la civilisation occidentale puisse être sauvée d’une destruction complète. Profondément affligé et désirant dans la mesure de mes moyens contribuer à apporter plus de compréhension entre les nations, j’estime que je suis appelé en ce jour de Noël à vous faire connaître les sentiments des prisonniers de guerre allemands, qui, à cause de mesures à courte vue, sont mis dans une disposition d’esprit et une attitude qui constituent un danger pour la coopération générale dans le travail de reconstruction et de préservation de la paix dans le monde chrétien occidental. Je souhaite que ce qui précède puisse vous suggérer ce qui devrait être fait dans ce pays pour mettre fin à la politique du " œil pour œil, dent pour dent ", afin d’amener une bénédiction aux chrétiens et un avenir paisible aux nations, vœux bien exprimés dans le vieux message de Noël : " Paix sur la terre et que les peuples soient heureux ".

Je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de ma considération distinguées

Général Ramke

Commandant les Troupes Parachutistes.haut.gif (474 octets)

 

"Le général Ramke bourreau de Brest livré aux anglais à la Justice Française. Il a été écroué jeudi à Rennes.

Ouest France du  14-15/déc 46

Rennes 13 décembre- Une nouvelle qui fera plaisir aux brestois: Le bourreau de leur ville, le général de division Ramke qui, après été fait prisonnier par les Américains, avait été interné en Angleterre dans un camp de prisonniers, vient d'être livré à la justice militaire française.

La preuve a été faite, en effet, grâce aux documents et aux témoignages irréfutables amassés par les services du tribunal militaire de la 3 ème Région que dirige le colonel Rondreux, que le général Ramke ne devait pas être considéré comme un simple prisonnier mais comme un criminel de guerre chargé d'une lourde responsabilité.

Le général Ramke commandait une division de parachutistes et était le commandant d'armes de la forteresse de Brest pendant le siège. C'est en cette qualité qu'il est considéré comme le responsable de l'incendie de Brest et du martyre qui fut infligé à la population brestoise dans les dernières semaines de l'occupation. il a été conduit à Rennes dans la journée de jeudi et écroué à la prison Jacques Cartier"

.haut.gif (474 octets)

 

Informations recueillies sur le site: http://www.emperi.com/furia/articles/coree/2di-2gm.htm#brest  

La libération de Brest 

Le 19 août 1944, la 2ème DI commandée par le Général ROBERTSON rejoint de nuit le VIIIe Corps d'Armée U.S. à LANDERNEAU, côté Est du dispositif qui doit permettre de prendre la ville de BREST. La 8ème Division s'installe à PLABENNEC et la 29ème au Sud de LANNILIS.

La prise du port facilitera l'arrivée des approvisionnements nécessaires à la marche en avant des Forces Alliées, mais la ville de BREST et ses environs étaient très fortifiés car au cours des quatre ans d'occupation, les Allemands avaient renforcé les défenses de casemates, de fossés antichars, de champs de mines, se superposant aux vieilles défenses datant de deux cents ans, le tout complété par un réseau de batteries anti-aériennes.

La mission du Général allemand Von RAMCKE, qui s'était retranché dans la ville avec 50.000 hommes, dont 4.000 parachutistes de la 2ème Division de Parachutistes allemande, était de tenir trois mois afin d'immobiliser le plus grand nombre possible de troupes américaines....

Le 21 août, la 2ème D.I. relève les Forces Françaises de l'intérieur du Groupement Finistère et la 6ème Division Blindée U.S. Mais avant l'attaque de BREST par les trois divisions, le 38ème Régiment d'Infanterie, entre le 23 et le 30 août, se rendit maître de la presqu'île de DAOULAS et de la cote 154 qui domine la ville.

L'offensive commença le 25 août. La division s'efforça de réduire les points d'appui avancés. Le 4 septembre, la ligne extérieure de défense ennemie est percée. Le 8, les trois régiments, reprenant l'attaque, s'enfoncèrent plus profondément dans la ville; la résistance allemande est toujours aussi vive, la progression se fait maison par maison. Le 13 septembre, la 8ème D.I. fait mouvement sur la presqu'île de CROZON dont les batteries ennemies canonnent BREST, laissant ainsi la 2ème DI et la 29ème DI terminer le siège de la ville. Le 15, l'artillerie de la division harcela 24 heures sur 24 les positions de l'ennemi à l'intérieur du mur d'enceinte de la cité. Le 16, malgré la résistance opiniâtre des Allemands, la muraille édifiée par Vauban avec son large fossé représentant l'obstacle le plus redoutable, fut atteinte par la division qui y pénétra le 17.

Le 18 Septembre 1944, sur la Place Wilson, le Colonel allemand commandant la place de BREST se rendit au Général commandant la 2ème D.I. Durant la Bataille de Brest, le VIIIe Corps d'Armée fit 37.382 prisonniers dont un tiers au compte de la Division. La Ville et ses installations portuaires était très endommagées. Le 3ème Bataillon du 23ème Régiment d'Infanterie reçut cette citation pour sa participation :

"La conquête de BREST reste un des plus grands faits d'armes de la Division
Ce fut un exploit parfaitement planifié et exécuté.
La Deuxième Division d'Infanterie se heurta à une défense de la forteresse
minutieusement préparée et appliquée."

Mais la Grande Unité perdit plus de 2.000 hommes dans ces combats.

haut.gif (474 octets)

 

Le Gal Hermann Bernhard Ramke (Général des parachutistes) a été fait prisonnier par les Anglais . Après passage au camp de PGA 1101 de la route de Lorient, il a été incarcéré à la prison Jacques Cartier du 11 décembre 1946 au ?/ 1948. P.G.A. n° 1 285 079, il y remplissait les fonctions d'homme de confiance. Il a ensuite séjourné à la prison du Cherche-Midi  où il a dû être jugé ?  Il a écrit un livre édité en 1952, intitulé : "Fallschirm jäger damals und danach"  

TRADUCTION (par M. Delanoë, prof. d'allemand St Lunaire) des pages 130 /131/132 du livre du Général Ramke, où il parle de son passage à la prison Jacques Cartier à RENNES :

Jugement le 12 mai 1947 : Colonel Reese, condamné à mort....

...Les deux condamnés à mort se rendent jusqu'à l'exécution de la sentence dans la soi-disant cellule des candidats à la mort. Ils portent des chaînes lourdes à leurs pieds. Devant la trappe ouverte est assis constamment un gardien et il surveille chacun de leurs pas. Pour le porte-drapeau Bosse et l'adjudant-chef Hartmann, ce supplice dura pendant six mois.

Avant que l¹adjudant-chef Hartmann, le 1er Juillet 1947 et le porte-drapeau Bosse le 12 août 1947 se rendent au lieu du jugement, ils exprimèrent comme dernière volonté de s¹entretenir avec moi. Ils le firent devant les yeux de leurs bourreaux dans une attitude exemplaire. Profondément émus, je leur parlais au nom de tous leurs camarades. Ils sont allés vers la mort dans un maintien fier en refusant d¹avoir les yeux bandés.

Le jugement du Colonel Reese et de l'adjudant-chef Pörschler fut exécuté le 11 octobre 1947 et voici ce que j¹ai écrit à cette occasion dans mon carnet :

Aujourd'hui 11 octobre 1947, vers six heures du matin, je suis réveillé. Dans la cellule n°23, est entré le traducteur français bien connu du tribunal militaire de Rennes, le Professeur Morice et il me fait part que le colonel Reese et l'adjudant-chef Pörschler ont été tous les deux condamnés à mort par le Tribunal militaire de Rennes le 12 mai 1947 et qu¹ils doivent être fusillés.Tous les deux avaient exprimé comme dernier souhait de pouvoir me faire leurs adieux.

Je m'habillais et je fus appelé quelque vingt minutes plus tard dans le couloir. Sous le grand escalier se tenait le colonel Reese et l'adjudant-chef Pörschler et à côté d'eux leur avocat français. Des deux côtés, et derrière eux, il y avait de dix à douze officiers français. Parmi eux, le Capitaine Heurtel que je connaissais bien et plusieurs officiers du Tribunal de Rennes que j¹avais déjà vu présents à l'exécution de Hartmann le 1er Juillet et de Bosse  le 12 août. En plus, il y avait le surveillant chef de la maison d¹arrêt, un Brigadier et plusieurs gardes.

Le colonel Reese s'avança vers moi et me dit avec une légère inclination de tête et une voix ferme : "Mon Général je vous annonce que je vais être fusillé. J¹ai toujours fait mon devoir en tant qu¹officier soldat et je saurais mourir en tant que tel. Saluez s¹il vous plaît tous mes camarades.  Puissent-ils garder un bon souvenir de moi" .

Le Caporal Pörschler s'avança dans une attitude droite, les yeux brillants et d¹une voix claire, il dit : "moi, adjudant-chef Pörschler, je vous annonce mon  Général que je vais être fusillé. Mon Général, j¹ai toujours fait mon devoir pour mon Pays en tant que soldat et en tant qu¹officier et j¹ai toujours  ponctuellement exécuté les ordres donnés. Je suis sans faute de ce point de vue. je saurais mourir en soldat. je vous remercie mon Général pour votre camaraderie et pour la sollicitude que vous avez eue pour moi. S¹il vous plaît, saluez tous mes camarades. Puissent-ils ne pas m¹oublier".

Puis, le colonel Reese s¹avança vers moi encore une fois et me dit de même avec une voix claire et un maintien fier "moi aussi je vous remercie mon Général pour votre sollicitude et votre camaraderie sans faille"

Je répondis avec une voix si forte que les camarades allemands qui habitaient les cellules du couloir d¹en-dessous purent entendre ce qui allait être dit : "Colonel Resee, pendant trente cinq ans et vous adjudant-chef Pörschler  pendant douze ans, vous avez servi votre Pays aussi bien  en temps de Paix qu¹en temps de guerre, vous avez été fidèle à votre drapeau et prouvé lors de multiples batailles et combats.que vous avez appris non seulement à donner des ordres, mais aussi avant tout à obéir. Tout soldat et tous ceux qui ont appris à mieux vous connaître savent qu¹il vous a été difficile en tant qu¹homme, de donner l¹ordre d¹exécuter quelqu¹un pour la même raison pour laquelle vous êtes condamné aujourd¹hui. Mais nous sommes les vaincus et le mot "Vae victis" ( Malheur aux vaincus) prononcé il y a deux mille ans, a aujourd¹hui une signification bien lugubre. Nous devons accepté notre destin et nous devons le supporter comme soldats. Votre comportement de soldat devant la barre du tribunal n' pas seulement fait l¹admiration de vos camarades allemands ici présent, mais aussi celle de vos adversaires. Lorsque dans un instant, pour la dernière fois, vous traverserez le couloir, faites-le la tête haute et avec le sentiment d¹avoir fait votre devoir. Au nom des quatre-vingt camarades allemands et de vos compagnons d¹infortune, je vous salue. On ne vous oubliera pas. Les sentiments de votre pays vous accompagnent. Je suis convaincu que vous saurez mourir en soldat."

Le colonel Reese et l"adjudant-chef Pörschler répondirent avec une voix forte et sans un tressaillement du visage : "Jawobl (oui) Mon Général, nous saurons mourir en soldat" Et Pörschler  continua "il ne faut pas qu¹ils me voient faiblir"    Je reçus de  la part de tous les deux une dernière poignée de main bien forte et ils s¹en allèrent avec une attitude digne vers le lieu de l¹exécution.

Les avocats français qui étaient à côté de moi avaient les yeux plein de larmes et le visage blême. Les soldats, les officiers français gardaient un silence plein de respect jusqu¹à ce que tous les deux se dirigent vers le lieu de l¹exécution.

Une demi-heure plus tard, éclata à l'extérieur une salve mortelle qui emportait la vie de ces deux hommes courageux, deux ans et demi après le cessez-le-feu

                       Hermann Bernhard Ramke

                        Général des parachutistes

 

Page Témoignages haut.gif (474 octets)