prev.gif (221 octets)

Témoignage de Mr MACHARD de Guichen, intendant à la caserne du Colombier du 20/12/45 au 27/3/46

 

"Durant la guerre, j'étais à Guichen. Je suis arrivé en camion à Rennes, avec d'autres, en 1945, et nous avons eu à connaître à la fin de l'hiver, les P.G.A. Russes blancs, qui étaient au camp de la Marne. Ils paraissaient libres. Ils descendaient le soir, tout habillés en Américain,  en vlle, vendaient leurs tenues, remontaient avec du schnaps, et se faisaient rhabiller le lendemain, et ça marchait comme tout l'hiver, pendant que nous-mêmes, n'étions pas habillés; un blouson, un pantalon, les derniers arrivés n'avaient rien,  sauf une "sten" entre les mains.

Il y avait donc entre nous une certaine tension et l'on ne s'y frottait  pas beaucoup. Fin mai, peut-être début juin, la veille d'une grande fête des Américains dans Rennes, on a vu arriver les P.G.A. de la poche de Lorient, qu'on était allé chercher au Fort de Penthièvre, pour les amener à la caserne du Colombier. Il y avait parmi eux de hauts gradés. Au total une dizaine de camions de 20 à 25 P.G.A. (donc 200 à 250 P.G.A environ). Pour les faire descendre des camions, il y en a qui tapaient dessus. Pourtant,à l'arrivée, la Croix Rouge internationale était déjà là.

On a mis les hauts gradés dans les cellules de la pison, à la place des taulards. Les autres P.G.A. ont été logés dans un autre bâtiment près de la butte des fusillés Ils étaient gardés par la Compagnie de garnison. Pour la sécurité, on a fait l'inventaire de leur paquetage. Le capitaine Morice rappelé à l'activité, professeur d'allemand au Lycée de Rennes, dans le civil, servait d'interprète. A titre d'anecdote, on trouve dans un paquetage du plus haut gradé, un bâton noir au bout d'un fil et une prise de courant. On ne savait pas comment appeler cela pour mettre le mettre dans le rapport. C'est le capitaine Morice qui a pu identifier l'engin; c'était un rasoir électrique.

Ces gens là ont dû être interrogés, mais ayant été nommé ailleurs, je n'ai pas su la suite. Dommage car, ayant une formation de cadre, je logeais au bâtiment de l'Horloge. De là on voyait bien ce qui se passait .Vers le 20 décembre 1945, on m'a rappelé à la caserne du Colombier pour mettre de l'ordre. J'ai été  nommé par le Commandant responsable des approvisionnements et de la distribution., en même temps que 4 chefs cuistots, chargés chacun de monter une cuisine.

 Parmi les gens à nourrir, on comptait à ce moment là 550 P.G.A. qui travaillaient (en commandos) pour le Génie et construisaient des bâtiments dans le Colombier. Ils logeaient alors dans les caves de la garnison. Ils avaient ici, la même nourriture que la troupe Française. Cette nourriture venait de l'Intendance Militaire de la route de Lorient et d'ailleurs. Le financement était de 53 Frs de l'époque, tout compris par rationnaire (chauffage, entretien, nourriture...) soit 26/27 Frs pour la nourriture pour chaque Homme. Ils faisaient eux-mêmes leur popote et c'était très bien tenu.

Il fallait aussi nourrir en même temps les les P.G. Français qui rentraient d'Allemagne.. A leur descente du train, sur les quais de la gare, une dizaine de roulantes les attendaient et la Cie de Q.G. (P.G.A.) y avait été affectée. Dans le Colombier même, il n'y avait pas de problèmes de malnutrition (notés ailleurs), malgré des malversations en matière de ravitaillement à Rennes; Par exemple, parmi les fournisseurs de la troupe, il y avait l'O.C.A.D.O. (Office Central d'Approvisionnement des Denrées Ordinaires. qui était situé derrière l'abattoir de l'époque. et qui était dirigé par un haut gradé.Il y a eu de  grosses bêtises de faites  (la presse locale en a parlé!/voir ADIV éventuellement ! )

La question du pain : Les P.G.A. du Colombier avaient les mêmes rations de pain que les militaires français. soit 450 Gr. par jour, alors que la ration civile n'était que de 250 ou 270 Gr. par jour. Il y avait une boulangerie militaire importante du côté du camp de la Marne, que je ne peux situer exactement; telle a été la situation que j'ai connue, tant que j'ai occupé ces fonctions, entre mon arrivée le 2O décembre 45 et le 27 mars 46, date de ma démobilisation
."


haut.gif (474 octets)

Page Témoignages
 

Ed:15/12/17