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Témoignage de M. AUVRAY de Vezin le Coquet( 6/6/2000)

Ed:15/03/05

 

"Je suis moi-même ancien prisonnier de guerre. J’ai été libéré par les Russes début mars 1945 en Poméranie et je ne suis rentré en France que fin Juillet 1945.

J’avais été condamné à 3 ans de forteresse par le Tribunal Militaire Allemand à Coblence pour avoir eu une relation amicale avec une jeune femme allemande. J’ai été en forteresse en Pologne à Graudenz en novembre 1944. L’offensive Russe ayant eu lieu en janvier 1945, il a fallu partir sac au dos dans la neige.

Au cours de l’évacuation, j’ai réussi à m’évader et à passer dans le secteur Russe et je ne suis rentré en France qu’en Juillet 1945. On a séjourné à Landsberg sur la Warthe et puis après dans un camp à côté. On nous a embarqué en Russie alors qu’on croyait aller à Odessa pour embarquer vers Marseille et on s’est retrouvé dans un camp à Staraje Doroghy à côté de Minsk, dans les marais du Pripet, ou l’on avait des moustiques du matin au soir.

Enfin on est reparti le 2 Juillet de la-bas et je suis arrivé le 24 à Rennes. Je suis venu ici à la caserne du Colombier pour la régularisation de ma situation militaire et j’ai continué dans l’armée. J’ai signalé que je parlais et lisais correctement l’allemand et j’ai été affecté le 1er octobre 1945  comme interprète à la Direction Régionale des PGA. Mon corps de rattachement était la Cie du Train. La DRPGA était située place Hoche ou il y a maintenant la Faculté des lettres, actuellement CROUS. L’État-Major était là avant de s’installer à la caserne Marguerite

Quand j’y suis arrivé c’était le Colonel Guy qui était responsable de la DRPGA. Il a été remplacé par le Colonel de Rosmorduc et non par le Capitaine Auguin, comme indiqué dans votre livre. par un autre témoin. Le premier travail que j’ai eu à faire  c’était d’exploiter deux ou trois cartons de courrier allemand en souffrance depuis plusieurs mois ; c’était des  cartes que tout prisonnier envoie au début de sa captivité juste pour dire qu’il est prisonnier. Il fallait mettre un cachet de censure dessus et les expédier

Il y avait pas mal de recherche de criminels de guerre. On recevait des listes de la Direction de Paris et je me rendais dans les baraquements administratifs des camps 1101, 1102 et de la Motte aux Chanceliers.pour consulter les fichiers de PGA pour voir si les criminels recherchés s’y trouvaient.

Le temps que j’ai exercé ces fonctions, le camp 1101 c’était le camp de la Marne et le camp 1102 était situé en face du restaurant de la ville en Pierre, c’était le plus grand camp. Le château de la Motte était situé à l’emplacement du pont de la rocade de la route de Lorient et le camp de la Motte dit des criminels de guerre était situé à l’emplacement des établissements Lecerf, aliments pour bétail

Souvent j’avais l’occasion d’accompagner des officiers de la Justice Militaire qui instruisaient des affaires concernant des officiers ou hommes de troupe PGA qui étaient internés au camp de la Motte aux Chanceliers  et qui étaient impliqués. C’est comme ça que j’ai connu ce camp là., mais je n’y séjournais pas et je n’ai jamais circulé à l’intérieur du camp.

Fin octobre 1945, j’ai reçu une note me disant que j’étais affecté aux fonctions d’interprète au Tribunal Militaire Rennais ou à ce moment trois officiers allemands étaient jugés. C’était le 29 ou le 30 octobre 1945.. C’était le deuxième épisode d’un procès. Le premier avait eu lieu au mois de juillet. J’avais lu le compte-rendu dans la presse à mon retour : Le Colonel allemand Hillebrand, l’ adjudant Léonard et trois hommes de troupe avaient été jugés en Juillet. Comme témoins ils avaient trois autres officiers un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant allemand. (ils étaient jugés pour exécution sommaire dans la poche de Lorient) Tous les cinq ont été condamnés à mort. je ne me souviens plus du nom de ces officiers.

Les trois officiers avaient chargé leurs collègues au procès de Juillet, Mais les condamnés ont fait de nouvelles dépositions et il y a eu un supplément d’instruction. Au mois d’octobre les témoins de Juillet sont revenus comme accusés et les condamnés de Juillet sont revenus comme témoins. Ils ne se faisaient pas de cadeaux. J’assurais les fonctions d’interprète au Palais de Justice ce jour-là, en alternance avec M. Morice professeur d’allemand au Lycée Emile Zola. Le soir j’avais là-aussi trois condamnations à mort à annoncer. Cela faisait donc au total huit condamnations à mort. Sur ces huit condamnations à mort, il n’y a eu que six exécutions qui ont eu lieu à l’ancien stand de tir qu’il y avait à la Touche le long de la voie ferrée

Un jour, au mois d’avril 1946, il est arrivé à la DRPGA une décision ministérielle concernant l’encadrement des PGA, dans la direction ou dans les camps. il fallait que ce soit des militaires relevant de l’infanterie et moi je dépendais de l’artillerie. J’ai donc quitté la DRPGA pour l’État-Major de la Région qui était encore place Hoche avant d’aller à Marguerite. C’était la fin de mes  fonctions comme interprète au service de la DRPGA "  

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