"Je suis moi-même ancien prisonnier de
guerre. Jai été libéré par les Russes début mars 1945 en Poméranie et je ne
suis rentré en France que fin Juillet 1945. Javais été condamné à 3 ans de forteresse par le Tribunal Militaire Allemand à Coblence pour avoir eu une relation amicale avec une jeune femme allemande. Jai été en forteresse en Pologne à Graudenz en novembre 1944. Loffensive Russe ayant eu lieu en janvier 1945, il a fallu partir sac au dos dans la neige. Au cours de lévacuation, jai réussi à mévader et à passer dans le secteur Russe et je ne suis rentré en France quen Juillet 1945. On a séjourné à Landsberg sur la Warthe et puis après dans un camp à côté. On nous a embarqué en Russie alors quon croyait aller à Odessa pour embarquer vers Marseille et on sest retrouvé dans un camp à Staraje Doroghy à côté de Minsk, dans les marais du Pripet, ou lon avait des moustiques du matin au soir. Enfin on est reparti le 2 Juillet de la-bas et je suis arrivé le 24 à Rennes. Je suis venu ici à la caserne du Colombier pour la régularisation de ma situation militaire et jai continué dans larmée. Jai signalé que je parlais et lisais correctement lallemand et jai été affecté le 1er octobre 1945 comme interprète à la Direction Régionale des PGA. Mon corps de rattachement était la Cie du Train. La DRPGA était située place Hoche ou il y a maintenant la Faculté des lettres, actuellement CROUS. LÉtat-Major était là avant de sinstaller à la caserne Marguerite Quand jy suis arrivé cétait le Colonel Guy qui était responsable de la DRPGA. Il a été remplacé par le Colonel de Rosmorduc et non par le Capitaine Auguin, comme indiqué dans votre livre. par un autre témoin. Le premier travail que jai eu à faire cétait dexploiter deux ou trois cartons de courrier allemand en souffrance depuis plusieurs mois ; cétait des cartes que tout prisonnier envoie au début de sa captivité juste pour dire quil est prisonnier. Il fallait mettre un cachet de censure dessus et les expédier Il y avait pas mal de recherche de criminels de guerre. On recevait des listes de la Direction de Paris et je me rendais dans les baraquements administratifs des camps 1101, 1102 et de la Motte aux Chanceliers.pour consulter les fichiers de PGA pour voir si les criminels recherchés sy trouvaient. Le temps que jai exercé ces fonctions, le camp 1101 cétait le camp de la Marne et le camp 1102 était situé en face du restaurant de la ville en Pierre, cétait le plus grand camp. Le château de la Motte était situé à lemplacement du pont de la rocade de la route de Lorient et le camp de la Motte dit des criminels de guerre était situé à lemplacement des établissements Lecerf, aliments pour bétail Souvent javais loccasion daccompagner des officiers de la Justice Militaire qui instruisaient des affaires concernant des officiers ou hommes de troupe PGA qui étaient internés au camp de la Motte aux Chanceliers et qui étaient impliqués. Cest comme ça que jai connu ce camp là., mais je ny séjournais pas et je nai jamais circulé à lintérieur du camp. Fin octobre 1945, jai reçu une note me disant que jétais affecté aux fonctions dinterprète au Tribunal Militaire Rennais ou à ce moment trois officiers allemands étaient jugés. Cétait le 29 ou le 30 octobre 1945.. Cétait le deuxième épisode dun procès. Le premier avait eu lieu au mois de juillet. Javais lu le compte-rendu dans la presse à mon retour : Le Colonel allemand Hillebrand, l adjudant Léonard et trois hommes de troupe avaient été jugés en Juillet. Comme témoins ils avaient trois autres officiers un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant allemand. (ils étaient jugés pour exécution sommaire dans la poche de Lorient) Tous les cinq ont été condamnés à mort. je ne me souviens plus du nom de ces officiers. Les trois officiers avaient chargé leurs collègues au procès de Juillet, Mais les condamnés ont fait de nouvelles dépositions et il y a eu un supplément dinstruction. Au mois doctobre les témoins de Juillet sont revenus comme accusés et les condamnés de Juillet sont revenus comme témoins. Ils ne se faisaient pas de cadeaux. Jassurais les fonctions dinterprète au Palais de Justice ce jour-là, en alternance avec M. Morice professeur dallemand au Lycée Emile Zola. Le soir javais là-aussi trois condamnations à mort à annoncer. Cela faisait donc au total huit condamnations à mort. Sur ces huit condamnations à mort, il ny a eu que six exécutions qui ont eu lieu à lancien stand de tir quil y avait à la Touche le long de la voie ferrée Un jour, au mois davril 1946, il est arrivé à la DRPGA une décision ministérielle concernant lencadrement des PGA, dans la direction ou dans les camps. il fallait que ce soit des militaires relevant de linfanterie et moi je dépendais de lartillerie. Jai donc quitté la DRPGA pour lÉtat-Major de la Région qui était encore place Hoche avant daller à Marguerite. Cétait la fin de mes fonctions comme interprète au service de la DRPGA " |