prev.gif (221 octets)

Le camp d'officiers de guerre allemands
de Mulsanne1945-1947

La mortalité à Mulsanne


Ed:18/01/05.

Une vue d’ensemble

Le 29 juillet 1946, M. J. Courvoisieret le Dr J. de Morsier, enquêteurs C.I.C.R. parmi les plus expérimentés, relevaient à l’infirmerie du camp des chiffres alarmants 99 officiers étaient en traitement dont 52 (en incluant les cas de furonculose) pour des maladies dues à la dénutrition.

Mais ils ajoutent (en incluant l’hôpital régional de Mulsanne) "parmi les 881 décès enregistrés jusqu’à présent, 741 étaient des cas de déficience, 73 des cas de cachexie, et 67 des cas d’œdème de la faim "". Il n’y a pas d’erreur dans la totalisation ces 881 décès, sous trois vocables différents, ont été dus à la dénutrition.

Or le total des décès ayant donné lieu à un acte d’état civil, et suivis d’une inhumation dans le cimetière du village, était au nombre de 170. L’examen de ces documents montre qu’ils ont dû être lacunaires pour les derniers morts de 1945 et le début de 1946, mais le total rectifié ne paraît pas devoir être supérieur à 250.

Comment peut-on expliquer un pareil écart ? Notons que pour un hôpital de 400 lits, à une époque de grande disette, un total de 881 décès n’aurait rien eu d’invraisemblable. Ces chiffres peuvent-ils inclure les décès de la période américaine ? Cela paraît peu vraisemblable car les forces US, en remettant un camp aux forces françaises, conservaient leurs documents de gestion.

Y a t-il eu évacuation d’une partie des corps vers un autre cimetière ? Cela aurait été matériellement réalisable, l’hôpital étant isolé dans le terrain attribué au camp 401, mais il aurait fallu l’accord de tous les cadres. Il est possible que ce total ait inclus les décès de l’annexe d’Auvours, mais c’était une très petite unité (30 officiers, 1.300 hommes de troupe).

Nous constaterons seulement l’existence d’une énigme.

Les actes de décès établis par la mairie de Mulsanne

Les actes sont divisés en deux séries qui ne sont pas rédigés selon les mêmes normes

1ère série n0 1 18 septembre 1945 à a 81, 6 septembre 1945. Ces actes s’échelonnent en fait du 1er août 1945 à la fin de septembre 1945. Ils semblent avoir été notés sur des feuilles volantes par l’officier des détails du camp de Mulsanne, et dressés dans le désordre. Toutefois ils portent la signature et le cachet du maire de Mulsanne.

Dans cette série, les renseignements donnés sont très incomplets, souvent le nom du père et de la mère manquent. La profession est généralement indiquée, mais de plus le grade, et même l’unité militaire à laquelle l’intéressé appartenait.

Un sondage effectué sur les numéros 1 à 43 a donné:

Officiers néant
Sous-officiers 8
Caporaux 9
Soldats 26
Total 43

La seconde série commence par 3 fiches isolées 74, 80, 81 (ces numéros manquent dans la première série) puis s’étend de 82 (11 février 1946) à 138 (23 novembre 1946) mais on y trouve intercalés plusieurs décès de janvier 1947. Total de la série 50.

Cette série paraît moins lacunaire que la précédente, mais on est obligé d’admettre qu’entre fin septembre 1945 et février 1946, il n’y a pas eu d’enregistrement.

Ainsi du 1er août 1945 à fin novembre 1946, le total réel des décès enregistrés peut avoir dépassé 250.

Dans la seconde série, on a recopié sur les actes toutes les données qui devaient figurer sur les fiches du camp 131, y compris notamment le père, la mère et l’épouse.

Mais la mention des grades a été supprimée, à moins qu’il ne s'agisse de militaires de profession. On rie peut donc ici établir de

statistiques, on relève seulement la présence de deux officiers

• N° 107 Laslo Nedeczky-Griebsch de nationalité hongroise,

• N° 116 Bruenger Arthur, Oberleutnant, de nationalité allemande.

Les causes de décès sont pour le premier emphysème pulmonaire et pour le second embolie pulmonaire.

Conclusion la mortalité des officiers prisonniers à Mulsanne a été très faible, presque nulle, en dépit de l’important déficit alimentaire de 1945 et des premiers mois de 1946. Cela peut être attribué à ce qu’ils n’étaient pas astreints à travailler. En outre on a dû assez libéralement libérer les malades