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Visite de l'hôpital régional de Mulsanne-le-Mans par le  le CCIR du 5 mai  1946

deM/JRh/NG. -

Hôpital Régional DE MULSANNE-LE MANS_(Sarthe)
Visite le 5 mai. 1946 par le Dr. de Morsier

  

L’hôpital régional de Mulsanne est compris dans le dépôt 401 comme une de ses sections. Il recueille les malades de divers dépôts, camps et détachements à peu près tous de l'ancienne 4 ème région militaire.

Médecin responsable français: Médecin Lieutenant Fauvy (absent le jour de la visite et remplacé par le médecin-commandant Doumenc).

Médecin responsable allemand : Dr Schall Carl "Oberstabsarzt" 1.108.211

Gestionnaire : Lt. d’Administration Rouillier.

Capacité : 423 lits

 

Généralités et logement

Les malades •sont logés dans des, baraquements métalliques.du type "tunnel", couvertes de tôle ondulée ; les parois des extrémités sont en bois~, et el1es ont un plancher. Certaines baraques mesurent 12 m. sur 5,5 m, d’autres ont 25 m. de longueur avec la même la largeur. Ce genre de baraque ne convient pas du tout pour des malades, (mauvaise aération, éclairage insuffisant, etc.).

L’hôpital compte 16 baraques en tout, Il en faudrait au moins 4 de plus dans les conditions de travail actuelles. L’hôpital est surpeuplé et ne dispose que d'une vingtaine de lits encore vides ; les contagieux~ ont tous dus être groupés dans une demi baraque. Il va sans dire que les officiers et les soldats sont soignés dans les mêmes conditions.

Les malades sont couchés sur des lits do camp certains ont des draps. Les couvertures sont suffisamment nombreuses. Il n’y a pas de toilettes attenantes aux baraques et les malades doivent se rendre aux latrines et aux lavabos s'ils le peuvent. Un ou deux vases plats sont disponibles dans chaque baraque.

La présence de 500 rapatriables représente un gros inconvénient pour assurer à cet hôpital une marche normale. Plusieurs d'entre eux attendent leur rapatriement depuis plus d’une année.

Nourriture

La situation alimentaire est un. peu meilleure dans cet hôpital qu’à l’infirmerie du camp ; cependant, il y manque des denrées’ indispensables pour les régimes, de même qu’à l’infirmerie (lait en poudre ou lait frais, farine, semoules, fécules, etc. ). Le stock de soja est épuisé et depuis 15 jours il lui est attribué des rations de pâtes et de pois secs. (100 g par jour). Il faudrait que l’on envoie des produits diététiques dans cet hôpital.

Le gestionnaire demande à 1l'intendance de mettre à sa disposition une camionnette de 600 à 800 kg qui lui permettrait de faire quelques achats de légumes frais, fruits et œufs, etc. dans la région. Il devrait pouvoir disposer d’un camion du dépôt 401, mais chaque fois qu’il aurait l’occasion de trouver quelque chose dans un lieu déterminé, le camion est justement utilisé ailleurs. De bonnes occasions d’améliorer les rations des malades sont ainsi très souvent perdues.

Les malades sont heureux de pouvoir manger dans la vaisselle fournie par le Comité International de la Croix-Rouge.

Cas en traitement

Comme dans les autres infirmeries et les autres hôpitaux, plus de la moitié des malades hospitalisés sont des rapatriables qui attendent d'être évacués. Ils présentent des affections chroniques les plus diverses et un bon quart d’entre eux ont encore, des signes de sous-alimentation, avec cachexie et   parfois œdèmes de carence palpébraux ou malléolaires. Un prisonnier atteint de troubles vestibulaires attend son rapatriement depuis plus de 14 mois.

Le manque de place.a rendu indispensable de grouper ensemble les prisonniers allemands, atteints de maladies infectieuses contagieuses dans une demi-baraque ; ainsi, des diphtériques, des typhiques, des scarlatineux, etc. sont dans une même pièce (11 en tout).

Décès

Vingt-quatre décès se’ sont produits au cours des trois derniers mois.

La sous-alimentation n’est plus presque jamais la cause des décès ; les défaillances cardiaques et la. tuberculose font encore passablement de victimes,

Médicaments et matériel sanitaire

Le pharmacien, Jaekel Hans, "Stabsapotheoker", l.175.92’7, avait demandé à la Direction régionale du Service de Santé d’être.réapprovisionné pour répondre aux commandes urgentes des médecins. Il a reçu maintenant la plus grande partie de ce qu’il avait demandé.

L’hôpital a bénéficié de la "Medical Unit" américaine reçue on novembre1945. par le camp d’Auvours. Depuis lors, il n’a reçu jusqu’à présent qu’une caisse d'une trentaine de kilos.

Le pharmacien venait d’établir sa liste semestrielle de médicaments et il était anxieux au sujet de certains produits et médicaments dont il craint dose trouver démuni. Notre délégué lui a fait remarquer qu’il avait tort de mettre sur une même liste 165 médicaments et le matériel de base dont il peut plus ou moins prévoir à l’avance la façon dont il aura à les utiliser et les médicaments et le matériel d’urgence dont il a immédiatement besoin. Le médecin Commandant, Dr. Doumenc partageait cette manière se voir de notre délégué.

Il semble en effet que beaucoup de pharmaciens dans les infirmeries ou les hôpitaux ne savent pas commander les médicaments et le matériel dont ils ont besoin, ce qui est souvent regrettable pour les malades. Notre délégué a insisté auprès des médecins et du pharmacien pour qu’ils ne fassent plus de commandes de "médicaments ou de matériel sans s’être adressés au préalable au Service de Santé.

Comme ailleurs, la pharmacie de l'hôpital manque de produits antiasthmatiques, antirhumatismaux, de diurétiques, de balsamiques et de pommades. Un tonique acidifiant (solution de Joulie) serait, fort utile pour lutter contre l'asthénie et l’alcalose. Les médecins allemands appuyés par le médecin commandant Doumenc vont en faire la demande au Service de Santé.

En attendant qu’un chirurgien-dentiste allemand attitré soit désigné par le Commandant de la 3ème région pour le service dentaire dont le Comité International de la Croix-Rouge a fourni, le matériel, le Gestionnaire français a ce matériel en dépôt à l’hôpital et notre délégué lui on a donné décharge. Provisoire. Le dentiste de l’hôpital a remis au délégué une liste complète de ce qui lui est nécessaire.

Rapatriement

Le rapatriement constitue le gros problème dans cet hôpital, comme dans beaucoup d’autres. En effet, 274 hommes attendent d’être rapatriés, ce qui empêche l’hospitalisation urgente de cas pourtant graves ou dont l’état nécessite des soins et des examens : spéciaux. Faute de lits disponibles, ils ne peuvent quitter les infirmeries ou les hôpitaux de leur camp, alors qu’ils devraient entrer à l’hôpital régional de Mulsanne.

Les compressions budgétaires et la réorganisation des régions militaires en France ont certainement retardé dans une certaine mesure le départ des convois de rapatriement le regroupement des listes d’irrécupérables s'est également compliqué. Ce qui est certain, c'est que ce ne sont pas toujours les plus anciens inaptes au service qui partent et que certains d’entre eux paraissent avoir été oubliés. C’est pour cela que notre délégué a insisté pour qu’une liste nominative des inaptes au service soit établie de façon précise. Cette liste permettra de vérifier si l'évacuation se fait dans le bon ordre et le délégué du Comité International de la Croix-Rouge qui reviendra visiter cet hôpital pourra s'assurer sans peine de la façon dont les convois ont été organisés. Cette liste est conforme à celle qui doit être transmise à la Direction générale des prisonniers, de guerre qui a demandé un état des inaptes au service pour lé 13 mai prévoyant la formation d’un train, pour les jours suivants.

Le dernier train ordinaire de rapatriement qui ait passé par l’hôpital régional de Mulsanne a pris des malades le 6 février 1946, puis il a continué sa route vers Thorée, où il a embarque le 12 février un certain nombre de prisonniers qu’il a transporté vers la zone d’occupation française en Allemagne (Bretzenheim). Le dernier train sanitaire qui ait passé par Mulsanne a pris des malades le 15 mars. Depuis lors, de nouveaux prisonniers ont été désignés pour le rapatriement.

Une première liste de 200 malades environ a été présentée fin mars ; 141 inaptes au travail ont été acceptés(plus de 20 prisonniers allemands à destination de la zone russe).

Une deuxième liste de 160 malades a été présentée le 23 avril ; 105 inaptes au travail ont été acceptés(y compris ceux de la zone, russe).

Depuis lors, 28 autres inaptes au travail ont encore été ce qui porte le total des rapatriables attendant leur départ à 274, chiffre auquel il faut ajouter les 10 acceptés par le médecin commandant Doumenc le matin de la visite à1’infirmerie du camp et le Lt Général Hoffmann, examiné le même jour, soit au total : 285 rapatriables.

Profitant de la présence du médecin commandant Doumenc notre délégué a proposé aux médecins allemands de l’hôpital de réexaminer avec lui les quelque 100 malades qui n’avaient pas été acceptés par les médecins français, lors des visites de fin mars et du 23 avril. Notre délégué a été surpris d’apprendre alors de ses.confrères que tous ces prisonniers avaient pu reprendre leur place ou leur travail dans le camp. Il ne faut donc pas trop s'étonner dans ce cas que le médecin militaire français n’accepte pas toujours un très grand nombre de prisonniers comme rapatriables.

Un train sanitaire est attendu avec impatience, car celui qui passa en mars ne prit que 35 malades alités des 80 qui attendaient leur rapatriement ; ces 35 venaient tous du dépôt 401 de Mulsanne. Donc actuellement, à part les nouveaux malades alités évidemment nombreux, il reste encore 45 malades alités qui étaient déjà à l’hôpital depuis un certain temps, lois du passage du dernier train sanitaire au mois de mars dernier.

Il est donc indispensable qu’un délégué du Comité International de la Croix-Rouge, bien au courant des difficultés et des aléas d’un rapatriement, soit présent aux départs des trains et puisse vérifier que rien n’entrave le départ des grands malades et surtout de ceux qui attendent depuis si longtemps.

Remarques

Il a été remis au délégué 3 questionnaires pour lunettes :

7 mai 1946 Bohle Rudolf 19 ans N° 1.104.910 myope
7 mai.1946 Lohbert Ernst 55 ans N° 1.176.189 myope
5 mai 1946 Quaas Paul 45 ans N° 1.175.898 hypermétrope

 

Le pharmacien demande d'urgence pour la pharmacie de l'hôpital:

  • un manuel de pharmacie avec index des spécialités
  • une pharmacopée (suisse ou allemande)

Il est même d’accord que les frais soient portés sur son compte au camp, si cet envoi pouvait en être activé.