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Dépôt 401 de MULSANNE
Commandant du camp : Colonel Roquet Dans lensemble, de sensibles améliorations sont intervenues dans ce camp 1) Tout le matériel envoyé par la Croix-Rouge est maintenant confié immédiatement aux prisonniers allemands qui en assurent seuls le contrôle. 2) Il a été donné une suite favorable à la demande des aumôniers qui désiraient davantage de place ; leurs chambres ont été agrandies de façon appréciable. 3) La monnaie de camp a été augmentée ; chaque officier reçoit 250 frs de monnaie de camp par mois, au lieu de 150, il y a quelques semaines encore. 4) Le personnel sanitaire fait chaque semaine une promenade en de hors du camp. 5) Les rations ont été augmentées. 6) :Les généraux sont logés à part, dans des baraques très convenables Le dépôt de Mulsanne a fait cette fois une bonne impression à nos délégués.
Médecin militaire français : médecin de la place, au Mans, Médecin commandant Doumenc Médecin responsable allemand: Dr. Weidmann, médecin capitaine 900.572
Personnel à linfirmerie du camp : 3 médecins ; 3 dentistes ; 10 infirmiers
Généralités et logement Pour des raisons d'économie des médecins de camps sont actuellement utilisés aussi dans des camps de recrutement pour procéder à lexamen de recrues, ce qui explique un certain retard dans la solution à donner aux questions de rapatriement. Les malades sont logés dans des baraques métalliques recouvertes de tôle ondulée, du type "tunnel", de 12 m. de long sur 5,5 m. de large. Les parois des extrémités sont en bois, parfois protégées par des bardeaux ; cest dans ces parois que sont percées les portes et les fenêtres. De telles baraques ne conviennent guère à des malades la lumière du jour y pénètre mal, laération et le volume dair y sont tout à fait insuffisants, environ 120 m3 pour 30 malades ; soit 4 m3 par malade, alors que lon compte 17 m3 par homme dans les casernes françaises. En outre la température extérieure se fait sentir à lintérieur, car la paroi métallique nest pas isolante. Quatre baraques sont utilisées comme dortoirs pour les malades ; elles contiennent chacune une trentaine de malades disposant de 10 lits de camps à une place et 10 lits de bois à deux étages. Chaque baraque peut être chauffée au moyen d'un poê1e et de deux appareils électriques. Le nombre de couvertures, de paillasses, de matelas et doreillers est suffisant. Certains malades disposent de draps. Il est regrettable que le manque de place dans cette infirmerie oblige les médecins à soigner dans les mêmes baraques les officiers et les soldats (1/4 de l'effectif environ). Les baraques ne comprennent pas d'installations sanitaires ; les malades qui peuvent se déplacer se rendent aux latrines, installées à part; un ou deux vases plats restent dans chaque baraque à la disposition des malades alités ou impotents. Le Dr Weidmann demande que les diverses baraques de linfirmerie soient isolées du camp par un grillage. En effet, il déplore de ne pas pouvoir surveiller suffisamment ses malades et empêcher des visites inopportunes de prisonniers venant du reste du camp, sans aucune raison. Le Commandant du camp à qui notre délégué a transmis cette requête, sest déclaré entièrement daccord et prendra les mesures nécessaires. Comme beaucoup d'établissements de la région cette infirmerie est surpeuplée, du fait des lenteurs du rapatriement. Nourriture Les rations sont légèrement moins fortes ces dernières semaines, car les stocks de soja sont épuisés et les envois de pâtes et de légumes secs ne sont pas encore arrivés. Les médecins regrettent de ne pouvoir prescrire de véritables régimes de suralimentation composés de denrées faciles à désirer.(L'infirmerie ne reçoit ni lait, ni farine, ni fécule ou semoules). Les malades sont heureux de pouvoir utiliser la vaisselle qui a été fournie au. camp par la délégation du Comité International de la Croix-Rouge en France Cas en traitement Parmi les malades de linfirmerie, il faut distinguer entre les cas de maladies aiguës ou passagères, le 50%, et ceux qui sont plus ou moins incurables. Pour les premiers, il n'y a pas lieu de faire de remarque spéciale. Les autres cas, sont plus graves et la plupart seront tôt ou tard déclarés inaptes au travail. Le Dr Weidmann a établi une liste de 57 cas spécialement inquiétants
Si l'hôpital régional n'était pas surpeuplé, tous cas malades devraient, y être transportés soit en vue dun examen complémentaire., soit pour y être sérieusement soigné, avec toutes les possibilités d'un hôpital, ou encore pour y attendre leur rapatriement Décès: Linfirmerie n'a pas enregistré de décès ces derniers mois. Tous les cas graves risquant une issue fatale ont pu être transférés à l'hôpital régional, situé dans le même camp. Médicaments et matériel sanitaire L'infirmerie aurait besoin de savon, de pommades, de produits antiasthmatiques, antirhumatismaux et balsamiques, et d'un fortifiant acidifiant répondant à la formu1e de Joulie, de diurétiques (scille, théobromine, etc.). Linfirmerie est démunie pour l'instant de son tensiomètre qui est en réparation depuis près d'un mois. Il y aurait avantage à ce qu'on lui prête un autre appareil en attendant. Un microscope serait aussi bien utile, ainsi que plusieurs stéthoscopes. Le spécialiste ORL demande une seringue pour oreilles. L'urologue, une autre seringue pour les lavages de vessie Il semble que d'une manière générale, la direction régionale du Service de Santé à Rennes réponde bien et rapidement aux demandes spéciales qui lui sont adressées, sous réserve des produits qui lui font encore défaut, comme ils font défaut aussi dans les "medical units". Rapatriement Le rapatriement constitue le problème le plus important actuellement, S'il pouvait être accéléré et si les malades attendent depuis des semaines et des mois pouvaient enfin être rapatriés, une infirmerie comme celle-ci aurait tout a y gagner. La moitié de l'effectif des malades actuels devraient être ou à l'hôpital ou déjà rapatriés~ A la fin de la semaine passée, le médecin colonel Martin est venu faire une tournée d'inspection, au cours de laquelle une centaine de malades lui ont été présentés par les médecins allemands ; il en a accepté 14, auxquels il faut ajouter 8 cas pour lesquels il a demandé un examen complémentaire qui aura lieu à1 hôpital régional, quand il y aura de la place. Le Dr Weidmann a représenté cet après-midi au médecin commandant Doumenc et au délégué, 14 autres cas, parmi. ceux qui avaient été refusés; 10 d'entre eux ont été déclarés rapatriables et 4 proposés pour un examen complémentaire. Un autre malade atteint de cachexie et d'dème, et souffrant dune poussée de rhumatisme a été transporté à l'hôpital régional et déclaré rapatriable sans difficulté. En outre, le Dr Doumenc a bien voulu reconsidérer sérieusement le cas du lieutenant colonel Hoffmann qui bien que dyspeptique à la suite d'une gastrectomie, voyait toujours son cas remis à plus tard, en raison de son grade, semble-t-il. Finalement, il a été déclaré rapatriable. Au sujet du rapatriement et du pourcentage des cas incurables acceptés lors de visites médicales à Mulsanne, il ne faut pas perdre de vue que ce camp est avant tout un camp d'officiers. par conséquent, les rapatriables ne sont pas des inaptes au travail, mais bien des prisonniers ne pouvant plus vivre dans des camps, et que dans la dernière décision de rapatriement une question plus complexe qu'une simple raison médicale peut intervenir. |